I - Chapitre 13
Jeremy
En me réveillant le lendemain, j'eus la satisfaction de découvrir que Savannah était cette fois-ci bien dans son lit et qu'elle dormait à poings fermés malgré la lumière du jour qui tombait sur elle par la lucarne au-dessus de son lit. Avant de descendre et de retrouver tout le monde, je me rallongeai et pris un peu de temps pour revenir à tête reposée sur les événements de la veille.
Premièrement, il était évident qu'Alexander avait appris à Savannah comment se battre à la manière d'un Lune et c'était bien sûr une réussite. Elle était absolument excellente. Je n'arrivais à croire que j'eusse pu me faire avoir pendant des semaines en pensant que son niveau de combat était fragile. Cela faisait encore une chose à ajouter à les listes de tous les mensonges qu'elle nous avait servi depuis qu'elle était rentrée du repère.
Deuxièmement, revoir Juliette avait fait ressugir des tas de sentiments en moi et j'ignorais encore auxquels me raccrocher. Physiquement, elle n'avait pas beaucoup changé, excepté pour la petite lueur de tristesse ne quittait jamais son regard. Autrement, elle était toujours aussi belle, drôle et intelligente. Cela me faisait regretter d'avoir attendu tout ce temps pour la revoir.
Et puis enfin...eh bien comme d'habitude, Savannah s'était passée. Ma mère m'avait appelé alors que nous étions sur le point de recommander une tournée. Elle avait l'air très inquiète et je l'étais encore plus avant même qu'elle n'eût à prononcer le prénom de ma protégée. J'avais fait aussi vite que possible pour rentrer à Sainte Lucie malgré les plaintes de ma soeur. Lorsque j'étais arrivé à la maison, Savannah était seule, agenouillée dans le jardin, en train de crier à plein poumon contre une personne invisible. J'ignorais toujours ce qu'Elizabeth avait bien pu faire pour la mettre dans cet état, mais en tous cas Savannah en resterait probablement traumatisée un petit moment. Pour ma part, je me souvenais encore de son coup de poing.
Instinctivement, je tournai la tête vers elle, mais celle-ci dormait sur son côté droit et ne me laissait voir qu'une volumineuse chevelure rousse en désordre. J'avais détesté la voir si désespérée et à bout de souffle. Néanmoins, ce petit drame m'avait permis d'enfin tirer une conclusion sur sa condition : son lien avec Elizabeth était purement physique, pas télépathique. Savannah n'avait ni accès aux pensées, aux sentiments ou au savoir de sa meilleure amie, sa double conscience s'étendait uniquement au corps de cette dernière et principalement toutes les sensations d'une émotion forte telle que la peur, la douleur, le stress, la colère, la joie ou l'amour. Savannah était toujours attirée vers Elizabeth lorsque son coeur battait plus vite que d'habitude, lorsque ses mains tremblaient, lorsqu'elle était anormalement essoufflée ou encore lorsqu'elle avait mal. Il s'agissait donc d'un lien parfaitement imprévisible et je n'étais pas certain que mon ancienne élève pût un jour le contrôler.
Lorsque je me sentis prêt, je descendis au rez-de-chaussé, en passant d'abord par la salle de bain du deuxième étage. Je ne voulais vraiment pas réveiller Savannah en faisant bêtement du bruit. Dans le salon, Marina et Stella étaient installées sur le canapé devant les dessins animés et elles avaient l'air très interressées. La première avait quand même presque 28 ans et l'autre 14 ans...
- Remy ! m'interpella cette dernière. Ils repassent Les Zinzins de l'espace, tu ne veux pas voir ?
Je fronçai les sourcils, perplexe.
- Sans façon, non.
Ma petite soeur leva les yeux au ciel.
- T'es vraiment un rabat-joie.
- Taisez-vous ! intervint Marina sans quitter l'écran des yeux. C'est mon moment préféré !
Je secouai la tête, trouvant la situation absurde, et allai dans la cuisine à la recherche des seules personnes matures dans cette maison. Puisque nous étions dimanche, ma mère et Paul s'activait en cuisine pour préparer le traditionel petit-déjeuner familial.
- Savannah a bien dormi ? s'enquit rapidement ma mère.
- Je crois, oui.
- Elle nous a fait une sacrée frayeur hier, soupira Paul en y repensant probablement.
- Je suis vraiment désolé, m'empressai-je de m'excuser, j'aurais dû être là.
- En réalité, fit une voix dans mon dos, c'est plutôt à moi de m'excuser.
