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12. Coma

"On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime." - V.Hugo

***

Oh, Mars. Si tu savais.

Si tu savais à quel point l'univers est glacé.

Je vogue parmi des millions d'étoiles. Elles sont si froides, si cruelles, si lointaines.

Offre-moi le rouge chaleureux de ta terre aride.

L'humanité était plein d'espoir. Pourquoi a-t-il fallu que tu transperces le coeur de ton enfant ?

Quel crime ai-je commis pour que tu me condamnes ainsi à la plus terrible des morts, à l'exil le plus solitaire ?

J'ai si froid. Sur ma langue, un goût de rouille. Dans mes tympans, la symphonie erratique de mon coeur horrifié et exsangue.

***

Il fait noir. Une nuit d'encre entrecoupée de flashs lumineux. J'ai la confuse impression de flotter entre le Paradis et l'Enfer.

Des murmures autour de moi, anges ou âmes damnées.

— Ma chérie, est-ce que tu nous entends ? Harmony ?

Harmony ? Quel joli mot. Si bien pensant, si stupide. Il n'y a plus d'harmonie, plus d'ordre. Seulement le chaos — et la mort.

Un faisceau de lumière m'aveugle. Je sens mes paupières se plisser.

— Elle a ouvert les yeux ! s'écrire une voix au-dessus de moi.

Oui. J'ai ouvert les yeux.

Sinon, comment expliquer le fait que le visage inquiet de ma mère se découpe devant moi, faiblement éclairé par une lampe torche ? À moins que nous soyons tous morts. Condamnés à errer dans le paradis martien.

Une main fraîche et tremblante se pose sur ma joue.

Une caresse glacée qui me fait frissonner.

— Tu nous as fait si peur, mon amour. Est-ce que... tu vas bien ? Tu as mal ?

Il me faut un long moment pour reprendre tout à fait possession de mon corps. Toujours allongée, je sonde chaque centimètres carrés de mon enveloppe charnelle.

Tout va bien, m'affirme mon cerveau. Je suis fatiguée, la lumière des lampes m'agresse la rétine, mes oreilles bourdonnent, mon coeur bat follement, mais tout va bien.

Des larmes embuent mes yeux. Je suis en vie. Tant de beauté dans ces quatre mots.

***

Je suis restée inconsciente plusieurs heures.

Sol 306, an martien 10, 16h11, heure martienne.

Hayden a eu le temps de parler de notre exploration de Sithonius Lacus à tous, et ils organisent à présent le ravitaillement pour les cinq pionniers demeurés là-bas. La base en construction reste injoignable malgré les micros dont sont pourvus Millie et les autres, et Chris conclut à une interférence liée à la tempête.

Malgré les protestations de Travis, je parviens à assister aux réunions de préparation.

Et personne ne semble d'accord sur la marche à suivre.

— Installons-nous là-bas, lance Hayden. Utopia Planitia n'est plus viable de toute façon.

— C'est trop dangereux ! s'oppose Xiaoyun. On ne peut pas prendre un tel risque, Sithonius n'est pas encore tout à fait opérationnelle.

— Bon sang, que ceux qui veulent y aller y aillent, s'énerve Yong.

— Hors de question que l'on se divise ! Nous avons signés pour cette vie, pour Mars, et on restera ensemble jusqu'au bout.

— Nous devons donner la priorité à l'aide des cinq d'entre nous qui sont restés là-bas, nous discuterons de ça plus tard !

Je grimace. S'il y a un plus tard...

Jason se glisse vers moi, profitant de l'agitation pour me parler sans être entendu.

— Où est papa ? À Sothinus Lacus ?

— Sithonius, Jason. Oui, il est là-bas. Il va revenir très bientôt.

— Pourquoi est-ce qu'il n'est pas rentré en même temps que toi ?

J'hésite à lui répondre. Si personne ne lui a dit que son père était blessé, c'est que personne n'a l'intention de le faire. Pour le protéger.

— Je vois bien que maman est triste... Mo', je veux savoir.

Ses yeux s'embuent de larmes, et je m'accroupis à sa hauteur pour le serrer dans mes bras.

— Il va bien. Promis. Il a juste été un peu blessé, mais tout va bien, Millie est avec lui et le soigne. Ne le répètes à personne, d'accord ?

Il hoche la tête.

Ses lèvres articulent silencieusement un remerciement.

Je me redresse, me concentrant à nouveau sur le débat en cours.

— Le plus simple est que j'aille à Sithonius, laisse tomber Chris. Je pourrais rétablir le contact entre les deux bases, et pourquoi pas, tenter une liaison avec la Terre. J'ignore combien de temps cela prendra, il faudra charger un rover avec des vivres pour être certains de pouvoir être autonomes pendant quelques jours. Une fois la communication installée, au moins entre ici et Sithonius, nous pourrons tous décider, ensemble, de ce que nous ferons.

