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41. Météorite

Dernier chapitre, avant l'épilogue...

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"Comment savez-vous si la Terre n'est pas l'enfer d'une autre planète ?" - Aldous Huxley

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Xiaoyun me prend dans ses bras, dans une étreinte presque maternelle. Maman... Un nouveau sanglot secoue ma poitrine. Je fixe une dernière fois la Terre par la paroi vitrée. Et je prends une décision.

Mars m'a volé tout ce à quoi je tenais. Je ne le laisserai pas prendre ma vie.

— On doit y aller, fait Xioayun d'une voix rauque.

J'essuie les larmes qui affluent sur mes cils.

— N'en parlons pas aux enfants. D'accord ? Pas tout de suite. Plus tard.

J'acquiesce.

Lorsque Jason et Sélina me posent des questions sur mon air dévasté, et je leur adresse un sourire.

— L'émotion.

Je revêts ma combinaison intra-véhiculaire pour la dernière fois. Je flotte, casque sous le bras, vers le sas d'amarrage de la capsule. J'actionne le levier, et nous entrons tous les quatre dans notre module de descente, au centre de notre capsule. L'espace est restreint, peu confortable, mais nous serons bientôt sur Terre. Plus rien d'autre n'a d'importance. Sur Terre, prêts à vivre. À prendre notre revanche sur Mars. Se concentrer sur la vie, sur l'espoir, pour ne pas sombrer.

Je vérifie que les enfants sont correctement sanglés dans l'habitacle, avant de m'attacher à mon tour. Afin d'éviter des déplacements d'organes lors du choc de l'atterrissage, le siège conçu dans un matériau spécial épouse parfaitement les formes de mon corps.

— Message pour le centre de contrôle de Mars Utopia, fais-je d'une voix atone. Nous sommes prêts pour le détachement du module.

La capsule vibre lorsqu'elle s'extrait du vaisseau.

Sur le tableau de bord, la distance qui nous sépare de l'Utopia s'accroit lentement. Au sol, les techniciens s'affairent pour contrôler la procédure.

— Nous déclenchons les systèmes de propulsion.

Les écrans devant moi indiquent une foule de données changeantes que je n'ai même pas le temps d'analyser. Je suis comprimée dans mon siège, le souffle coupé. J'ai l'impression que je pourrais suffoquer.

Lorsque nous arrivons à cent quarante kilomètres d'altitude, j'entends la voix des contrôleurs terriens nous annoncer que la séparation des trois modules composant notre capsule. Notre bouclier thermique s'active.

Je suis broyée dans la main d'un dieu invisible. J'aimerai qu'il appuie suffisamment fort, qu'il me comprime pour que je me dissolve dans l'atmosphère. Pour ne plus avoir à ressentir cette souffrance terrible. Disparaitre à tout jamais et rejoindre dans l'infini stellaire Hayden, mes parents, et tous les autres.

Un combat entre la mort et la vie, qui dansent au fil de la capsule nous propulsant vers la Terre.

Le parachute se déploie au-dessus de nous.

Un vacarme résonne contre la paroi, un martèlement régulier, assourdissant. Une symphonie bien différente du concerto que nous offrait les tempêtes martiennes sur les murs de la base. Le lent tambour de mon ultime bataille.

Puis, avec fracas, nous touchons la surface terrestre. La secousse se réverbère dans tout mon corps.

Ils sont morts, ils sont tous morts. Il ne reste plus rien. L'ultime vengeance de Mars, comme un ironique cadeau d'adieu. J'aurais aimé que le choc soit assez violent pour me tuer moi aussi.

Étouffée derrière mes sombres pensées, j'entends la voix de Xiaoyun donner nos coordonnés exacts à Mars Utopia.

Morgan.

Angel.

Thomas.

Héméra.

Millie.

Hayden.

Maman.

Papa.

Chris.

La liste défile dans ma tête, sans que je je puisse l'en empêcher. Sans même, en fait, que je ne le veuille.

