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23. Conjonction

"La loi d'amour est dure, mais tout injuste qu'elle soit, il faut néanmoins la subir, car elle a uni le ciel et la terre depuis l'origine des temps. " - Pétrarque

***

Il y a un long silence. Silence du délai de transmission. Silence des pionniers dans mon dos.

A cet instant, je réalise de manière confuse que le silence est bien plus qu'une absence de bruit. C'est lourd, dense, c'est un vacarme de pensées qui vrillent mon crâne tandis que je tente de me rappeler ce que j'ai bien pu dire — tout s'est enchaîné si vite.

Je fixe les écrans où s'alignent des lignes de codes devant moi, tétanisée, incapable de croiser les regards des autres.

— Wow, finit par lâcher Hayden.

Plus que l'interjection, c'est le ton sur lequel il la prononce, admiratif, qui me fait finalement me retourner. Un sourire se dessine doucement sur mon visage, miroir de celui qui s'est épanoui sur le sien.

— Tu as été formidable. Tu vois, quand je disais que tu avais de l'éloquence.

— C'est grâce à toi. Si tu n'avais pas eu l'idée de contacter les stations spatiales...

Une longue demi-heure s'écoule avant que la réponse du commandant Wang ne nous parvienne. L'attente en est insupportable.

— Je vous prie de bien vouloir m'excuser. Votre message a été transmis à la Terre. En revanche, je ne peux vous garantir qu'il sera envoyé à Mars Utopia, ni que ceux-ci puissent vous répondre puisqu'ils semblent dans l'incapacité de communiquer avec vous. Mais j'intercèderai en votre faveur, dans les limites du possible.

— Nous vous remercions de votre soutien, commandant Wang.

Xiaoyun le remercie encore une fois en chinois, avant que Chris ne coupe la communication.

Sol 327, an martien 10, 16h48, heure martienne.

***

Sol 327, an martien 10, 20h15, heure martienne.

Mes parents et les pionniers qui s'étaient portés volontaires sont rentrés d'Utopia Planitia il y a tout juste une demi-heure. Ramenant avec eux quelques vivres supplémentaires. Entre la reprise de contact, et la nourriture lyophilisée rapportée de notre ancienne base, l'atmosphère qui règne dans la base semble tout à coup plus légère. Notre espérance de vie s'est considérablement rallongée en l'espace de quelques heures.

— Il faudra faire un aller-retour supplémentaire, explique Alma. La nuit allait tomber, nous n'avons pas pu tout charger dans les rovers.

— Vous avez bien fait, approuve Millie. Nous y retournerons dès que nous aurons reçu des nouvelles de la Terre.

— On pourra également en profiter pour récupérer des pièces afin de faire enfin fonctionner l'extracteur de glace, propose Giordanna. Mais pour cela, il nous faut les plans, et seule la Terre peut nous les fournir. Celui-ci est plus complexe que celui d'Utopia Planitia.

Il y a quelques hochements de tête. Nous sommes tous rassemblés dans la salle commune.

— J'espère que nous aurons très bientôt des nouvelles de la Terre, ajoute Chris.

Mon père prend la parole.

— La situation là-bas m'inquiète.

— On devrait plutôt se préoccuper de ce qu'il se passe sur Mars, rétorque Lauri. Peu importe leurs soucis diplomatiques. Ce qui compte, c'est notre survie à nous.

— Tu ne comprends pas. Si Mars Utopia a eu un problème technique, alors pourquoi personne ne semble-t-il être au courant ? Ils ont bien dû se rendre compte que Harmony n'envoyait plus de vidéos, qu'aucune information ne leur parvenait d'ici.

— Ce n'est pas le genre de nouvelle que l'on veut ébruiter lorsqu'on est un projet aussi important que Mars Utopia. La colonisation leur fait engranger des millions de dollars. D'autant plus qu'ils nous ont certainement cru morts. Davis n'a simplement pas voulu divulguer la chose. C'est compréhensible.

Mon cœur se serre.

Du coin de l'œil, je vois une silhouette quitter la pièce. Hayden. Je fronce les sourcils. Ce n'est pas dans son habitude de s'esquiver ainsi. Tandis que la conversation se poursuit, je me faufile entre les pionniers, jusqu'à sortir de la salle.

J'arpente les couloirs, ouvrant une à une les portes coulissantes, avec un sentiment d'urgence grandissant.

Lorsque enfin le panneau du module du déshumidificateur dévoile son corps, replié dans un coin, j'ai un temps d'arrêt. Son regard, alourdit par des larmes, croise furtivement le mien, avant de se river à ses mains crispées sur ses genoux.

— Que se passe-t-il ?

Après avoir soigneusement refermé la porte, je m'accroupis près de lui. Mes doigts frôlent son bras, mais il se dégage.

— Hayden ? fais-je d'une toute petite voix.

Il prend une profonde inspiration.

