Chapitre 44 ❄ Insignifiant comme l'air
❄❄❄❄ Leyn ❄❄❄❄
Lie s'était immobilisée un instant, avait reculé de quelques pas puis s'était évanouie. Mon cœur se mit à battre plus fort, tandis que mon regard effaré divergeait entre mon amie et le mystérieux personnage.
- Alexandre, se présenta ironiquement mon interlocuteur.
Sa voix était entrechoquée de rires terrifiants, et il tendit une main assurée vers moi, faisant mine de me saluer. Mais j'étais figé sur place. Je me mis à trembler, et ma gorge se serra. La main qu'il avait tendue vers moi était à présent rougeoyante. Des flammes naissaient du creux de sa main, s'accordant parfaitement avec le sourire cruel qu'il affichait. Sans réfléchir, je me mis à courir le plus vite possible en direction de l'extérieur, essayant de le semer. Je courais, tête baissée, évitant de me retourner. Arrivé à un certain niveau, j'osai un regard apeuré par dessus mon épaule. Il ne m'avait pas suivi. Et cela ne faisait qu'augmenter ma crainte et la peur qui m'étranglait. Alors que je reprenais doucement mon souffle, je sentis une immense chaleur dans mon dos. Je me retournai vivement, ne pouvant supporter aucun suspens de plus, et découvris le dénommé Alexandre, celui dont Erra avait prononcé le nom plus d'une fois, appuyée contre un arbre en feu. Il rit en lassant tomber sa tête en arrière, et effleura un second arbre qui se trouvait sur sa droite, lui donnant à son tour une couleur rouge vif, et rendant de cendre le bois qui le composait. Peu à peu la forêt qui se trouvait derrière la maison de Lie se mit à s'uniformiser, brulant affreusement de toutes part. Un cri de terreur m'échappa. J'étais encerclé par les flammes, comme Erra, samedi dernier.
Alors c'était vrai. Des gardiens protecteurs d'éléments existaient vraiment. J'avais du mal à le croire, mais les flammes qui me prenaient à la gorge m'y obligeaient. Mais n'étaient-ils pas censés prendre en charge l'environnement ? Pourquoi s'en prenaient-ils subitement à moi ?
Quelque chose me fit trébucher et je m'écroulai au sol, ma tête cognant contre la terre. Comme dans la vision. Autour de moi la forêt n'était plus que cendres, le ciel clair était caché par un épais brouillard de fumée noire. Je toussai, étouffé par la chaleur des flammes. Mes yeux me piquaient, et je devais lutter pour les garder ouverts. Alexandre se posta devant moi, appuyé sur un arbre en feu qui ne tiendrait plus très longtemps debout. Il finit par retirer sa main et l'arbre s'écroula juste à côté de ma tête que je tournai impulsivement avec un regard horrifié.
- Arrête !
La voix qui venait de crier cela était légèrement masquée par le bruit des flammes et le gémissement des arbres, mais je crus reconnaître la voix d'une jeune fille. Lie ? Ou bien...
- Erra !
Je la vis courir dans ma direction, plongeant dans les flammes sans crainte ni danger. Ses deux mains étaient tendues de chaque côtés, brandissant des boucliers de glace qui la protégeaient de la chaleur du feu. Le cri que j'avais lancé était tinté d'espoir, et je ne pensais plus à ce moment là aux différents que nous avions. Je ne me posais pas la question de savoir si elle aussi était une gardienne, bien que cela semblât évident. La seule chose qui comptait pour moi à cet instant, c'était de sortir de là, de retrouver ma mère, Lie, Tommy. Erra, aussi. Qu'elle me sauve comme je l'avais moi-même sauvé. Qu'elle puisse me sortir des flammes qui me caressaient dangereusement le visage. Je me rendais compte que rien n'avait vraiment d'importance, excepté la vie, que j'avais peur de perdre.
❄❄❄❄ Erra ❄❄❄❄
La complexité du pouvoir que détenait Leyn était une des raisons pour lesquelles nous ne devions pas sous-estimer le danger qu'il courait à cause d'Alexandre. Iris sentait que son fils était en péril. Il ne fallait pas balayer cette hypothèse, et agir au plus vite. Certes il avait survécu à mon attaque car il était porteur d'un pouvoir de l'air, qu'il ne pouvait pas utiliser mais qui était bien là. Mais personne ne savait s'il était seulement protégé d'un pouvoir débutant, ou s'il pouvait même résister au pouvoir le plus puissant, d'un gardien beaucoup trop expérimenté pour craindre un gardien suprême. Alors nous avions filé en direction de la maison de Lie. Iris ne se trouvait pas chez elle quand je l'avais appelée, je devais tenir bon face à Alexandre toute seule, en attendant la gardienne de l'air. Notre force contre les flammes de la vengeance : l'eau et l'air était deux éléments qui pouvaient contrer l'attaque du feu, et l'éteindre. Moi je n'étais pas assez forte pour y arriver toute seule, mon objectif était donc de retarder le meurtre que voulait commettre Alexandre, jusqu'à ce qu'Iris arrive.
Mes pensées se bousculaient à toute allure dans ma tête, se battant pour avoir le temps de parvenir jusqu'à mon cerveau, tandis que je courrais à toute allure dans la forêt enflammée, esquivant adroitement les flammes qui jaillissaient du sol, et me protégeant grâce à mon pouvoir de celles qui m'attaquaient de tous les côtés. J'entendis la voix désespérée de Leyn qui répondait au cri de rage que j'avais lancé en direction d'Alexandre. Le retenir, toujours plus longtemps. Mais je n'étais pas de taille, je le sentais.
Je lançai une attaque d'eau vers Leyn, de façon à le mettre hors danger. Maintenant que j'étais humaine, j'arrivais sans encombre à téléporter l'eau de la rivière proche d'ici pour arriver à mes fins. Alexandre se tourna vers moi, les yeux pétillant de colère - pour changer. Il tapa du pied et un cercle de flammes m'entoura, comme la première fois. Mais cette fois-ci je me défendis toute seule, éteignant les flammes autour de moi, mais qui reprirent de plus belle. Prise au piège. Et je ne pouvais plus rien faire, car Alexandre avait réussi à donner une autonomie aux flammes qu'il créait. Ainsi il pouvait s'occuper de Leyn tout en me retenant prisonnière. La sirène des pompiers se fit entendre. Sûrement Lie les avait-elle appelés.
- Stooop !!!
Un cri déchira les flammes comme un éclair aurait déchiré le ciel. Iris couru vers nous, la voix striée par la rage. Elle tendit la main et une douce brise caressa mon visage. Douce brise vite transformée en immense tempête qui balayait tout sur son passage. Le vent était d'une telle force qu'il éteignit en un seul coup toutes les flammes les plus rebelles, avec autant de facilité qu'un enfant soufflant ses bougies. Je fut projetée contre un arbre et Leyn s'accrocha à un autre. Mais Alexandre n'eut pas le temps de réagir. Iris ordonna à l'air de le soulever et le projeta contre le camion de pompiers qui venait simplement de s'arrêter. Elle nous souleva tous deux et s'enfuit avec nous, s'enfonçant dans la forêt de cendres. L'air, aussi insignifiant paraissait-il, était un pouvoir aux milles merveilles. Le cœur de cet élément était plus puissant que l'apparence discrète qu'il pouvait donner...
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