Par delà les parois de la capsule, j'entends des voix. Je suis sur Terre. À quelques centimètres de moi, séparés par la paroi du module d'atterrissage, la croûte terrestre, le vent, les nuages, le soleil. Mon rêve, mon rêve qui prend vie tandis que le sas s'ouvre, actionné par les secours de Mars Utopia. Je m'en fiche.

Les sons me parviennent, indistincts.

Je suis sur Terre, et Mars a tué les miens en représailles.

Des bras me soulèvent, me soutiennent, m'extirpent de la capsule.

Ici, la lumière est aveuglante. Je ne vois qu'une tâche bleue au-dessus de moi, le ciel. On me porte jusqu'à une chaise roulante. Il y a tant d'informations qui parviennent à ma vue, derrière le voile flou de mes larmes. La luminosité me fait plisser les yeux. Sélina est elle aussi transportée vers un fauteuil roulant, suivie par Jason qui regarde tout autour de lui, émerveillé. Je ne capte que des bribes du monde qui m'entoure, mais je sais que je n'ai jamais été entourée d'autant de gens à la fois. Je suis sur Terre. Sur Terre. Et il ne reste plus rien de ma vie sur la planète rouge.

Je consulte la montre incrustée dans ma combinaison. Elle donne encore l'heure martienne

Sol 202, an martien 12, 13h04, heure martienne.

L'heure de ma seconde naissance.

Dans des gestes tremblants, j'ôte mon casque.

Une brise fraiche vient caresser mon visage. J'hésite un court instant, et je prends pour la première fois de ma vie une inspiration à l'air libre.

Autour de moi, j'entends des bruits d'appareils photos. Ils sont tous venu assister à notre arrivée, à notre renaissance. Alors, à la lueur des flashs, j'esquisse un éblouissant sourire. C'est ce que les terriens verront lorsque les images seront diffusées. C'est ce que les pionniers de Sithonius Lacus auraient aimé voir eux aussi.

Puisqu'il nous faut vivre.

Des médecins s'approchent de nous, nous faisant passer de rapides tests médicaux, s'assurant que tout va bien. Mais non. Tout va mal. Ils sont tous morts, ai-je envie de hurler. Tous morts. Mais mes lèvres demeurent closes, incapable de formuler ces mots.

Puis Davis s'avance vers moi. Il est moins imposant que ce à quoi je m'attendais. Il arbore un sourire de façade sur son visage qui fait fondre celui que je m'apprêtais à lui adresser machinalement. Rien, dans sa façon de se comporter, ne laisse présager du drame qui s'est déroulé sur Mars il y a quelques heures et dont Xiaoyun lui a relaté les détails.

— Je suis enchanté de pouvoir enfin te voir en chair et en os, Harmony.

J'entrouvre les lèvres, mais, dans un premier temps, aucun son ne sort. Je dois me faire violence pour parvenir à articuler d'une voix rauque :

— Moi de même. Nous avons beaucoup de choses à nous dire, Davis.

— Il est vrai que le délai de communication ne nous permettait pas de prendre le temps d'aborder, disons, certains sujets.

Il emprisonne d'autorité mes doigts dans les siens, exposant aux objectifs et aux caméras notre poignée de mains avec un sourire radieux que je tente d'imiter.

— Toutes mes condoléances, glisse-t-il à mon oreille.

Mes lèvres s'affaissent, des larmes embuent à nouveau mon champ de vision.

— Savent-ils ? fais-je avec un mouvement de tête vers les journalistes.

— Pas encore. Mais tu peux pleurer. Ils prendront ça pour des larmes de joie.

Je serre les dents devant sa désinvolture. Sa main libre se pose sur mon épaule en une étreinte qui pourrait paraitre amicale si ses doigts ne s'enfonçaient pas autant dans ma peau.

— J'ose espérer que vous mènerez une enquête approfondie sur la cause de cet incident.

— Bien évidemment. Mais je crains qu'il n'y ait rien à découvrir de plus que ce que Hayden a dit dans son message. Le déshumidificateur était défaillant. La base étant en construction, il n'y avait aucune mesure de sécurité, rien pour contenir un incendie.