Je me retournai et découvris Savannah sur le pas de la porte de la cuisine. Je ne l'avais pas du tout entendue arriver. Elle portait un simple tee-shirt blanc mais avec une jupe à petits motifs fleuris lui arrivant sous les genoux que lui avait donné Jonathan lorsque nous avions séjourné chez lui, un choix surprenant puisqu'elle avait toujours insisté pour ne pas montrer ses jambres jusqu'à maintenant. En l'occurence, ses mollets portaient en effet quelques bleus et coupures, mais rien qui fût trop choquant à montrer. Elle avait choisi de laisser ses longs cheveux détachés quand bien même ils n'étaient pas très ordonnés, ce qui ajoutait toujours une touche à son charme. Autour de son cou pendait comme toujours le même pendentif en étoile avec seulement deux petits diamands. J'oubliais à chaque fois de lui demander où est-ce qu'elle l'avait eu. Enfin bref, le fait était qu'elle était très jolie et la soupçonnais d'avoir fait un effort pour se faire pardonner plus facilement la crise de la veille.
Je jetai un coup d'oeil à ma mère et compris que c'était tout à fait en train de marcher.
- Oh bonjour ma belle ! Voyons ne t'excuse pas, tu n'y es pour rien, c'est moi qui suis désolée de ne pas avoir pu t'aider hier soir.
Savannah sourit, presque embarrassée.
- Vous ne pouviez pas, j'ai été injuste et vraiment mal élevée, je vous présente mes excuses, j'insiste.
En voyant ses joues légèrement rosées et son regard perçant, je compris pourquoi ma mère ne put résister.
- C'est déjà oublié ! Allez, venez à table, tout est prêt sur la terrasse.
D'un geste de la main, je l'invitai à sortir par la porte vitrée de la cuisine qui donnait directement sur l'extérieur. Comme prévu, ma mère avait joliment dressé la table. Entre l'odeur des croissants chaud et des pancakes et toutes les couleurs apportées par les jus de fruits, les confitures et les fruits, il y avait vraiment de quoi bien commencer la journée. Tout le monde nous rejoignit rapidement, y compris Raphaël – qui avait probablement été réveillé par l'appel de la nourriture – et nous n'attendîmes pas une seconde de plus pour commencer à manger. Pendant quelques minutes, personne ne parla tant nous étions tous absobés par nos délicieuses assiettes, puis Savannah finit par s'exclamer joyeusement :
- Alors c'est quoi le programme aujourd'hui ?
Ma mère lui sourit tendrement.
- On ne fait rien de particulier aujourd'hui parce que c'est dimanche.
Mon ancienne élève adopta un air perplexe quelques secondes.
- Et alors ? Vous n'allez quand même pas aller à la messe et vous reposez sagement à la maison juste parce que c'est dimanche ?
Un blanc gênant prit alors place avec nous à table et seuls les bruits de couvert de Raphaël qui semblait plutôt amusé se faisaient entendre. Encore une fois, j'aurais préféré que Savannah tournât sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler.
- Eh bien si, c'est exactement ce qu'on va faire, expliqua finalement ma mère. Du moins, Paul et moi, mais vous êtes les bienvenus à la messe comme d'habitude !
Stella trouva alors quelque chose de passionnant au fond de sa tasse, Marina sourit poliment avant de baisser les yeux sur son assiette, Raphaël continua de s'empifrer comme s'il n'avait rien entendu et je me retrouvai moi-même à éviter le regard de ma mère. Contre toute attente, Savannah fut la moins mal à l'aise.
- C'est gentil, mais je suis athée, répondit-elle simplement.
Là où n'importe qui aurait mis fin à cette conversation, Paul choisit de la poursuivre curieusement.
- Tes parents ne sont pas croyants ?
Elle fit une moue indécise.
- Disons que sur le papier ils le sont.
- Alors tu as été baptisée ?
Je lançai un regard à mon beau-père pour le prier de cesser de poser ce genre de questions intrusives. Néanmoins, Savannah ne semblait pas y voir le moindre mal, mais elle était douée pour faire semblant.
- Oui, mais c'était purement une question de principe.
Paul hocha la tête, un air compréhensif sur le visage.
- C'est simplement que je me demandais si ton collier était un bijoux de baptême parce que tu ne l'enlève jamais.
Je redressai la tête, soudainement intéressé. Discrètement, j'examinai la réaction de mon ancienne élève. Elle paraissait légèrement surprise mais elle parvint sans mal à garder sa contenance.
- Non, ce n'en est pas un.
