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II - Chapitre 5

Savannah

 
Complètement épuisée, je retirai mes talons hauts à la seconde où la porte se referma derrière les derniers invités. Je n'eus dès lors qu'une seule envie : aller dans ma chambre et manger devant un bon film. Seulement avant cela, je dus régler toutes sortes de détails avec les employés concernant les installations et la livraison des achats de la vente du jour. Cela avait beau faire plusieurs mois que ce genre d'événement faisait partie de mon quotidien, ça ne devenait jamais pour autant une habitude.

Je m'apprêtais enfin à rejoindre ma chambre lorsque l'on m'informa que mon père souhaitait me voir dans son bureau. Cela ne m'aurait pas autant embêté si son bureau n'avait pas été si loin, mais c'était l'inconvénient de faire partie d'une famille ridiculement riche : peu importait le contexte, les proportions étaient toujours démesurées. Je m'y rendis donc le plus rapidement possible malgré mes pieds endoloris. On ne nous apprenait pas à marcher une journée avec des instruments de tortures aux pieds à Minneapolis.

Je toquai à la porte métallique du bureau de mon père et une voix me permit bientôt d'entrer. Il était assis derrière son bureau, sa cravate défaite et un verre de whisky à la main. Il semblait tout aussi fatigué que moi.

– Tu t'es bien débrouillée, aujourd'hui, me complimenta-t-il en levant son verre. Ils se sont tous montrer très généreux.

J'étais difficilement touchée par leur générosité. Ils le faisaient parce que untel le faisait, parce qu'il fallait rappeler aux autres qui étaient les plus riches et parce que ça ne ferait pas de mal à leur conscience. Très peu d'entre eux avaient réellement penser aux enfants qui pourraient aller à l'école grâce à leur argent.

– Combien ? demandai-je donc sérieusement.

Mon père haussa les épaules avec un air incertain et presque ennuyé.

– Un demi-milliard, dans ces eaux-là.

S'il y avait une chose dont je ne me lassais jamais, c'était bien d'entendre ce genre de chiffre.

– Je ne pensais pas qu'ils se battraient autant pour ce qu'on avait à offrir, avouai-je avec étonnement.

– Lorsque c'est offert avec un joli sourire, ça plaît beaucoup.

Je levai les yeux au ciel tandis que mon père se levait.

– Mais tu es plus que ça.

– Merci, rétorquai-je avec ironie en croisant les bras.

Il but une gorgée avant de désigner les contrats posés sur son bureau d'un signe de tête.

– Thompson va investir.

Je retrouvai immédiatement le sourire.

– Voilà une bonne nouvelle !

Mon père grimaça.

– Il nous reste encore beaucoup à faire. Mais pour aujourd'hui, ça suffira. Va te reposer.

– À demain.

Cela faisait maintenant presque un an que j'habitais sous le même toit que mon père et quand bien même notre relation avait beaucoup évolué en ce laps de temps, nous étions encore loin des « Papa », « mon coeur » et « Bonne nuit ». Je voyais cela comme une bonne chose. Nous étions davantage associés que père et fille.

Lorsque je regagnai enfin ma chambre, j'y trouvai Maria en train de disposer notre dîner sur la table basse faisant face à la télévision. Elle savait toujours exactement de quoi j'avais besoin. Je me changeai donc, pris une douche rapide, puis me glissai à ses côtés sur le canapé, sous un plaid. Un magnifique plateau de sushis et de makis était posé devant moi et Maria ne tarda pas à lancer le film. Une chose était certaine, la fatigue n'effaçait pas la faim. En revanche, je ne parvins pas à me vider l'esprit de toutes les pensées sombres qui l'occupaient.

– Tout va bien, Anna ? me demanda Maria d'un air inquiet. Tu es très silencieuse.

Je baissai la tête, un peu embarrassée. Il était vrai que j'avais la réputation de commenter les films toutes les deux minutes. Je finis par inspirer avant de déclarer :

– Je l'ai vu aujourd'hui.

Je n'avais pas besoin de préciser de qui il s'agissait. Il était le seul dont je refusais de prononcer le nom et auquel je m'interdisais de penser. Au début cela avait été un enfer. Peu importait qui se trouvait devant moi ou m'adressait la parole, mon cerveau se déconnectait automatiquement de la réalité pour l'imaginer lui et se demander où il était, ce qu'il faisait. J'étais incapable de passer cinq minutes sans penser à lui. Puis après quelques semaines, j'avais réussi à passer plusieurs heures, pleinement concentrée, sans lui accorder la moindre idée. Puis après quelques mois, j'ai complètement cessé de me soucier de lui. Enfin, presque complètement.

