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I - Chapitre 41

Savannah


- Savannah ?

La voix de Jeremy me rappela progressivement à mon corps. Sachant que Lizzy était désormais protégée par Charlie, que je croyais réellement le plus proche possible de l'invincibilité, je ne luttai pas pour rester auprès d'elle. J'avais quelques comptes à régler de mon côté. Ainsi après avoir entièrement retrouvé le contrôle de moi-même, je me relevai et constatai que la nuit était tombée. Je croisai les bras sur ma poitrine, refusant de voir Jeremy.

- Savannah, tu devrais rentrer. Je me doute que c'est le dernier de tes soucis mais il faut que tu manges et que tu te réchauffes. Tu es restée là pendant des heures.

- Et je resterai là aussi longtemps que j'en ai envie, rétorquai-je d'un ton sec.

En toute honnêtement, j'avais bien un petit creux et il était vrai que l'air s'était rafraîchi, mais je n'avais toujours pas digérer le fait que Jeremy avait su que Mme Diggle était ma demi-sœur depuis presque un an.

- Savannah, insista-t-il.

Ma mâchoire et mes poings se serrèrent.

- Si tu crois que dire mon nom comme ça te donne plus d'autorité, tu as tout faux.

Je portai mon attention sur le ciel étoilé et tentai d'oublier qu'il était encore là à quelques mètres de moi. Ce n'était pas très efficace, je dois l'avouer.

- Écoute, je comprends que tu sois en colère, mais on devrait en parler.

Je ne tins plus et me retournai brusquement.

- Non, tu ne comprends rien ! Toi tu as toujours eu Marina, puis Raphaël et Stella, moi je n'avais personne ! Et ne me parle pas d'Elizabeth ou Jason, c'est différent !

Jeremy ne répondit pas immédiatement mais me regarda simplement d'un air triste. Finalement, il secoua la tête et soupira :

- Ce n'était pas à moi de te le dire.

Si je n'avais pas un minimum de self-control, je l'aurais giflé.

- Oh c'est tellement minable comme excuse !

- Mais c'est vrai ! se défendit-il.

- C'est faux ! C'est devenu à toi de me le dire à la minute où tu as su qu'elle ne le ferait pas ! Est-ce que...

Je fis un effort pour respirer profondément et rester calme. Je voulais rester disponible aux émotions de Lizzy si jamais les choses tournaient mal de son côté.

- Est-ce que tu réalises au moins que tout ce qui s'est passé depuis mon retour au pensionnat aurait pu être différent si j'avais su ? J'aurais eu quelqu'un à qui me confier en permanence. Marley ne serait peut-être pas morte. Je ne me serais jamais perdue dans la forêt et je n'aurais jamais passé des semaines dans un repère de Lunes. Même notre relation à nous aurait pu être complètement différente.

Jeremy laissa ses bras retomber le long de son corps, baissa les yeux et déglutit péniblement avant de lever à nouveau les yeux vers moi.

- Je sais tout ça.

- On en a même parlé une fois ! m'exclamai-je. Je t'ai demandé si j'étais encore une sœur après avoir perdu ma sœur et mon frère. Tu aurais pu me le dire à ce moment-là. Tu aurais pu me dire que j'avais une autre sœur et qu'elle était là au pensionnat et qu'elle ne me voulait aucun mal elle !

Jeremy fit un pas vers moi, mais je reculai aussitôt de la même distance.

- Savannah, si je ne t'ai rien dit c'est parce que Mme Diggle avait ses propres raisons de garder ce secret et je devais les respecter !

- Même en sachant à quel point ça me blesserait que tu ne me le dises pas ? fis-je en haussant un sourcil, surprise de cette conscience morale qu'il n'avait pas eu lorsqu'il avait accepté de travailler pour mon père.

Il choisit d'ignorer l'ironie dans ma voix.

- Ce n'est pas contre moi que tu devrais être en colère.

- Tu rejettes la faute sur les autres, c'est ça ?

Il leva les yeux au ciel et grogna de frustration.

- Pourquoi faut-il toujours que tu retournes tout ce que je dis contre moi ? Je voulais seulement dire que c'est une bonne nouvelle, tu as une sœur ! C'est normal que tu sois surprise et même énervée de ne l'apprendre que maintenant, mais mieux vaut tard que jamais !

