Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

I - Chapitre 39

Savannah

Alors que je m'attendais à découvrir à une parfaite étrangère, je me retrouvai absolument bouche-bée devant nulle autre que Mme Diggle. Je crois même que mon cerveau cessa de fonctionner le temps d'un millième de seconde sous le choc. Quelle raison avait bien pu pousser mes amis à faire des heures et des heures de route pour voir Mme Diggle, le médecin du pensionnat ? S'ils cherchaient quelqu'un de confiance, ils auraient simplement pu se tourner vers le médecin de la famille Darcy, cela leur aurait épargné énormément de temps. Mais pourquoi auraient-ils besoin d'un médecin de toute façon ? À moins qu'il ne s'agît pas du tout de cela.

Mme Diggle parût toute aussi surprise que moi en découvrant Lizzy, Jason et Alec sur le pas de sa porte. Finalement, elle se ressaisit.

– Maman, ce sont des élèves du pensionnat où je travaille, expliqua-t-elle toujours quelque peu perplexe.

Je comprenais désormais quel était le « quelque chose » qui m'avait frappée chez la femme d'âge mûre. Il y avait définitivement une ressemblance.

– Voici, Miss Darcy, Jason et...

– Jake, déclara alors Lizzy pour présenter Alexander. Un ami.

Mme Diggle leur sourit et les invita à entrer. J'imaginai que mes amis avaient choisi d'arriver à visages découverts pour être sûrs qu'on les laissât entrer, puisque Mme Diggle n'avait aucune raison apparente de se méfier d'eux. En revanche, avoir présenter Alec sous un faux nom était un signe très clair : Lizzy et Jason ne lui faisait pas confiance.

La mère de Mme Diggle partit préparer du thé, ou du moins ce fut l'excuse qu'elle donna pour s'éclipser, et sa fille invita mes amis à s'asseoir dans le salon. Elle était la plus mal à l'aise de tous.

– Eh bien on peut appeler ça une surprise ! s'exclama-t-elle en riant nerveusement. Mais ça me fait plaisir de vous revoir !

Quelque chose avait changé chez elle, mais je ne parvins pas tout de suite à mettre de doigt dessus.

– Pourquoi... Comment m'avez-vous trouvée ?

Lizzy redressa le menton, le regard sévère. Ils n'étaient définitivement pas là par courtoisie.

– La manière dont on vous a trouvée n'est pas ce qui devrait vous inquiéter en ce moment.

Son ton était sec et froid. Mme Diggle perdit rapidement son sourire, mais elle semblait ne toujours pas comprendre ce qu'il se passait.

– Parce que je devrais m'inquiéter ?

Lizzy leva les yeux. La patience n'avait jamais été son point fort.

– Ce n'est pas la peine de faire semblant. Je dois bien avouer que vous avez été très douée pendant toutes ces années, vous étiez bien la dernière personne que nous suspections, mais vous ne pouvez plus nous mentir, déclara mon amie avec assurance. Vous pouvez toujours essayer, auquel cas Jake ira gentiment faire un petit tour dans la cuisine où se trouve votre chère maman, mais je vous le déconseille fortement.

La mâchoire de Mme Diggle se serra, tout comme la mienne. Mes amis la soupçonnaient d'être la personne travaillant pour mon père au pensionnat depuis le début. J'ignorais encore complètement comment ils avaient bien pu tirer cette conclusion, mais la simple possibilité qu'ils pussent avoir raison me mettait déjà hors de moi.

Elle était la seule adulte à Minneapolis en qui j'avais pu avoir confiance et elle avait toujours été là pour moi, quoi qu'il arrivât. Lorsque je m'étais blessée dans la forêt. Lorsque John m'avait agressée. Lorsque je souffrais d'effets secondaires de l'apparition imminente de mes pouvoirs. Lorsque Marley avait été assassinée. Lorsque j'étais rentrée du repère de Lune dans un état monstrueux. Lorsque Lucy avait perdu la vie en donnant naissance aux jumelles. Toujours. Elle était toujours là. Je lui avais confié mes secrets, mes états d'âmes. Je l'avais laissée examiner mes cicatrices – ce qui signifiait beaucoup pour moi. J'avais simplement une confiance aveugle en elle. S'il s'avérait qu'elle n'avait fait que me mentir depuis le premier jour, je ne pouvais pas garantir que je saurais me contrôler.

