II - Chapitre 35
Jeremy
La douleur avait disparu et seule restait sa douce chaleur. Les draps portaient son odeur et je pouvais encore me souvenir de la sensation de sa peau contre la mienne. Je m’étais rarement senti aussi calme, aussi apaisé. Les rayons du soleil éclairaient la pièce à travers les rideaux et m’incitaient à ouvrir progressivement les yeux. Je finis en effet par soulever les paupières, m’attendant à trouver son corps nu à côté du mien, mais tout ce que je découvris fut un lit vide et un profond sentiment de mal-être.
Je me réveillai alors en sursaut, le souffle court. Un poids m’empêchait de me redresser et je compris rapidement que ce n’était qu’un mauvais rêve. Savannah était juste là, dans mes bras, la tête contre ma poitrine. Nos corps étaient bien au chaud malgré le fine épaisseur de la couverture que l’on m’avait donnée et je ne doutai pas que je devais cette chaleur réconfortante à Savannah, emmitouflée dans son pull. J’avais un bras fermement passé autour de son dos pour la garder contre moi et je souris en pensant que même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas pu me quitter sans me réveiller.
J’avais espéré que mon réveil brutal ne la sortirait pas de son sommeil paisible, mais elle ne tarda pas à remuer et à finalement relever les paupières. Un air inquiet sur le visage, elle redressa légèrement la tête vers moi.
– Tout va bien ? murmura-t-elle encore à moitié endormie.
Je déposai un baiser sur son front.
– Oui, tout va bien. Tu es là.
Elle laissa ses yeux se refermer mais un doux sourire se dessina sur ses lèvres.
– Bien sûr que je suis là…
Il lui fallut encore plusieurs minutes pour être réellement réveillée et se redresser. Elle chercha ensuite son téléphone pour regarder l’heure.
– On a encore un peu de temps, souffla-t-elle.
Je me redressai à mon tour et continuai de l’admirer. Elle s’était adossée contre le mur, les genoux relevés contre la poitrine. Comment faisait-elle pour être aussi belle en toute circonstance ?
– Tu n’as plus de tâches de rousseur, me fis-je la réflexion à voix haute.
– Dieu merci, souffla-t-elle en levant les yeux au ciel.
Je m’assis de la même manière et, avec les sourcils froncés et un air curieux, je lui demandai :
– Pourquoi est-ce que tu détestes ça ?
Je pouvais parfaitement me souvenir de ses pommettes parsemées de tâches de rousseur lorsque nous étions en Corse et bien sûr cela lui allait extrêmement bien. Savannah baissa le regard, hésitante, et finit par hausser les épaules.
– Ce n’est pas vraiment que je déteste ça, c’est que…
Elle s’arrêta et évita mon regard quelques instants. Beaucoup de temps s’était écoulé depuis la dernière fois que nous avions échangé des souvenirs et confidences ainsi. Il nous en faudrait certainement encore un peu avant que cela redevînt aussi naturel. Je m’apprêtai donc à lui dire qu’elle n’avait pas à répondre lorsqu’elle reprit volontairement :
– Quand j’étais petite, je faisais beaucoup de bêtises alors j’étais souvent punie.
Voilà qui ne m’étonnait pas une seule seconde.
– L’été, ça signifiait avoir l’interdiction de sortir et profiter du soleil. Bien sûr, je trouvais toujours un moyen de sortir et de rejoindre Cameron, mais très vite, je commençais à avoir des tâches de rousseur à cause du soleil. Ma mère savait que cela voulait dire que j’étais sortie, alors j’étais punie encore plus sévèrement et cette fois je ne pouvais pas y échapper. C’est stupide, conclut-elle avec un timide sourire, mais je suppose que depuis j’associe les tâches de rousseur à ces mauvais souvenirs.
