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I - Chapitre 40

Savannah

Avant que Jeremy ne put dire quoi que ce fût, je quittai la pièce et me réfugiai au fond du jardin, loin de sa vue. Ma gorge était serrée et mon souffle court. Je dus ainsi m'asseoir et tenter de respirer profondément pour me calmer. Je sentais une pression douloureuse dans ma poitrine, mais celle-ci finit par s’amoindrir au fur et à mesure que mes larmes coulaient à un flot plus doux. Je finis par complètement m'allonger dans l'herbe chaude jusqu'à ce que mon esprit parvint à se détacher de la douleur de mon corps.

Même pas un jour. Mon idylle n'avait même pas pu durer un jour entier. Je me demandai sincèrement si l'univers n'avait que ça à faire d'abattre sur moi coup après coup à chaque fois que je commençais à être heureuse. J'étais si fatiguée de m'en remettre pour systématiquement plonger à nouveau. Peut-être avais-je été une personne monstrueuse dans une vie passée et qu'il s'agissait de ma punition. Au moins alors ce serait mérité.

Les minutes s'écoulèrent lentement, mais je pus bientôt retrouver un peu de clarté d'esprit. Je repassai la scène dans ma tête et les choses commencèrent à faire sens. Mais malgré cela, il y avait toujours certaines choses qui restaient au-delà de ma compréhension. Comme le fait que mon père eût pu ressembler d'une manière ou d'une autre à l'homme décrit par Mme West. Comme le fait que Mme Diggle était ma demi-sœur et qu'elle ne me l'avait jamais dit. Et comme le fait que Jeremy était au courant depuis toujours et qu'il l'avait gardé pour lui même après avoir vu à quel point je souffrais. Pourquoi l'honnêteté était-elle si dure pour lui ?

Pourtant, je n'arrivais pas réellement à croire qu'il s'agissait encore d'une trahison de sa part. Il avait pris tant de risque pour m'amener ici et faire en sorte que je le pardonnasse. Il devait être sincère. Il n'aurait pas été capable de me regarder comme il le faisait dans le cas contraire. Ses yeux ne mentaient pas. Mais alors pourquoi ? Pourquoi me l'avait-il caché ? Il savait pertinemment que je ne supporterais plus le moindre mensonge de sa part. Avait-il pu simplement oublié cette information ? Non, ce n'était pas juste un détail, c'était quelque chose qui aurait pu tout changer.

Je souhaitai alors si fort que Lizzy eût pu être là pour me prendre dans ses bras que je me retrouvai à nouveau dans son corps. Entre temps, la nuit était tombée à Farmington dans le Missouri et mes amis étaient désormais dans une chambre d'hôtel. Jason était allongé non loin de Lizzy et Alec était assis près de la fenêtre, surveillant les environs. Ma meilleure amie ne parvenait pas à dormir plus que Jason, alors elle finit par se redresser.

– C'est complètement dingue cette histoire, vous ne trouvez pas ? leur fit-elle.

Jason s'assit à son tour et hocha lentement la tête.

– Je ne m'attendais définitivement pas à ça. Déjà lorsque Kyle nous a annoncé qu'il avait une piste concernant Mme Diggle j'étais surpris, mais qu'elle se révèle être la demi-sœur cachée de Savannah ? Ça c'était choquant.

– Je n'avais même pas remarqué que ses yeux avaient changé, soupira Lizzy. Et imaginez-la rousse.

– Elle doit vraiment lui ressembler, fit Alec sans éloigner son regard de la fenêtre.

La même pensée m'avait déjà traversé l'esprit. Elle devait même me ressembler mille fois plus que Sophia et Victor avec qui j'avais deux parents en commun.

– Comment va-t-on lui annoncer que depuis tout ce temps elle avait une demi-sœur au pensionnat ? demanda Jason.

Ma meilleure amie baissa alors brièvement les yeux avant de déclarer :

– Elle sait déjà.

Jason et même Alec lui lancèrent un regard interrogateur, les sourcils froncés.

– Je n'en étais pas certaine au début, mais je peux sentir lorsque Savannah est dans mon corps. C'est presque imperceptible, c'est comme si quelque chose en moi se réchauffait.

– Ce sont sûrement ses pouvoirs qui réagissent à sa présence, émit Alec.

– C'est ce que je me suis dit, oui.

– Alors, elle a tout vu et tout entendu ? demanda confirmation Jason.