Elle ne rajouta pas davantage d'informations et recommença à manger. Paul eut au moins la sagesse de ne pas insister.
Cinq minutes plus tard, Raphaël avait déjà vidé la moitié des plats et se leva lentement.
- Bon bah moi j'y vais, on se voit ce midi !
Sur ce et comme à son habitude, il partit au fond du jardin, toujours en pyjama. J'ignorais vraiment ce que l'on ferait de lui...
Savannah nous lança alors un regard déconcerté.
- Où va-t-il ?
- Au studio, répondit naturellement Stella.
Celle-ci avait encore du Nutella autour de la bouche. Décidément ma famille se montrait vraiment sous son meilleur jour devant mon ancienne élève...
- Quel studio ?
Ma mère reposa soudainement sa tasse avec un air réprobateur.
- Jeremy ! Tu ne lui as pas fait une visite des lieux ?
- Bien sûr que si, me défendis-je en français pour que Savannah n'entendît pas mon excuse minable, juste pas du studio, tu sais bien que Raphaël serais prêt à tuer quiconque entrerait là-bas sans sa permission.
Ma petite soeur leva les yeux au ciel et rétorqua également en français :
- Et alors ? C'est toi le Soleil, il n'est pas censé pouvoir te faire mal.
Merci beaucoup pour le soutien.
- J'ai vraiment essayé, reprit Savannah les sourcils froncés, mais c'est allé beaucoup trop vite, j'ai rien compris. C'est quoi ce studio ?
Ma mère me jeta un regard insistant.
- Allez, va lui montrer.
J'invitai finalement Savannah à se lever et je la conduisis à travers le jardin. Une expression perplexe ne quittait pas son visage et elle ne cessait de regarder derrière elle, comme on s'assurait qu'il y avait toujours des témoins ou des renforts lorsqu'on partait en mission. Le jardin était légèrement en pente, elle finit par ne plus pouvoir voir les autres membres de ma famille et elle me demanda :
- Est-ce que "studio" est un code pour que tu m'emmènes au fond de ton jardin pour me tuer discrètement ?
Je ricanai doucement.
- On ne peut rien te cacher.
Moins d'une minute plus tard, une cabane en bois apparut devant nous. Elle n'était pas particulièrement grande ni belle vue de l'extérieur, mais ça Raphaël n'en avait jamais rien eu à faire. C'était ce qu'il y avait à l'intérieur qui l'interressait et vous vous en doutez, ce n'était pas du matériel de jardinage.
- Le prend pas trop mal, mais mon estime pour cet endroit est franchement en train de baisser.
J'ouvris enfin la porte et la laissai entrer. Son air mi moqueur mi inquiet disparut en un clin d'oeil et sa mâchoire se décrocha d'un cran tandis que ses yeux bleus s'écarquillaient. Mon frère, qui portait un casque, mit quelques secondes à s'apercevoir de notre présence, mais lorsque ce fut le cas...
- Hé ! Qu'est-ce que vous foutez là !? Dégagez !
Je levai les mains en signe de paix.
- Calme-toi, je voulais seulement qu'elle voit l'endroit, on s'en va dans une minute !
La mâchoire de Raphaël était quant à elle serrée et il y avait quelque chose d'étrange dans son regard, comme s'il avait peur du jugement de Savannah. Celle-ci n'avait pas fait attention à son comportement ridicule et continuait de promener les yeux et le bout des doigts un peu partout avec émerveillement. Il était vrai que cet endroit avait une certaine magie pour quelqu'un qui aimait vraiment la musique.
Suspendues au mur se trouvaient trois guitares : une classique, une acoustique et une électrique. Contre le mur opposé trônait un piano électrique et dans un coin de la cabane, une batterie. L'endroit n'était pas particulièrement bien rangé, il y avait des cables, des enceintes, des micros, des capodastres, des médiators, des baguettes et des partitions traînant un peu partout, mais j'imaginai qu'associés aux posters des différents groupes qu'adorait Raphaël, cela faisait le charme de ce petit studio.
Finalement, Savannah redressa la tête vers mon frère, des étincelles dans les yeux.
- Tu joues de tous ces instruments ?
Il leva fièrement la tête, le regard dur.
- Ouais. Maintenant vous pouvez partir ?
Mon ancienne élève se mordit la lèvre.
- Pas étonnant qu'on ne te voie pas de la journée... Je pourrais rester ici des heures.
Raphaël fronça les sourcils.
- Tu aimes la musique ?
- Je joue un peu de la guitare, répondit-elle d'une voix douce, mais ça fait des mois que j'en ai pas touché une.