Je pris une inspiration et lui sourit tendrement avant d’affirmer :
– Ce n’est pas stupide. Je…
Moi-même, je me retrouvai hésitant une seconde. Allait-elle utiliser ma confiance pour mieux me faire souffrir ensuite ? Allait-elle à nouveau prendre mon amour pour le jeter aussitôt ? Je parvins à chasser ces horribles questions et ne pensai plus qu’à la sincérité de son regard et de ses mots.
– J’associe toujours l’alcool à mon père. Même si ce n’est qu’un verre de vin ou une coupe de champagne.
– C’est pour ça que tu ne bois presque jamais, conclut-Savannah en hochant lentement la tête, même à l’anniversaire de ta mère.
Je haussai un sourcil, étonné.
– Tu as remarqué ?
– Hein hein, fit-elle en souriant avec fierté. À un moment, quelqu’un t’a mis une coupe dans la main et tu ne pouvais pas refuser, mais dès qu’il a eu le dos tourné, tu l’as vidée dans les plantes.
Cela ressemblait en effet à quelque chose que j’aurais pu faire.
– Sur le coup, j’ai trouvé que c’était un sacrilège, avoua-t-elle, mais maintenant je comprends.
Je ris doucement, puis me regard se posa sur ses jambes nues. Elles portaient désormais deux nouvelles traces de balles.
– Je suis désolé de t’avoir tiré dessus...encore, soufflai-je avec honte.
Elle suivit mon regard.
– Ce n’est rien, me rassura-t-elle, je me disais justement ça faisait un peu vide à ces endroits.
Je secouai la tête en riant, sachant bien qu’elle disait cela pour apaiser ma conscience.
– Comment as-tu eu les autres ?
Son visage s’illumina de joie et de fierté et une par une, elle me raconta comment elle avait eu chacune de ses nouvelles cicatrices et je lui montrai ensuite les miennes, bien qu’elles fussent moins nombreuses. En l’espace de quelques minutes, toute les traces de légers malaise que nous avions pu avoir disparurent et nous rîmes exactement comme avant. Je n’eus alors plus envie de lui cacher quoi que ce fût.
– Savannah, je n’ai pas été tout à fait honnête.
Elle perdit son sourire et un air très sérieux s’imprima sur son visage.
– Je ne travaillais pas réellement pour Thompson, avouai-je enfin.
Hébétée, elle me dévisagea en fronçant les sourcils.
– Alors pour qui ?
– Le Conseil.
– Le Conseil ?
– Des États-Unis, explicitai-je.
Elle resta d’abord impassible, le temps d’intégrer l’information, puis ses yeux s’écarquillèrent.
– Oh putain.
– Ouais je sais, repris-je en hochant la tête. Ils savent que quelque chose se trame dans leur dos, ils ont peur et ils sont prêts à tout pour y mettre un terme. Donc ils m’ont infiltré chez Thompson pour réduire la liste de suspect et amasser des preuves de complot.
Savannah continua de respirer calmement, des rides de concentration sur le front.
– Je vois, c’est pour ça qu’autant de nos missions ont failli foirer ces derniers mois.
Je grimaçai.
– Désolé pour ça.
– Non, c’est…, commença-t-elle à balayer mes excuses de la main, à vrai dire, je suis impressionnée ! Tes capacités de mensonge se sont vachement améliorées, je n’ai rien vu venir ! s’exclama-t-elle en riant.
– Alors tu n’es pas en colère ? m’étonnai-je.
– En colère ? fit-elle en écarquillant les yeux. Non ! C’est absolument génial !
Savannah se mit debout avec enthousiasme mais je restai immobile, dérouté par sa réaction.
– Comment ça peut être génial ?
– Tu as le pouvoir de tout changer ! s’écria-t-elle en écartant grand les bras. Cette guerre qu’on mène depuis plus d’un an, on va enfin la gagner !
Je mis finalement sur pied tandis qu’elle marchait dans tous les sens, de nouvelles idées fusant constamment dans son cerveau.
– Comment ? demandai-je encore. Qu’est-ce que ça change ?