Je me retournai pour être à nouveau dos à lui et me mordis la lèvre pour ne pas dire quelque chose que je regretterais.

- Je suis désolée, Anna.

Je voulus fois lui interdire de m'appeler à nouveau ainsi mais mon cœur se serrait à chaque fois qu'il le faisait, comme s'il s'agissait du plus beau son au monde juste parce qu'il sortait de sa bouche.

- Sincèrement.

- Tu avais promis que tu ne me mentirais plus jamais, dis-je doucement d'une voix enrouée.

J'entendis des pas se rapprocher et je sentis qu'il n'était qu'à quelques centimètres de moi.

- Et j'ai l'intention de tenir cette promesse. Tu es ce que j'ai de plus précieux, Anna, je ne ferai jamais rien pour te blesser intentionnellement. J'aurais vraiment voulu que Mme Diggle te le dise elle-même il y a des mois. Moi je ne pouvais pas.

Je me retournai en un éclair et frappai son torse de mes poings, tandis que des larmes traîtresses coulaient le long de mes joues.

- J'avais le droit de savoir ! criai-je en le faisant reculer de quelques pas.

Ma gorge se serra encore davantage alors que je luttais pour ne pas laisser son air infiniment désolé avoir raison de moi.

- J'avais...le droit...de sa

Une douleur lancinante me traversa l'abdomen et me coupa violemment le souffle. Ma vision se brouilla et je me retrouvai à la fois dans le jardin des Scandola, face à un Jeremy dont l'expression s'était figée, et dans un parc sombre que seul le clair de lune éclairait d'une faible lueur. Un cri déchira l'atmosphère mais ce n'était ni celui de Jeremy, ni celui de Lizzy, ni le mien, c'était celui de Charlie. Je finis par baisser les yeux sur mon ventre et découvris une tâche de rouge se propageant dans le tissu à toute vitesse.

- Savannah ? demanda tout bas la voix de Jeremy.

Avant même que Lizzy et moi pûmes porter une main à notre blessure, une seconde balle nous frappa de plein fouet, seulement quelques centimètres plus haut. Nous tombâmes à genoux dans l'herbe fraîche, assourdies par la détonation et la douleur. Jeremy et Charlie nous rattrapèrent respectivement à quelques secondes d'une nouvelle rencontre brutale avec le sol.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Parle-moi, Anna. Que se passe-t-il ?

Nous nous mîmes à tousser et du sang sortit de la bouche de Lizzy. Charlie s'empressa de retirer sa veste et de faire pression sur ses plaies. Jeremy souleva la main que je pressais instinctivement sur mon ventre mais n'y découvris pas la moindre blessure physique.

- C'est Lizzy, parvins-je à articuler difficilement.

Je pouvais sentir le sang comme s'il coulait entre mes propres doigts et comme s'il remontait jusqu'à ma propre bouche.

- Elle...elle a reçu deux balles.

Un éclair de terreur traversa les yeux de Jeremy, tandis que les miens peinaient à le distinguer nettement de l'image de Charlie penché sur le corps de Lizzy.

- Où est-elle ?

- Dans un parc.

Je finis par me concentrer suffisamment pour pouvoir croiser réellement son regard. Nous ne prononçâmes pas un mot mais nous le savions tous les deux : nous ne pouvions rien faire. Si Lizzy mourrait, je mourrais aussi.

- Ça va aller, Lizzy, chuchotait Charlie à son oreille. Tiens le coup.

Il passa ensuite un bras dans son dos et l'autre ses jambes pour la soulever. Cela réveilla encore davantage la douleur. Charlie se mit ensuite à courir du mieux possible, cherchant du regard un abri, loin des Lunes qui pouvaient encore rôder dans le coin à la recherche de Lizzy.

- Charlie l'emmène dans un lieu sûr, murmurai-je pour rassurer Jeremy avant de tousser et de suffoquer à nouveau.

- Qui est Charlie ?

Je pouvais entendre la panique croissante dans sa voix. Il ignorait entre les mains de qui reposaient nos vies. Il me fallut plusieurs longues secondes avant de pouvoir articuler quelque chose à nouveau.

