❄❄❄❄ Erra ❄❄❄❄

Samedi. Deux jours avant mon départ. Que devais-je faire? Tuer Leyn pour ne pas prendre de risque, ou bien attendre la réponse de madame Taylor, en risquant d'échouer dans ma mission, mais en ayant également la possibilité d'aller à la fête avec Leyn et de disposer d'une semaine de plus?

Pour l'instant je préférais attendre. Si demain Elisa ne m'avait toujours pas donné de réponse, je tuerais Leyn. Dimanche soir, disons.

Je sortis de mon appartement discrètement, faisant attention de ne pas me faire remarquer par Mme Taylor ou Leyn. Je voulais aller voir où se cachait le gardien du feu, et surtout si il se trouvait à proximité de sa cible: Tommy. Mme Taylor n'avait aucunement l'intention de protéger cet humain. Elle avait peur, j'en étais sûre. Elle m'avait dit qu'elle essaierait alors de convaincre le conseil des immortels de punir le gardien du feu, et de le stopper. Mais cette démarche prenait plus de deux semaines quand elle était acceptée. Si je ne stoppais pas Alexandre avant de partir, Tommy risquait de mourir. Et je ne le voulais pas. Il n'avait pas été désigné comme cible pour un gardien, et qu'il meure ne servirait en rien aux gardiens et à la planète. Je refusais donc qu'il meure innocemment, ou peut-être pas tout à fait innocemment, mais peu m'importait. Tout de même, je devais le protéger.

Mais en sortant j'eus le malheur de tomber sur Leyn. Celui ci me demanda de l'aide. Il avait besoin de me parler. Ne pouvant refuser sa demande, et ayant besoin de lui pour trouver la maison de Tommy, j'acceptai gracieusement.

- Hum, Leyn, je dois me rendre chez Tommy, c'est en rapport avec ce qui s'est passé l'autre fois, quand il a trébuché... Pourrais-tu m'accompagner, je ne sais pas où il habite? Tu pourras me dire ce que tu voulais me confier en chemin, comme ça.

Leyn m'adressa un immense sourire et acquiesça. Nous nous mimes alors en chemin.

- Alors, que voulais-tu me dire? lui demandais-je une fois sortis tous deux de l'immeuble.

- Erra, tu m'as ouvert les yeux. À présent je sais ce qui me passionne réellement: les oiseaux. Et je veux en faire mon métier. Seulement mon père a toujours voulu que je sois médecin, et ma mère approuvait. Mais quand je leur ai annoncé mon rêve, ma mère s'est levée, et pour la première fois elle a donné son avis, son vrai avis, et s'est disputée avec mon père, qui lui ne prenait même pas la peine de m'écouter et qualifiait mon rêve de bête et irréel. Je suis tellement content pour ma mère. Elle s'est enfin rebellée, elle est plus... vivante.

Je regardai Leyn, et j'eus un pincement au cœur à la pensée de sa triste fin à venir.

- Et je te dis tout ça parce que... J'ai honte de le dire enfin... J'avais honte de le penser alors le dire... Parce que...

Je lui adressai un sourire encourageant et lui donnai une tape amicale sur le dos pour le pousser à dire ce qu'il avait si honte d'avouer.

- Parce que je commence à me demander... Si mon père est bien mon père.

Il ne leva pas la tête vers moi et continua.

- Il ne m'écoute jamais, me contredit toujours, ne me dit pas "chéri" comme ma mère m'appelle toujours... Et surtout, ma mère ne l'aime pas, ça crève les yeux. Elle est toujours nostalgique et regrette le temps passé. Mais ce n'est pas de la nostalgie pure. Elle regrette mon VRAI père, j'en suis certain.

Leyn soupira.

- Voilà, j'avais besoin de dire tout cela à quelqu'un. Merci, Erra, de m'avoir écouté. Voici la maison de Tommy, nous sommes arrivés.

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Il était là, je pouvais le sentir. Il dégageait une puissance magique phénoménale. Il allait surgir d'un moment à l'autre, j'en étais certaine. Qu'allais-je faire alors? Leyn était ici, à mes côtés, et il ne devait se douter de rien. Il ne devait pas non plus apercevoir le mystérieux agresseur de son ami. Il fallait que je trouve un prétexte pour qu'il s'en aille. Et j'en avais un qui pourrait même m'aider. Car je ne pourrais pas combattre un gardien du feu sans aide. Madame Taylor était la seule à pouvoir m'aider.

- Leyn, j'ai encore besoin de toi, lui dis-je. Pourrais-tu aller chercher Madame Taylor et la ramener ici? C'est très important. Ton ami est peut-être en danger et notre voisine est la seule qui puisse le sauver. Ne préviens pas la police, je t'en prie, ça risque d'être bien pire. Tu peux faire ça?

Leyn acquiesça en se donnant un air courageux et sûr de lui, puis il partit en courant dans la direction de notre immeuble. J'avais eu l'impression que de me dire tout cela sur sa famille lui avait fait du bien. Je n'avais rien dit, juste souris pour le rassurer et posé ma main sur son épaule. Je n'avais pas voulu parler, par peur de le gêner, de le vexer. Ne pas porter de jugement ni d'avis sur ce qu'il m'avait confié était pour sûr ce qu'il attendait de moi. J'étais peut-être aussi son amie, après tout... Cette pensée me fit sourire. Cela me plaisait, de me sentir comme une personne normale, avec des amis qui t'apprécient et te font confiance... De me sentir comme une humaine dans un monde d'humains et d'animaux.

- Encore toi? Je savais que tu ne me lâcherais pas.

Je me retournai en essayant de ne pas montrer mes tremblements. Il était là, juste derrière moi, un sourire narquois imprimé sur ses lèvres. Il était grand, et je dus lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Je me sentais misérable à ses côtés. Si faible, et incapable de dire quoi que ce soit pour le faire fuir, ou même le défier. Mais je n'eus pas besoin de me donner cette peine.

- Mais je ne m'inquiète pas trop. Tu dois sûrement être en mission, et tu partiras bientôt. J'agirai quand tu ne seras plus dans mes pattes. Mais en attendant tu me ralentis, et je n'aime pas ça. Voilà le deal: je te donne le défie de me battre avec tes misérables pouvoirs de l'eau. Si tu gagnes, je laisse tranquille l'humain disons... jusqu'à nouvel ordre. Si tu perds, c'est toi qui disparais de ma vue. Marché conclu?

Le marché n'était pas très équitable, et j'hésitai à accepter. Mais le gardien finit de me convaincre.

- Si tu refuses, petite, je te balaierai et tuerai quand même l'humain aujourd'hui, même si tu seras un poids pour moi. Ce marché est un énorme avantage pour toi. Même si moi, je ne risque pas grand chose... Tu vois, chacun y trouve à peu près son compte...

Et il rit diaboliquement et me bouscula, me faisant perdre l'équilibre.

- Alors, qu'en dis-tu?