– Comment ça s'est passé ?

Je redressai la tête et arrêtai de fuir son regard.

– Comme je m'étais promis que ça se passerait. J'ai été froide et méprisante.

– Et lui ?

Mes yeux trouvèrent à nouveau un point à fixer dans le vide et son image s'imposât à mon esprit.

– Comme si rien n'avait changé, soufflai-je.

Maria hocha la tête avec détermination.

– Tu as bien fait, il ne mérite pas mieux.

Je me ressaisis rapidement.

– Je sais exactement ce qu'il mérite et quand ça lui tombera dessus, il n'aura que lui-même à blâmer, affirmai-je la mâchoire serrée.

Maria se pencha pour attraper la télécommande et elle mit le film en pause. C'était une discussion sérieuse.

– Comment comptes-tu faire pour que cela se réalise ?

– Ça, je ne sais pas encore, soupirai-je. Le meilleur moyen serait bien sûr de passer par sa famille mais...

– Mais quoi ?

– Eux ne m'ont rien fait.

J'allai à la rencontre de son regard à la recherche d'approbation, mais je n'en trouvai pas la moindre.

– Vraiment ? s'étonna-t-elle en haussant les sourcils avec ressentiment. Penses-tu qu'ils l'ont encouragé à se battre pour toi quand il est rentré à la maison ? Penses-tu qu'ils ont tout entrepris pour le faire changer d'avis et l'aider à te retrouver ? J'en doute fort. Ils sont la raison pour laquelle il t'a abandonnée. Fais-lui regretter ce choix.

Malgré le temps qui était passé, les mots de Maria restaient difficiles à entendre pour moi. C'était un rappel de ce que je m'étais efforcée d'oublier pendant si longtemps. Mais elle avait raison. Oublier était trop facile. Je voulais m'en souvenir. Je voulais me souvenir d'absolument chaque détail qui me rendait plus forte.

– Tu as raison. Je veux lui rendre la douleur qu'il m'a causé au centuple.

– Voilà mon Anna ! me sourit chaleureusement Maria. Continue d'y réfléchir, je suis certaine que tu trouveras le moyen parfait. En attendant, tu sais ce que tu as à faire.

Je hochai franchement le tête.

– Oui, je sais.

Nous nous apprêtions à relancer le film lorsque quelqu'un frappa à ma porte.

– Hum ? fis-je le plus fort possible en ayant un maki entier dans la bouche.

La porte s'entrouvrit et le visage de ma sœur Sophia apparût dans l'embrasure.

– Hey !

Ses cheveux blonds étaient relevés dans une queue de cheval détendue, mettant particulièrement en valeur les traits fin de son visage et le bleu de ses yeux. En revanche, la fatigue était aussi évidente sur son visage.

Je m'empressai d'avaler.

– Hey ! Tu viens de rentrer ? Entre !

Sophia entra et referma la porte derrière elle. Elle était encore en « tenue de voyage ». Au même instant, Maria avait commencé à se relever.

– Oh non, restez, Maria, lui fit-elle avec un sourire chaleureux, je passais juste pour savoir comment s'était passé la vente aux enchères.

Je posais un avant-bras contre un des gros coussins du canapé et calai mon menton contre le dos de ma main. J'étais toute aussi exténuée.

– Bien, soufflai-je. Même très bien, on va pouvoir construire plein d'écoles !

Ma sœur scruta quelques secondes mon visage en restant silencieuse avant de répondre.

– Mais... ?

J'écarquillai les yeux sous la surprise.

– Comment sais-tu qu'il y a un mais ?

Je me tournai vers Maria pour savoir si c'était si évident, mais celle-ci ne fit que hausser les épaules, ne souhaitant pas se prononcer sur la question. Ma sœur, elle, se mit à rire doucement.

– Premièrement, il y a toujours un mais quand il s'agit d'un gala caritatif et d'à peu près tous les événements en réalité, surtout chez nous. Deuxièmement, et je suis plutôt certaine qu'on te l'a déjà dit, mais tu es probablement la personne la plus expressive que je connaisse. Quand il y a un mais, c'est impossible de ne pas le voir...

Je levai les yeux au ciel et attrapai un sushi entre mes baguettes.

– Ch'est n'impote quoi, ch'ui devenue une chuper menteuse !

Maria et Sophia se mirent à pouffer et je ne pus que leur lancer des regards durs.