Ma meilleure amie sourit en réponse.

– Est-ce que tu peux... Tu pourrais lui dire qu'elle me manque ?

Une larme salée coula le long de ma propre tempe et mon cœur se serra. J'aurais tellement aimé qu'il fût là pour me prendre dans ses bras lui aussi.

– Dis-lui toi-même, murmura Lizzy.

– Tu veux dire qu'elle est là !? Oh mon Dieu, Anna..., commença-t-il en regardant Lizzy droit dans les yeux, c'est bizarre.

Je ne pus m'empêcher de rire doucement.

– Je sais, mais elle voit à travers mes yeux, elle comprend que c'est à elle que tu t'adresses.

– OK. Anna, j'espère que tu vas bien et que tu es en sécurité. Tu me manques beaucoup. Saches qu'on ne baisse pas les bras, on va trouver celui qui travaille pour tes parents et on va le faire payer. Tu peux compter sur nous.

Il resta ensuite silencieux, mais seulement quelques secondes.

– Et après ?

Lizzy haussa les épaules.

– Il n'y a pas vraiment d'après, je ne peux pas l'entendre.

– Jason, appela soudainement Alec.

Il avait un air très sérieux, presque inquiet. Mon ami se leva et le rejoignit à la fenêtre. Il jeta un coup d’œil puis referma aussitôt le rideau.

– Qu'y a-t-il ?

Ils se tournèrent vers Lizzy.

– Lunes.

Alec sortit un téléphone de sa poche et composa un numéro. Nous n'entendîmes pas la moindre tonalité mais tombâmes directement sur messagerie.

– Ils ne répondent pas.

J'en déduisis qu'il parlait des autres Soleil qui avaient voyagé avec eux, d'abord en Floride puis ici, et que ce n'était pas normal.

– Il n'y a que nous trois à partir de maintenant.

Comme s'ils avaient répété ce scénario des dizaines de fois, ils ne perdirent pas un instant pour réunir leurs affaires et quitter la chambre. Alec menait la marche et Jason couvrait leurs arrières. À chaque angle, ils s'arrêtaient pour vérifier que la voie était libre. Finalement, ils sortirent de l'hôtel par la porte de secours. Ils évitèrent soigneusement le parking où, si j'avais bien compris, leur voiture avait été repérée et ils s'engagèrent directement dans les rues encore vivantes de la ville. Beaucoup d'étudiants étaient en vacances et profitait de la fraîcheur du soir pour pouvoir sortir et faire la tournée des bars alors mes amis passaient plus ou moins inaperçus.

– Quelqu'un nous suit, déclara gravement Jason.

– Pour l'instant ne tente rien, ordonna Alec, il faut qu'ils croient qu'on est juste sorti pour s'amuser, pas parce qu'on les a repérés.

– Ils ont déjà dû de se rendre compte qu'on avait vidé la chambre.

– C'est possible, mais tant qu'on n'est pas agressés, essayons seulement de les semer.

– Le cinéma est encore ouvert, remarqua alors Lizzy.

– Parfait.

D'un pas rapide mais pas pressé, ils entrèrent dans l'immense bâtiment aux vives lumières et se mêlaient à la foule. Je ne comprenais pas parfaitement leur plan, mais je supposais que l'idée était de se fondre dans la masse d'un endroit fréquenté et très bien éclairé. Les Lunes auraient alors du mal à les suivre, même du regard, et surtout ils ne pourraient pas attirer l'attention d'une manière ou d'une autre à cause de leur apparence nocturne. À l'origine, Alec partageait ce problème, mais il avait eu le temps de se maquiller rapidement avant de quitter l'hôtel.

Mes amis achetèrent rapidement des places et s'enfoncèrent dans le cinéma. Ils jetèrent leur place dans une poubelle un peu plus loin puis ils entrèrent dans une salle qui n'était pas celle indiquée sur leurs tickets. Ils passèrent ainsi de salles en salles par les portes de secours, au désagrément des personnes qui étaient réellement venues voir un film, mais ce n'était qu'un minuscule dommage collatéral. Ils parvinrent finalement jusqu'à l'une des issues de secours du bâtiment. Jason s'était assuré qu'ils n'avaient pas été suivis jusque là, mais Alec et lui se préparèrent à devoir faire face à des Lunes en sortant. Correction, Alec, Jason et Lizzy se préparèrent. Je découvris que celle-ci avait en sa possession un pistolet et un poignard, accrochés à sa ceinture. Dans un premier temps, cela m'avait inquiétée, puis je m'étais souvenue qu'elle avait reçu un entraînement de la part de deux Soleils et d'un Lune. Elle allait forcément s'en sortir.

