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I - Chapitre 35

Savannah

Peu de temps après être allée me coucher, des milliers de pensées tournoyant dans mon esprit, je me retrouvai attirée dans le corps de Lizzy par une chaleur étonnamment forte au contact de ses mains. Je découvris rapidement de quoi il s'agissait. Ma meilleure amie était sur le toit de la maison en Floride, sous un ciel parsemé d'étoiles et tenant dans chaque main une lanterne volante. J'ignorais depuis combien de temps exactement elle les gardait ainsi, mais leur petits feus étaient chauds et elles s'envoleraient sans la moindre difficulté dès que Lizzy les lâcherait. Seulement, elle ne semblait pas être prête à le faire et je pouvais parfaitement le comprendre. Lâcher prise était dur.

Tout à coup, une figure sortit de l'ombre et apparut à ses côtés. Je reconnus immédiatement Charlie. Je m'attendais à ce que Lizzy sursautât, à ce que son rythme cardiaque accélérât et que ses membres se mît à trembler légèrement de peur, mais rien de tout ça n'arriva. Elle resta parfaitement sereine. Elle avait bien vu de qui il s'agissait et elle n'avait pas bougé d'un centimètre. Et plus surprenant encore, une boule de chaleur se créa dans son ventre.

- Qu'est-ce que tu fais ? lui demanda-t-il d'une voix douce qui ne ressemblait en rien à ce que j'avais pu entendre par le passé.

Je restai interdite quelques instants. Non seulement elle ne paniquait pas le moins du monde et ne cherchait pas à alerter Alec ou Jason, mais lui non plus n'agissait pas comme un Lune chargé de la tuer. Il était calme et son regard ne trahissait aucune haine ou envie de sang.

- J'essaie de dire au revoir, répondit Lizzy d'une voix tout aussi douce et sans quitter les lanternes des yeux.

Mon cœur se serra. J'avais conscience que ce n'était le moment idéal pour avoir ce genre de pensée ou sentiment, mais j'étais incroyablement fière d'elle. Elle avait tellement changé ces derniers mois et en une meilleure version d'elle-même. Elle méritait d'être en paix avec eux.

- À qui ?

- Mes parents. À l'enterrement j'étais forcée de faire bonne figure parce que c'est ce qu'on m'a toujours appris, parce que ce n'est pas élégant une fille qui pleure, expliqua-t-elle avec une pointe de colère tout à fait légitime. Alors je leur ai jamais vraiment dit au revoir, ni merci.

Elle jeta un timide coup d'œil et vit qu'il la dévisageait, perplexe.

- Merci ?

Lizzy hocha la tête.

- Pour s'être sacrifiés pour moi. Pas juste à la fin, mais toute leur vie. Ils m'ont toujours faite passer avant tout. Je suis longtemps restée persuadée qu'ils ne méritaient pas de mourir comme ça, mais plus j'y pense, plus je crois qu'ils étaient faits pour mourir ainsi.

- Assassinés dans une forêt ? s'étonna Charlie.

Je devais avouer que je m'étais faite la même remarque.

- Dans les bras de la personne qu'ils aimaient le plus au monde, corrigea tendrement ma meilleure amie.

Charlie se tourna alors vers la vue qui s'offrait à eux, l'air pensif. Plus ou moins secrètement, Lizzy le détailla du regard. Les flammes orangées éclairaient son visage d'une lumière chaude qui mettait parfaitement ses traits en valeur et faisait flamboyer ses boucles blondes. Comme celles de son frère, ses veines noires étaient discrètes et étonnamment en harmonie avec ses yeux verts perçants. Je savais exactement à quoi pensait Lizzy à cet instant précis et c'était indéniable. Il était vraiment beau.

- Comment voudrais-tu mourir ? lui demanda-t-il alors en posant à nouveaux les yeux sur elle.

À l'inverse, elle s'empressa de détourner le regard.

- Tu en poses des questions...

Finalement, elle se tourna légèrement vers lui, le visage parfaitement éclairé.

- Tu as été envoyé pour me tuer, n'est-ce pas ?

- Oui.

L'honnêteté de ce simple mot était à coupé le souffle. Ma meilleure amie fronça les sourcils avec curiosité. J'étais émerveillée et sérieusement inquiète par le fait qu'elle n'était toujours pas effrayée.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?

Charlie secoua la tête.

