File ⁰¹ : V̆͢a̒͠d̵́e͋͜ R̵̊e̴ͩt̨ͥr̡ͯǫ͗ Ŝ̸ǎ͢tͥ͢a̔͘n̅͝aͧ́
Brillant(s) détective(s) : Sakaido, Anaido & Kazuo Wakashika
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L'homme aux cheveux roses se réveilla en sursaut, dans une salle plongée dans la pénombre. D'abord, il se calma, cherchant à apaiser son cœur. Et aussi, tenta de bouger un de ses membres.
Mais une fois habitué à l'obscurité, il comprit qu'il était attaché au mur la tête en bas. Pire : il y était crucifié à l'envers.
Ses yeux balayèrent la pièce : c'était une petite salle, avec comme seule source de lumière la fenêtre sale, laissant rentrer quelques rayons de lune. Des croix inversées étaient accrochées à chaque mur. Et sur le sol, le corps d'une jeune fille gisait dans son propre sang.
Ses yeux s'écarquillèrent en voyant son état : son ventre était ouvert, et tous ses intestins étaient déroulés à l'extérieur, soigneusement étalés autour de son corps. Ses yeux et sa bouche grands ouverts témoignaient que sa mort avait dû être terrible. L'homme réprima un haut le cœur, dont même son alter ego sentit.
« Kaeru-chan... » murmura le rose en laissant y échapper une pointe de tristesse.
Et alors, il se souvint : en se souvenant du nom de Kaeru, il se souvint que son propre nom était Sakaido, et pour autant qu'il ne le sache, il n'avait pas de prénom. De plus, il était brillant détective, et son objectif principal était d'élucider la mort de Kaeru.
Mais avant qu'il ne continue de réfléchir davantage, une douleur au bout de ses pieds et de ses mains lui firent comprendre qu'il n'arriverait pas à se sortir de cette position aussi facilement.
Il força tout de même sur sa main gauche pour retirer le clou enfoncé dans la paume, ignorant le sang qui lui montait à la tête depuis déjà un bon moment, sans doute. Sans succès, bien évidemment.
Il grogna, et commença à appeler à l'aide, dans l'espoir que quelqu'un l'entende. Mais sa voix résonna sans réponse.
Il retenta une nouvelle fois de décoller sa main. Mais à l'instant même où il tira dessus en se mordant la langue, une machette sortie de nulle part coupa nette la jonction entre sa main gauche et le reste du bras.
Son cri fut tel que même son alter ego trembla dans son cockpit. Sakaido tourna lentement ses yeux verts bois vers ce bras gauche, qui pendait désormais seul, déversant du sang sur le parquet.
Il se sentait partir à l'agonie, mais fit tout ce qui était en son pouvoir pour garder la tête froide, et tenta tout de même de libérer son bras droit, souffrant le martyre.
Mais à peine il sentit le clou se retirer petit à petit du mur qu'un couteau de cuisine vint se planter non loin de sa jambe gauche. Son sang ne fit qu'un tour, et il força sur sa main encore valide pour la retirer le plus rapidement possible. Surtout qu'avec un seul bras désormais, il lui était encore plus compliqué de l'enlever.
Il mit bien une trentaine de secondes avant d'entendre un bruit étrange, puis un couteau se planter dans sa cuisse droite.
Après un autre cri sanglant, il fit tout pour s'y échapper.
Certes, son objectif n'était ni de mourir, ni de survivre, mais s'il mourait sans avoir trouver la cause de la mort de Kaeru, ce serait bien une perte inutile. Surtout que cette situation n'avait rien de normal.
Un poignard vint et se planta pile au-dessus de son aisselle droite.
Comment allait-il s'en sortir, franchement ? Il ne parvenait pas à se détacher, et des couteaux venus de nulle part lui transperçaient le corps peu à peu.
Le temps qu'il réfléchisse à une autre façon de se détacher, il vit une paire de ciseaux bien tranchants surgir d'une porte grande ouverte et foncer droit vers lui, avant de se planter dans ses orbites en un bruit sanglant.
Sakaido et son alter ego hurlèrent à la mort. Ils ne supportaient plus autant de souffrance. Et privé de sa vue, le détective ne pouvait même pas examiner la pièce.
D'ailleurs, c'est ce qu'il aurait dû faire depuis le début...
Le temps qu'il ressasse encore ça, une lame écorcha son flanc gauche.
Il ne savait même plus combien de couteaux l'avaient transpercé. Et il ne pouvait plus anticiper, désormais, ne comptant que sur ces quatre autres sens encore fonctionnels.
Étonnamment, il perçut le bruit d'un objet fuser dans sa direction. Mais où et quoi, il ne le savait. Jusqu'à ce qu'il comprenne à la dernière minute que ce quelque chose, qui n'était pas un couteau, venait de lui perforer le poumon gauche.
***
Akihito Narihisago se réveilla en un cri épouvanté, tremblant de tous ses membres, et complètement recouvert de sueur. Il posa sa tête dans ses mains, tentant de calmer ses tremblements incontrôlés. Son cœur battait à tout rompre, et des sueurs froides permanentes le prenaient.
Une voix masculine résonna depuis des hauts-parleurs fixés au plafond grisâtre, et déclara froidement :
« Narihisago-san, ça va ?
— Ouais... Je crois... Répondit celui-ci en essayant de reprendre son calme.
— Bien. Replongez-le...
— Attendez, chef ! Coupa une voix féminine. C'est la sixième fois qu'il plonge avec seulement cinq minutes de pause. Ses performances n'évoluent pas du tout. Je sais que vous êtes beaucoup investi dedans, mais...