– Je ne sais pas ce que vous pensez savoir, mais si vous vous en prenez à ma mère, Élite ou pas, je vous le ferais payer.

Je claquai violemment la portière de la voiture et suivis Jeremy à l'intérieur de la maison. Il avait cessé de me demander ce qu'il se passait et je devais bien admettre que cela facilitait les choses. Et puis, de toute évidence, il n'avait pas besoin de mot pour comprendre que j'étais déjà énervée. Nous nous installâmes donc en silence dans le salon, Jeremy attrapa un livre et je me concentrai à nouveau pleinement du côté de Lizzy.

– Je vais vous dire ce que nous savons, reprit cette dernière. Kate Diggle n'existe pas. Votre vrai nom est Nora Colby et vous l'avez caché au pensionnat pour pouvoir être engagée. Vous devez bien avouer que cela paraît suspect. Donc nous avons creusé un petit peu. Vous avez grandi dans le Missouri avec votre mère, célibataire. On peut dire que votre enfance a été modeste mais paisible. Puis votre mère a rencontré Mark Diggle et l'a épousé. Il est devenu votre père adoptif mais vous n'avez pas pris son nom, vous êtes restée Nora Colby, ce qui a bien rendu notre recherche un peu plus difficile, je vous accorde au moins ça. Vous étiez une très bonne élève alors vous avez fait des études de médecines, enfin bref, jusque là votre vie était parfaitement banale et sans intérêt.

Mme Diggle croisa les bras sur sa poitrine, attendant patiemment la chute du récit. Pour ma part, on pouvait difficilement parler de patience.

– Puis un jour, vous avez décidé de devenir médecin volontaire dans un pensionnat d'enfants du Soleil. Ça n'a rien de réellement suspect, vous allez me dire, et ce n'est pas faux, il y en a eu d'autres. La différence, c'est qu'avant de le faire, vous avez encaissé un chèque d'un montant pour le moins surprenant à la vue de la situation dans laquelle vous avez grandi et plus surprenant encore, ce chèque venait de Béatrice Hamilton.

Mon visage se décomposa, tandis que celui de Mme Diggle restait de marbre. Lizzy n'aurait jamais avancé de tels propos si elle n'en avait pas le preuve. Donc c'était vrai. Mme Diggle était vraiment la traîtresse que mes amis cherchaient depuis des semaines. La dernière personne à laquelle ils auraient pensé. Lizzy et Jason échangèrent un bref regard et une personne extérieure n'y aurait probablement rien vu, mais je savais que ce qu'ils échangeaient, c'était leur perplexité face à l'absence de réaction de Mme Diggle. Alec, lui, restait parfaitement silencieux et immobile, mais beaucoup de pensées se bousculaient sans le moindre doute dans son esprit.

– En y repensant, intervint cette fois-ci Jason, cela n'aurait pas dû nous étonner que Mme Hamilton soit en réalité celle qui tire les ficelles. Elle n'a jamais été meilleure que son mari. Mais vous... Nous avions confiance en vous, Savannah avait confiance en vous plus que quiconque. Vous avez réellement bien fait votre travail. Mais comme nous tous, vous n'êtes qu'un pion dans cette histoire. Ce qui nous intéresse, ce sont les informations que vous possédez.

Mme Diggle finit par secouer la tête en soupirant.

– Vous vous trompez...

Lizzy se leva brusquement, les poings serrés.