- Ce n'est ce que tu as fait, c'est...ce que tu es, ce que tu représentes.

- C'est-à-dire ?

Il lui fit face de la même manière et planta son regard dans le sien en toute franchise.

- La jolie blonde à qui on a tout servi sur un plateau d'argent et qui est destinée à gouverner le monde depuis sa tour dorée juste parce que son sang l'a décidé ainsi.

À la surprise du frère d'Alec et de moi-même, un petit sourire ce dessina sur les lèvre de Lizzy.

- Tu trouves que je suis jolie ?

Légèrement embarrassé - ce que je n'aurais pas cru possible - Charlie se mordit la lèvre et leva les yeux aux ciel.

- Tu en poses des questions. Je devrais vraiment te tuer.

- Mais tu ne l'as pas encore fait, rétorqua ma meilleure amie avec assurance. Quoi qu'il en soit, je te serais reconnaissante d'au moins attendre que j'arrive à lâcher prise.

À son tour, il parût curieux.

- Pourquoi est-ce que c'est si dur ?

- Parce que ça fait peur. Tu n'as jamais peur ?

- Non, répondit-il comme si c'était évident. Je ne suis pas faible.

Lizzy ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire, avant de répondre :

- J'ai eu peur presque toute ma vie. C'est pour ça que j'ai demandé à ce qu'on m'apprenne à me battre. J'étais persuadée que devenir plus forte ferait partir la peur. Mais ça n'a rien à voir. C'est ce que tu fais de la peur qui te rend soit fort soit faible, mais pas son absence.

Charlie hocha calmement la tête. Il n'était peut-être pas d'accord, mais il semblait respecter son point de vue.

- Et alors ? Que comptes-tu en faire ?

- Là tout de suite j'hésite, avoua ma meilleure amie. Je peux ou bien laisser les lanternes s'envoler, être en paix avec moi-même et consacrer le reste de ma vie à rendre mes parents fiers ou bien te les lancer à la figure pour gagner quelques secondes de vie avant que tu ne me rattrapes et ne me tues. La deuxième option me paraît inutilement fatigante.

Je n'arrivai pas à croire qu'elle pût plaisanter légèrement ainsi dans une telle situation.

- Je confirme.

- Dans ce cas...

Lizzy ferma les yeux et prit une grande inspiration. Elle s'imprégna de la sensation de chaleur sur ses mains une dernière fois puis lâcha prise. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, les lanternes s'étaient déjà envolées de plusieurs mètres de haut et continuaient paisiblement leur ascension dans le ciel. C'était magnifiquement. Après cela, elle fit à nouveau face au frère d'Alec.

- Tu es surprenant, Charlie.

- Pourquoi ?

- Tu ne m'as toujours pas tuée, sourit-elle espièglement.

J'ignorais comment, mais elle était simplement persuadée qu'il ne lui ferait pas le moindre mal.

- J'ai essayé, soupira Charlie. Plusieurs fois, même, non pas que tu t'en sois rendue compte. Je n'y arrive pas.

Voilà qui n'était pas très rassurant, en ce qui me concernait.

- Pourquoi ?

Il haussa les épaules.

- Je n'en suis pas certain. Je crois que c'est à cause de tes yeux.

- Mes yeux ? s'étonna ma meilleure amie. C'est parce qu'ils sont verts ?

Charlie sembla hésiter avant de répondre, comme s'il se sentait d'un coup vulnérable.

- Non. C'est parce qu'ils me regardent comme si j'étais humain.

- Tu l'es. Être humain, ce n'est pas à propos d'un corps, c'est à propos des sentiments. Et toi, Charlie, je crois que tu ressens beaucoup de choses, que tu le veuilles ou non.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Elle haussa les épaules à son tour.

- Je n'en suis pas certaine. Je crois que ce sont tes yeux.

- Parce qu'ils sont verts ?

Elle n'hésita pas une seconde avant de répondre d'une franchise brute :

- Non. Parce qu'ils me regardent comme si j'étais la plus belle chose que tu aies jamais vue.

Je pouvais le sentir également. J'avais parfaitement conscience que ce n'était pas moi que Charlie voyait, mais il y avait en effet quelque chose dans la manière dont il posait les yeux sur elle. Il était absolument émerveillé.

- ...Tu l'es, murmura-t-il finalement. Mais...je dois quand même trouver un moyen de te tuer.