— Si on ne se presse pas, le coupable continuera à faire des victimes ! Je ne sais pas combien sont déjà morts depuis le premier plongeon, mais on ne peut pas se permettre de laisser davantage de gens mourir à cause de lui, mais surtout à cause de notre retard !
— Chef, Tōgo-san a raison, vous devriez vous ménager un peu... Tenta un autre.
— Vous ne comprenez pas ! Cela fait déjà une semaine que nous sommes dessus, sans rien trouver !
— Arrêtez de gueuler, vous me cassez les oreilles, putain ! » Grogna l'homme encore assis dans son cockpit.
Ce dernier n'arrivait d'ailleurs pas à se calmer. Ça avait beau être son alter ego de l'inconscient qui était envoyé dans ce monde, il avait beau avoir déjà vu le corps inerte de Kaeru maintes et maintes fois, assassinée de diverses façons possibles et inimaginables, même Sakaido n'a pu ne pas sourciller face au corps de cette Kaeru de ce puits-là. Celui qui avait osé lui faire ça ne pouvait même pas être considéré comme un être humain. Même un meurtrier lambda était plus humain que celui qui s'était permis ce... cette chose immonde qu'il avait fait au corps de la jeune fille.
Et bien sûr, cette image était restée bien ancrée dans la conscience du rose, d'autant plus que Sakaido venait de revivre cette situation six fois avant de mourir de la même manière six fois. Jamais il n'avait refusé de plonger dans un puits, simplement par fierté, mais là, il sentait qu'il n'était plus question pour lui d'y aller à nouveau.
« Narihisago-san, tu te sens prêt à replonger ? » Fit soudain la voix du premier homme qui avait parlé, un peu plus calme, visiblement.
Devait-il dire la vérité ? Peut-être... ou pas, et c'est son ego qui l'en empêchait. Mais au fond, il ne voulait plus y retourner.
« Chef, laissez-moi les commandes, s'il vous plaît, fit la voix de la dénommée Tōgo.
— Pas question. J'ai accepté ce dossier, donc c'est à moi de m'en charger...
— Vous devez vous reposer, Chef Momoki. Et puis, je pense avoir une idée, alors faites-moi confiance.
Un blanc passa pendant quelques secondes, avant que Momoki ne finisse par céder :
— Très bien. Je prends ta place. Mais il y a intérêt à ce que ton idée fonctionne.
— Non, Momoki-kun, allez prendre l'air, ça vous rafraîchira la tête.
— Tōgo, c'est non. Je reste là pour surveiller que tout va bien.
— Dans ce cas-là, n'interférez pas dans nos agissements, je vous prie.
— ... Je vais essayer de m'en abstenir... Je reviens.
— Momoki-kun, où allez-vous ?... bon il est parti. Tout le monde reste à son poste ! Narihisago-san, comment te sens-tu ?
— Comment veux-tu que je me sente bien après ces choses horribles que j'ai subi ? Marmonna ce dernier sur un ton à en glacer le sang.
— Je vois... Si tu ne veux plus plonger, dis-le moi, j'appellerai Koharu-chan pour...
— Non, je vais replonger.
— Tu es sûr ? Ton état psychologique se dégrade après chaque plongeon. Je...
— C'est bon. Je suis le plus compétent, d'après Momoki-san, donc je ne vais pas vous laisser en plan comme ça. Surtout que je veux découvrir celui qui a fait ça à Kaeru-chan. Laissez-moi juste dix ou quinze minutes de pause...
— Comme tu veux. Mais je ne te laisserai pas y aller seul.
— Ah ? Avec plaisir, alors. Je refuse d'y retourner seul.
— Ramenez Fukuda-kun dans le mizuhanome. »
Une expression de surprise sur le visage, Akihito se mit marmonner dans sa barbe.
Il y avait deux choix qui s'offraient à l'équipe d'analystes, alors pourquoi avoir choisi le plus incompétent ? Ce n'était rien d'autre qu'un homme détraqué, fou des trous dans la tête, et qui blablatait pour rien. Il n'y avait rien de plus ennuyeux. En plus, Tōgo avait dit qu'elle appellerait Koharu Hondomachi juste avant, alors pourquoi changer d'avis ?
La porte en verre s'ouvrit, et à sa grande surprise, ce fut un homme aux cheveux bleu-noir sombre et au visage sévère, portant un costume noir, qui apparut dans la pièce. Il portait un thermos en papier kraft, dont l'ouverture laissait échapper une fine fumée de vapeur.
« Que me vaut ta visite, Momoki-san ? Fit le rose en posant son menton sur sa main, faisant mine d'aller bien.
Momoki lui tendit alors le thermos, les sourcils froncés.
— Pour me faire pardonner, fit-il simplement. Et aussi un petit remontant pour ton prochain plongeon. »
Narihisago dévisagea la boisson qui lui était offerte, avant de l'accepter finalement, le remerciant. Momoki s'assit sur le siège du cockpit adjacent, l'observant boire doucement son breuvage.
D'ailleurs, lorsque le liquide glissa sur la langue du rose, un léger sourire apparut sur son visage.
« Que t'arrive-t-il cette fois, Narihisago-san ? Demanda le noiraud, légèrement amusé.
— Tu te souviens toujours du thé au lait que je prends, hein...
— C'est une bonne chose, non ?
— Ouais... peut-être bien... C'est juste... Ayako en faisait quand je me réveillais la nuit...
— Considère ça comme un fortifiant après un cauchemar, alors.
— Merci... je suppose... »
Et leur conversation n'alla pas plus loin, profitant tous deux du silence qui s'offrait à eux, cherchant surtout à évacuer le stress accumulé depuis un moment.