– Ouais, quand ça t'arrange...

– Si tu es venue te moquer de moi tu peux autant venir t'asseoir avec nous, tu as l'air épuisée, fis-je en tapotant la place entre Maria et moi sur le canapé.

Ma grande sœur passa ses mains sur son visage en soupirant.

– Je sais, je dois avoir une mine affreuse ! Dix heures de voyage... Je ne m'y habituerai jamais.

Sophia revenait de petites vacances au soleil avec son mari, Francis, un britannique travaillant également dans l'immobilier. Ils s'étaient rencontrés à l'occasion d'un séminaire où mon père l'avait traînée elle et Victor dans le cadre de leur apprentissage en gestion d'entreprise. J'avais eu l'agréable surprise de découvrir à notre première rencontre que Francis était roux lui aussi et j'avais depuis senti une amitié presque solidaire avec lui. Ma sœur, que j'avais auparavant toujours considéré comme une personne froide et sans cœur, s'était révélée simplement lumineuse à son bras et j'étais persuadée que je devais en grande partie à Francis son envie de se réconcilier avec moi.

– C'est pas si mal, je te rassure, ricanai-je un instant.

Elle me fusilla du regard en venant s'asseoir à nos côtés.

– Qui se moque de qui ici ? rétorqua-t-elle. Enfin bref, quel est ce « mais » alors ?

Comme je l'avais fait avec Maria, je fuis un peu son regard, ne souhaitant pas particulièrement aborder à nouveau le sujet. Le moins j'y pensais, le mieux je me portais.

– Disons simplement que j'ai fait une rencontre inattendue et pas franchement agréable.

– Ah, répondit sèchement Sophia. Que faisait-il là ?

Je la dévisageai avec étonnement une seconde fois avant de faire encore appel à Maria.

– Je suis si prévisible que ça ?

Elle grimaça à contrecœur.

– Ce n'est pas toi qui est prévisible, me rassura Sophia en posant affectueusement une main sur la mienne, c'est lui. Papa nous avait prévenu qu'il reviendrait sûrement tirer profit de la situation en apprenant qui tu es devenue.

Il s'agissait bien d'une chose à propos de laquelle j'aurais préféré que mon père eût tort. Je hochai lentement la tête.

– En effet. Mais il ne tirera profit de rien du tout, il n'a pas la moindre idée de qui je suis devenue.

– Veux-tu que je fasse quelques recherches sur lui ? Je suis très fière de mon réseau de journalistes et détectives.

Je souris à cette remarque.

– C'est gentil, merci, mais non. Je veux seulement lui régler son compte.

– Et tu le feras en temps voulu, intervint Maria avec un sourire encourageant. Que diriez-vous de finir ce film maintenant ?

Comme je vous l'avais dit, elle savait toujours ce dont j'avais besoin et quand. Sophia porta enfin son attention sur l'image figée à l'écran.

– Pretty Woman ?

– Je ne m'en lasse jamais, avouai-je en admirant la jeune Julia Roberts et également le jeune, tout est relatif, Richard Gere. Tu restes ? lui demandai-je ensuite.

Sophia émit une moue indécise.

– J'avais dit à Victor que je passerais le voir avant d'aller me coucher.

– Ah, fis-je à mon tour.

Un silence quelque peu gênant s'installa quelques secondes avant qu'elle ne déclarât :

– Victor peut attendre ! On a bien plus de temps à rattraper !

J'étais tout à fait satisfaite de ce choix et Maria put enfin relancer le film. Je continuai d'observer les traits de ma sœur à son insu pendant qu'elle regardait le film et elle était définitivement aussi expressive que moi. Ainsi au bout de quelques minutes, je ne pus m'empêcher d'intervenir.

– Tu te sens coupable ?

Elle se tourna légèrement vers moi, sachant très bien de quoi je parlais.

– Non.

– Vraiment ? insistai-je en haussant un sourcil.

– C'est tant pis pour lui s'il refuse de faire un pas vers toi pour réellement apprendre à connaître après toutes ces années, déclara-t-elle fermement.

Contrairement à ma sœur aînée, mon frère aînée n'avait pas vu mon retour à la maison d'un très bon œil. Il me trouvait absolument tous les défauts possibles et ne se gênait jamais pour en parler à notre père même en ma présence et mon mépris initial pour lui avait ainsi été renforcé. J'avais pourtant essayé d'être amicale lors de nos « retrouvailles » mais il m'avait rapidement fait comprendre que ce n'était pas la peine. Si je m'efforçais de rester cordiale lorsqu'il était au centre de la conversation, c'était uniquement parce qu'il était le jumeau de Sophia.