- Je comprends. Sache juste que si tu me tues, tu tueras aussi indirectement beaucoup de personnes.

Cela me frappa pour la première fois, avec beaucoup de retard. Si elle mourait cette nuit sur ce toit, je mourais aussi cette nuit dans un petit lit chez les Scandola.

- En quoi ?

- Je partage la vie de quelqu'un d'autre, expliqua Lizzy. Si tu me tues, tu la tues aussi, et si elle meurt l'homme qui l'aime et notre meilleur ami seront probablement morts émotionnellement aussi. Sans parler d'Alexander.

Voilà encore une chose à laquelle je n'avais pas pensée.

- Alexander ?

- Il l'aime aussi énormément.

Charlie ne sembla pas réellement surpris. Il savait bien qu'Alec et moi avions une histoire. C'était bien pour ça qu'il m'avait épargnée lors de notre première rencontre.

- Et qui t'aime toi ?

Moi je l'aimais et je le tuerais de mes propres mains s'il la blessait.

- Elle et quelques personnes. Elles ne sont pas bien nombreuses à vrai dire.

- Comment est-ce possible ?

Lizzy rit sarcastiquement.

- Le monde en a marre des blondes à qui on a tout servi sur un plateau d'argent et qui sont destinées à gouverner le monde depuis leur tour dorée parce que leur sang l'a décidé ainsi.

- Mais tu es différente, affirma Charlie.

- Vraiment ?

- Tu es intelligente et talentueuse. Tu penses aux autres. Tu as connu la douleur et tu n'as pas baissé les bras. Tes intentions sont honnêtes. Tu pourrais vraiment changer les choses ici. Mais les gens ne le savent pas. Si seulement ils savaient...

Comment pouvait-il si bien la connaître ? Ils avaient une conversation pour la première fois ! Combien de temps avait-il passé à l'observer au juste ?

- Peut-être qu'ils s'en rendront compte, après ma mort. Et toi ? De quoi veux-tu que les gens se souviennent après ta mort ?

Ses yeux trahirent alors de la douleur.

- Que j'ai pas choisi cette vie. Que ce n'est pas ma faute. Et que je n'ai pas pu m'en empêcher.

- De quoi ?

Charlie se pencha alors vers Lizzy et l'attira à lui pour l'embrasser. Celle-ci lui rendit immédiatement son baiser avec la même ardeur et le feu en elle se déchaîna. Je fus incroyablement heureuse et choquée et révoltée à la fois car c'était comme si j'étais celle qu'il était en train d'embrasser. Je sentais absolument tout.

Leur contact se rompit brutalement lorsque Alec surgit sur le toit à toute vitesse, prêt à en découdre. Charlie s'éloigna rapidement de Lizzy, croisa une dernière fois son regard, puis disparût dans la nuit à toute vitesse. Ma meilleure amie resta dans un état second encore quelques secondes, puis se tourna vers Alec. Il semblait beaucoup moins content.

- On était d'accord pour que je vous laisser parler, pas...ça. Je sais que c'est mon frère et que je devrais connaître la réponse, mais...c'est quoi son délire ?

Alors Alec était là depuis le début !? Bien sûr, j'aurais dû m'en douter. Lizzy avait beau avoir un comportement surprenant en compagnie de Charlie, elle n'était pas inconsciente non plus. Alec l'avait surveillée en cachette, prêt à intervenir à tout instant.

- Je n'en ai aucune idée, répliqua ma meilleure amie. Mais je crois qu'il est sincère, il n'arrive pas à me tuer.

Alec était aussi ahuri que moi.

- Pourquoi ?

- C'est très étrange et je ne saurais même pas mettre un mot dessus, mais j'ai l'impression qu'il y a quelque chose entre nous. Une sorte de connexion inexplicable.

Elle ne mentait pas. J'avais senti la même chose.

- Mais ne t'inquiète pas, ajouta-t-elle, je ne lui ai pas dit que nous partions dans deux jours.

Ils partaient deux jours !? Depuis quand ? Pourquoi ? Comment ? Et surtout où !?

- Heureusement, soupira Alec, c'est déjà suffisamment dangereux comme ça. Je sais que je te l'ai déjà demandé, mais tu es bien certaine que les Soleils que tu as décidé d'emmener sont fiables ?