Dix minutes plus tard, la porte coulissante s'ouvrit à nouveau. Un homme aux cheveux bleus en bataille d'une face, et dévoilant un crâne pourri et orné d'un trou de l'autre, fit son apparition. II portait une vieille chemise blanche et un pantalon à bretelles, et des menottes l'empêchaient tout mouvement possible.
« Yo, Narihisago-kun ! Fit-il avec un grand sourire. Tu me sembles en pire forme qu'avant !
— Va te faire foutre, lâcha le rose dans le plus grand des calmes, finissant sa boisson.
— Oh ! Quelle adorable attention de ta part, mon frère ! Dommage que je préfère percer des trous plutôt que le contraire...
— Ne commence pas, je t'en prie. Épargne-moi tes blagues vicieuses.
— Vraiment ? Pourtant, tu sembles apprécier mon humour~. Sauf si un jour, tu cherches quelqu'un pour te libérer d'une partie bien gênante de ta conscience, je serais là.
— Momoki-san, je suis vraiment obligé de plonger avec cet énergumène ?
— C'est Tōgo la cheffe, actuellement, soupira le noiraud. Donc je ne peux pas contester ses ordres. »
Le garde qui accompagnait le dénommé Fukuda lui ôta les menottes, puis sortit de la pièce après avoir salué son supérieur.
« Fukuda-kun, fit la voix de Tōgo depuis les hauts-parleurs. Tu vas plonger avec Narihisago-san. Mais ce puits est sans doute bien - voire beaucoup - plus coriace que les nombreux autres puits que vous avez pu visiter avant - à part celui de l'affaire John Walker, bien évidemment.
— Je vois, fit le bleu, pensif. Quel genre de puits est-ce ?
— Le puits d'un attardé satanique, répondit Akihito, sentant son dos se hérisser rien qu'en revoyant ces images.
— Et de quelle façon Sakaido-kun se retrouve dedans, mon cher ?
— Attaché la tête en bas, servant de sacrifice à un rituel, probablement.
— D'autres éléments ?
— Des armes blanches de divers genres, que ce soit de cuisine ou de chasse, répondit Momoki en croisant les bras, suite au silence de son ancien collègue.
— Et elles apparaissent comment ?
— Elles seraient lancées depuis la seule porte ouverte. Mais on ne sait pas trop la fréquence, ni l'ordre d'apparition, à part que ça commence d'abord par son bras gauche, puis que ça forme une spirale jusqu'à atteindre sa poitrine.
— Laissez-moi en observation, juste pour que je puisse être certain de ce que vous avancez. »
Narihisago, comprenant soudain la demande de Fukuda, releva la tête et s'indigna :
« Il n'est pas question que j'y retourne seul ! Surtout si c'est pour servir d'observation !
— Fukuda-kun a raison, renchérit Tōgo. Narihisago-san, ça pourrait nous aider pour sortir Sakaido-kun de ce cercle vicieux, alors...
— Je refuse ! Tu as dit que tu me feras plonger avec Fukuda, alors je le ferais ! Mais pas... seul... »
Un silence pesant prit place. Les enquêteurs devaient bien comprendre que ce n'était pas facile de plonger dans un puits, quand bien même seuls ceux ayant déjà tué une fois pouvaient en être capable. Ne pas sourciller face à la Mort était une chose, ne pas réagir face à la cause d'une Mort était une autre.
« Je comprends que tu ne veuilles pas, Narihisago-san, et tu as le droit de refuser, mais... commença la jeune femme, soudainement compréhensive.
— Tu ne comprends rien du tout ! Coupa ce dernier en frappant du poing sur l'accoudoir du cockpit. Vivre et revivre la même situation est quelque chose de flippant ! J'aurais bien accepté avec joie s'il n'y avait rien d'anormal, mais là, ce puits est tout sauf normal ! Je ne suis pas superstitieux, je ne crois carrément pas à ce genre de trucs, mais le revivre en boucle dans une position humiliante et une pièce puant le cadavre de Kaeru-chan avec tous ses organes dehors est une situation que je ne veux plus voir et revoir ! Je n'ai jamais vécu de choses aussi horribles et flippantes, à part lors de la mort d'Ayako... et de Muku... »
Il s'arrêta dans son monologue, essoufflé d'avoir autant parlé, mais surtout d'avoir ressassé encore et encore la vision de ce puits abjecte, en plus de son passé désastreux.
Plus personne n'osait piper mot après ce discours. Normal, personne ne savait ce qu'il venait de vivre et revivre six fois d'affilée. Et par-dessus tout, personne ne souhaitait réellement vivre une telle expérience.
« Ce dossier, cette enquête... Tout ça est hors d'atteinte pour nous, déclara finalement Akihito d'une voix plus calme. Laissez ça entre les mains d'un exorciste, d'un prêtre ou ce que vous voulez, mais n'essayez pas d'aller plus loin alors que vous avez bien vu que le puits nous empêche déjà d'en apprendre davantage. Ça peut être dangereux autant pour moi que... que pour vous... »
Mais en les observant à nouveau, rien que les deux hommes présents dans la pièce - outre le garde qui l'avait ramené - il vit bien que les analystes n'en feront rien. Notamment Momoki.
« Y a-t-il possibilité de revisionner ce que Sakaido-kun a vécu, chère dame ? Fit alors Fukuda, croisant les bras. Je lui manquerais trop s'il plonge sans moi.
— Garde tes commentaires pour toi, cracha ce dernier en lui lançant un regard mauvais.
