Chapitre 45 ❄ Hésitations
❄❄❄❄ Leyn ❄❄❄❄
Quand tout un monde s'ouvre devant nous, quand l'impossible devient possible, mais que personne ne l'avait pensé impossible, car personne ne l'avait simplement pensé. Quand on se rend compte que le monde est aussi vaste qu'il est mystérieux, mais que nous n'estimons pas l'importance de ce que l'on ne connait pas, car si on le pouvait on l'ajouterait dans l'encyclopédie des savoirs. Quand on comprend enfin que nous ne sommes pas simplement l'espèce le plus intelligente de ce monde, nous, humains ; que nous sommes aussi celle qui risque de le faire s'écrouler, de la manière la plus bête soit-elle. L'ironie du sort que nous sommes en train de créer.
- Merci, osai-je.
Ma mère en face de moi laissait apparaître un sourire triste sur son visage, un sourire que j'avais tant de fois vu, mais qui cette fois-ci était différent. Qui ne regrettait pas le passé, mais pensait au futur. Un sourire qui au fond était le plus joyeux du monde.
Elle venait de m'annoncer sa délivrance, sa liberté, et peut-être bien la mienne aussi. Elle s'était séparée de Paul - que je n'appelais plus que comme ça maintenant. Elle était heureuse, mais elle ne le savait peut-être pas encore. La voyant qui ne réagissait pas, je me levai et m'assis à côté d'elle. Elle tourna la tête vers moi et m'enlaça.
- Non, merci à toi.
❄ ❄ ❄
Lie m'appela tandis que je me préparais pour aller à la fête. Ce matin après l'étrange bataille qui avait fait rage, ma mère avait atténué l'ampleur des évènements auprès de mon amie, pour ne pas l'inquiéter, et faire en sorte qu'elle minimise ce qui s'était passé. Ainsi si elle m'appelait à cet instant, ce n'était pas pour m'assommer de questions sans intérêt auxquelles je n'avais pas la réponse, ou de longues descriptions d'évènements que je connaissais déjà. C'était pour s'enthousiasmer de savoir que j'avais décidé de me rendre à la fête, avec ou sans Erra. Même si je ne m'attendais pas à ce qu'elle vienne, je l'espérais profondément. Je n'avais aucun souvenir de lundi après-midi, mon dernier souvenir avant le noir datait de mon départ du lycée. Puis, plus rien. Mais, petit à petit, je me souvenais, pas après pas, de ce que j'avais vécu. J'en étais resté au moment ou nous nous étions arrêtés, où elle m'avait dit qu'elle était seule, qu'elle avait menti, que rien de tout ce qu'elle avait dit ni fait n'était vrai. Cela datait d'il y a deux jours maintenant, et depuis, plus rien. J'avais beau fermer les yeux, me concentrer, je n'arrivais pas à me souvenir ce qu'il s'était passé après le "j'ai menti" qu'Erra avait prononcé. Peut-être rien ? Peut-être avais-je été assommé, cause de ma perte de conscience ? Je m'en souviendrais tout de même. La raison pour laquelle je m'étais évanoui restait elle aussi mystérieuse.
- On passe te prendre à 21h, avec Tommy, ça te va ?
La voix de Lie était tintée de pitié, et d'émotion. Elle me pensait triste, ce n'était pas le cas. Perdu, peut-être ; dans ce cas elle avait sûrement raison. Je confirmai et la remerciai sincèrement. Ma mère frappa à la porte, ayant retrouvé son sourire rayonnant qu'elle n'affichait que très rarement, mais que j'adorais voir sur son visage. Je la fis rentrer en lui rendant son sourire et elle s'assit sur mon lit.
- Je t'aide ? demanda-t-elle en voyant mon lit enseveli sous une tonne d'habits.
Sans attendre de réponse, elle commença à fouiller dans mon tas de linge.
- Tu sais, me dit-elle en prenant un air détaché, quoi que tu puisses penser d'elle, Erra est une fille bien, et... Enfin... Tout ce qu'elle a pu faire par le passé... Ce n'était pas sa faute.
Je la regardai, l'air intrigué. Elle soupira et changea de sujet. J'avais le pressentiment que je ne savais pas encore toute la vérité...
❄ ❄ ❄
- À plus tard maman !
Je claquai la porte de l'appartement et descendis les escaliers pour rejoindre mes amis qui m'attendaient en bas de l'immeuble. La soirée était relativement douce, une légère brise flottait dans l'air. Nous nous mîmes en route, à pied, jusqu'au gymnase du lycée, où se déroulait la fête. Les questions qui me trituraient les neurones depuis plusieurs jours étaient parties avec le vent. Je ne pensais plus qu'à l'instant présent, à ce moment où je marchais aux côtés de mes amis qui riaient. Et leurs rires se perdaient dans le ciel clair, laissant la place aux nouveaux, envahissant ainsi l'atmosphère avec un peu de joie qui peinait à chasser la tristesse du monde, mais qui était bien là.
Le lycée se dessina à l'horizon, et au fur et à mesure que nous avancions, nous pouvions distinguer la foule de lycéens déjà dans le terrain extérieur, et la porte grande ouverte qui donnait sur le gymnase.
Nous rentrâmes par le petit portillon qui donnait sur le grand terrain du lycée. Étant donné le temps relativement chaud de cette douce soirée de printemps, la majorité des secondes et des premières venus à cette fête se trouvaient dehors. Deux hommes assez grands étaient en train de sortir du gymnase une longue table couverte de boissons gazeuses et de chips. Il ne devaient pas avoir grand monde à l'intérieur. Les lycéens su ruèrent vers le buffet, et Lie nous entraina, Tommy et moi. Elle avait raison de se presser, car la table fut rapidement vidée, et les surveillants se regardèrent un peu décontenancés, ce qui nous fit rire.
Nous nous assîmes sur un banc un peu en retrait et je cherchai des yeux Erra. Sans surprise elle n'y était pas. Lie aperçut mon air déconfit et posa son bras sur mes épaules, comme pour me rassurer. Nous mangeâmes silencieusement nos chips entassées dans un verre en plastique, et bûmes notre Orangina, seule boisson encore disponible à notre arrivée. Puis Tommy se leva et sortit du lycée pour aller fumer. Lie y trouva l'occasion rêvée pour me parler d'elle, et je détournai le regard pour lui faire comprendre que je ne voulais pas en discuter. Mais elle insista, ponctuant son texte de paroles rassurantes.
- Tu sais peut-être que tu te te montes la tête. Ça va aller... Je veux dire, pourquoi ne viendrait-elle pas à cause de toi ? Ne t'inquiète pas, je pense que ce n'est pas de ta faute.
Je lui souris en guise de remerciement, mais je ne croyais pas vraiment à ce qu'elle venait de dire. Soudain, un immense sourire s'afficha sur son visage.
- Tiens, regarde qui voilà ! me lança-t-elle.
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