Chapitre 18 ❄ Flamme incertaine
❄❄❄❄ Leyn ❄❄❄❄
Aujourd'hui commençait la journée la plus longue de la semaine. Le Lundi. Le seul jour de la semaine où nous finissions après 18h. Un jour comme les autres, encore un. Mais à présent il y avait Erra. Et tout était différent avec elle, je ne voyais pas la vie d'un même œil. "Vis comme si chaque jour était le dernier" m'avait-elle dit la veille. Et elle avait appuyé sa tête contre mon épaule, de la façon le plus naturelle qui soit, sans réfléchir, comme si faire cela n'avait aucune conséquence, n'impliquait rien... Et je n'avais pas osé contredire cette conviction muette. Alors je m'étais contenté de sourire, et de profiter du coucher de soleil grandiose auquel j'assistais tous les dimanches, quand je le pouvais.
Comme à mon habitude, je me rendis en bus au lycée. Je ne cherchai pas à trouver Erra, et déverrouillai mon téléphone portable, essayant de me donner une contenance. C'est alors que je le vis. Il était assit dans l'allée d'en face, deux rangs devant moi, il ne me voyait donc pas. Mais ce qui m'alerta chez lui, c'était ses yeux. Le reflet de ses yeux dans la vitre. Ils étaient rouges vifs. Et ce garçon avait un sourire sarcastique à glacer le sang. Je ne pus détourner le regard, et, quand il tourna la tête vers moi sans me voir, je plongeai mes yeux dans les siens, exactement comme je l'avais fait pour Erra. Je restai ainsi une trentaine de secondes, jusqu'à ce qu'il détourne à nouveau la tête. Je fermai mes yeux. J'avais le pressentiment étrange que j'allais avoir le même flash que pour Erra. Comme elle, les yeux de l'individu étaient perçants, envoutants. Mais je ne vis rien. Quoiqu'en y réfléchissant bien, ce n'était qu'en dormant que j'avais ce genre de flashs. Alors je programmai une alarme cinq minutes plus tard, et essayai de m'assoupir.
"La chaleur autour de moi est intense. Je suis allongé sur quelque chose de dur. Mes yeux s'ouvrent lentement. Je découvre avec horreur des flammes danser autour de moi, se rapprocher, former un cercle qui m'enferme. Le bois sur lequel j'étais allongé n'est plus que cendres. Je crois qu'un frisson me parcourt le dos, mais ce n'est pas cela, c'est pire. Une flamme lancinante chatouille mon dos. Je hurle, mon cri se perd dans le vide. Une silhouette sort des flammes, le garçon que j'ai aperçu. Il sourit. Je lui hurle qu'il n'existe pas, qu'il est le fruit de mon imagination, que c'est moi ici qui décide. Il rit. S'approche.
- Leyn. Tu ne comprends pas, à ce que je vois. Tu es trop aveugle pour cela. Tu ne vois pas ce que tu ne désires pas voir. Tu vis dans ton monde utopique, qui survit sans grande difficulté, c'est ce que tu penses. Tu ne vois pas la vérité. Tu penses que tout est fait pour toi, que tout est parfait dans un monde parfait.
Il ricane encore avant de continuer.
- Mais nous, travaillons sans relâche pour que toi et tes petits compagnons égoïstes soyez bien dans votre petite vie. Nous sommes destinés à cela, pour la simple et bonne raison que si nous n'étions pas là, vous ne le seriez plus non plus depuis longtemps. Et votre chère planète non plus. Mais merci à toi, tu vas enfin servir à quelque chose. C'est gentil de te sacrifier pour nous. Nous méritons au moins ça, je pense.
Nous ? De qui parlait-il ?
- Me sacrifier ? Tu comptes me tuer, c'est ça ? Mais je sais qui tu es! mens-je pour me donner de la contenance.
Nouveau ricanement de sa part.
- Premièrement, je ne comptes pas te tuer. J'ai une autres cible, figure toi. Non, tu es la cible de quelqu'un d'autre. Et deuxièmement...
Il bascula la tête en arrière en riant à gorge déployée.
- Oh non, je ne penses pas que tu saches qui je suis. Tu veux que je te le dise, je parie ? Tu ne comprendrais pas. Je suis désolé. Je n'est pas la possibilité de te tuer en vrai, alors apprécie cette mort imaginaire que je t'offre.
Il tendit la main en prononçant ces mots, et les flammes grandirent, me recouvrant bientôt tout entier."
Mon alarme sonna enfin, et j'ouvris les yeux, le cœur battant. L'inconnu en face de moi avait disparu, le siège était vide. Mais alors... Je me levai d'un bond, me dirigeant vers la sortie du bus après avoir empoigné mon sac. Le bus était déjà vide, et je dus courir pour ne pas arriver en retard au lycée. Ce que je venais de voir dans mon rêve me troublait. J'aurais aimé en parler à Erra, mais lui dire que je rêvais d'elle me gênait un peu. Rêvait-elle de moi, elle ? Autrement qu'à cause d'une soit disant malédiction, je voulais dire.
Les mots de l'adolescent aux yeux rouges résonnaient dans mon esprit. "C'est gentil de te sacrifier pour nous." "Tu es la cible de quelqu'un d'autre." Tous ces mots concernant ma mort potentielle me glaçaient le sang. Mais il y avait quelque chose d'encore plus terrifiant, de plus réaliste que d'être tué par quelqu'un à demi imaginaire. Car cette même personne avait dit "je ne penses pas que tu saches qui je suis", et Erra avait dit exactement la même chose, dans mon songe, je voulais dire. Elle avait dit qu'elle n'était pas qui je pensais qu'elle était. On aurait dit qu'un complot se construisait pas à pas contre moi, petit à petit. Et cela me terrifiait bel et bien.
Je rentrai dans la salle de jeux, où Erra se trouvait. Elle sourit en me voyant. Elle portait un T-shirt, comme à son habitude. Mais celui là la rendait encore plus belle qu'elle ne l'était déjà. J'avais l'impression qu'elle était une grande amie, alors que je ne la connaissait que depuis très peu de temps. Elle se décala légèrement en me voyant arriver, me permettant de m'assoir à mon tour sur la divan.
Faisait-elle partit du complot, elle aussi ?
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