- Le frère d'Alec. Il va prendre soin d'elle.

Jeremy caressa mon visage d'une main comme pour me rassurer alors qu'il était celui qui était terrifié.

- Savannah...

Mes paupière devenaient de plus en plus lourdes, à l'image de celles de Lizzy.

- Ça va aller. Elle est forte, déclarai-je avec ce qui était censé être de l'assurance. .

Jeremy secoua la tête avec désespoir.

- Anna, je suis tellement désolé. Pour tout. Pour Marley, pour ton père, pour Mme Diggle, si je pouvais revenir en arrière je le ferais.

Je fis un effort pour plonger une dernière fois dans ses yeux sombres aux éclairs verts si étranges.

- Ne dis pas ça, soufflai-je d'une voix à peine audible. Si...si tu avais fait d'autres choix...on ne se serait jamais rencontrés. Je ne veux...même pas imaginer...ce que je serais devenue sans toi.

Il écrasa alors ses lèvres sur les miennes avec tout l'amour et toute la détresse du monde avant de laisser aller son front contre mien.

- Ne me quitte pas, mon amour.

La douleur ne tarda pas à être la seule chose à laquelle mon esprit était capable de penser, la seule chose qui existait encore pour Lizzy et moi, tandis que tout le reste devenait flou et lointain.

- Anna ? Parle-moi, je t'en prie ! Anna !

La voix et les bras de Jeremy disparurent complètement de ma conscience et je ne pus plus que sentir mon corps mourant se balancer au rythme des pas effrénés de Charlie. Je voulus parler à Lizzy et lui dire qu'il ne fallait surtout pas qu'elle perdît connaissance, mais à nouveau, j'étais totalement impuissante. Elle revint difficilement à la réalité lorsque Charlie cessa soudainement de courir. Quelqu'un venait à sa rencontre.

- Charlie, c'est toi ? interrogea une voix familière.

Alec ne tarda pas à arriver à leur hauteur et reconnu parfaitement son petit frère.

- Charlie, lâche-la immédiatement, ordonna-t-il sur ses gardes.

- Quoi ? s'étonna ce dernier.

- Je ne te laisserai pas lui faire encore plus de mal. J'ai promis de la protéger et si ça veut dire que je dois te tuer d'abord, je le ferai.

Rien qu'à l'entendre, on pouvait comprendre que sa détermination était sans faille. Cela n'avait plus la moindre importance que Charlie fût de sa famille.

- Mais t'es con ou quoi ? s'exclama contre toute attente son petit frère. Je suis en train d'essayer de la sauver, ça se voit non ? J'ai déjà tué une partie des Lunes qui ont été envoyés mais là elle perd des litres de sang !

Alec sembla toujours méfiant mais il chercha à rencontrer le regard de Lizzy pour y lire s'il s'agissait de la vérité. Elle réussit finalement à hocher la tête. Notre ami se précipita alors auprès d'elle et examina rapidement ses blessures. Il releva ensuite la tête pour échanger un message silencieux avec son frère : ce n'était vraiment pas beau. Lizzy posa alors une main sur le bras d'Alec.

- Où...

Une violente toux ensanglanté lui prit la poitrine avant qu'elle pût finir sa phrase.

- Ne parle pas. On va trouver un abri au plus vite.

Ma meilleure amie opta tout de même pour la version courte.

- Jason.

Une seconde plus tard, celui-ci débarqua dans la même rue sombre, essoufflé. Il était dans le même état qu'Alec : sale, ensanglanté, épuisé, mais vivant. En un regard vers l'abdomen de Lizzy, il comprit à quel point la situation était critique et ne s'attarda même pas pour demander qui était le Lune portant ma meilleure amie. La ressemblance était déjà plus que frappante.

- Suivez-moi, déclara-t-il finalement, je sais où aller.

Sans discuter, les deux frères Lunes le suivirent aussi rapidement que possible. Mon meilleur ami les conduisit à travers quelques rues, s'immobilisant dès que des passants étaient en approche, et ils s'arrêtèrent enfin devant un grand bâtiment sobre, dont toutes les lumières étaient éteintes. Avec le champ de vision restreint de Lizzy et son état de concentration actuel, je ne parvins pas à tirer la moindre information supplémentaire. Jason utilisa sa psychokinésie pour les faire entrer et une fois à l'intérieur, ils passèrent encore par une autre porte. Charlie déposa finalement Lizzy sur une surface plate et relativement dur, comme du bois.