— J'avais omis cette alternative, en effet, répondit la voix de Tōgo, sûrement un peu honteuse de ne pas y avoir pensé dès le début. Merci...
— Et, si possible, j'aimerais assister au visionnage.
— Je ne pense pas que–...
— Je l'accompagne, intervint Momoki, qui se leva en prenant le thermos. Mais gare à toi si tu tentes quoi que ce soit. »
Ce dernier leva les mains en l'air, signe d'approbation, avant de suivre l'enquêteur.
***
Tamotsu Fukuda, les poignets menottés, allaient de poste en poste, observant chaque image des moniteurs, surpris par l'avancée technologique. Momoki, les bras croisés, le surveillait de loin, le suivant bien du regard, tandis que les analystes étaient sur le qui-vive, craignant un mauvais coup de sa part : c'était un ancien tueur en série, après tout.
Le puits qu'ils analysaient les déstabilisait déjà bien assez, pas la peine d'en rajouter davantage.
Subitement animé par un intérêt soudain, Tamotsu se dirigea à pas rapides vers un jeune homme châtain aux allures simplettes, tel un enfant voulant rejoindre une attraction tout en dissimulant son enthousiasme. Ce dernier ne semblait pas le remarquer, plongé dans une réflexion bien intense, visiblement.
L'ancien tueur en série regarda le moniteur par-dessus son épaule : c'était une image de Sakaido au moment de sa mort, quelques secondes avant son éjection. L'image était bien sombre et glauque, notamment à cause du sang qui tachait les murs, cependant sa netteté était excellente.
« C'est une preuve bien intéressante que tu as là, jeune homme ! S'exclama-t-il, plein d'entrain.
— HYYAAAHH ! Hurla le jeunot en sursautant violemment.
Son cri alerta toute l'équipe, obligeant même Momoki à préparer son arme, au cas où.
— Quel est ton nom ? Demanda calmement le bleu avec un large sourire.
— K-Kazuo... Wakashika... Balbutia le châtain, ne s'attendant pas du tout à ce que le détentionnaire lui porte autant d'intérêt.
— Je te vois réfléchir sur cette image, à quoi penses-tu ?
— Euh... à la... façon dont il est mort... sans doute...
— Oh~. Je vais te donner une nouvelle piste, bien que je ne sois plus aussi doué qu'avant avec les chiffres... Je suppose que tu es celui qui assiste Sakaido-kun dans son enquête.
— O-oui...
— Es-tu doué en mathématiques ?
— Je... j'ai fait deux ans d'études en mathématiques... avant de m'orienter dans la police...
— Ça devrait suffire, alors. Regarde ça. »
Il se rapprocha davantage de lui, levant ses deux mains pour indiquer du doigt chacun des objets plantés dans le corps de Sakaido. Wakashika recula légèrement, à la fois intimidé et effrayé.
« Ça ne te rappelle pas quelque chose ?
— Euh... je ne vois rien, pour l'instant...
— Mais si ! Le corps de Sakaido-kun est attaché en forme de croix inversée, non ?
— Oui...
— Et une croix, peu importe le sens, ça peut se référer à quoi d'autre ?
— Mmh... deux droites perpendiculaires... ce qui peut former... un plan orthonormé ?
La pièce était plongée dans un profond silence, dont seule la conversation entre les deux hommes la comblait. D'ailleurs, toutes les personnes présentes dans la pièce les observaient étrangement.
— Exact ! Affirma Fukuda avec un sourire. Maintenant, imagine que les trucs plantés dans son corps sont des points dans un plan.
— Oui ! Si on relie chaque point... non, ça fait une courbe étrange.
— Tu en es sûr ? Il me semble que ça dépend de l'ordre dont chaque arme vienne. Tu peux remonter l'image ?
— Bien sûr ! »
Kazuo s'exécuta, sa nervosité ayant manifestement quitté son esprit. Mais voyant que le jeune homme repassait l'enregistrement à une vitesse normale, Tamotsu lui demanda d'accélérer la vitesse au maximum ; et en le faisant, le châtain remarqua enfin un détail, celui que le tueur essayait de lui apporter.
« Ah ! Mais les armes sont plantées dans un ordre précis, et ça forme une spirale !
— Oui, jeune homme. Et si tu prends en compte que ce sont des points, et que tu les relies dans l'ordre de leur apparition...
— ... ça forme... Oh ! Une spirale logarithmique !!
— Bingo ! » Félicita Fukuda en lui faisant un double finger gun.
Mais depuis quand les analystes copinaient avec les tueurs ? C'était ce que se demandaient le reste de l'équipe, observant cette scène pour le moins surprenante. Enfin, ce n'était pas comme si Koharu Hondomachi s'était déjà liée d'amitié avec cet homme - sûrement à cause de ce trou dans le crâne qu'ils avaient en commun, mais tout de même.
« Mais pourquoi lancer les objets tranchants dans un certain ordre pour faire une spirale logarithmique ? Se demanda le châtain.
— Quelle est la fréquence d'apparition de chaque objet ? Coupa le bleu, confiant dans sa démarche.
— Mmh... J'ai compté trente secondes environ entre chaque...
— Repasse la vidéo... Oh, Momoki-kun - c'est bien ça ? - il y a un problème ? » Ajouta-t-il avec un air détendu en voyant celui-ci se rapprocher de lui.
Ce dernier le saisit par le col de sa chemise, et menaça :
« Si tu t'amuses encore une fois à faire des frayeurs à mon équipe, je te colle une balle et t'envoie dans le puits à la place de Narihisago-san. Est-ce bien clair ?
En signe d'approbation, il leva ses mains en affichant un léger sourire coupable, murmurant un « Oups, désolé » inaudible.