Après quelques secondes, elle s’arrêta et vint planter son regard brûlant dans le mien.
– Jeremy, tu ne vois pas ? Tu es un soldat en marche vers la ligne de départ des Sherwood et il n’y a personne sur ton chemin ! Tu es sur le point de devenir une deuxième reine !
Elle m’annonça cela avec un grand sourire, comme si c’était absolument évident. Je pouvais sentir qu’elle avait envie de sauter et de danser de joie et si j’avais su que la vérité sur mon emploi susciterait une telle réaction de sa part, je n’aurais certainement pas attendu aussi longtemps pour lui avouer. Néanmoins, j’étais toujours dans le flou.
– En théorie, je n’ai rien contre les métaphores, mais là…
– Tu vas faire ce pour quoi on t’a engagé, commença-t-elle à m’expliquer. Tu vas dénoncer au Conseil les personnes qui en ont après eux. Du moins, la moitié. Tu as dit que le Conseil était prêt à tout pour se défendre et il faudra t’assurer que ce soit bien le cas le moment venu.
– C’est vraiment ce que tu veux ?
– Et comment ! Je veux que le Conseil décharge absolument toutes ses forces armées...sur les Sherwood, parce que pendant ce temps, nous on lancera l’attaque pour prendre le pouvoir.
Tout commençait à prendre sens.
– Tu veux les distraire ailleurs pendant que vous menez un coup d’État.
– Exactement ! s’exclama-t-elle. Les Sherwood sont bons, c’est vrai, mais ils ne sont pas prêts à se battre sur deux fronts en même temps et honnêtement, je ne suis pas certaine qu’on le soit non plus. Mais si ça marche, il n’y aura tout simplement personne pour nous arrêter !
C’était très, très risqué, mais elle avait raison, ça pouvait marcher. À l’entendre, ce n’était pas comme si elle s’apprêtait à bouleverser tout le système politique d’une puissance mondiale et à potentiellement mettre la vie de milliers de personnes en danger. Tout ce qui brillait dans son regard, c’était l’excitation, la satisfaction et le soulagement d’enfin voir le bout du chemin et c’était aussi ce que je voulais voir, toutefois cela allait beaucoup trop vite pour moi et Savannah semblait oublier à quel prix tous ces changements se feraient.
– Je… Savannah, c’est…
– Fais-moi confiance ! insista-t-elle. Je comprends que tu sois encore réticent, mais il y a des tas de choses que tu ne sais pas encore et qui te feront changer d’avis. Maintenant, il faut qu’on aille retrouver mon père.
Elle s’empressa d’aller enfiler son jogging tandis que je restai pétrifié.
– Pardon ?
– Il doit savoir quel atout tu représentes et on a tellement, tellement de travail devant nous, ça ne peut pas attendre !
Savannah avait déjà la poignée sur la porte lorsque j’attrapai sa main et la forçai à se calmer et à me regarder.
– Attends une seconde, Anna… Je te fais confiance, mais es-tu réellement sûre de vouloir t’embarquer là-dedans ? C’est l’idée la plus dangereuse que tu aies jamais eue.
Elle prit le temps de respirer plus doucement puis elle encadra mon visage inquiet de ses mains et posa son front contre le mien.
– Tu n’as pas à t’inquiéter, souffla-t-elle. Je réalise que ça doit paraître fou mais je le sens...je sens que c’est la bonne solution et tous nos efforts, tous nos sacrifices, ils vont enfin en valoir la peine. On n’a plus se battre l’un contre l’autre, Jeremy. J’ai besoin de toi à mes côtés. Est-ce que tu te battras avec moi ?
Je fermai les yeux et passai mes bras autour d’elle.
– Est-ce que tu te souviens, murmurai-je d’abord, en Corse, tu m’as demandé si construire une vie avec toi était vraiment ce que je voulais. Ma réponse n’a pas changé, Anna. Je me battrai avec toi jusqu’en enfer s’il le faut pour une vie à tes côtés.