- Est-ce que c'est une école ? demanda alors Charlie en regardant tout autour de lui.

Je devinai Jason hocher la tête.

- On devrait être en sécurité ici et il y a forcément une trousse de premier secours et du matériel médical quelque part, il faut juste qu'on le trouve.

Ce qu'il était intelligent... Alec et lui ne perdirent pas un instant pour partir à la cherche de ce qui sauverait peut-être la vie de ma meilleure amie, laissant Charlie veiller sur elle. Celui-ci continua d'exercer une pression sur ses blessures d'une main et il prit celle de Lizzy dans l'autre.

- Ça va aller. Tu es forte.

On était tous d'accord là-dessus apparemment. Seulement le corps de Lizzy était de plus en plus engourdi, au fur et à mesure qu'elle se vidait de son sang, et rester consciente mobilisait toute ses forces. Malgré cela, elle parvint à sourire et à murmurer :

- Notre timing est pas génial, hein ?

Il lui sourit en retour, naïvement.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Ce n'est que le début.

Nous fronçâmes toutes les deux tristement les sourcils.

- Vraiment ?

Charlie serra encore davantage sa main et se rapprocha de son visage.

- Regarde-moi dans les yeux et jure que tu n'es pas suffisamment curieuse pour avoir envie de découvrir ce qu'on pourrait devenir.

Les paupières de Lizzy se fermèrent un instant, libérant une larme salée.

- Tu sais que je ne peux pas faire ça.

- Alors fais-moi confiance, murmura Charlie en déposant un baiser sur le dessus de sa main tâchée de sang. Tu vas t'en sortir. Alec est un super médecin, malgré sa formation peu conventionnelle disons.

Ma meilleure amie rit un instant avant de grimacer de douleur.

- Savannah doit avoir tellement mal à cause de moi..., souffla-t-elle alors.

Si j'avais pu, je l'aurais rassurée en lui disant que j'avais connu pire et que je ne voulais surtout pas qu'elle s'inquiétât pour moi. J'avais fait le choix de lui donner ma vie par le passé et je n'avais pas regretté ce choix une seule seconde depuis. J'étais prête à mourir avec elle s'il le fallait.

- Ce n'est pas ta faute, répondit Charlie.

Lizzy leva alors les yeux vers le plafond, au bord des larmes.

- Mon Dieu, faites que Jeremy soit avec elle, faites qu'elle ne soit pas seule...

Ni Lizzy ni moi-même ne pouvions le sentir, mais j'étais dans les bras de l'homme que j'aimais. Il n'y avait pas de meilleur endroit pour moi pour mourir.

- Elle n'est pas seule, la rassura le frère d'Alec, elle est toujours avec toi.

Jason et Alec déboulèrent alors dans la salle de classe, des trousses de secours dans les bras. La respiration de Lizzy devenait sérieusement difficile. Alec prit le temps de l'examiner de près et avant même qu'il ne dît quoi que ce fût, nous savions à son expression qu'il allait annoncer une mauvaise nouvelle.

- Elle a perdu énormément de sang et je crois que son poumon gauche est perforé.

- Alors qu'est-ce qu'on fait ? s'enquit son petit frère.

Tous les yeux étaient tournés vers Alec, remplis d'espoirs.

- Rien, soupira finalement ce dernier d'un air complètement abattu, on ne peut rien faire.

Pendant quelques instants, aucun de nous ne put y croire.

- Quand tu dis « rien », c'est...

- C'est rien ! Il n'y a pas de quoi stopper l'hémorragie, ni faire une perfusion, ni retirer les balles surtout si l'une d'elle a touché un poumon.

- Alexander ! s'exclama Charlie, tendu. Réfléchis ! Il y a forcément quelque chose à faire, ne me dis pas que tous ces trucs d'urgence ne servent à rien !

Son frère commença à faire les cents pas, désemparé.