La tête haute, elle déclara :

- Absolument certaine. Ils travaillaient pour mes parents et ils ont aussi perdu des collègues cette nuit-là. Ils me seront toujours loyaux.

Alec s'efforça de respirer calmement.

- Je prie pour que tu aies raison. Et pour que les supérieurs de Charlie ne s'impatientent pas trop vite, parce que ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils n'envoient quelqu'un d'autre faire le boulot s'il refuse de le faire.

Cette fois-ci la gorge de Lizzy se serra, mais je me retrouvai à nouveau dans mon propre corps avant de pouvoir en savoir plus. Cependant, la fatigue prit rapidement le dessus et je ne me réveillai que de nombreuses heures plus tard. Le soleil était haut dans le ciel alors il devait déjà être midi passé. Comme d'habitude, le lit de Jeremy était déjà vide. Je m'habillai donc, puis descendis au rez-de-chaussez.

La première chose qui me frappa fut à quel point la maison était silencieuse. Toute la famille était déjà partie, mais le jardin avait été en grande partie rangé. Ils étaient surhumains. Je jetai un coup d'œil dans chaque pièce à la recherche de mon ancien mentor, mais ne le trouvai nul part. Je décidai finalement d'aller me servir une tasse café. J'aperçus alors une note sur la table de la cuisine.

Je passe l'après-midi sur Propriano pour aider un ami à déménager.

À ce soir.

Jeremy


Je m'étais justement demandée un peu plus tôt comme celui-ci comptait faire pour ne pas « rendre cette semaine gênante pour moi », mais je n'avais jamais pensé que ce serait en n'étant pas là. Il m'était arrivée de vouloir être au calme un bon nombre de fois depuis qu'il m'avait amenée ici, mais maintenant que la maison était vide, je me sentais étrangement seule. Ne trouvant rien d'autre à faire, je finis de mettre de l'ordre dans le jardin, mais je n'eus pas le cœur à retirer les guirlandes lumineuses. C'était si joli la nuit.

J'allais ensuite me préparer à manger puis m'installai dans le salon devant la télévision. Les Scandolas avaient des tiroirs remplis de DVD. La majorité était en français, ce qui ne m'attirait pas particulièrement à cet instant, alors je fouillai un peu plus. À ma grande surprise, je tombai sur des DVD non pas de films mais de vidéos faites par la famille. Curieuse, je les sortis. Il y avait là des années de souvenir. Cela allait du première anniversaire de Marina à la première compétition de gymnastique de Stella en passant par toutes autres sortes d'événements. Mon regard tomba alors sur le seul DVD sans nom. Étonnée, je décidai de le regarder. J'avais conscience que la curiosité était un vilain défaut, blah blah, personne ne saurait jamais que j'avais regardé ces vidéos de toute façon.

La vidéo démarra sur l'image d'un gâteau d'anniversaire, décoré d'un joli 8. La personne tenant la caméra avança doucement avec le gâteau à la main et commença à chanter « Joyeux anniversaire ». Quatre enfants apparurent bientôt à l'écran, assis autour d'une table, tous souriants et chantant la même chanson de leurs voix infantiles. Il y avait des confettis partout sur la table et la petite fille au centre portait un adorable petit chapeau d'anniversaire. Je n'eus aucun mal à reconnaître Marina. À ses côtés se trouvaient d'une part Juliette, qui bien sûr avait déjà de magnifiques cheveux blonds, et d'autre part Jeremy et un autre petit garçon. Mon cœur se serra en comprenant qu'il devait s'agir de Tom. Jeremy et lui semblaient incroyablement complices et ils n'avaient que 4 ans à l'époque.

Un bruit sourd couvrit alors leurs rires et la caméra vacilla, avant d'être posée sur la table. Ainsi je ne voyais plus que le gâteau.

- Richard ? s'étonna Laura en anglais.

J'ignorais à quoi le père de Marina et Jeremy ressemblait à l'époque, mais ces pas étaient incroyablement lourds.

- Qu'est-ce que c'est que ça ? soupira-t-il d'une voix grave et rocailleuse, contrastant particulièrement avec la douce voix de Laura.

- Les enfants, allez dans la chambre, ordonna vite cette dernière en français.

Marina, Jeremy, Juliette et Tom protestèrent simultanément, mais elle les coupa fermement et les poussa vers la chambre. Mon ancien mentor m'avait expliqué qu'ils avaient grandi dans un petit appartement assez minable à Propriano, j'en déduisis donc qu'il partageait la même chambre que sa sœur.

- Laura, grogna ensuite Richard, je croyais t'avoir dit que j'en avais marre d'avoir tous ces gosses chez moi quand je rentre du travail. Ils ont pas de maisons ces mioches ?

De toute évidence, il ne rentrait pas du travail mais du bar.

- Bien sûr que si, mais c'est l'anniversaire de ta fille, Richard. L'anniversaire de Marina.

Elle faisait de son mieux mais sa voix trahissait sa peur.

- Je le savais ! s'écria alors son ex-mari avec colère.

Laura étouffa un hoquet de surprise et je serrai instinctivement les poings depuis la télévision, quand bien même cette vidéo avait été prise il y avait 20 ans.

- Je le savais, répéta-t-il méchamment. C'est pour ça que je lui ai ramené un cadeau.

J'étais incapable de voir quoi que ce fût, mais il fallut plusieurs secondes à Laura pour répondre :

- Tu ne peux pas...tu ne peux pas offrir une bouteille de vodka à une enfant de 8 ans.

- Ah ouais ? cracha-t-il. Tant pis.

J'entendis alors du verre se briser violemment contre un mur.

- Je vais au bar. Les autres gosses ont intérêt à être partis quand je rentre.

La porte se claqua à nouveau derrière et un lourd silence s'installa dans la pièce. La seule chose qui le rompit furent les larmes de Laura.

Je retirai alors brusquement le DVD du lecteur, le remit dans son boîtier et le ranger le plus vite possible à sa place, comme si cela pouvait effacer ce que je venais de voir. Raphaël m'avait expliqué que Marina avait elle-même appelé la police pour protéger sa mère et son frère contre leur père lorsqu'elle avait 8 ans. Je n'arrivais pas à me détacher de l'image de leurs adorables frimousses et rien que de penser à ce monstre leur faisant du mal me donnait des envies de meurtres.

Pour chasser cela, je me tournai vers les autres DVD aux titres bien plus joyeux et les regardai tous un par un. J'eus ainsi l'impression de les voir grandir en quelques heures et les moments les plus heureux de leur enfance me firent oublier les plus sombres, ceux que je n'aurais pas supporter de regarder sans pouvoir rien faire pour les aider.

Je tombai ainsi sur un DVD intitulé « départ de Jeremy pour le pensionnat ». Intriguée, je le lançai et découvris un jeune Jeremy de 11 ans, disant au revoir à une famille en larmes, comptant désormais un père aimant et deux nouveaux petits frères et sœurs.

- Tu es bien sûr que c'est ce que tu veux, mon cœur ? lui demanda sa mère en français, probablement pour la centième fois.

Je me concentrai énormément pour pouvoir comprendre.

- Oui ! insista ce dernier d'une voix qui me fit énormément rire. J'aime pas être ici, c'est là-bas chez moi et je veux être avec Tom !

Quel argumentaire...

- Je sais que Tom te manque, mais tu seras toujours chez toi auprès de nous, tu le sais ça, mon ange ? Là-bas tu devras dormir dans un pensionnat et on ne se verra que pendant les vacances !

C'était évident que c'était Laura qui avait du mal à dire au revoir et pas le jeune Jeremy.

- Je sais, Maman. C'est ce que je veux. Et comme ça Raphaël aura sa propre chambre.

La vidéo s'arrêta ainsi. Je restai perplexe quelques instants. Jeremy avait passé son adolescence en pensionnat loin de sa famille ? Je n'en avais pas la moindre idée !

Je continuai à regarder vidéo après vidéo, apprenant toujours de nouvelles choses sur les Scandola, jusqu'à ce qu'il ne m'en restât plus que deux. L'une était le mariage de Marina et l'autre...l'enterrement de Tom. Vous savez très bien sur laquelle mon choix se porta.

L'enterrement avait eu lieu ici, au couvent de Sainte Lucie, et tout le village avait été convié. Bien sûr tout le monde était en larmes. Je n'étais pas certaine de savoir pourquoi une vidéo d'un si triste événement avait été prise, mais je ne pouvais pas m'en plaindre. Elle durait environ une heure et au fil des paroles du prêtre et des discours de ces proches, j'eus l'impression de connaître au moins un petit peu qui était Tom et de partager leur peine, si bien que j'en eus les larmes aux yeux. Je savais désormais qu'il s'était fait tiré dessus au cours d'une mission de sauvetage en Afghanistan qui avait mal tourné. Ils essayaient de faire évacuer une école remplies d'enfants innocents ciblée par des Talibans. Personne n'avait rien pu faire pour le sauver. Mais son sacrifice avait permis de secourir une vingtaine d'enfants au bout du compte. Le militaire qui a raconté l'événement n'a pas expliqué comment la situation s'était retournée en leur faveur, mais le fait était que Tom avait agi en héros.

Puis tout à la fin ce la cérémonie, la personne à l'intention de la dernière prière n'était pas Tom.

- Adressons maintenant une prière à Jeremy, le meilleur ami du jeune Tom, qui à notre plus grand regret n'a pas pu être présent aujourd'hui. Comme vous le savez tous, ils ont servis dans l'armée ensemble, ils se sont battus ensembles et ils étaient ensemble lorsque le Seigneur a rappelé Tom à ses côtés. Prions pour que le temps guérisse ses blessures et sa peine et pour lui donner du courage face aux épreuves qui l'attendent en tant que nouveau fils du Soleil. Jeremy a perdu un être cher et a découvert qu'il était atteint du virus pendant la même journée. Il aura besoin de tout notre amour.

D'ici le moment où je me rendis compte que le vrai Jeremy se tenait derrière moi, de nombreuses larmes salées avaient coulé le long de mes joues. Je sursautai ensuite et m'empressai d'éteindre la télévision, mais bien sûr il avait déjà tout vu et le reste des DVD étaient sortis sur la table basse. Je n'arrivais pas croire qu'autant de temps était passé.

Le regard de Jeremy resta d'abord longtemps rivé sur l'écran, même une fois devenu noir, puis il se posa sur moi. Il n'était ni en colère, ni triste, ni impassible. Il attendait que je disse quelque chose. Moi-même je ne savais pas exactement ce que je ressentais.

- Tu...tu avais un père violent qui t'a abandonné, tu as passé presque toute ton adolescence en pensionnat puis encore quelques années en base militaire, et tu...tu as perdu ton meilleur ami au cours d'une mission qui a mal tourné et tu n'as rien pu faire pour l'empêcher mais tes pouvoirs sont apparus précisément ce jour-là ?

Il me regarda droit dans les yeux, d'abord silencieusement, puis murmura avec vulnérabilité :

- Oui.

Finalement je savais ce que je ressentais. C'était un bordel d'émotions contradictoires. Je fus obligée d'en choisir une en particulier pour pouvoir articuler quelque chose et ne pas fondre davantage en larmes.

- Pourquoi...pourquoi est-ce que tu n'as jamais rien dit ? Et ne me dis pas que c'est parce que je n'ai jamais demandé alors que je ne vois vraiment pas comment j'aurais pu naturellement glisser dans une conservation : « Par tout hasard, t'aurais pas un meilleur ami mort sous tes yeux, toi aussi ? »

Jeremy fronça les sourcils, étonné.

- Es-tu en vraiment en colère ?

- Oui je suis en colère ! m'écriai-je d'une voix enrouée. Contre moi et contre toi parce que pendant tout ce temps, j'étais persuadée que tu ne pouvais pas comprendre, que personne ne le pouvait, et que j'étais toute seule dans cette merde, alors que tu étais là depuis le début ! J'ai conscience que je ne devais pas toujours avoir l'air de la meilleure confidente, mais...toi et moi, on est pareil. Je m'en rends compte maintenant. Je suis désolée que ça m'ait pris autant de temps. Et je suis aussi désolée d'avoir encore trouver un moyen de tout ramener à moi, ce n'était pas mon intention. C'était comment le déménagement ?

Mon ancien mentor fit de grands pas vers moi et s'arrêta à quelques centimètres de mon visage.

- Savannah, je mourais d'envie de tout te confier, tu ne peux même pas imaginer à quel point, mais j'avais peur que ça me fasse juste encore plus mal lorsque je devrais te quitter ce qui arriverait d'une manière ou d'une autre parce que même si j'avais réussi à me débarrasser de ton père, j'étais ton mentor. Ça aurait été...inapproprié.

Je ne pus m'empêcher de lever les yeux au ciel et de sourire.

- Oh je t'en prie, Jeremy, on n'a jamais été juste mentor et élève, toi et moi.

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