Il la considéra de la tête au pied et un instant je crus qu'il allait lui proposer d'essayer une des siennes. Bien sûr, c'était mal le connaître...
- OK, maintenant dégagez.
Savannah redescendit de son petit nuage et s'empressa de sortir. Je la suivis sans plus attendre. Après avoir refermer la porte derrière moi, je remarquai que son expression émerveillée n'était pas seulement partie, elle avait été remplacé par un froncement de sourcil et un air hésitant. J'avais vraiment du mal à la suivre. À quoi pouvait-elle bien penser maintenant ? Elle s'arrangea pour me tourner le dos en remontant vers la maison, les poings de plus en plus serrés pour une raison qui m'échappait. Contre toute attente, elle se retourna soudainement vers moi et soutint mon regard avec un mélange de force mais aussi de douleur, chose qu'elle avait strictement refusé de me montrer depuis un bon moment.
- Tu as menti, déclara-t-elle solennellement.
Je la dévisageai, pris au dépourvu.
- Pardon ?
De nouveau, un flash d'incertitude traversa ses yeux mais elle finit par insipirer et se lancer.
- Tu as dit que tu avais accepté l'argent de mon père parce que tu en avais besoin, mais de toute évidence ta famille est riche, alors c'était encore un mensonge.
Le son de sa voix trahissait bien à quel point elle était en colère et se sentait trahie. Depuis qu'elle avait tout découvert, elle avait refusé de m'entendre m'expliquer, ce que je pouvais comprendre, car aucune raison aurait pu rendre mes choix un peu plus pardonnables. Néanmoins, j'étais ravi qu'elle eût changé d'avis.
- Je ne t'ai pas menti, Savannah.
Elle se pinça les lèvres et serra davanage les poings comme pour intérioriser ce qui aurait ressembler à un crochet.
- Ne me mens pas encore ! s'exclama-t-elle ensuite. Vous possédez ce que l'on peut considérer comme une villa dans un vrai décor de carte postale, avec un immense jardin, une piscine et votre propre oliveraire. Vous avez même aménagé un putain de studio et une putain de salle de gym et tu veux me faire croire que vous n'êtes pas riches ?
La voilà. Ma chance d'obtenir ne serait-ce qu'une partie de son pardon était enfin là. Je l'avais égoïstement amenée auprès de ma famille en Corse avec cet objectif précis en vue, il fallait que j'allasse au bout des choses.
- Savannah, je... J'ai conscience des apparences, mais la réalité n'a rien à voir. J'ai grandi à Propriano dans un minuscule appartement que ma mère avait du mal à payer et cette maison était celle de mes grands-parents. Elle était déjà aussi grande c'est vrai, mais elle était terriblement vieille et tombait en ruine un peu plus chaque année et ma grand-mère avait beaucoup de mal à entretenir le jardin seule. Ensuite ma mère a rencontré Paul, on est parti s'installer à Paris et la vie a continué de devenir toujours plus chère avec l'arrivée de Raphaël et Stella mais on s'en sortait comme on pouvait. Puis mon grand-père est décédé et peu de temps après ma grand-mère aussi. C'est là qu'on appris que pendant des années ils n'avaient cessé de mettre de l'argent de côté et ils ont tout légué à ma mère. Tout. Depuis qu'elle était toute petite c'était son rêve de faire de cet endroit un paradis qu'elle pourrait ensuite transmettre à ses enfants. Alors c'est ce qu'elle a fait. Elle a utilisé l'argent de son héritage pour rénover la maison. Elle a fait abattre quelques murs et mettre plus de baies vitrées. Tout a été repeint et redécoré, sauf le grenier où on a entreposé tous les souvenirs que nous avons de mes grands-parents et leur parents avant eux et tout ce qui nous reste de nos ancêtres depuis plusieurs centaines d'années en fait. Elle a rajouté une terrasse et fait creuser une piscine et elle entretient elle-même le jardin à chaque fois qu'elle vient. Pour ce qui est de l'oliveraie, elle est bien à nous c'est vrai, mais on ne l'exploite pas nous-même alors la plus grosse partie des profits ne nous revient pas. Je sais ce que tu dois penser : c'était irresponsable de la part de ma mère de mettre tant d'argent dans cette maison alors qu'elle devait s'occuper de quatres enfants. Mais aucun d'entre nous ne le regrette, c'est une chance incroyable de pouvoir venir s'évader ici tous les étés et ma mère en est si fière. Elle dit que c'est l'oeuvre de sa vie et aussi longtemps qu'elle le pourra elle se battra pour ne pas vendre et nous la léguer à son tour.