– N'osez même pas nous mentir à nouveau ! Nous avons des preuves irréfutables et nous les utiliserons s'il le faut. Mais avant ça, nous vous donnons une chance de dire la vérité. Quels sont les plans des Hamilton pour Savannah ?

La traîtresse se leva également et planta son regard dans celui de ma meilleure amie.

– Vous vous trompez.

La mâchoire de Lizzy se serra et je compris qu'elle était dans le même état d'esprit qu'avec M. Gardiner. Elle ferait ce qui serait nécessaire pour découvrir la vérité.

– Je ne vous le redemanderai qu'une fois : quels sont les plans des Hamilton pour Savannah ?

Mme Diggle releva fièrement le menton, renvoyant en arrière ses mèches blondes.

– Vous vous tromp...

Ma meilleure amie venait de la gifler violemment du revers de la main. Un claquement retentit très nettement dans le petit salon. Lizzy laissa retomber sa main rouge vive le long de son corps et garda le regard rivé sur Mme Diggle. Elle n'avait pas peur de la moindre représailles, pas avec Jason et Alec à ses côtés, alors elle attendit simplement qu'elle se remît du choc.

– Je...

– Nora, tout va bien ?

Sa mère venait de faire irruption dans le salon et remarqua très vite la joue anormalement rouge de sa joue.

– Nora...

– … Maman, retourne dans la cuisine ! s'exclama Mme Diggle.

Elle était de toute évidence plus inquiète pour sa mère que pour elle-même. Cela la rendait vulnérable.

– Fais-moi confiance ! insista-t-elle.

Sa mère finit par repartir, contre sa volonté. Lizzy se tourna alors vers Jason.

– Assure-toi qu'elle n'appelle pas la police.

Mme Diggle écarquilla les yeux de peur tandis que Jason se levait pour aller dans la cuisine.

– Il ne lui fera pas de mal, déclara ma meilleure amie, sauf si vous continuez à mentir.

– Je jure que vous vous trompez !

Ma meilleure amie s'apprêtait à la frapper à nouveau lorsque Alec interrompit soudainement son geste.

– Elle dit la vérité, dit-il d'une voix basse.

– Quoi !?

De l'incompréhension se mêlait à la colère de Lizzy.

– Elle dit la vérité. Regarde ses yeux.

Dans un premier temps, je doutais tout autant que mon amie d'y trouver la moindre réponse, puis je réalisai que c'était cela qui avait changé chez elle. Ses yeux. Ils n'étaient plus d'un marron noisette comme je les avais toujours connus. Ils étaient bleus turquoises. Comme les miens.

– Jason, appela Alec, amène la mère ici.

Il revint dans le salon, une poigne ferme autant du bras de cette dernière qui se précipita pour prendre sa fille dans ses bras dès qu'il la lâcha. Quant à Lizzy, elle se laissa retomber sur le canapé, abasourdie, suivie d'Alec et Jason. Éventuellement, Mme Diggle et sa mère s'assirent également.

– Qui êtes vous ?

Mon ancien médecin déglutit péniblement, puis redressa la tête et son regard rencontra honnêtement celui de ma meilleure amie.

– Je suis la sœur de Savannah.

Cette fois-ci, mon cerveau cessa de fonctionner pendant plusieurs longues secondes. J'avais le sentiment d'avoir reçu un énorme coup m'ayant coupé le souffle et m'empêchant de réfléchir correctement. Le silence de mes amis laissaient suggérer qu'ils étaient dans le même état.

Je suis la sœur de Savannah.

Ces mots tournèrent en boucle autour de moi sans trouver le moindre sens. La seule chose qui me venait à l'esprit était que c'était impossible.

– C'est...impossible, murmura Lizzy en rompant le silence.

Nos cœurs battaient anormalement vites dans nos poitrines et toute adrénaline avait quitté nos veines. La colère avait disparu pour laisser place à la stupeur.

Mme Diggle et sa mère échangèrent un regard complice, et ce fut finalement cette dernière qui reprit la parole pour tout expliquer.

