Chapitre 40 ❄ Il a fugué
❄❄❄❄ Iris ❄❄❄❄
Un jour est passé. Paul a quitté l'appartement sans rien dire, repris ses affaires. Je me sentais plus libre que jamais. Comme quand j'avais rencontré le père de Leyn. Je sentais à nouveau que c'était moi et moi seule qui contrôlais ma vie. À présent je n'avais plus peur d'aller voir mon fils. Je sentais qu'il allait m'être reconnaissant de ce que j'avais fait. Et qu'il allait être heureux pour moi. Je ne craignais pas qu'il m'accable avec ce que je venais de rajouter à mon cas. Il n'était pas comme ça, et avait toujours voulu mon bonheur, et que je sois plus présente dans la vraie vie que dans mes pensées.
Prenant mon courage à deux mains, j'allai alors chercher le double des clés de la chambre de Leyn, me parant de cookies maison. Il devait mourir de faim, et bien qu'il ait quelques biscuits dans sa chambre, peut-être n'avait-il pas pensé à manger.
Mais la clé n'était pas à sa place. Je ne savais pas qui l'avait déplacée. Heureusement, ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Il y avait de cela quelques années, je l'avais également perdue, et, oubliant de le signaler à Leyn, j'en avais refait un double. Puis nous avions retrouvé le premier, l'ayant en trois exemplaires.
Je rentrai donc dans la chambre presque vide maintenant que Paul était parti, puis saisis la clé. Je me redirigeai dans la direction de la chambre de Leyn et déverrouillai la porte doucement.
- Leyn ? osai-je en tremblant avant de pousser la porte sans avoir reçu de réponse.
Mon regard balaya la pièce à la recherche d'un signe de vie de sa part. Mais il n'y avait nulle trace de Leyn. Mon cœur s'emballa, et je me ruai vers la fenêtre, craignant le pire. J'aperçus alors un drap pendu au balcon. Leyn avait fugué. Mais où ? Ce fut la première question qui me vint à l'esprit. Et puis j'eus une idée : les deux femmes qui avaient apporté mon fils évanoui. Elles étaient toutes deux nos voisines. Je décidai d'aller voir la plus jeune. Elle savait sûrement quelque chose, étant, d'après Leyn, dans sa classe. Et puis l'autre - la plus âgée - n'avait jamais été très bavarde, mais plutôt à l'écart.
Mon choix fait, et mon cœur toujours battant, je quittai l'appartement en tremblant. Juste quand tout s'arrangeait, il fallait que cela se complique...
❄❄❄❄ Erra ❄❄❄❄
Les larmes coulaient à flots de mes yeux, cette fois ne se transformant pas en glace, et humidifiant mes joues rosies par la chaleur de la pièce. Je ne savais pas combien de jours j'avais passé allongée sur ce lit, à pleurer. Je ne savais pas non plus si Leyn allait bien. Je pleurais simplement, regrettant amèrement de ne pas avoir compris plutôt que je l'aimais, et que lui aussi. Je me sentais si honteuse d'avoir essayé de le tuer. Comment avais-je pu faire cela ? Comment avais-je pu être si cruelle et sans cœur ? Je connaissais la réponse : un gardien ne peut rien ressentir. Mais cela ne m'excusait en rien.
Je savais que Leyn allait se rétablir. Dans le cas contraire je ne le supporterais pas. Mais en attendant je craignais de le revoir. Il n'allait pas comprendre, il ne le pouvait pas, puisque moi-même n'y arrivais guère. Mais je ne devais plus lui mentir. Je n'étais que mensonge, et cela allait se terminer, grâce à lui. Oui, il fallait que je lui dise la vérité, mais quand ? À la fête, peut-être ? Je l'avais complétement oubliée, mais elle n'était pas ma première préoccupation, quoique... Mais non, je ne pouvais pas, je n'avais pas le courage d'y aller, de faire comme si de rien n'était, pour finalement tout lui dire, que dans le meilleur des cas il me prenne pour une folle, et dans le pire pense que je n'étais qu'une menteuse et criminelle, sans raison valable pour avoir essayé de le tuer. Et il n'aurait pas tord. Si seulement il savait combien je m'en voulais, combien je l'aimais...
La sonnette retentit, ce qui fit me lever en sursaut, et me sortir de ma demi-dépression. Je retint mon souffle tandis que mes jambes me portaient lentement vers la porte. À mi-chemin, je m'immobilisai. Qui pouvait bien sonner à ma porte ? Madame Taylor était en visite au conseil des immortels pour discuter de mon cas, et si c'était Leyn... Mes jambes s'affaissèrent à cette pensée, et je m'écroulai sur le sol en pleurant silencieusement. L'individu insista. Si j'avais seulement pu disparaître à ce moment. Je me remis debout et avançai jusqu'à la porte fermée à clés, que je déverrouillai. Ma main abaissa la poignée puis s'arrêta, n'osant pas ouvrir. Aucun signe de vie de la part de l'individu. Il avait dû partir. Soulagée, je lâchai la poignée et appuyai une main sur le mur. Mais j'avais mal refermé. La porte grinça et s'ouvrit au ralenti. Une main se glissa dans l'entrebâillement de celle-ci, et la force de la peur me plaqua contre le mur, avec la même vitesse que les battements de mon cœur. La main poussa la porte, et je découvris, mi-soulagée mi-effrayée, le visage de la mère de Leyn. Pour ne pas paraître ridicule je repoussai la peur qui me tenait paralysée. La femme me sourit, et mes lèvres prirent l'initiative de le faire aussi. Mon corps tout entier ne répondait plus à mes ordres, et paraissait agir par lui-même. Tant mieux, sinon je me serais sûrement écroulée au sol à ne plus pouvoir bouger. Mais l'inconvénient était que je ne prévoyais plus la suite. J'étais perdue au milieu d'une avalanche de rien et d'imprévus.
- Bonjour, je suis Iris, ta voisine. Et toi, tu es ?
- Erra.
Ma réponse sèche était en fait la cause d'une chose : la femme qui se dressait en face de moi était une gardienne. Nous l'avions su, Elisa et moi, dès que la dénommé Iris avait aperçu son fils censé être invisible pour les humains. Et si elle venait me voir, c'était sûrement pour me dire que...
- Leyn a disparu, annonça-t-elle, la voix entrechoquée d'émotions. Je voulais savoir... Si tu savais quelque chose.
Je secouai la tête, les yeux remplis d'étonnement et d'angoisse. Iris baissa la tête, désespérée, et sans dire au revoir partit en claquant la porte, me laissant plantée là, incrédule.
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