Lorsque Alec ouvrit la porte et découvrit deux Lunes à seulement quelques mètres de là, je fus même soulagée de savoir ma meilleure amie armée. Je n'en étais pas pour autant moins effrayée pour elle. Alec et Jason se lancèrent sur les Lunes avec une aisance que je leur connaissais bien. Lizzy partit immédiatement se cacher derrière une benne à ordure non loin. Tandis qu'elle analysait sûrement ce qui l'entourait afin de déduire dans quelle direction partir ensuite, je me concentrai sur les Lunes. Ils portaient tous les deux des tatouages au-dessus de la clavicule, ce qui signifiait qu'ils n'étaient pas des simples rôdeurs, mais ils ne semblaient pas avoir particulièrement reconnu Alec ce qui nous arrangeait. Nous aurions en revanche un réel problème s'ils tombaient sur Charlie.

Une main empoigna alors fermement le bras de Lizzy. J'eus peur qu'elle se pétrifiât sous le choc mais elle n'en fit rien. Presque immédiatement, elle passa une main sous sa veste pour dégainer son poignard avant de se retourner et de le planter dans la gorge de la Lune qui l'avait trouvée. Celle-ci ne devait vraiment pas s'y attendre à en croire son expression choquée. Lizzy dégagea son bras dès que possible et tira une balle au milieu du front de la Lune. La détonation agit comme distraction pour Alec et Jason, leur permettant d'achever leurs adversaires. Ils se précipitèrent ensuite aux côtés de Lizzy.

– Bon réflexe, la complimenta Jason.

– D'autres ne vont pas tarder à arriver, allons-nous en, déclara Alec.

Ils partirent dans la direction opposée d'où était arrivée la Lune. Les rues étaient de moins en moins visitées mais de nombreux magasins et restaurants éclairaient toujours leur chemin. Seulement ces facteurs cessèrent d'avoir de l'importance lorsque quatre Lunes tombèrent sur eux à la vue de tous. Les deux hommes se chargèrent d'occuper Alec et Jason, tandis que les deux femmes se tournèrent vers Lizzy. Il existait au moins un fait qui était vrai peu importait la race : les femmes étaient toujours sous-estimées. Ma meilleure possédait doublement cet avantage puisque personne ne la croyait capable de se défendre, étant un membre de l’Élite.

Ainsi, la première Lune n'eut pas le temps de réagir lorsque Lizzy leva son arme vers elle et tira quatre balles. La première lui toucha l'épaule, la seconde lui écorcha la nuque, la troisième rentra dans son œil et la quatrième n’atteignit jamais sa cible car la deuxième Lune écarta violemment le bras de Lizzy d'un coup de pied, le brisant le poignet. Elle cria de douleur, mais Alec et Jason se débattait toujours avec les hommes et la Lune la faisait de plus en plus s'éloigner d'eux.

Ma meilleure amie dégaina à nouveau son poignard. Cela arracha un rire cruel à la Lune, ayant également un tatouage. Elle n'était pas beaucoup plus âgée que Lizzy ce qui me laissa supposer qu'elle faisait partie de ce qu'ils appelaient l'armée extrême. C'était très, très mauvais signe. Néanmoins, elle ne semblait pas pressée d'en finir avec Lizzy, sinon elle l'aurait fait depuis longtemps. Cela lui laissait une chance de s'en sortir.

La Lune lui lança une première série de coup de poings et crochets que ma meilleure amie parvint plus ou moins à esquiver, mais c'était par pur instinct de survie. Elle n'osait pas aller vers elle et bloquer plus efficacement ses coups. Rapidement, Lizzy se retrouva forcée de rentrer dans une pizzeria à force de reculer. Les restaurants proches avaient été désertés suite aux coups de feu alors elle était complètement seule et isolée.