– Faut bien avouer qu'on ne s'est pas quitté en très bon terme, soupirai-je.

Ma sœur secoua vivement la tête, agitant sa queue de cheval.

– Ce n'est pas une excuse. Tu es ma sœur, Savannah, mon sang. Et même si je sais que je n'occuperai jamais la place qu'a Elizabeth dans ton cœur, je veux être là pour toi parce que j'aime la relation qu'on a. Victor est... Il est ma moitié. Mais Francis est aussi ma moitié et parfois... J'ai l'impression de ne plus avoir de moi. Toi tu me rappelles qui je suis.

– Oh...

Je la pris brièvement dans mes bras avant d'accorder à nouveau mon attention au film. Nous avions atteint la scène où Edward s'apprêtait à dévoiler un sublime collier à Vivian, avant de l'emmener à l'opéra.

– Vous saviez qu'il n'a pas fait exprès de refermer l'étui sur ses doigts et qu'elle a improvisé le rire et..

– ...et que ça rendait si bien qu'ils l'ont gardé !? me coupèrent en cœur Maria et Sophia. Oui, on sait, tu nous l'as dit cent fois !

Ahurie, je les dévisageai avec la mâchoire décrochée.

– OK, je ne dis plus rien.

Elles se moquèrent toutes les deux de moi pendant encore un moment. Je restai silencieuse pendant de très longues minutes.

– Voyons, ne boude pas, Anna, me fit tendrement Maria.

– Non mais j'ai compris, ma culture cinématographique n'est pas appréciée dans cette pièce, c'est tant pis pour vous ! rétorquai-je en relevant le menton.

Elles se retinrent de pouffer et Sophia me donna un petit coup d'épaule affectueux. Nous continuâmes de regarder le film, alternant entre rires et soupirs attendris, sachant pertinemment que la vraie vie était très différente. C'était bien pour cela que nous apprécions tant les films : c'était un échappatoire agréable. Revenir à la réalité n'était plus si dur avec le temps, mais c'était toujours épuisant. Je ne pus m'empêcher de penser que si Lizzy avait été là, elle m'aurait supplié de lancer un second film. Même humaine, elle avait toujours eu un rapport au sommeil qui m'échappait. Cela me fit ainsi réfléchir.

– Maria, qu'est-ce que j'ai de prévu ce week-end ? demandai-je avec un ton que j'espérais neutre.

Elle fronça les sourcils et plissa les yeux le temps de réfléchir, puis me répondit :

– Ton père a une réunion à 9 h avec M. Davinson pour signer un contrat et il aimerait que tu sois présente, à 11 h tu as une interview avec la rédactrice du Elle en ligne, l'après-midi tu es invitée chez les Williams pour l'anniversaire de leur fille Celia, tu te souviens ? Et enfin demain soir tu es sur le terrain avec l'équipe. Autrement dit, rien que tu puisses te permettre de rater, si c'était ça la question.

Je grimaçai avec frustration.

– Ça fait si longtemps que je n'ai pas passé un week-end avec Lizzy.

– Et pourqui tu n'irais pas de dimanche à lundi soir ? proposa gentiment Sophia.

L'étincelle de l'espoir m'apparut une seconde, puis disparut aussi vite.

– On est censée inaugurer l'aile d'un hôpital au nom de l'association, soupirai-je.

Sophia haussa les épaules.

– Je peux le faire toute seule, ce n'est qu'un petit discours, des poignées de main et le découpage d'un ruban. Va passer du temps avec Elizabeth.

Je me redressai, les yeux grands ouverts.

– Tu es sûre ?

Les coins de ma bouche se retroussaient déjà en sourire.

– Oui ! s'exclama-t-elle en riant. Je suis la cofondatrice de Tendre la Main après tout, j'ai aussi le droit d'être au centre de l'attention !

Je m'empressai de lui sauter au cou.

– Merci, merci, merci !

– Je t'en prie ! L'air de la campagne te fera du bien.

Je mourrais déjà d'impatience d'y être.

– Quand dois-je dire au pilote du jet d'être prêt à décoller ? me demanda Maria avec un doux sourire.

– Le plus tôt possible.

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Voilà le retour du point de vue de Savannah ! 😉 Comme vous pouvez le deviner, beaucoup de choses ont changé en 1 an et vous avez encore de nombreuses surprises qui vous attendent !
 

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