Chapitre 39 : Quel est le choix le plus juste ?
Le combat a été plus compliqué que nous le pensions ; enfin, que le pensée Amé ; mais au final, nous avons réussi à prendre le dessus faces à ces brigands de première zone. Ils n'ont pas dû comprendre ce qui leur arrivé, il faut dire que nous non plus, le sort combiné de Théo et Amé ; un genre de cerf aux yeux perçant-littéralement- ; fut une grande surprise.
Nous sommes finalement arrivés à l'entrée de ce qu'on peut facilement définir comme un désert de roches, et c'est ici-même que nous décidons de prendre enfin une pause. Juste cinq minutes, afin de grignoter et de soigner les petits blessures qui ne se sont pas encore guéris lors du trajet. Bien que ce soit un désert remplis de cailloux, la température n'est pas excessivement élevée.
Après cette brève pause, nous reprenons notre route, toujours à pieds. Je crois que je n'ai jamais autant marché continuellement de ma vie. Encore heureux que l'ambiance de notre groupe est agréable, on pourrait presque croire que tout va bien dans le meilleur des mondes.
D'ailleurs, pour un monde plein de soucis et en proie au mal, je le trouve étrangement calme. Il n'existe pas de moyens de communications hyper performants dans ce monde ? Ou les autorités ne jugent pas important d'avertir le peuple, de l'arriver potentielle d'une catastrophe ? A moins que la menace ne soit pas si grande que ça...
-Dites ; commencé-je en regardant le ciel dégagé ; vous ne trouvez pas ça bizarre que le monde soit si paisible ?
Ils me regardent, surpris. Est-ce qu'ils y ont même pensées ?
-Que veux-tu dire ? dit finalement Théo.
-Eh bien... On se dirige vers le dernier.... type qui peut détruire Armitas, non ? Mais dans ce cas, comment ça se fait qu'il semble que tout va très bien ?
La destruction d'une planète... c'est quand même quelque chose. Surtout qu'on se trouve sur cette planète. En tout cas, moi je ne laisserai pas la Terre se faire détruire sans rien faire, et ce, avec ou sans pouvoir. Bon, il faudrait que je le sache d'abord.
-Déjà ; lance Kelly d'une voix basse ; qui nous a dit ce qu'on devait faire ?
-Chalila. Non... Toutes nos divinités guides ; lui répond Théo sur la même tonalité.
Amé soupire bruyamment avant de parler à son tour.
-Ah... Tu viens de me saper le moral, bravo.
-Ah oui mais non ! Ce n'était pas mon but ! me défendis-je en la regardant.
-Cette menace ne doit pas être bien grande... S'ils nous laissent faire le boulot à leurs places ; déclare Mina en baissant les yeux. Mais nous nous devons de leur faire confiance.
Mais alors quoi ? Tout ce qu'on fait est de danser dans leurs mains ? Ils attendent qu'on sauve cette planète... Mais est-ce seulement ça ?
-Moi ; lance soudainement Raphaël en s'étirant ; Je propose qu'on avance et qu'on voit ce qui se passe.
-Une manipulation de plus... ; chantonne Amé en secouant la tête.
Ça ne semble pas leur poser plus de questions que ça... Enfin, autant les suivre... Suivre le mouvement.
Nous continuons notre chemin, ils répondent à tour de rôle aux questions que je leur pose sur leur planète, jusqu'à ce qu'on arrive à la ville détruite d'Uras.
Bien que l'entrée de la ville nous montre un lieu déplorable ; pire que Zestias ; il y a du monde qui y vit, à la vue des quelques personnes dans la rue. Il y a même des enfants. Cependant, leur présence n'empêche en rien à l'ambiance d'être malsaine, à l'entente des quelques cris sortant de l'obscurité de certaines ruelles. J'aurais été un peu plus courageux, et peu pressé par l'envie de rentrer chez moi, j'y serai peut-être allé faire un tour. Peut-être.
Je n'ai pas vraiment l'âme d'un héros.
-Hé ! lance fortement un homme de la quarantaine, assis sur une chaise de terrasse de café. Qu'est-ce que foute des touristes ici ?