Un vertige me saisit. Je prends une difficile inspiration avant de répliquer :

— Ne jouez pas avec le feu, Davis. Ou je réduirai Mars Utopia en cendres.

Un rire s'échappe de ses lèvres sous la menace à peine voilée.

— Fais attention à toi. Tu as beaucoup à perdre.

— Je n'ai plus rien à perdre.

Ses yeux quittent les miens pour descendre jusqu'à mon ventre.

— Vraiment ?

Instinctivement, mes mains s'y posent. Une rage incommensurable vrille mon être. Je ne le laisserai pas menacer mon enfant. Mon souffle se bloque dans ma poitrine. Pour préserver les apparences, je souris sous la nouvelle salve de flashs lumineux en provenance des journalistes.

— Avez-vous conscience de ce que vous avez fait, Davis ?

— Sans doute plus que tu ne le penses.

Je le dévisage, interdite. Sa main serre la mienne avec d'autant plus de force.

— Je vais te confier un secret. Il y a un an et neuf mois de cela, lorsque la communication a été temporairement interrompue, par un problème technique, nous avons décidé de mettre fin à la partie du programme de Mars Utopia consistant à implanter une civilisation sur la surface martienne. Tu le sais, financièrement, nous occuper de vous maintenir en vie devenait compliqué. Alors nous avons coupé le contact de manière définitive. Et puis, vous avez trouvé le moyen de rétablir une communication. Pire, vous nous avez forcer à rentrer dans votre jeu. Mais cette idée que vous avez eu d'exploiter le pétrole martien nous a permis de rebondir. Et pour cela, Harmony, tu auras ma reconnaissance éternelle.

Je ne sais pas ce qui m'étonne le plus. Que se soit la Terre qui ait coupé la communication il y a bientôt deux ans de cela, ou que je ne sois qu'à moitié surprise par cette révélation.

— Qu'est-ce qui me dit que vous n'avez rien à voir avec ce qu'il vient tout juste de se passer à Sithonius Lacus, alors ?

— Rien, admet-il. Mais nous sommes des scientifiques, pas des magiciens. Je ne vois pas comment nous aurions pu provoquer un incendie sur une planète à des centaines de millions de kilomètres d'ici.

— Et pourtant, vous ne pouvez nier que cet incident...

— Mars est une planète cruelle, coupe-t-il. Tu en as toi même fait l'expérience.

Sa réponse ne me satisfait pas le moins du monde. Je me crispe, et ses doigts enserrent davantage mon épaule. Je veux en finir. Le plus vite possible. Alors j'abats ma dernière carte.

— Vous souvenez-vous dans quelles circonstances, Hayden, le père de mon enfant, est arrivé sur Mars ?

— Je m'en souviens.

— Alors je pense que vous avez plus à perdre que moi, Davis. Comme vous me l'avez dit lorsque je vous ai annoncé ma grossesse... Imaginez-vous le scandale que cela représenterait, si cela s'apprenait que le décès d'un candidat à Mars Utopia avait été caché, et ce dans des circonstances qui vous impliquaient directement ?

Il pâlit.

— Tu ne...

— Je n'ai rien à perdre, Davis. Contrairement à vous, je suis intouchable. Quarante-sept pionniers sont morts par votre faute, et vous le paierez, tôt ou tard.

Il n'a pas le temps de répliquer.

On pousse ma chaise roulante jusqu'à un hélicoptère, m'installant sur un siège. À côté de moi, Xiaoyun, Sélina et Jason prennent place. Ce dernier serre ma main dans la sienne. Il ne reste que nous, les quatre survivants de Mars. Cinq, en comptant mon enfant.

Nous avons survécu dans un monde que peu de gens auront la chance d'arpenter.

Nous avons traversé des centaines de millions de kilomètres jusqu'à la Terre.

Et maintenant, il nous faut vivre.

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*Météorite : météore qui reste intact au passage dans l'atmosphère, et atterrissant sur la Terre.

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