— Je... de manière égoïste, depuis que je suis ici, j'ai toujours pensé que, le jour de ma mort, la Terre se réveillerait en pleurs. Tu les as entendu. Mars Utopia n'aurait pas diffusé la nouvelle de notre décès. Tout ça pour de l'argent. Nous aurions pu mourir, sans personne pour le savoir.

— Hayden...

— Toi, au moins, les gens se souviendront de toi.

— Ils se souviendront de toi aussi. Tu es un pionnier de Mars.

— Si tu crois que ça suffit... Des pionniers, il y en a eu des dizaines. Les terriens ne mémorisent même plus nos noms. Toi, tu es unique.

Une boule de tristesse se forme dans ma gorge.

— Lorsque j'ai été sélectionné pour le programme, poursuit-il d'une voix rauque, je suis resté quelques semaines à Auckland avant de partir pour le centre de formation. J'ai continué ma vie, normalement. Les gens se fichaient bien du fait que j'allais décoller pour Mars. Quasiment personne ne m'a arrêté dans la rue pour me dire qu'il m'avait vu à la télévision. Tu peux demander à tes parents. Je n'étais même pas encore né quand eux sont partis, mais j'ai vu des images. Des vrais stars. Moi, j'étais sur le point de vivre la plus belle expérience de ma vie et personne...

Il ferme les yeux une seconde. J'observe son visage tendu, sa mâchoire crispée, les cernes qui s'épanouissent sous ses yeux. Mars nous tue tous à petit feu. Même lui, alors qu'il n'a pas flanché une seule fois depuis son arrivée ici. Le rêve éveillé dans lequel il vit l'empêche de dormir. Si épanouit sur Mars, Hayden ne m'a jamais parlé de sa vie sur Terre.

— Les terriens en ont marre de cette putain de planète. Il n'y a plus que les rêveurs et les idiots qui envoient leurs candidatures à Mars Utopia. Et forcément, larguer des nouveaux colons ici ne leur fait que perdre de l'argent. Nous ne sommes même pas totalement autonomes. Nous ne produisons aucune richesse. Quarante-sept personnes perdues à une centaine de millions de kilomètres de la Terre, totalement inutiles. Ils ne nous aideront pas. Ils se moquent bien de ce qu'il peut nous arriver. Et ils feront tout pour que la Chine ne parte pas pour Mars, parce qu'ils ne veulent surtout pas que l'on puisse découvrir nos cadavres.

Sa dernière phrase m'arrache un frisson. Tout ça ne lui ressemble tellement pas. Hayden, si doux, si gentil, si désireux de vivre, Hayden qui me tient sans cesse des beaux discours sur la vie martienne, sur le bonheur.

Des larmes montent à mes yeux. Hayden me fixe.

— Pardon. Je suis désolé. Je ne voulais pas...

— C'est rien, fais-je en essuyant les larmes qui perlent à mes cils. On doit... on doit vivre. Tu te souviens ?

— Oui, acquiesce-t-il. On doit vivre.

Je me blottis contre lui. Machinalement, sa main enserre ma taille. Je prends peu à peu conscience de la tension nichée dans tous mon corps. Les yeux de Hayden se plante dans les miens.

Derrière nous, le déshumidificateur, à moitié fonctionnel, émet une série de bourdonnements, m'arrachant un sursaut. Un magnifique sourire illumine le visage de Hayden.

— Je t'aime, fait-il abruptement.

— Quoi ?

— Je t'aime. Même si tu as peur du regard des autres, même si tu ne veux pas t'attacher, en espérant qu'un jour tu retourneras sur Terre... Je t'aime, et je suis heureux de savoir que je vivrai ici, avec toi, jusqu'à la fin de mes jours. Et puisqu'il nous faut vivre, la Terre peut bien nous condamner à mort, ça m'est bien égal. Parce que je sais que je ne serai pas seul. Parce que je t'aime, et je t'aimerai jusqu'à mon dernier souffle, jusqu'à ce que Mars m'achève.

Je l'observe un instant, émue au-delà des mots. Au-delà des larmes.

— Je...

— Chut... Ne dis-rien. Je sais.

Ses lèvres se posent sur les miennes, scellant notre premier baiser. Là, dans le module du déshumidificateur qui vibre dans notre dos. Et peu m'importe le coucher de soleil sur les dunes martiennes que j'aurai rêvé quelques mois plus tôt.

Ses lèvres sont chaudes, douces. Et cette kyrielle d'étoiles qui scintille dans mon ventre, qui fait trembler mon coeur comme une tempête de sable.

Perdue au milieu de l'espace, je sais que je ne connaitrai jamais d'autre amour que lui, et ça m'est égal. J'aime Hayden. Sur une planète rouge, sur une planète bleue, ou au milieu des étoiles. Quelle différence ?

Quelle différence, puisqu'il nous faut simplement vivre, jusqu'au jour de notre mort ?


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*Conjonction : Situation de deux ou plusieurs astres ayant même longitude géocentrique ou même ascension droite. Deux ou plusieurs astres en conjonction sont observables dans la même région du ciel.

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