— C-c'est bon, Chef ! Intervint Kazuo pour le sortir de là. Ce n'est rien !
— Pour toi, peut-être. Pour les autres, peut-être pas. D'ailleurs, les autres, au travail, au lieu de les observer ! Rajouta le noiraud en voyant le reste de l'équipe flâner.
— Oui, Chef ! Répondirent-ils en chœur en sursautant.
— Oh, Fukuda-san ! Interpella Wakashika. J'ai remarqué qu'il y a deux minutes de décalage entre l'arrivée de Sakaido-san dans le puits et la première chose tranchante qui apparait !
— Vraiment ? Fit l'interpellé en revenant à son poste.
— Vous pensez que c'est fait exprès ?
— Pas le moins du monde. Je pense surtout que d'autres choses se sont plantées bien avant son... Il y a une différence entre son arrivée et son réveil, n'est-ce pas ?
— Ah, euh oui. Désolé, je me suis trompé de terme.
— Comment ça ?
— En fait, quand Sakaido-san rentre dans le puits, il y a toujours un temps d'écart entre son arrivée et son réveil. On a accès aux visualisations des images provenant du puits dès son arrivée, mais tant qu'il ne se réveillera pas, on ne pourra pas vraiment accéder à d'autres lieux à part le lieu où se situe Sakaido-san. Et ce sera même difficile d'accéder à ce que fait Sakaido-san avant son réveil.
— Je voudrais voir les images de son arrivée.
— Bien sûr ! Un instant... »
Pianotant sur son écran tactile, Kazuo trifouilla plusieurs fenêtres différentes, à la recherche de celle qui l'intéressait. Durant ce petit moment, la voix de Akihito Narihisago parvint depuis un haut-parleur, fixé on ne sait où.
« C'est vraiment long. Pas que je stresse parce que l'attente est longue, mais je m'ennuie ici, à ne rien faire.
— C'est bientôt fini, ne t'en fais pas, rassura Momoki, en espérant que ses paroles s'avèreraient vraies.
— J'ai trouvé quelques éléments concernant le meurtrier, annonça Fukuda.
Surpris, l'équipe d'analystes se tourna vers lui, l'écoutant attentivement.
— Celui qui est derrière tout ça est sans nul doute atteint d'arithmomanie.
— Comment peux-tu en être aussi certain ? Intervint Habutae, un jeune homme aux cheveux noirs ébouriffés.
— Il suffisait juste de comprendre le sens de chacun des lancers d'armes. Mon cher assistant, je te laisse la parole.
— Oui ! Fit Wakashika, les yeux rivés sur son écran. L'ordre d'apparition des objets tranchants constituent la liaison entre chacun d'eux, si on les considère comme des points. Et Sakaido-san est attaché en croix, qui pourrait visualiser un plan orthonormé. Et le tout forme ce qu'on appelle en arithmétique une spirale logarithmique. Et ce n'est pas tout...
Il envoya une vidéo ralentie de ses recherches au reste de l'équipe, et poursuivit :
— Le délai d'apparition entre chaque objet tranchant est de trente secondes. Mais le délai entre le réveil de Sakaido-san et l'apparition de la machette - le premier objet tranchant - est de deux minutes pile. Sachant qu'on ne sait pas vraiment comment Sakaido-san s'est retrouvé crucifié au mur, il est possible que quelqu'un l'ait tenu droit contre le mur, et, comme pour les autres objets tranchants, les clous dans ses mains et ses pieds sont apparus aussi à trente secondes d'intervalle de chaque, dans un ordre bien particulier. »
Un long silence prit place dans la salle. Tous les regards étaient posés sur le jeune homme châtain, gêné d'avoir captivé l'attention de tous.
« Je... je ne sais pas si vous aviez bien compris mon explication... Balbutia-t-il en se grattant nerveusement la joue.
Une main se posa sur son épaule, et en se retournant, il vit Tamotsu afficher un grand sourire en lui faisant un pouce en l'air :
— Tu as assuré, mon frère !
— Donc, si je résume, ce n'est en aucun cas lié à un rituel sacrificiel satanique, c'est ça ? Synthétisa Shiratake, un homme à la queue de cheval, remontant ses lunettes sur son nez.
— Probablement, mais il n'est pas improbable que le contraire arrive, affirma Wakashika.
— Je suis même presque certain que les deux situations sont possibles ensemble, compléta le détentionnaire, faisant les cent pas.
— Comment ce serait possible ? Demanda Tōgo, sceptique.
— Ne vous souvenez-vous donc pas la raison pour laquelle j'ai voulu me suicider ? Rappela le tueur en série, indiquant son trou dans le crâne. Ce complexe des nombres me bourrait tellement le cerveau, je ne pensais même pas y survivre. Et depuis, je reconnais bien ceux atteints de problèmes psychologiques de ce genre, notamment ceux qui avaient les mêmes problèmes que moi. La personne que vous traquez est sans doute impliquée dans une secte exigeant des sacrifices, et son arithmomanie reprend toujours le dessus lors du rituel. Comme dans chaque situation de la vie courante, d'ailleurs. »
Se tournant vers celui qui gérait l'équipe en temps normal, il lui demanda alors d'une voix bien suave :
« Momoki-kun, quand vous aurez arrêté le meurtrier, je pourrais lui trouer le cerveau ? Comme ça, il trouvera enfin la paix, comme moi~
— C'est non, refusa le noiraud en croisant les bras.
— Mais je le soulagerais de sa peine...
— J'ai dit non.
— Vous dites non à moi, mais à Narihisago-kun, vous dites rien ? Alors que lui, il tue des gens depuis sa propre cellule ?