– Je m'appelle Mary West. J'ai grandi à New York et je suis allée dans le même lycée qu'Arthur Hamilton. On ne se parlait pas du tout, il ignorait probablement qui j'étais, on n'était pas dans les mêmes cercles sociaux. On s'est vraiment rencontré pour la première fois le jour de la remise des diplômes. J'étais censée faire un discours en tant que major de ma promotion mais ça me terrifiait alors je m'étais enfermée dans la salle de musique. Je suis violoncelliste. Je jouais déjà depuis presque une heure quand j'ai réalisé qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la salle. Arthur. Il était...beau. Et à moitié soûl. Lui il fuyait ses parents. Il m'a expliqué qu'il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il voulait faire de son avenir mais qu'il savait une chose : il ne voulait pas reprendre les affaires familiales. La pression était insoutenable. On a parlé tout l'après-midi et une partie de la nuit. Au début, nous étions deux étrangers, puis à la fin, on se comprenait parfaitement.

– Laissez-moi deviner, la coupa alors Lizzy dont l'impatience faisait son retour, vous avez eu un coup de foudre, vous avez couché ensemble, juste ce soir-là, puis que vous êtes partis chacun de votre côté. Quelques semaines plus tard, vous avez découvert que vous étiez enceinte mais il était déjà parti à Washington pour apprendre comment gérer l'entreprise familiale alors vous ne lui avez jamais dit.

Elle ne faisait même pas d'effort pour cacher la condescendance dans sa voix. Ainsi, Mme Diggle lui lança un regard méprisant, mais sa mère resta calme et polie.

– Non, ce n'est pas ce qui s'est passé. On a bien ressenti quelque chose mais ce n'était pas encore de l'amour, alors c'est vrai on est chacun partis de notre côté. Puis la vie nous a réuni. Dans le cadre d'un stage de violoncelle, je suis partie étudier à Washington. C'est dans un opéra qu'on s'est revus, la représentation était terminée depuis longtemps, mais il était encore là, assis à l'un des balcons. Je n'ai pas pu m'empêcher de monter le voir. Je n'y croyais même pas mais il m'a reconnue. Il m'a avoué qu'il aimait la musique classique depuis qu'il m'avait écoutée jouer. C'était comme si on était à nouveau au lycée, on a parlé pendant des heures et des heures. Puis à nouveau, on s'est séparés. Mais je l'ai revu la semaine suivante et celle d'après et encore celle d'après et c'est comme ça qu'on a commencé à sortir ensemble. C'était...magique. On se comprenait toujours aussi parfaitement et on était vraiment heureux ensemble. On s'aimait vraiment.

Lizzy leva les yeux au ciel et soupira.

– Vous pouvez en venir au fait ? On ne fait pas vraiment partie du fan club d'Arthur Hamilton, au cas où vous n'aviez pas compris.

Je dois avouer que ce récit avait un effet assez différent sur moi. On parlait de mon père. Un homme que j'avais toujours connu froid, sévère, cruel. Et cette femme parlait de lui comme de son premier amour, merveilleux, précieux. Qu'avait-il bien pu se passer ?

Un sourire triste se dessina sur les lèvres de Mme West.

– Le fait est que depuis le début il était fiancé. À Béatrice. Lorsque je l'ai découvert, j'étais anéantie. Il avait déjà mentionné le fait que sa famille exerçait beaucoup de pression sur lui et que certains choix n'étaient même plus les siens, mais jamais je n'avais imaginé qu'il parlait d'une femme qu'il devait épouser.

– Comment l'avez-vous découvert ? l'interrogea Jason.

Je me posais exactement la même question.