- Il n'y a que des pansements et des trucs inutiles pour une blessure aussi grave, expliqua-t-il d'abord, et je ne suis pas chirurgien ! Elle a besoin de vrais médecins !

- Alors allons en trouver un, proposa Jason.

Il était bien le seul à parvenir à garder un tant soit peu son sang-froid, mais Alec secoua vivement la tête à cette idée.

- Elle ne tiendra pas jusque là.

- Alors qu'est-ce que tu proposes ? cria Charlie. Elle est en train de mourir !

- Tu crois que je ne le sais pas !? rétorqua Alec. Savannah aussi est en train de mourir et crois-bien que rester les bras croisés est la dernière chose dont j'ai envie mais je suis coincé ! Je doute que même un professionnel puisse faire quoi que ce soit à ce stade.

- Et de la magie ? demanda Jason. Est-ce que de la magie pourrait encore la sauver ?

Une lueur d'espoir s'alluma dans les deux regards des frères Lunes, mais elle s'étendit vite.

- La blessure n'a pas été causée par de la magie et sa vie repose déjà sur le Feu de Savannah. La magie d'enfant du Soleil l'a sauvé une fois mais ça ne la sauvera pas une deuxième fois. Je ne vois aucune solution, conclut tragiquement Alec.

Lizzy, dont la vie s'écoulait aussi rapidement que le sang, ferma alors les yeux et se mit à parler silencieusement, de sorte que seules ses lèvres bougeaient. Il me fallut un petit moment pour comprendre ce qu'elle disait : une prière. Mais elle ne s'adressait pas seulement à Dieu, elle s'adressait aussi à ses parents et elle priait pour qu'ils fussent réunis au paradis. « Tous les quatre », disait-elle. Tous les quatre. Elle priait aussi pour moi.

- Il existe une dernière solution, déclara éventuellement Charlie.

Mes amis lui lancèrent des regards interrogateurs.

- On peut la transformer en Lune.

Un silence de stupéfaction envahit la salle de classe avant qu'ils ne réagissent.

- Non...

- Ce n'est pas ce qu'elle voudrait, répondit Alec.

- Et pourquoi pas ? se défendit Charlie. Tu sais aussi bien que moi qu'être Lune ne signifie pas être un monstre. Elle ne retrouvera jamais sa vie d'avant mais au moins elle sera en vie !

Si quelqu'un avait évoqué devant moi l'idée de la transformer en Lune quelques mois plus tôt, je lui aurais immédiatement brisé la nuque. Mais il y avait quelques mois, j'étais complètement ignorante à leur sujet. J'en avais vu certains commettre des atrocités mais j'avais aussi vu Alec faire preuve de la plus grande humanité. Charlie avait raison. Être Lune n'avait pas à vouloir dire être monstre et d'une certaine manière, elle serait toujours en vie, en effet. Mais voulait-elle d'un tel genre de vie ? Se transformer en Lune, c'était perdre tout ce qu'elle avait toujours connu. C'était faire ce contre quoi ses parents s'étaient battus toute leur vie. Et si elle devenait vraiment une Lune, il n'y aurait pas de retour en arrière.

- J'ai promis à Savannah que je ne laisserai jamais cela lui arriver, affirma Jason en secouant la tête.

- Tu as aussi promis à cette Savannah que tu ne la laisserais pas mourir. C'est ce qui est en train de se passer.

Charlie venait de tout remettre en question. Nos promesses. Nos valeurs. Ce que nous étions prêts à faire pour protéger ceux que nous aimions. Absolument tout.

- Et Savannah au juste ? releva Jason. Qu'est-ce qui lui arriverait si on transformait Lizzy, elles sont liées toutes les deux. Est-ce que Savannah se transformerait aussi ?

- Je ne pense pas, répondit Alec l'air d'être en pleine réflexion. De ce que j'ai compris, leur lien est purement magique, pas physique. Donc si Lizzy devient une Lune, elle n'aura plus besoin de la magie de Savannah pour survivre.

- Qu'arrive-t-il à son Feu alors ?

- Soit il retrouve naturellement le corps de Savannah, ce qui me paraît compliqué considéré la distance qui les sépare mais pas impossible, soit il est détruit par le sang de Lune.