— ... Laisse-le, ça n'est pas ton affaire. »
***
Le temps semblait passer beaucoup trop lentement. Akihito fixait le plafond blanc-gris, à la recherche d'une quelconque imperfection.
Combien de temps Momoki et le détraqué des trous étaient restés là-haut ? Bien longtemps, sans doute. Il avait eu le temps de compter toutes les vis du mizuhanome, balayer la pièce à un micromètre près du regard, faire un millier de cents pas dans la salle... Enfin, tout cela était exagéré, mais il s'ennuyait ferme, et stressait aussi. Bien qu'il n'ait pas avoué ce dernier élément de vive voix.
Soupirant bruyamment, Akihito râla contre le vide, cherchant à tuer sa lassitude et son stress.
Et comme si sa demande fut exaucée, la porte coulissante s'ouvrit, laissant entrer un Tamotsu Fukuda de bonne humeur, visiblement.
« Quel bonheur de plonger avec toi, mon frère ! S'exclama-t-il gaiement.
— Parle pour toi.
— Je vous demande de cesser vos querelles, et de coopérer. Résonna la voix de Tōgo depuis les hauts-parleurs. Vous êtes prêts ?
— Affirmatif, commandant !
— Faites le taire, pitié...
— Je vous plonge à tour de rôle. Narihisago-san, prépare-toi.
— Attends, je plonge avant lui ? Non, un in–...
— À tout à l'heure, mon frère~ !
— Sakaido, injection. »
Le rose n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il se retrouva plongé dans le puits.
En attendant, Tamotsu s'étira, faisant craquer chacun de ses muscles.
« Fukuda-kun, je te plonge dans une minute, prévint la voix de la cheffe.
— OK ! »
Il s'installa alors à sa place, puis observa son congénère : ce dernier respirait assez fort, sa poitrine se soulevant un peu trop rapidement que la normale. Puis il lâcha un cri en sursautant.
« Mon pauvre Sakaido-kun... ne put s'empêcher de dire le bleu. J'aurais peut-être dû te rejoindre...
— Fukuda-kun, prêt ?
— Oui.
— Anaido, injection. »
***
L'homme se réveilla lentement. Il s'assit et regarda autour de lui.
Il était dans une pièce, une chambre pour bébé, à première vue. Elle était mal éclairée, uniquement par le faisceau de cinq bougies disposées en cercle.
Posant la main sur son front, passant quelques doigts dans sa chevelure bleu ciel, l'homme se mit à réfléchir. Il ne savait pas qui il était, ni où il avait atterri. Ce qui était sûr, c'est qu'une atmosphère pesante et étouffante régnait dans la pièce.
Il fouilla alors sa veste à la recherche d'un quelconque indice sur son identité, lorsqu'un cri agonisant le surprit. Il se retourna : la porte de la chambre était entrouverte. Il se leva alors, et sortit de la pièce, cherchant la source du cri.
« Il y a quelqu'un ? » Cria-t-il, dans l'espérance qu'il ne se trouve pas seul dans cet endroit.
Il traversa le couloir, passant à côté de plusieurs portes entrouvertes dont l'intérieur étaient à peine éclairées. Il n'y avait personne, pourtant.
Un autre cri l'alerta, et il se pressa pour le chercher. Puis il tourna la tête et vit une pièce entièrement ouverte, mais plongée dans la pénombre, contrairement au reste.
Il se rapprocha pour observer de plus près : un homme était crucifié à l'envers sur le mur, ses cheveux roses ébouriffés étaient trempés de sueur, son bras gauche pendait dans le vide, laissant le sang se répandre sur le parquet, et trois couteaux étaient plantés, l'un assez proche de sa jambe gauche, le deuxième dans sa cuisse droite, et le dernier au-dessus de son aisselle droit. Mais surtout, sa poitrine se soulevait fortement dû à sa forte respiration, et son visage était déformé par la douleur et la peur.
« Toi ! Lui hurla-t-il. Dégage ! Ou tu vas mourir !
— Hey, pas question que je te laisse crever ici... »
Il se rapprocha, mais son pied heurta quelque chose. Et en baissant la tête, il vit le corps d'une jeune fille, le ventre ouvert, et les organes à l'air. Portant la main à la bouche en signe de dégoût, les sourcils froncés, il lâcha tout de même :
« Kaeru-kun ? »
Et il se souvint de son nom : son nom était Anaido, et il était brillant détective. Et son objectif était d'élucider la mort de Kaeru–...
... Ou plutôt, son véritable nom était Tamotsu Fukuda, tueur en série en détention envoyé dans un puits à travers le mizuhanome. Et plus important : il avait un trou dans la tête en tant que Tamotsu Fukuda, mais en tant qu'Anaido, son front était aussi lisse qu'une bille, et son cerveau complet.
Il leva les yeux vers l'homme crucifié, qui se nommait Sakaido, détective également, ou plus précisément Akihito Narihisago, tueur en série lui aussi envoyé dans ce puits, deux minutes avant lui.
Mais avant qu'il ne se mette à réfléchir à davantage de choses, il sentit deux lames lui écorcher la cuisse.
Trente secondes...
Il se retourna et referma immédiatement la porte en la claquant. Et trente secondes plus tard, une lame s'enfonça dans le bois de la porte.
« Eh bien ! Je l'ai échappé belle ! Fit-il en se retournant.
Il s'approcha de l'autre homme, qui commençait à s'agiter.
— Att–... qu'est-ce que tu crois faire ?! Et puis, t'es qui, toi ?