Je scellai cette promesse en l’embrassant passionnément avant d’aller rencontrer mon pire ennemi.
M. Hamilton se souviendrait à partir de ce jour de ne pas être en train de boire une tasse de café brûlant lorsque sa fille arrivait dans la salle du petit déjeuner en annonçant qu’elle avait une grande nouvelle. Après un long plaidoyer de cette dernière sur comment le rôle que je pouvais jouer dans cette guerre allait tout changer, on m’invita moi-même à manger quelque chose et Savannah insista ensuite pour qu’on m’attribuât une chambre dans l’annexe des Soleils et qu’on me laissât m’y reposer avant de passer aux choses sérieuses. Je reçus quelques regards de travers et je ne pouvais pas les en blâmer, à leurs yeux j’étais un traître qui avait mis en péril un certain nombre de leurs projets. Néanmoins, j’étais si épuisé que je m’endormis presque aussitôt, ne me sentant pas particulièrement dans un environnement hostile.
À mon réveil, je pris une douche et enfilai des vêtements propres que l’on m’avait donnés. Je me sentais reprendre vie. Un domestique m’attendait devant la porte de la chambre et il me guida à travers les couloirs de l’immense demeure des Hamilton. Avant même d’arriver à destination, nous croisâmes d’autres domestiques portant des tables, des chaises, canapés, des fauteuils et même des écrans et ordinateurs. Je découvris finalement une grande salle avec d’élégants rideaux, un parquet brillant au sol et différents dispositifs d’éclairages au mur. Au centre de la pièce, une femme d’âge mûre avec un léger accent hispanique donnait des ordres aux domestiques sur l’emplacement des meubles. Je m’immobilisai pour la dévisager un instant. Je la connaissais.
La dernière fois que j’avais vu cette femme était à l’enterrement des Darcy, dont elle s’était elle-même chargée de l’organisation. C’était la femme qui avait réconforté Elizabeth et Savannah lorsqu’elles étaient au plus bas. C’était Maria. À son tour, elle me reconnût et vint à ma rencontre.
– Scandola ! s’exclama-t-elle en souriant. Je ne pensais pas vous revoir un jour.
– Également, soufflai-je avant de reporter mon attention sur la salle. Que se passe-t-il ici ?
– On est en plein déménagement, répondit-elle, c’est Savannah qui a demandé à ce que la salle de contrôle soit réaménagée ici pour plus de confort et plus d’espace.
– On va en avoir besoin, déclara une voix déterminée dans notre dos.
Savannah s’était elle-même douchée et reposée et elle semblait aussi fraîche et prête à attaquer le reste de la journée que l’on pouvait l’être. Quelques instants plus tard, une vingtaine d’hommes et femmes Soleils nous rejoignirent, ainsi que le reste des Hamilton et autres hommes d’affaires avec qui ils devaient être associés.
– Préparez-vous à quasiment vivre ici pour au moins les deux prochaines semaines, annonça alors Savannah à l’assemblée. On a du pain sur la planche.
Et en effet, nous passâmes le plus clair de notre temps dans cette grande salle à la fois aménagée en salon et salle de réunion pendant les trois semaines qui suivirent. Nos repas étaient préparés et amenés à nous directement par le personnel et nous n’étions autorisés qu’à quelques pauses dans la journée, juste le temps d’aller aux toilettes, de boire un café ou de marcher un peu pour éviter l’atrophie de nos jambes. Chacun avait constamment quelque chose à faire et nous accomplîmes énormément au cours de ces quelques semaines.