Savannah leva une main pour m'interrompe, avant de recroiser les bras sur la poitrine.
- Je ne suis pas sûre de comprendre. C'est parce que la maison coûte trop chère pour ta mère que tu l'aides à payer ?
- Non, ce n'est pas vraiment ça. Pendant dix mois de l'année on loue la maison pour couvrir les frais d'entretien, même si c'est rarement suffisant. Le problème c'est qu'à Paris ma famille vit dans un appartement trop petit pour eux et trop cher pour ce qu'il vaut vraiment. Et plus les enfants grandissent plus ils coûtent chers. Ça fait maintenant 3 ans que Stella s'entraîne dans un club de gymnastes d'élite et entre les frais d'inscription, les tenues et les compétitions, la bourse qu'on reçoit est une blague. Puis avant ça, il a fallu payer les études de Marina en école d'art, puis son mariage et sa galerie à Londres. Pendant ce temps, le cabinet d'architecture de ma mère a connu ses hauts et ses bas et Paul a étudié d'arrache-pied pour obtenir son agrégation en philosophie. C'est à peine mieux payé mais c'est déjà ça. Et pour ce qui est de ma salle de sport, c'était longtemps avant que Stella ne découvre ce qu'était que la gym et simplement parce que j'ai su très tôt que je voulais m'engager dans l'armé et que l'été était le meilleur moment pour moi de m'entraîner. Et enfin le studio de Raphaël, eh bien c'était la tentative désespérée d'une mère qui voulait juste que son fils la remarque et l'aime comme n'importe quel fils devrait aimer sa mère.
- Tu dis ça comme si ça n'avait pas marché, souffla Savannah.
Je secouai tristement la tête.
- Ça n'a pas marché, ou vraiment très peu de temps.
Instinctivement, mon ancienne élève tourna la tête vers la cabane où s'enfermait Raphaël à longueur de journée.
- Qu'est-ce qu'il lui reproche ? demanda-t-elle ensuite.
J'inspirai pour rester calme tout en repensant au nombre de fois où j'avais eu envie de le secouer violemment pour qu'il ouvrît les yeux et vît tout ce qu'elle faisait pour lui en permanence sans jamais rien recevoir en retour.
- Personne ne le sait vraiment, c'est probablement ça le pire. Elle a tout essayé pourtant, mais il trouve toujours un moyen de s'attirer des ennuis et le sortir de garde à vue devient presque une habitude.
Savannah pouffa un instant.
- Et moi qui croyais que j'étais une ado rebelle...
Je levai les yeux au ciel.
- Oh c'est clair, toi c'est encore un tout autre niveau de rebellion !
Je commençai enfin à me détendre, sentant que le message était bien passé.
- Enfin bref, je ne t'ai pas menti Savannah. Je voulais sincèrement leur rendre la vie un peu plus facile.
Elle me regarda droit dans les yeux, partagée, mais une part d'elle sembla la rappeler à l'odre.
- Il y avait des tas d'autres manière de le faire, fit-elle sèchement.
Je m'efforçai de soutenir son regard, quand bien même je pouvais sentir la honte me brûler la gorge.
- Tu as parfaitement raison et je suis tout sauf fier de ma conduite. C'est pour ça que je tenais aussi à te remercier de ne leur avoir rien dit. Ma mère serait tellement déçue si elle savait.
Alors que je pensais attirer au moins une pointe de sympathie de sa part, elle perdit complètement l'ombre d'un sourire qu'elle avait sur les lèvres et me dévisagea comme si je venais de dire quelque chose de choquant ou d'incroyable. Ses yeux étaient grands ouverts et pétillants.
- J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? m'inquiétai-je.
- Oh non ! se ressaisit-elle. C'est juste que tu viens d'admettre que j'avais raison. J'ai rarement cru que j'aurais un jour la satisfaction d'entendre ses mots dans ta bouche alors je peux pas m'empêcher de rejouer la scène en boucle dans ma tête.
S'il y avait bien de chose qui caractérisait Savannah, il s'agissait de ses remarques cinglantes et de sa capacité à cacher ce qu'elle pensait vraiment derrière du sarcasme. Seulement si ce qu'elle cachait était qu'elle sentait que son armure de haine se fissurait de plus en plus ou bien qu'elle venait d'avoir une pensée diabolique, ça je n'en avais pas la moindre idée.
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Le passé de Jeremy se dévoile de plus en plus, mais Savannah y est-elle sensible d'après vous ? 🤔
Gros bisous 😘
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