– Béatrice est venue me voir, un soir après un concert auquel je participais. Elle était si belle, si grande, si riche. J'ai à peine pu articuler le moindre mot. Elle m'a expliqué qui elle était, que son mariage avec Arthur était prévu depuis des mois et qu'il m'avait menti depuis le début. Je n'ai même pas eu le courage de la détester. Toute ma colère était pour lui. Alors je l'ai confronté. J'ai hurlé et pleuré et il est resté silencieux et immobile, mais je savais qu'il souffrait lui aussi. Ce qui m'a surprise, c'était sa proposition de s'enfuir, juste tous les deux et de tout abandonner derrière nous. Je n'ai pas pu répondre tout de suite alors il m'a laissé du temps et de l'espace pour réfléchir. C'est là que j'ai appris que j'étais enceinte.

Mme West posa un regard tendre sur sa fille.

– Honnêtement, j'étais terrifiée et comblée à la fois. Terrifiée que les choses tournent mal et comblée parce que j'étais profondément amoureuse et que j'attendais l'enfant de l'homme que j'aimais.

– Mais les choses ont mal tourné, n'est-ce pas ? fit Lizzy, de plus en plus attendrie.

Mme West hocha tristement la tête.

– En effet. Mais pas à cause d'Arthur. J'ignore encore comment mais Béatrice a découvert que j'étais enceinte avant même que je ne le dise à Arthur. Elle était folle de rage, c'était vraiment effrayant. Elle m'a convaincue que la famille d'Arthur l'empêcherait de rompre les fiançailles d'une manière ou d'une autre parce que s'enfuir avec moi causerait sa ruine dans tous les sens du terme. Elle a dit qu'un brillant avenir l'attendait et que je n'avais pas le droit de le lui en priver. Et je l'ai crue. Je la crois encore, dans un sens. Arthur aurait fini par le regretter. Malgré tout ce qu'il disait, il n'avait pas la moindre d'idée d'à quoi ressemblait une vie modeste, il avait toujours tout eu sur un plateau d'argent, alors élever un enfant sans un sou ? Il n'en était pas question. Il m'en aurait voulu tôt ou tard, même malgré lui. Donc j'ai dit à Béatrice que je partirai définitivement de sa vie et que j'irait m'installer ailleurs. Mais elle n'était pas satisfaite, elle avait toujours peur, alors elle m'a fait un bon gros chèque pour s'assurer que je ne change pas d'avis, elle m'a aidé à changer mon nom en Colby et à déménager dans un autre état pour qu'Arthur ne puisse pas me retrouver. Ainsi il n'a jamais su que j'étais enceinte et il ne nous a pas retrouvées. Avec le temps, j'ai refait ma vie, j'ai épousé un autre homme que j'aime de tout mon coeur et qui aime Nora comme si elle était sa propre fille. De son côté, je suppose qu'il s'en est aussi remis, qu'il a épousé Béatrice et j'espère qu'ils ont fini par être heureux ensemble.

Lizzy haussa les sourcils, étonnée.

– Vous espérez qu'il est heureux avec la femme qui vous a payée pour disparaître de sa vie ?

En effet, c'était surprenant.

– Béatrice a ses torts, c'est indéniable, mais cette femme souffrait elle aussi. Je crois que le mariage était arrangé de son côté également, que cette histoire était incroyablement humiliante pour elle et qu'elle ne voulait pour rien au monde décevoir sa famille. Je ne pense vraiment pas qu'elle ait agi par cruauté.

La bonté de cette femme comparée à la monstruosité que je connaissais chez ma mère me faisait beaucoup de peine. En revanche, j'étais toujours très dérangée par le portrait qu'elle peignait de mon père.

– Pardon, mais il y a quelque chose qui ne colle, intervint très calmement Alec. Si tout ce que vous dites est vrai, Béatrice Hamilton vous a donné ce chèque il y a quoi... 30 ans ?

– 29, le corrigea Mme Diggle, mais oui c'est à peu près ça.

– Alors comment expliquez-vous celui d'il y a 6 ans ?

Je lui étais très reconnaissante de garder les idées claires quand les miennes étaient noyées dans un brouillard immense.

– C'est le même, répondit Mme Diggle.