Elle attrapa une chaise et la jeta à la Lune, espérant certainement la déstabiliser pour ensuite la frapper, mais la chaise en bois se brisa contre la Lune et pas l'inverse. Cette dernière se réjouit de voir la panique dans les yeux de Lizzy. Pour ma part, j'enrageais de ne pas être là pour la défendre. Une série de coup de pieds ne tarda pas à s'abattre sur ma meilleure amie qui les encaissa bravement mais pas sans beaucoup de difficulté. Une des ses côtés se brisa et elle peinait à rester debout lorsqu'elle parvint seulement à couper la Lune au visage. Malheureusement, ce n'était qu'une égratignure pour elle. Elle ne baissa pas les bras et continua de la couper dès que l'occasion se présentait, mais elle était toujours loin de la gorge et elle n'avait pas la force ni la technique pour viser le cœur. Si seulement j'avais été là...

Éventuellement, la Lune réussit à la désarmer et à la faire s'enfoncer dans le fond du restaurant, plein d'obstacles sur un espace réduit. Il y faisait d'ailleurs particulièrement chaud à cause du four artisanal à pizza. À défaut d'avoir une arme, Lizzy attrapa l'huile et la sauce posée sur une table et brisa le verre sur le crâne de la Lune. Sa vision se retrouva voilée à cause des morceaux de verre, ce qui laissa suffisamment de temps à mon amie pour trouver une autre arme improvisée : la pelle à pizza.

Lorsque la Lune revint à la charge, Lizzy l'utilisa pour repousser ses attaques et maintenir une distance de sécurité. Son ennemie commençait à s'impatienter alors elle lui arracha la pelle des mains et lui donna un gros coup de pied dans l'abdomen. Lizzy trébucha sur un sac à main et tomba, le souffle coupé et avec une seconde côte cassée. Sa résistance à la douleur était certes largement supérieure à ce qu'elle avait pu être par le passé, mais elle n'était pas suffisante pour lui permettre de se relever. Lune brisa la pelle en bois et laissa tomber les morceaux hors de la portée de mon amie. Elle fit quelques pas vers elle, toujours immobilisée au sol, mais quelque chose sur les tables attira son attention. Une idée cruelle venait de lui traverser l'esprit.

Elle récupéra les bougies de table une à une. Lizzy ne tarda pas à comprendre qu'elle allait les lui lancer dessus, espérant la voir prendre feu. Elle tenta de reculer mais son corps entier était endolori et répondait à peine à ses ordres. La première bougie toucha sa jambe, mais elle réussit à s'éloigner avant que son jean ne prit feu. La seconde et la troisième frappèrent simultanément son bras et son visage. Nous nous attendions toutes les deux à ce que la flamme et la cire nous brûlent, mais Lizzy ne ressentit pas la moindre douleur à cause de la chaleur, uniquement à cause du choc. Bien que je ne pusse pas entendre ses pensées, je savais que nous avions eu la même révélation : le feu ne pouvait pas la blesser grâce à mes pouvoirs qui coulaient dans ses veines.

Lizzy réunit alors toutes ses forces pour se remettre vite sur ses pieds et elle se précipita vers le four à pizza. Elle prit deux grosses poignées de braises ardentes et courut les écraser au visage de la Lune. Un atroce cri de douleur lui échappa et elle perdit l'équilibre à cause d'un jouet pour enfant qui avait été abandonné là. Ma meilleure amie s'empressa de récupérer un des bouts de la pelle brisée et elle le planta avec toute son énergie dans la poitrine de la Lune. Une fois. Deux fois. Trois fois. Le sang noir de sa victime se mêla au sien, coulant de sa tempe et de sa lèvre.

Si la situation n'avait pas été aussi critique, je me serais attardée une seconde sur à quel point j'étais fière d'elle, mais elle n'était pas encore tirée d'affaire. Elle se releva et regarda discrètement par la fenêtre de la pizzeria si elle pouvait sortir sans se mettre en danger mais elle découvrit qu'Alec et Jason n'avait plus affaire à deux Lunes, mais six. C'était beaucoup trop risqué de sortir, mais elle était aussi morte d'avance si elle restait. Nos amis n'étaient pas en capacité de l'aider alors elle allait devoir trouver une solution seule. Ou presque.

– Savannah, je sais que tu es là, murmura-t-elle alors. Aide-moi, je t'en supplie.

Mon cœur se remplit de rage et de tristesse, voulant désespérément l'aider mais ignorant comment.

– Anna, qu'est-ce que je dois faire ?

Elle était au bord des larmes et il ne faudrait plus grand-chose pour qu'elle cédât à la panique. Cela ne devait surtout pas arriver mais j'étais absolument impuissante depuis le jardin des Scandola.