Je dois avouer que c'est pour l'instant la proposition la plus sensée qui ait été faite.

— Hors de question que tu y ailles seul. Il faut qu'un explorateur t'accompagne.

Hayden lève la main.

— Je peux y aller. J'ai déjà fait l'aller-retour, je connais le chemin.

— Et on a failli mourir parce que tu as dévié de ta route, espèce d'idiot.

Je me mords la lèvre inférieure. Les mots sont sortis tous seul.

Mon ventre se tord quand je croise son regard, mi-surpris mi-blessé.

En vérité, je suis jalouse. J'envie sa plus grande liberté que la mienne. J'envie son rôle d'explorateur. Et, surtout, je ne veux pas qu'il me quitte pour partir à Sithonius Lacus.

— Si tu y vas, je viens aussi, fais-je pour éviter de passer pour une idiote.

— Certainement pas ! rugit ma mère.

Je pousse un soupir. C'est injuste. Tellement. Les autres n'ont pas leurs parents sur le dos pour leur dire quoi faire. Et bien que je mesure la puérilité de cette pensée, je me retiens de justesse de ne pas la prononcer à voix haute.

— Mais...

— Comme tu l'as si justement fait remarquer, tu as failli mourir ce matin. Tu restes ici. Quand bien même, tu n'es pas en état de sortir de la base.

— Je vais très bien !

Thomas prend la parole.

— Hayden et Chris iront à Sithonius Lacus. Ça m'a l'air le plus judicieux.

Je ferme les yeux.

J'en ai assez.

***

Mes bras sont ankylosés après avoir participer au chargement des caisses dans le rover qui véhiculera Hayden et Chris vers Sithonius Lacus.

Vivres, matériel informatique, combinaisons.

Je m'assieds au milieu des plantations de blé, respirant l'atmosphère humide des serres.

Sol 307, an martien 10, 6h03, heure martienne.

Malgré les recommandations de notre médecin à bord, j'ai insisté pour aider les autres. Je n'ignore pas que notre communauté est en train de vivre un tournant décisif. Cette possibilité de déménager à Sithonius. Les tensions internes qui en découlent. Le fait d'avoir cinq des nôtres à plus d'une centaine de kilomètres de chez nous. Nous n'avons jamais étés aussi unis, et, paradoxalement, nous sommes si près de la rupture...

Les épis de blé émettent un doux froissement derrière moi. Une main se pose sur mon épaule, et je sursaute, tournant vivement la tête. Hayden.

— Je ne vais pas tarder à partir.

— Quand ?

— Le temps d'enfiler ma combinaison, et j'y vais.

Un noeud de tristesse me noue la gorge.

— Fais attention à toi.

— Promis.

Je ferme les yeux. Lorsque je les rouvre, il est accroupi à côté de moi.

— Ce n'est que l'affaire de quelques jours, je serai vite revenu. Jure-moi que tu ne feras rien de stupide cette fois.

J'acquiesce avec un pâle sourire. Ses yeux d'un brun intense me fixent, si doux, et je réalise à quel point j'ai peur de le perdre.

Il se penche vers moi. Mon coeur se met à battre plus vite — nos visages sont si proches.

Ses lèvres se posent sur mon front.

Le geste a beau être tendre, je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine. Malgré moi, je laisse échapper un soupir de déception.

— Je t'aime, dis-je brusquement.

J'ai soudainement besoin qu'il le sache, là, maintenant. Je dois le lui dire. La terreur comprime mon ventre, alors je le répète, encore, comme pour conjurer le sort :

— Je t'aime...

Il se lève sans répondre, effleurant mon crâne une dernière fois, avant de s'éloigner parmi les épis de blé.

Des larmes de rage coulent sur mes joues. Je me mords le poing pour ne pas hurler ma frustration et ma peur.

Je comprends Hayden — trop bien, même. Depuis qu'il a posé le pied sur Mars, c'est la première fois que nous sommes séparés plus de quelques heures. Il peut se passer tant de choses en quelques jours. Les derniers événements en ont été la preuve. Notre planète rouge veut notre mort, et elle l'aura.

J'entends le bruit du sas qui s'ouvre derrière moi, qui se referme - comme le sanglot d'un adieu.

Paralysée, je ne me retourne pas.

J'ai si peur qu'il ne me revienne jamais.

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* Coma :  Aberration optique qui a pour effet de détruire la symétrie centrale de l'image d'un point qui prend la forme d'un « V ».

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