En premier lieu, j’avais été mis à jour sur tous les aspects du plan des Hamilton que j’ignorais, comme le refuge d’Alexander et Jason et la rencontre avec les Généraux Lunes. En retour, je leur avais transmis toutes les informations que j’avais sur le Conseil et les personnes employées pour contrecarrer leur plan. J’avais eu un pincement au cœur lorsqu’il avait été temps de mentionner Scott et son équipe qui m’avait si bien accueilli, mais le fait était qu’il protégeait une institution dont je ne partageais plus les valeurs. Nous passâmes les journées et semaines suivantes à élaborer un nombre incalculable de contrats, stratégies, plans d’attaques, transferts d’armes, rapports, études et bien d’autres. Bien sûr, venait toujours le moment de mettre un peu la théorie de côté et de passer à la pratique. Nous quittions donc la salle principale quelques heures par jour pour nous diriger vers la salle d’entraînement où le travail était tout aussi fatiguant.
Au cours de ces semaines, j’eus l’occasion de faire connaissance avec toute l’équipe de Soleils, hommes et femmes de Savannah. Nous nous battions ensemble, nous vivions dans la même annexe et nous dînions également ensemble. Très rapidement, j’avais pu constater que Savannah ne s’était pas entourée de n’importe qui. Ils avaient chacun déjà accompli un certain nombre d’exploits et ils étaient aussi sympathiques qu’ils se battaient bien. J’avais l’impression de m’être glissé dans les coulisses de la vie qu’elle avait menée cette dernière année. Je comprenais bien mieux pourquoi elle n’avait pas si mal vécu son retour chez ses parents.
Bien que j’eusse une chambre attribuée parmi les autres Soleils, Savannah laissait toujours la porte vitrée de son balcon ouverte pour que je pusse la rejoindre. C’était presque devenu un rituel. Souvent elle n’avait elle-même pas encore mangé, alors nous nous installions confortablement devant un film pendant qu’elle me narguait avec ses supers plats, mais elle faisait toujours en sorte que nous partageâmes le dessert. Parfois, nous arrivions à être raisonnables ou nous étions simplement trop épuisés par l’entraînement, alors nous bénéficions d’une nuit de sommeil réparateur et chaleureux, puis le reste du temps… Pas besoin de vous faire un dessin, même en hiver, il faisait incroyablement chaud dans cette chambre. Je pouvais désormais situer chacune de ses nouvelles cicatrices sur son corps et la sensation de sa peau contre la mienne était devenue la chose la plus naturelle et familière.
Un soir comme tous les précédents et je l’espérais comme de nombreux prochains soirs, Savannah était dans mes bras, le souffle calme et posé et certainement sur le point de s’endormir. J’appuyai ma tête contre la sienne et laissai l’odeur de ses cheveux me bercer. Je me sentais tellement heureux et reconnaissant pour tous les événements de ma vie qui m’avaient mené jusqu’ici.
– Pour la première fois, murmurai-je, rien ne peut mal se passer.
Je m’attendais à ne pas recevoir de réponse, mais Savannah parvint à articuler :
– Comment ça ?
– Je sens que tout ira bien.
– J’aimerais en être certaine, soupira-t-elle, mais n’importe quoi pourrait mal tourner. Le Conseil pourrait ne pas tomber dans le piège, les Sherwood pourraient avoir plus d’hommes que prévu, le peuple pourrait refuser d’accepter Lizzy…
– Non, l’interrompis-je doucement, je voulais dire, pour nous. Tu n’es plus mon élève et je ne suis plus ton mentor, tu n’es plus une fugitive, ton père a accepté ma présence ici et on travaille tous ensemble pour le même objectif. Il n’y a plus rien ni personne pour se mettre entre nous.
L’espace d’un instant, je sentis ses muscles se raidirent, mais ils se détendirent aussitôt et elle releva doucement le visage vers moi. Malgré la faible luminosité, je pouvais parfaitement voir l’éclat de ses yeux turquoises.
– Je t’aime, Jeremy, tu le sais ?
Une certaine inquiétude et ancienne douleur vinrent assombrir son regard. Je portai une main délicate à son visage et caressai ses cheveux, ses joues, ses lèvres. Tout ce que je voulais, c’était chasser à tout jamais cette ombre.
– Je t’aime aussi.
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