Notre lien avait beau être magique, il avait bien fallu effectué un transfert physique, mais nous étions aujourd'hui sur des continents différents. Ce n'était pas absolument impossible, puisqu'on parlait bien de magie, mais c'était plus qu'improbable.

- Mais attend, si son Feu est détruit...

- ...le virus la tuera, compléta Alec.

- C'est hors de question, répliqua alors Jason.

Les sens de Lizzy commencèrent à être recouvert d'un voile de plus en plus épais et je ne pus comprendre les prochaines phrases qui furent échangées. Je pensais que la douleur ne ferait qu'augmenter plus nous approchions de la mort, mais en réalité, nous ne sentions presque plus son corps. Même si Lizzy avait voulu bouger, ses membres n'auraient pas réagi à la commande. Elle n'avait plus que quelques minutes et repousser l'inconscience serait bientôt au-dessus de ses force.

- Écoutez, je réalise bien que c'est un choix que vous ne pensiez jamais avoir à faire un jour, disait calmement Charlie, mais il est bien là. On peut les laisser mourir toutes les deux ou essayer de les sauver. Dans le premier cas, leur mort sera sur vos consciences, dans le deuxième cas, on aura fait tout ce qu'on a pu. Alors ce sera le quel ?

Je n'entendis pas la réponse d'Alec et Jason, mais je sentis bientôt un picotement dans l'avant-bras engourdis de ma meilleure amie. Charlie venait de la mordre. Il passa ensuite une main sous sa nuque et porta son propre poignet sanglant à ses lèvres. D'abord, elle ne réagit pas, puis son odorat et ses papilles devinrent de plus en plus sensibles au sang noir. J'avais déjà connu cette sensation. En quelques secondes, Lizzy devint assoiffée et accepta le sang de Charlie.

Dans les minutes qui suivirent, j'attendis de ressentir une douleur atroce mais elle n'arriva jamais. En revanche, j'eus éventuellement le sentiment de m'éloigner du corps de Lizzy, comme si une force invisible m'arrachait à sa peau. Cette force ne tarda pas à prendre des reflets jaunes, puis oranges et enfin rouges. Je quittai bientôt complètement son corps et me retrouvai dans ce qui ressemblait au néant. Tout était noir et vide autour de moi. C'était comme faire partie de...rien. Mais ce rien devenait de plus en plus chaud. Sans même avoir encore retrouvé tout mon corps, je me mis à brûler. Mon eau, mon sang, mes ligaments, mes muscles, mes organes. Un à un, ils se mirent tous à brûler pour finalement s'assembler en un corps. Un corps en feu.

Les bras qui me serraient auparavant me lâchèrent soudainement et je me réveillai allongée dans de l'herbe, face à un ciel étoilé, avec la plus étrange des sensations. J'avais l'impression d'être à nouveau entière et pourtant je sentais aussi que quelque chose me manquait, que quelque chose avait disparu.

Dès que je me souvins comment faire, je réabsorbai les flammes à l'intérieur de mon corps et observai où j'étais. Mes yeux se posèrent immédiatement sur Jeremy, à genoux à quelques mètres de moi, le visage recouvert de larmes. Il me regardait avec un mélange de peur, de surprise, de soulagement et d'émerveillement. Il ne comprenait pas ou n'arrivait pas à croire ce qu'il se passait. Alors je me précipitai dans ses bras et le serrai contre moi plus fort que je ne l'avais jamais fait. À l'instant où nos peaux se touchèrent, il me rendit mon étreinte et enfouit son visage au creux de mon cou.

- Je vais bien, murmurai-je à son oreille.

Des larmes chaudes coulèrent avec amour le long de mes joues.

- Je vais bien.

Il finit par reculer légèrement pour voir mon visage et il se mit à embrasser chaque centimètre de peau qui s'offrait à lui, finissant par mes lèvres, avant de souffler :

- J'ai eu si peur, mon amour.

Un sanglot à la fois de douleur, de soulagement et d'amour m'échappa.

- Je suis désolée...

Il me serra à nouveau contre lui, en caressant mes cheveux d'une main délicate.

- Tu m'es revenu, Anna. C'est tout ce qui compte.

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