– En effet, je ne l'ai jamais encaissé, expliqua Mme West. J'ai quitté Arthur pour son bien-être, pas pour de l'argent.

Lizzy et moi-même fronçâmes les sourcils. Il était étrange qu'elle eût changé d'opinion 6 ans plus tôt.

– C'est moi qui l'ai encaissé, déclara alors sa fille. J'ai utilisé l'argent pour falsifiée des papiers d'identités pour pouvoir être engagée au même pensionnat où Savannah a été envoyée sans que mon nom attire l'attention de Mme Hamilton.

– Comment étiez-vous au courant de l'existence de Savannah ?

– Ma mère m'a tout raconté lorsque j'avais 16 ans. Rencontrer mon père biologique ne m'a jamais intéressée, il avait déjà une famille et moi aussi. Puis le virus est apparu et j'ai été mobilisée pour m'occuper des enfants mis en quarantaine. Les listes étaient interminables mais j'ai reconnu son nom, Savannah Hamilton. Au début, je n'avais pas l'intention de faire quoi que ce soit, puis j'ai vu à la télévision que sa famille prétendait qu'elle avait été tuée dans un accident de voiture. J'ai trouvé franchement stupide de l'avoir inscrite sous son vrai nom au pensionnat alors qu'ils voulaient qu'on la croie morte, mais je suppose qu'il ne lui faisait pas confiance pour mentir sur son identité en leur faveur alors qu'ils l'avaient abandonnée. Je ne saurais pas vraiment dire comment ça s'est fait mais j'ai commencé à éprouver tellement peine pour cette petite contre qui le monde s'acharnait. Alors j'ai décidé de l'aider du mieux que je pouvais. J'ai acheté de faux papier, des lentilles et de la teinture pour les cheveux.

Cette dernière remarque attira particulièrement mon attention, tout comme celle de mes amis. Devant leurs airs surpris, elle ajouta :

– Je suis rousse, comme Savannah.

Après cette déclaration, ils restèrent tous silencieux pendant une longue minute. J'aurais bien dit, le temps de digérer toutes ces informations, mais il faudrait bien plus qu'une minute pour cela.

– Alors...vous n'avez jamais travaillé pour les Hamilton ? demanda Jason comme pour s'assurer qu'ils étaient bien sur la même longueur d'onde.

Mme Diggle, ou Nora, ou...ma sœur ? Bref, elle hocha la tête et confirma :

– Jamais. Je voulais seulement la protéger. J'avais l'intention de lui dire qui j'étais, un jour, mais plus le temps passait, plus j'avais peur qu'elle soit en colère que je ne lui ai pas dit et c'était un cercle vicieux. Et puis, Scandola n'a pas aidé sur ce coup-là.

J'eus un instinctif mouvement de recul sous la surprise. Lizzy semblait avoir eu le même.

– Jeremy ?

– Oui. Je n'ai pas la moindre idée de comment il l'a fait mais il avait découvert ce que je cachais avant même de me rencontrer et il m'a clairement fait comprendre qu'au moindre écart de conduite il s'en servirait contre moi.

Jeremy savait.

Cette fois-ci, mon cerveau ne cessa pas simplement de fonctionner, mais le monde entier se mit à tanguer autour de moi. C'était assourdissant et incroyablement douloureux. Mon cœur me faisait si mal que j'en quittai le corps de Lizzy pour retrouver le mien, assis au bord du canapé comme au bord d'un gouffre. Jeremy était là, à deux mètres de moi, le nez plongé dans un livre. Avant qu'il ne remarquât que j'étais de retour, les larmes avaient eu le temps d'inonder mes yeux et de dévaler mes joues. Lorsque nos regards se croisèrent, il comprit et ne parût même pas étonné. Il s'était préparé pour ce moment. Il s'était préparé à me briser le cœur. Encore.

---------------------------------------------------------

Hey! Ça sonne un peu complotiste de dire que tout est lié, mais c'est un peu vrai... 😉

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro