I - Chapitre 28
Savannah
L'arrivée du chaton provoqua beaucoup d'agitation chez les Scandola. Stella, la première, était folle de joie, mais c'était aussi le cas de Marina et même de Raphaël, quand bien même il ne l'aurait jamais admis. En ce qui concernait les parents, c'était une autre histoire. Un chat demandait de l'énergie et de l'argent, c'était un fait, et il avait fallu de nombreux efforts de la part de Jeremy pour les convaincre. Finalement, ils avait craqué au même titre que les autres devant l'adorable boule de poils rousse. Notre mission à tous était désormais de lui trouver un nom.
Persuadée que la nuit portait conseil, j'allais me coucher chaque soir depuis quelques jours en espérant avoir une révélation en rêve. À la place, j'eus droit à un coin métallique dans la cuisse.
- Aïe ! grogna Lizzy qui comme moi commençait à en avoir marre de se cogner partout dans le noir.
Les néons lumineux commencèrent à s'allumer au-dessus d'elle et Alec apparut bientôt dans son champ de vision.
- Tu ne pouvais pas allumer avant que j'arrive ? rouspéta-t-elle.
- Je préfère ne pas prendre de risque, expliqua Alec avec une grimace d'excuse pour notre cuisse.
Après tout, ce n'était qu'un bleu de plus. Lizzy examina les cuisines d'un œil méfiant, mais elle ne semblait pas réellement inquiète. Sans le moindre doute Alec avait déjà inspecter les lieux.
- Je croyais qu'on avait décidé d'attendre les vacances pour commencer l'entraînement. Les examens ne sont que dans quelques jours, ça va arriver très vite.
Mon ami hocha la tête.
- Tant mieux, mais cet endroit est aussi bien d'un autre pour la première leçon.
Lizzy haussa un sourcil.
- Vraiment ? Ce n'est pas exactement à ça que je m'attendais.
Alec s'assit sur un plan de travail et invita ma meilleure amie à faire de même sur le plan de travail d'en face. Elle s'exécuta en ignorant à quel point le métal était froid contre la peau nue de ses jambes. L'été était désormais bien présent au Minnesota, il faisait probablement aussi chaud là-bas qu'en Corse, alors porter des vêtements légers étaient le seul moyen de survivre.
- Sais-tu comment mon entraînement avec Savannah a commencé ?
Lizzy étouffa un petit rire nerveux et passa une main dans ses cheveux blonds.
- Tu lui as demandé de se battre avec une épaule déboîtée.
- C'est...pas faux, confirma-t-il, mais à vrai dire, notre toute première leçon a eu lieu avant ça. Tu ne peux apprendre à combattre les autres avant d'avoir fait la paix avec toi-même.
Je souris tendrement depuis mon lit chez les Scandola. Il avait raison. Techniquement, c'était possible, mais en ce qui me concernait, j'étais très loin de mon vrai potentiel avant d'avoir confronté mes peurs. Il m'avait fallu du temps pour m'en rendre compte mais Alec le savait depuis le début. Il me comprenait si bien. Alors pourquoi voulait-il avancer sans moi ?
- On dirait une phrase de coach de stage pour l'estime de soi, répondit Lizzy avec perplexité.
Alec ne put retenir un sourire en coin.
- Fais un effort, c'est très sérieux ! Quelles sont tes peurs ?
Lizzy porta une main à son menton de manière savante.
- Le temps qui passe, la mort, l'oubli.
Mon ami la dévisagea sévèrement ce qui la fit lever les yeux au ciel.
- OK, OK, pour de vrai, mes peurs...
Son regard tomba sur un point invisible, quelque part entre le carrelage des cuisines et le vague infini. Elle était dans un état de pure réflexion, alors Alec eut la sagesse de ne pas la presser. Je me demandais moi-même ce qu'elle allait répondre. J'avais beau partagé son corps, j'ignorais ce qu'elle avait réellement sur le cœur.
- J'ai...j'ai peur de ne jamais être suffisamment forte ou intelligente ou courageuse pour accomplir quoi que ce soit de remarquable. Peu importe à quel point j'essaie, les choses ne se passent jamais comme je le voudrais. Je finis toujours par avoir besoin d'aide d'une manière ou d'une autre. Et plus le temps passe, plus j'ai l'impression que juste « moi » ne sera jamais assez.
Alec portait sur elle un regard très bienveillant, dépourvu de la moindre once de jugement. Il essayait sincèrement de comprendre et de l'aider. Il était toujours si généreux et désintéressé. J'avais exactement besoin de quelqu'un comme lui dans ma vie. Mais encore une fois l'univers me refusait ce dont j'avais besoin.
- Qu'est-ce qui te fait te sentir comme ça ?
Lizzy inspira et un léger sourire embarrassé se dessina sur ses lèvres.
- C'est...c'est stupide, mais...dans les films, lorsqu'un gars fait un pari à propos d'une fille ou est payé pour sortir avec elle, il finit toujours par tomber réellement amoureux d'elle après avoir appris à la connaître. Mais Luke n'est pas tombé amoureux de moi. Et au fond, je peux le comprendre. Mes amies ont toutes déjà eu au moins une personne complètement folle d'elle, mais moi je ne suis pas...je ne suis pas téméraire ni courageuse comme Savannah, je ne suis pas persévérante ni ambitieuse comme Kelly et je ne suis pas talentueuse ni passionnée comme Marley l'était.
L'entendre ainsi douter d'elle me faisait si mal au cœur.
- Pourquoi dois-tu te comparer à elles ? demanda Alec.
Elle se remit sur pied et commença à faire nerveusement les cents.
- Parce que je ne sais pas qui je suis toute seule ! Ce qui est étrange, en y réfléchissant, car j'ai été toute seule pendant la plus grande partie de ma vie. Mais tout ce que je sais c'est que j'ai tous ces sentiments contradictoires en moi et j'ignore quoi en faire. Savannah, elle, elle prend la peur et la douleur et les transforme en force, mais moi la peur et la douleur me tétanisent, ça ne me fait pas réagir !
Alec se releva également et posa calmement ses mains sur ses épaules pour qu'elle cessât de gigoter et le regardât dans les yeux.
- Et si tu commençais par arrêter de te comparer à Savannah ou à n'importe qui d'autre. Il n'y a que toi qui nous intéresse ici. Et la force n'est pas forcément synonyme de combat, la force c'est aussi pardonner, c'est aussi aider ceux qui nous entourent, c'est aussi aimer. Chacun est fort à sa manière selon ses propres peurs. T'acharner à vouloir ressembler aux autres ne te mènera nulle part. Oublie ce que tu n'es pas et concentre-toi sur ce que tu veux être. Tu te rendras vite compte que tu es assez, Elizabeth.
Toujours la mâchoire quelque peu serrée, elle ne répondit pas et se contenta de le regarder droit dans les yeux. Je sentis à ses longs soupirs et ses membres endoloris à quel point elle était fatiguée et sans aucun doute, aussi bien physiquement que moralement. La connaissant, elle ne cessait de réviser pour les examens que pour s'entraîner avec Kelly et Jason jusqu'au bord de l'évanouissement. En réalité, elle était la plus forte de nous deux, moi j'étais juste extrêmement entêtée. Si je l'avais pu, je l'aurais envoyée se coucher immédiatement. Les premières lumières de jour commençaient à percer ma lucarne alors cela devait être le milieu de la nuit au Minnesota et un peu de sommeil lui ferait énormément de bien.
- Merci, sourit-elle finalement. Je crois que je commence à comprendre pourquoi Savannah n'a pas pu se résigner à t'oublier.
Et je n'y arrive toujours pas.
- De mon côté je n'ai pas vraiment tout fait pour disparaître non plus, avoua Alec.
Alors pourquoi maintenant ?
- Elle te manque aussi ?
Il hocha tristement la tête.
- Beaucoup. Mais je sais qu'elle est en sécurité pour l'instant. Être loin d'elle est peu cher payé en échange de ça.
Lizzy inspira comme pour se convaincre.
- C'est ce que je me dis aussi. Mais ça n'atténue la douleur qu'un certain temps.
Je partageais exactement ce sentiment mais ma position était encore pire, car je n'avais même pas la certitude qu'elle était vraiment en sécurité au pensionnat ni qu'elle le serait là où elle prévoyait de passer les vacances.
- Je vois parfaitement ce que tu veux dire, répondit Alec.
- Tu l'aimes énormément, n'est-ce pas ?
Les yeux de mon ange gardien se remplir d'affection.
- Je l'aime comme que Jason et toi l'aimez.
...Quoi !?
Cette phrase était probablement la traduction d'un sentiment très beau et sincère de sa part, mais elle avait aussi quelque chose qui sonnait extrêmement mal. Lizzy l'avait aussi remarqué.
- Mais...c'est quand même un peu différent, non ?
Alec baissa la tête, comprenant ce qu'elle voulait dire. J'avais l'impression de me tenir au bord d'un gouffre. Ses mots pouvaient me sauver ou me faire basculer.
- Il y a eu un temps, encore récent à vrai dire, où je me suis autorisé à l'aimer plus que comme une amie ou une sœur, je ne peux pas le nier, et une part de moi le fait probablement toujours, mais...une autre part sait que je ne suis juste pas la personne faite pour être avec elle. Je ne peux pas la rendre heureuse comme elle le mérite parce que je ne pourrais jamais l'emmener au restaurant le soir et lui tenir la main comme n'importe quel autre couple. Je ne pourrais jamais crier sur tous les toits que je suis amoureux d'une Soleil incroyable parce que cela nous ferait tous les deux tués. Et je refuse de vivre une relation secrète, ce n'est pas digne d'elle. Mais ce qui est surprenant, c'est que je suis en train de faire la paix avec cette idée. Peut-être que nous ne sommes juste pas faits pour être ensemble.
Plus que jamais, je regrettai qu'il ne fût pas parti avec moi. Les choses n'auraient peut-être pas été si différentes mais au moins j'aurais pu lui répondre, parce que j'avais mon mot à dire dans cette histoire. Je lui aurais dit que je n'en avais rien à faire des restaurants et que je préférais mille fois lui tenir la main et l'aimer en secret que pas du tout. Il ne pouvait pas se faire à l'idée que nous n'étions pas faits l'un pour l'autre. L'univers n'avait pas toujours le dernier mot.
- Comment peux-tu le savoir ? demanda Lizzy, réellement étonnée et presque blessée en mon nom.
- Je n'en sais rien ! s'exclama-t-il en reculant et en passant nerveusement ses mains sur son visage. Mais personne ne sait non plus comment les choses se seraient passées entre nous une fois notre secret révélé. Nous étions bien quand nous étions tous les deux, juste tous les deux, cachés loin du regard des autres. Mais même pendant ce temps, je n'ai jamais été aveugle. J'ai remarqué l'attitude de Savannah changer dès que nous abordions le sujet de Jeremy.
Sans même pouvoir la voir, je savais que ma meilleure amie et moi arborions le même froncement de sourcils.
- Qu'est-ce que Jeremy vient faire là-dedans ?
- Écoute, reprit Alec, je sais qu'une part de Savannah m'aime sincèrement, je n'en ai aucun doute. Mais je sais aussi qu'une autre part d'elle est toujours amoureuse de Jeremy, même si elle fait de son mieux pour le cacher. C'est peut-être parce qu'elle déploie tant d'efforts pour enterrer ces sentiments que je vois qu'ils sont bien plus forts qu'elle voudrait bien l'admettre. Mais je ne lui en veux pas. Notre relation a toujours été très spéciale et on n'a jamais insisté pour mettre un nom dessus. L'affection que l'on a pour l'autre est incroyablement forte, je le pense vraiment. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre qu'elle occuperait une place très importante dans mon cœur dès l'instant où elle m'a laissé voir ce qu'elle cachait sous sa carapace et encore aujourd'hui je suis prêt à mourir pour elle à chaque instant. Mais il y a comme cette petite voix dans ma tête qui me répète que l'affection et l'amour sont deux choses différentes. Peut-être que pendant tout ce temps j'ai juste confondu les deux. J'étais amoureux de l'idée d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui voyait l'homme derrière le monstre et qui m'a donné la chance d'avoir une vie meilleure et elle était amoureuse de l'idée d'avoir enfin trouvé quelqu'un qui pouvait la faire s'échapper de sa colère, sa peur et sa douleur et qui avait pleinement confiance en elle au point de lui confier sa vie. En fait, nous nous sommes sauvés l'un l'autre. Nous étions là quand personne d'autre ne l'était. Alors oui, j'aimerai toujours Savannah, mais je ne suis pas amoureux d'elle. En revanche, Jeremy l'est. Je sais qu'il lui a causé énormément de souffrances mais je n'ai jamais vu quelqu'un aussi prêt à tout sacrifier pour se racheter. Comme n'importe quel humain, il a fait des erreurs, mais c'est un homme bon. Quand Savannah trouvera la force de le pardonner, je crois sincèrement qu'il passera chaque minute de chaque jour à l'aimer comme personne ne l'a jamais fait.
Je n'avais jamais pensé qu'il était possible d'utiliser le prétendu amour de quelqu'un d'autre pour justifier l'absence du sien. Au premier abord, ça pouvait paraître attendrissant, mais finalement moi tout ce que je retenais c'est qu'il n'était pas amoureux de moi. Apparemment, nous avions juste confondu amour et affection depuis le début. Apparemment, je n'étais qu'une imbécile qui voyait en lui une bouée de sauvetage et pas une personne à aimer. Ça non plus je ne pensais pas cela encore possible, mais mon cœur venait de se briser une nouvelle fois.
- Tu places beaucoup de foi en un homme qui, il y a peu de temps encore, travaillait avec son père pour faire d'elle une machine de combat, dit Lizzy en croisant les bras sur sa poitrine. C'est bien gentil de le laisser se racheter pour soulager sa conscience, mais la rendre heureuse ? C'est toi qu'elle veut pour ça.
Alec secoua la tête.
- Pas réellement. Si elle était là, elle me dirait que les sorties de couples sont superficielles et qu'elle s'en passerait volontiers, mais je ne veux pas qu'elle se passe de quoi que ce soit. On peut avoir tendance à l'oublier à cause de la combattante qu'elle est devenue, mais petite fille, Savannah a passé des années à rêver du prince charmant et elle l'a rencontré ! Elle ne s'en rend peut-être pas compte parce qu'il n'est pas arrivé sur un cheval blanc et qu'il lui a fallu beaucoup de temps pour grimper sa tour, mais il est bien là. Qui suis-je pour lui refuser ce genre de bonheur ?
C'était n'importe quoi. Complètement n'importe quoi. Même dans mon sommeil, je bouillais de l'intérieur au point d'enfermer les draps dans mes poings serrés. Je n'étais pas une putain de princesse Disney et je ne voulais pas d'un putain de prince, je le voulais juste lui ! Était-ce si dur à croire ? Il savait à quel point je l'aimais, Jeremy n'était qu'une excuse pour rendre le fait qu'il ne voulait plus faire d'efforts pour être avec moi.
- Mais tu ne lui refuses rien du tout, tu es celui avec qui elle veut être ! Ça ne veut rien dire pour toi ? insista Lizzy, de plus en plus ahurie elle aussi.
Sentant la tension monter, Alec tenta de se calmer avant de répondre.
- Elizabeth, que dirais-tu si je m'enfuyais avec Savannah demain ou dans une semaine à l'autre bout du monde dans un endroit complètement isolé où tu n'aurais aucun moyen d'entrer en contact avec elle ? Parce que c'est ce qui se passerait si nous étions ensemble. Être avec moi c'est être loin de vous. Tu ne peux pas me dire que c'est ça qu'elle veut.
Ma meilleure amie secoua frénétiquement la tête comme je devais moi-même le faire contre l'oreiller. La question d'Alec lui avait fait un choc mais elle n'allait pas en rester là.
- Il y a toujours des solutions.
- Il n'y en a pas, la contredit-il. Et même si par miracle il y en avait une...je ne sais pas si c'est le genre de vie que moi je veux.
Je me réveillai en sursaut, la gorge serrée et les yeux remplis de larmes. En un clignement de paupière, elles se mirent à couler le long de mes joues de manière incontrôlable. Je me précipitai dans la salle de bain de la chambre, verrouillai la porte et allai me recroqueviller dans un coin de la pièce. Je ne voulais même pas voir mon propre visage bouffi et rougi. J'avais encore du mal à croire que mon corps pût me trahir ainsi à chaque fois que j'avais mal. Je ne voulais pas pleurer et pourtant les larmes coulaient en abondance malgré moi, je n'arrivais pas à les arrêter. Alors je resterais enfermée ici jusqu'à ce que cela passât. Il n'était pas question que les Scandola me vissent ainsi. J'étais une femme forte et indépendante, je n'avais pas besoin de l'amour d'un homme, j'en étais persuadée. Mais alors pourquoi n'arrivais-je pas à mettre fin à mes sanglots ? Pourquoi me sentais-je plus abandonnée que jamais ?
Je ne sais pas exactement combien de temps je passais ainsi enfermée dans la salle de bain, mais j'avais éventuellement échangé ma place dans le coin de la pièce pour la douche. Les gouttes d'eau brûlantes finirent par remplacer mes larmes et lorsque je rencontrai mon reflet dans le miroir, des yeux bleus glacés me rendirent mon regard. Je m'habillai rapidement en enfilant un jogging gris et un tee-shirt blanc, puis pris une profonde inspiration. Cette journée allait être très longue et très merdique.
Je descendis à la cuisine, saluai poliment les Scandola et me servis un bol de céréales sans un mot de plus.
- Tu as été dans le corps d'Elizabeth cette nuit ? me demanda mon ancien mentor de but en blanc.
Je manquai de renverser la bouteille de lait, ce qui m'attira l'attention de toutes les personnes présentes dans la pièce, à savoir la famille au complet.
- Comment tu le sais ? rétorquai-je quelque peu sur la défensive.
Mon ton le surprit légèrement mais il ne fit aucune remarque.
- Ton sommeil était très agité. Elle va bien ?
Je hochai rapidement la tête puis commençai à manger mes céréales. Probablement pour adoucir mon humeur, Stella s'approcha de moi avec son chaton dans les bras.
- Tu as eu des idées de noms depuis hier ?
Je levai les yeux au ciel.
- C'est ton chat, toi trouves lui un nom.
À nouveau, mon ton sec étonna tout le monde mais au moins Stella n'insista pas et partit dans le salon.
- Quelqu'un s'est levé du mauvais pied, ricana Raphaël en m'observant adossé au mur de l'autre côté de la cuisine.
Je lui lançai un regard noir en réponse.
- Ce sont mes céréales que tu es en train de manger, un peu de respect, ajouta-t-il en levant le menton.
Je hochai la tête en finissant ma bouchée puis répondis :
- C'est donc pour ça qu'elles sont dégueulasses.
- Hé ! s'exclama sévèrement Jeremy. Ça suffit. Va à la salle de sport si tu en as besoin mais ne te défoules pas sur eux.
La mâchoire serrée, je reposai bruyamment mon bol et le regardai droit dans les yeux.
- Je n'ai pas d'ordre à recevoir de ta part, tu n'es ni mon père ni mon mentor.
Il se leva, probablement pour paraître plus impressionnant mais ce genre de connerie n'avait pas le moindre effet sur moi.
- Certes, mais tu es chez moi !
Je ricanai avec sarcasme.
- Ouais, c'est bien ça le problème.
Sur ce, je sortis de la cuisine et allai sur la terrasse. Je n'en pouvais plus de ces montagnes qui me rappelaient en permanence que j'étais encerclée de tous les côtés. Je descendis plus bas dans le jardin mais marcher était loin d'être suffisant pour moi défouler.
À ma surprise, Jeremy ne tarda pas à débouler dans le jardin à son tour, une expression colérique sur le visage.
- Tu ne peux pas savoir à quel point j'en ai marre de tes coups de gueule, alors je ne te le demanderai qu'une fois : quel est le problème ?
- Le problème c'est que je ne devrais pas être là ! m'écriai-je avec plus de désespoir que j'en avais l'intention. Je devrais être au Minnesota, au pensionnat avec mes amis, travaillant comme une malade pour réussir mes putains d'examens et enfin gagner ma liberté ! Voilà comme les choses auraient dû se passer, mais à la place je suis coincée ici parce que je risque la peine de mort pour avoir aimer quelqu'un qui ne veut même plus de moi maintenant !
- Attends, m'interrompit Jeremy en fronçant les sourcils, tout ça c'est à propos d'Alexander ?
Je tirai mes cheveux en arrière en grognant de frustration.
- Oui c'est à propos d'Alec. Et de Lizzy et de Jason et de Cameron et de Kelly et même de Kyle pour ce que ça vaut. Ils sont tous en train d'avancer sans moi !
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Commencer la journée avec un cœur brisé annonce déjà une suite pas terrible... Est-ce que certains l'avaient vu venir ? 😉
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