Chapitre 42 : Et les chemins continuent.
Le gravier nacré fait un boucan incroyable lorsque les sabots des chevaux d'eaux l'écrasent. Raphaël conduit sa toute nouvelle charrette avec la fierté de l'avoir construite lui-même. Elle est nettement plus grande que son précédent modèle, et rien que pour ça, il n'est pas trop triste de l'avoir abandonné devant Sikema. Kelly se trouve dedans en plein rangement de la marchandise. Elle lui demande s'ils sont bientôt arrivés au second marché du jour, cette dernière s'ennuyant terriblement. Il lui répond que dans une vingtaine de minutes ils y seront. Elle finit par poser les assiettes dans un bruit non négligeable, et va s'assoir à côté de lui.
-Tu penses à lui, n'est-ce pas ? devine-t-il en ralentissant sa charrette pour laisser passer des animaux.
-Ne fais pas comme si, toi, tu n'y pensais pas ; crache-t-elle en se laissant tomber sur l'accoudoir l'empêchant de tomber au sol.
Il rit de sa remarque, après tout, elle l'a eu en plein dans le mille.
-Ils l'ont pris comme ça, sans qu'on puisse dire quoi que ce soit ; soupire Raphaël en reprenant la route.
Kelly regarde alors le ciel et lui répond vaguement.
Ils continuent leur route en silence, n'ayant toujours pas accepté ces pitoyables adieux.
***
Liz n'a pas perdu de temps pour se faire une nouvelle coupe de cheveux, à force de les retrouver piéger dans tous ses nouveaux projets, elle avait décidé de se les couper net. Et un carré court et à moitié raté pour la Kunzite. Mais ça ne l'empêche pas de vivre sa vie, elle court d'ailleurs pleine d'excitation à la recherche de son amoureux.
Elle l'appelle à tout va mais aucune réponse de sa part ne lui vient, hormis celles des autres habitants de Pickly lui répétant qu'il est certainement rentré chez lui après sa longue journée à donner des cours.
En ouvrant brutalement la porte de la maison de Théo, elle le découvre triant des chaussures dans le placard de son entrée. Elle lui saisit le bras avant même qu'il n'ait pu passer outre sa surprise.
-Liz ? lui lance-t-il courant de force derrière elle. Qu'est-ce qui se passe ?
-Viens vite voir ! J'ai une énorme surprise !
-D'accord, j'arrive ! Tu aurais quand même pu me laisser le temps de remettre mes chaussures... ; mime-t-il de râler, sans réussir à bien cacher son petit sourire.
Elle l'entraîne vers la forêt où ils entrent, et après être passé par un chemin que Théo n'avait jusqu'alors jamais remarquer, malgré sa propreté, ils tombèrent sur une immense serre.
-Alors, qu'en dis-tu ? lui demande-t-elle fièrement.
-C'est magnifique ! s'exclame-t-il en s'avançant plus près.
Elle le suivit pendant sa découverte de l'extérieur sobrement décoré.
-Et encore ! Tu n'as pas vu l'intérieur ! sourit-elle en s'approchant de la porte d'entrée. Tu vas adorer vivre ici avec moi !
-Tu m'acceptes dedans ? rigole-t-il en la rejoignant.
-Bien entendu ! Tu risquerais de t'envoler sinon !
-Oh voyons, ce n'est plus mon genre maintenant que je suis en votre compagnie, charmante dame...
-Et quand on sera tous réunis, on se retrouvera aussi ici ; annonce-t-elle en avançant d'un pas vers lui.
-C'est une super idée ! s'enthousiasme-t-il avant de plonger ses yeux dans les siens. Merci chéri.
Il l'embrasse alors tendrement.
***
Mina se plaint auprès d'Amé qui s'est attachée les cheveux en un élégant chignon.
Cette dernière lui répète alors pour la énième fois que ce n'est pas en étant égoïste et prétentieuse qu'elle deviendra un jour une reine respectable. Ce qui fait quand même assez plaisir à ses parents, ravi que leur fille ait une amie aussi responsable qu'elle.
-Allez Amé... Aide-moi enfin !
-Comment aider quelqu'un qui est sans espoir ?
-Ce n'est pas moi qui symbolise l'espoir aussi... ; ronchonne Mina en baissant les yeux.
Amé part dans une nouvelle rangée de livre de la grande bibliothèque royale, à la recherche d'un livre suffisamment intriguant pour mériter son attention. Mina, quant à elle, part s'affaler sur une des chaises disponibles de sa bibliothèque, et pose brutalement la tête sur la table à la même teinte brune. Elle soupire bruyamment pour montrer son mécontentement.
Au bout de plusieurs minutes, Mina interroge Amé :
-Tu n'as rien trouvé ?
-Je vous l'ai déjà dit, et je vous le répète, ce genre de sort relève de la magie divine. Même nous, au maximum de notre puissance ne pourrons le faire.
-Alors invoquons Filani... ; suggère une nouvelle fois Mina.
Amé s'approche d'elle et fait tomber un livre dans un lourd bruit, ce dernier s'intitulant « Les mystères de l'univers » l'intrigue suffisamment pour avoir eu l'honneur d'avoir fini dans ses mains.
-Filani nécessite qu'on soit tous réunis, sans compter qu'il purifie ou détruit, d'autant plus qu'on ne peut pas l'utiliser à tout va ; lui rappelle-t-elle en s'installant face à elle, ouvrant un tout autre bouquin se nommant « Les portails magiques ». Seul Kaïro pourrait nous aider, mais c'est quasi-impossible d'avoir son accord pour la Terre.
-Ah... J'ai envie de bouger... et qu'on se revoit tous... Tout le monde me manque... ; soupire Mina en fermant les yeux.
-C'est ainsi... Chacun de nous doit faire sa vie.
Malgré tout, elle soupire à son tour.
***
Le temps est doux aujourd'hui, un peu frisquet mais ce n'est pas désagréable. Assis sur l'un des vieux bancs en pierre de mon lycée, j'écoute la dernière découverte scientifique que me raconte Dorian. Même si ce n'est pas mon truc, c'est toujours sympa de savoir pleins de trucs. Après, faudrait que le retienne, et ça, c'est une toute autre paire de manche.
-Tu trouves pas ça hyper palpitant ?! s'exclame-t-il en me regardant les yeux remplis d'étincelles. Peut-être qu'un jour on découvrira un autre peuple sur une autre planète ! Ça donne trop envie...
Je balance ma tête en arrière pour regarder le ciel.
-Espérons qu'ils ne nous veulent pas de mal.
-Ou comme tu disais avant « qu'on ne les réduises pas en charpies dans notre propre intérêt » !
Je ris alors qu'il balaye d'un geste de la main mon ancienne idée.
-J'ai fait des progrès depuis deux ans, tout de même ! m'exclamé-je, faussement outré.
-D'ailleurs, tu as eu de la chance que ton histoire de drogué à l'extasie passe...
-Ouais... J'étais pas drogué mais bon...
-Arrête de te foutre de moi, faut bien être drogué pour raconter de pareils choses ! Accepte juste que tu es à moitié amnésique.
Ouais, prenons cette option rationnelle, et ce, même si ça ne leurs feraient pas plaisirs. Je me demande d'ailleurs ce qu'ils sont devenus.
-Ce sera dur de l'accepter; soufflé-je en m'étirant.
La rationalité humaine est vraiment terrifiante. Il n'y a que maman et Manon qui ont cru en mon histoire tout droit sorti d'un conte de fée. Papa a dit qu'il fallait mieux que je me dise qu'il s'était passé ça que de me rappeler de la réalité, qui dû être plus grave pour lui. La police a anormalement abandonné rapidement son enquête quand ils ont vu que je ne changeais pas d'idée. Mais bizarrement, personne n'a jugé bon de m'emmener dans un quelconque hôpital. J'ai cependant eu droit à des séances avec une psychologue... qui se sont arrêtées l'année dernière.
La sonnerie retentit à travers la cours, on peut enfin quitter le lycée. Il faut dire qu'on a un peu trop tardé à la cantine avec le rab, alors qu'on pouvait très bien partir avant. On se lève avec nos sacs, et on prend la direction de l'entrée de notre lycée. Pour les deux prochaines semaines je peux rester chez moi pour réviser mon bac, une bonne semaine de repos et de révision pour l'apogée de mes études. Mais je ne compte pas m'arrêter là. Enfin, j'ai d'autres choses à penser avant ces possibilités.
On ne peut cependant pas s'empêcher d'en discuter sur le chemin, et après avoir passé la grille, j'ai l'impression de ne jamais avoir été aussi libéré par les cours.
-Aurélien ! m'interpelle une voix face à moi.
Je dresse ma tête dans sa direction et je la vois, souriante. En vie.
- Merci !
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