– Putain, réfléchis, réfléchis, qu'est-ce que Savannah, Jason et Alec feraient ? Qu'est-ce qu'ils ont fait jusqu'à maintenant ?

Elle dut finalement répondre à sa propre question puisqu'elle se dirigea vers le fond du restaurant. Je compris ce qu'elle cherchait en voyant le panneau « issue de secours ». Elle ouvrit la porte très prudemment et découvrit une petite ruelle sombre mais vide. Elle referma la porte le plus silencieusement possible derrière elle et fit quelques pas hésitants. Elle ne pouvait plus compter que sur elle. Elle porta une main à sa ceinture et réalisa alors qu'elle n'avait plus ni son pistolet ni son poignard. Elle se retourna mais la porte pouvait seulement s'ouvrir de l'intérieur et il n'était pas question de faire le tour de l'immeuble pour retourner dans la pizzeria à la vue de tous. Lizzy prit finalement une grande inspiration et commença à courir sans bruit, toujours dans l'ombre des bâtiments.

Au fur et à mesure, elle retomba sur des rues fréquentée et plusieurs personnes s'arrêtèrent pour lui proposer d'appeler les urgences. Elle dut réaliser que son état attirait beaucoup trop l'attention et que cela finirait par la trahir alors dès qu'elle aperçut un parc suffisamment grand pour qu'elle s'y cachât correctement, elle ne perdit pas un instant pour s'y réfugier. Elle trouva rapidement un coin désert, parmi les fleurs, les buissons et les arbres, loin de tous les lampadaires.

Elle s'assit donc au pied d'un arbre, remonta ses genoux contre sa poitrine et tenta d'apaiser sa respiration, mais elle était seule dans le noir et elle ne pouvait pas s'empêcher d'être terrifiée. Le moindre bruit la faisait tressaillir et maintenant qu'elle n'était plus sous l'effet de l'adrénaline, elle sentait pleinement toutes ses blessures.

Une dizaine de minutes avaient du s'écouler lorsqu'elle entendit du mouvement dans les buissons et des brindilles se casser. Elle se remit difficilement sur pieds et regarda frénétiquement tout autour d'elle sans parvenir à voir quoi que ce fut. Avant qu'il ne fut trop tard, elle suivit probablement la seule idée qui lui était venu à l'esprit : elle commença à grimper dans l'arbre. Elle était à moins de deux mètres du sol lorsque deux mains se posèrent sur sa taille pour la faire redescendre. Lizzy poussa un cri en retombant, mais un bras la rattrapa et une main se plaqua sur sa bouche pour étouffer le son. Elle balança un coude en arrière mais son agresseur l'esquiva et s'empressa de se placer face à elle.

– Tout va bien, Lizzy, tout va bien !

Cette voix était familière, tout comme ces boucles blondes et ces yeux verts. Mais il ne s'agissait pas d'Alec.

– Charlie, murmura ma meilleure amie à la fois effrayée et rassurée.

Celui-ci avait l'air plus inquiet que déterminé à la tuer. Il éloigna les mèches de cheveux collés à son visage à cause du sang et l'examina de la tête aux pieds.

– Es-tu blessée ?

Ma meilleure amie était abasourdie et il lui fallut quelques secondes avant de pouvoir articuler quoi que ce fut.

– Ce n'est pas grand-chose.

Charlie jeta un coup d’œil méfiant autour d'eux puis reporta son attention sur elle.

– Où est Alec ?

Toutes les émotions que Lizzy avait enfermées jusqu'ici pour garder son sang-froid et rester forte était en train d'atteindre la surface malgré elle. Sa gorge se serra et des larmes montèrent à ses yeux.

– Je...je ne suis pas sûre, on a été séparés... Mais c'est moi qu'ils veulent tuer, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils ne me trouvent et je n'ai aucune chance !

Sa détresse me brisa le cœur et j'eus la furieuse envie de la prendre dans mes bras pour lui donner ma force et mon courage. Étonnamment, en tout cas plus ou moins, Charlie parut également très touché et essuya une de ses larmes de son pouce, ce qui en réalité étala surtout son sang et celui de la Lune sur sa joue.

– Ne dit pas ça, tu as réussi à t'en sortir jusqu'ici.

Elle leva les yeux au ciel.

– C'est un putain de miracle, ouais. Mais vous avez reçu l'ordre de me ramener morte et pas autrement, je le sais.