— Du calme, partenaire. Tu veux sortir de là, non ? »
Anaido retira un à un les clous enfoncés dans la chair de Sakaido, qui faisait tout pour cesser de hurler tant la douleur était insoutenable.
Et enfin détaché, il resta assis par terre, essayant de calmer sa respiration et de laisser couler son sang correctement dans le reste de son corps. Levant les yeux vers son sauveur, la gorge trop sèche pour parler, il lui demanda du regard qui il était.
« Anaido, brillant détective aussi. Enchanté, Sakaido-kun !
— Co... comment tu sais... ça...
— Il m'a juste fallu regarder Kaeru-kun pour me souvenir de qui j'étais, et savoir que nous sommes partenaires. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je me suis réveillé dans une chambre pas loin, puis j'ai entendu ton cri. D'ailleurs, ton bras...
— Mmh. Je dois... arrêter l'hémorragie...
— Laisse-moi faire. Je doute que tu puisses faire quoique ce soit avec ta main trouée.
— ... Merci de me le faire rappeler. »
Anaido lui prit son écharpe sous son autorisation, et en déchira une partie, l'une qu'il enroula autour de la main de Sakaido, l'autre au bout de son bras coupé.
Bon, déjà, Sakaido ne le soupçonnait en rien quant à ce qu'il savait. Ensuite, il fallait résoudre la mort de Kaeru. Mais surtout, ne pas mourir dans cet endroit sans aucune preuve.
« Tous les objets qui se sont plantés proviennent de la salle d'en face, conclut le bleu. Donc une cuisine, je présume...
— Non, coupa le rose en touchant doucement son bras droit endolori. Il n'y a pas de clous dans une cuisine, ni de poignard, et encore moins de machette, sauf si tu collectionnes les objets tranchants dans un endroit évident de ta baraque. Ce qui est peu probable. Naturellement, je penserais plus à un grenier ou une salle de bain, pour laver tous ses objets tranchants.
— Tiens, je te trouve bien calme pour quelqu'un qui vient de se retrouver crucifié pendant un moment, en plus de se faire planter et se faire couper le bras.
Il l'aida à se relever, le tenant par les épaules.
— Il le faut bien, répondit Sakaido en grognant à cause de la douleur. Je suis détective, je ne peux pas me permettre de perdre mon sang-froid.
— Oh ! Cet air si froid et si indifférent ! Si cool, j'adore ! S'exclama Anaido en lui faisant un finger gun suivi d'un clin d'œil.
— Arrête de pointer les gens du doigt, malpoli », fit l'autre en mettant son bras droit par réflexe pour le faire cesser ce geste, avant de se souvenir qu'il n'avait plus de main droite, justement.
Le plus grand des deux le remarqua, et avec un sourire, il le lâcha momentanément, puis décolla la main toujours clouée au mur. Puis il le lui tendit calmement :
« Tiens donc, mon frère. Peut-être que ça te remontera le moral.
— Berk ! Lâcha son congénère en ayant un mouvement de recul, horrifié. Me donne pas ma main comme ça ! C'est dégueulasse !
— J'ai vu dans une série un homme qui s'était recousu la main, en pensant qu'elle refonctionnerait comme avant. Peut-être que tu devrais faire pareil~
— Non, non, non ! Garde tes idées bizarres pour toi ! On a un mystère à résoudre, je te signale !
— Baisse-toi. »
Sans laisser le temps au rose de comprendre ce qu'il se passait, Anaido le prit par la nuque et le força à se coucher au sol. Une seconde après, un tournevis bien pointu troua et brisa la porte, puis se planta dans le mur en un bruit sourd. Tous les objets qui s'étaient plantés dans la porte tombèrent au sol en un cliquetis affreux.
« Merci, tu nous as sauvé, Anaido.
— Tu as une dette envers moi, maintenant.
— Ah ? Arrête de me raconter des idioties.
- La dette tient toujours même une fois sortis d'ici, partenaire~
— Faudrait déjà réussir à sortir de cet enfer. »
Anaido le coucha à nouveau au sol, juste avant qu'un bout de verre tranchant n'arrive à toute vitesse.
« Mais qu'est-ce qu'il se passe, ici... se lamenta le rose en se redressant lentement.
— Aucune idée. Il doit y avoir un esprit malfaisant ici.
— Merci, ça me rassure beaucoup, tes propos.
— Oh non, ne me dis pas que tu as peur ?
— Tais-toi et avançons. »
Ils marchèrent à pas lents, bien calés sur le côté pour ne pas risquer de se faire planter.
Juste en face, des voix étranges répétaient en boucle une prière sans doute satanique. En ouvrant la porte, les deux hommes pénétrèrent dans une salle sombre, dont le sol et les murs en carrelage blanc étaient teintes de nombreux écritures et signes écrits avec du sang.
« Une salle de bain ? Fit Sakaido, en sentant son estomac se retourner.
— Tu avais donc vu juste », affirma Anaido en fronçant les sourcils.
Au beau milieu de la pièce, un homme était de dos, nu, le dos empli de griffures, les cheveux gras et dégoulinants de sang et de sueur, dont le tout coulait le long de son corps. Et autour de lui, une multitude d'objets qui pouvaient blesser n'importe quel être vivant flottait. L'un d'eux se positionna pointe devant, et fusa dans la direction des deux détectives, qui l'esquivèrent juste à temps, avant de le voir se planter dans le mur où le plus petit des deux fut crucifié juste avant.
« Six cent soixante-six objets tranchants ? », compta le non-amnésique.
« Qui êtes-vous ? » Demanda Sakaido, dans l'espoir d'obtenir une réponse.