Charlie baissa les yeux, ne pouvant soutenir son regard. Il semblait être en plein dilemme avec lui même. Je me souvenais très bien de la dernière conversation qu'ils avaient eu. J'étais incapable de le définir, mais il y avait bien quelque chose entre eux. Je ne le croyais pas capable de la tuer.

– Fait-le, déclara alors Lizzy avec détermination.

Charlie redressa la tête, les yeux tout aussi écarquillés de surprise que les miens.

– Tue-moi, insista-t-elle.

Cette fois-ci j'eus envie de la gifler et de la secouer dans tous les sens. Avait-elle perdu l'esprit ? Le frère d'Alec partageait apparemment mon opinion puisqu'il recula en secouant la tête, ahuri.

– Non, répondit-il simplement d'une voix grave.

Lizzy se rapprocha de lui et planta son regard dans le sien.

– Il n'y a pas d'autre issue.

Charlie leva le menton et la regarda avec autant de volonté.

– Je refuse de te tuer.

Je fus rassurée de constater qu'au moins un des deux était encore un minimum sensé, mais ce n'était pas celui auquel j'aurais pensé.

– Alors tu vas laisser ces monstres le faire !? s'exclama ma meilleure amie.

– Doucement ! fit Charlie avec inquiétude.

Il prit ensuite sa tête entre ses mains, tirant sur ses cheveux, exactement comme j'avais vu son frère le faire des dizaines de fois lorsqu'il faisait face à un choix difficile qui le tiraillait.

– Charlie, je t'en prie ! reprit Lizzy d'un ton suppliant. Je préfère que ce soit toi.

Elle fit un pas de plus vers lui, prit ses mains dans les siennes et les plaça autour de son cou. La première chose qui me frappa fut qu'elles étaient chaudes et douces. Ce n'était sûrement pas comme ça qu'il voulait la toucher et dans un sens cela me confirma que la tuer était la dernière chose qu'il voulait. Même les mains autour de son cou, il caressait sa peau comme s'il n'avait jamais rien touché d'aussi précieux.

– Tue-moi, répéta Lizzy pour qu'il la regardât droit dans les yeux et comprît sa détermination. Je veux que la douleur s'arrête, je veux que la peur disparaisse..., dit-elle encore en laissant son pur désespoir refaire surface.

Son souffle était de plus en plus court. Elle était réellement en train de se préparer à mourir. Avait-elle réalisé que je mourrais avec elle ?

– Fait-le vite.

Charlie ne bougea pas d'un millimètre.

– Tue-moi !

Il baissa les yeux sur sa gorge mais à peine eut-il commencer à exercer une pression qu'il la relâcha aussitôt.

– Je ne peux pas, souffla-t-il en s'éloignant, bouleversé.

Ma meilleure n'en resta pas là et le suivit d'un pas décidé.

– Pourquoi ? Pourquoi !?

– Je ne sais pas ! s'écria Charlie. Ça n'est jamais arrivé avant ! Tout ce que je sais, et ça va paraître complètement stupide, mais c'est qu'à la seconde où je t'ai vue, à la seconde où je t'ai entendue chanter, je me suis retrouvé complètement paralysé et je suis absolument incapable de te faire du mal.

Lizzy se retrouva pétrifiée face à son regard chargé d'affection et de désespoir. Je compris que cela réveillait en elle de meilleurs sentiments que la peur et la tristesse lorsqu'elle redressa son buste, les épaules en arrière et leva le menton dignement.

– Je ne veux pas mourir, avoua-t-elle finalement d'une voix enrouée.

Charlie glissa alors les mains autour de son visage ensanglanté et l'embrassa sincèrement. Le corps de ma meilleure amie se réchauffa instantanément et elle lui rendit son baiser encore une fois. Il posa ensuite son front contre le sien.

– Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas dit que vous partiez ? murmura-t-il. Je t'aurais protégée, je les aurais empêchés de te trouver.

Lizzy recula d'un pas et le regarda avec tristesse.

– Je ne peux pas te faire confiance.

– Tu peux ! la contredit Charlie en attrapant ses mains. Lizzy, tu peux te mentir autant que tu le souhaites mais je sais que tu ressens la même chose que moi. Laisse-moi t'aider.

Ma meilleure amie resta silencieuse un moment, réfléchissant probablement aux conséquences qu'auraient ce moment, mais il y avait en effet une chose contre laquelle elle ne pouvait pas lutter : son cœur.

– OK... Ne me laisse pas mourir.

– Je te le promet.

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