Lentement, l'homme se retourna dans leur direction. Et son visage leur donna un frisson de dégoût : ses yeux dont les pupilles étaient dilatées et pleuraient du sang, son nez n'était plus, dévoilant juste un trou béant où on voyait son os, et sa bouche déformée par un sourire carnassier et méchant reflétait ses dents tantôt absentes, tantôt pointues, en plus du sang qui coulait de ses lèvres. Et surtout, son torse était ouvert, dévoilant ses poumons qui gonflaient et se dégonflaient lentement, et son cœur apparent qui battait de moins en moins.
« Sakaido-kun, on est mort », déclara Anaido face à ce cauchemar, serrant l'épaule du second détective comme pour ne pas le lâcher.
L'homme face à eux ouvrit la bouche pour en sortir un hurlement terrifiant, et leva le doigt, le pointant dans leur direction.
Les deux détectives sentirent alors leur corps se trancher en quatre, et tous les objets flottants dans l'air être plantés en eux.
***
Narihisago et Fukuda se réveillèrent en sursaut au même instant, lâchant un cri d'effroi. La tablette du cockpit se souleva, et la lumière vint éclairer la pièce. L'un reposa sa tête dans ses mains, l'autre colla son crâne au dossier de son siège, le visage transpirant.
Le bleu s'était moqué de son congénère, mais en fait, ce puits était encore plus flippant en vrai qu'en image.
« Vous êtes morts tous les deux en même temps, déclara alors la voix de Tōgo. Comment vous sentez-vous ?
— Super... ironisa le rose en essuyant son front d'un revers de manche.
— Je ne m'attendais pas à ce que cela soit si... vrai, avoua le bleu en faisant craquer son cou.
— Est-ce qu'on reviendra encore dedans ?
C'était la question que les deux tueurs se posaient ; pour Tamotsu, ce n'était que la première fois, mais ça avait tout de même assez marqué son esprit, mais pour Akihito, c'était devenu un véritable cauchemar réel.
— Non, pas besoin. »
C'était Momoki qui avait parlé, cette fois-ci.
« Je... je vais faire comme tu nous as dit, Narihisago-san. Tu avais raison, c'est hors de notre portée.
— Content que tu m'aies enfin écouté, Momoki-san.
— Mon frère~, fit Fukuda avec une voix doucereuse.
— Quoi ?
— N'oublie pas la dette que tu as envers moi~
— Att–... c'était pas du flan ?!
— Évidemment que non. Je t'avais dit que ça tiendrait même quand on sortira.
— Tu me fais chier.
— De quelle dette parle-t-il, Narihisago-san ?
Bah tiens, si Momoki s'y mêlait aussi...
— Rien d'int–...
— J'ai sauvé la vie de Sakaido-kun, alors il a une dette envers moi, répondit Fukuda, l'air content.
— Pour ça ? Bon, je retiendrais, alors...
— Pardon ?! Momoki-san, je te pensais de mon côté !
— Momoki-kun ! Si un jour, je dois plonger mais que je ne veux pas, ce sera à Narihisago-kun d'y aller à ma place.
— Oui oui. »
File : discontinued
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[6 666 mots]
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Ayo !! J'espère que vous avez aimé l'OS ! Moi, en tout cas, je me suis plu à l'écrire.
J'espère aussi que vous allez bien. Et forcément, ça fait super longtemps depuis le dernier écrit que j'ai publié XD
Bon, vous vous doutez bien que le nombre de mots effectués dans l'OS était à moitié voulu - c'était pas prévu que ça fasse pile ce nombre, à la base. J'aurais pu faire un 666, mais bon, un OS avec 666 mots, c'est bien trop court, autant pour vous que pour moi XD
Sinon, tant que j'y suis, je vais vous raconter un peu ma vie, ptdr
Actuellement, je ne suis pas en France, mais à Londres pour mes études. Et je finis le semestre la semaine prochaine, yeah !
Outre cela, j'ai encore de la marge avant mon stage qui devrait commencer vers juin - juillet, plus le fait que je vais buter à fond pour avoir mon permis, parce que oui, ça fait longtemps que je meure d'envie de conduire seule.
A part cela, vous vous demandez sans doute si c'est bien moi qui ai fait ma couverture. Oui, c'est bien moi, entièrement - et j'ai galéré pour le faire, parce que j'ai jamais dessiné un truc horreur - gore, et que c'est au digi en prime X)
C'est surtout que depuis que je me suis remise sérieusement au dessin et que je suis dans une petite commu d'artiste, j'ai appris les valeurs des fanarts et des artistes qui les ont fait, et je pense que je vais essayer petit à petit de faire mes propres covers plutôt que d'utiliser un fanart sans demander à l'artiste.
Côté écriture, j'ai un OS Genshin en cours, mais il est bien trop long (actuellement 8 000 mots et quelques), et je n'arrive pas le finir, rip, donc je pensais plutôt le fragmenter, mais je ne sais pas encore comment. Et comme je l'ai dit dans ma note, reprendre les fics sur MHA me sera difficile étant donné que je me suis sortie complètement de l'univers, mais je compte bien rester sur mon domaine de prédilection, croyez-le ou non.
Aussi, je me fais de l'autopub, mais n'hésitez pas à aller voir mon compte Artist sur Instagram : @/ rm_dio320 (je vous laisse le taper dans la barre de recherche, pas envie de mentionner un inconnu, ptdr). J'y suis, en tout cas, plus active que sur mon compte Writer XD
Je crois avoir fait le tour. Encore merci pour ceux qui me suivent et qui ne m'ont pas lâché depuis mes débuts.
Et je vous souhaite une bonne journée !!
Reality_Master 💖
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