C'est en voyant qu'il commence à sortir de la terrasse pour venir vers nous, accompagné d'une drôle de bête esthétiquement illégale, qu'on presse le pas.
-Evitons de tuer quelqu'un à nouveau ; me chuchote à l'oreille Kelly.
L'homme est rapidement rattrapé par une serveuse du café qu'il vient de quitter, cette dernière lui colle une droite dès l'instant où son visage se trouve face à elle. Il s'affale au sol, les mains sur le visage, laissant apparaître entre ces mains quelques gouttes de sang.
-T'as cru c'était gratuit ?! vocifère-t-elle en esquivant une riposte de sa part.
Nous les laissons à leur occupation alors que d'autres personnes viennent admirer la bagarre, nous, nous trottinons le plus discrètement possible vers un endroit plus calme.
Après quelques minutes de trottinement, on se retrouve sur une petite place ronde. Le parvis présente tous les coups qu'il a reçu, fissuré et détruit par endroit. Le sol n'est qu'un mélange de dalle et de racines et plantes tentant de prendre l'avantage sur l'autre. Il y a un groupe d'enfant qui s'amuse pas loin, sous l'œil de deux hommes, assis sur un amas de pierres et discutant.
On s'assoit contre le mur d'une maison démolie.
-Bon... On fait quoi maintenant ? lance Liz en nous regardant un à un. Non, parce que c'est bien de se promener, mais c'est tout aussi bien de combattre !
-On nous a dit de nous rendre à Uras... Mais pas où exactement ; râle Théo. Franchement, ils auraient pu être plus précis.
-On est dans l'endroit le plus spécial du coin, et on ne trouve pas un type de Lénigme. Pour nous tomber dessus loin de leur base secrète, ça va, mais quand faut être prêt à côté de chez eux, y'a plus personne ! s'énerve Kelly en lançant des petits cailloux.
-Lénigme ? Fallait le dire plus tôt !
Sans avoir le temps de comprendre quoi que ce soit, ils disparaissent tous.
Kelly, Raphaël, Théo, Liz, Amé et Mina.
En un « pouf » ! Plus personne.
Ma jauge de peur vient d'augmenter drastiquement.
Il ne reste plus que deux sphères noires sur mes deux côtés, moi en train d'assimiler ce qui se passe et un type que je n'ai jamais vu. Et que je n'avais très certainement pas remarqué quelques instants plus tôt.
Il est grand et très mince, sa peau est comparable à celle d'un vampire –et j'espère que ça restera une comparaison-, et il est vêtu de vêtements simple, mais qui sied parfaitement à sa silhouette. Il a des cheveux mi- longs, et blonds cendré.
Les enfants ont détalé sans que je ne puisse le remarquer, les deux hommes aussi ne sont plus là. Comme tous mes camarades.
Je regarde les deux sphères, chacune leur tour, et mon esprit comprend qu'effectivement, ce n'est pas une blague, je suis seul, ils ont disparu.
Ma jauge de panique commence à rejoindre le niveau de celle de ma peur.
Je les appelle et essaie de briser les sphères avec une tonnes de rayon de lumière, mais rien, nada, rien ne se produit ! Ma magie se fait instantanément absorbée par la sphère, et mes coups de poings me donnent l'impression d'avoir enchaîné quinze manèges à sensation forte. Une légère envie de vomir.
Une secousse traverse le sol d'une telle force que je perds l'équilibre. L'homme ne semble pas le moins du monde affecté par ce tremblement de terre. Un pan de la maison se détache et tombe sur nous, les sphères et moi. Je protège en un instant les sphères et moi-même par un grand bouclier lumineux. Des morceaux de pierres, de meubles et autres éléments se trouvant dans une maison percute mon bouclier, qui ne se laisse pas impressionner, tombant sur les côtés, sans me blesser, ni toucher les sphères.
Ils sont dedans, et je préfère nettement ne pas savoir si un coup venant de l'extérieur peut les blesser. Déjà que je les ai peut-être touché...
Je dois me calmer. Rien n'avancera comme je le souhaite sinon.
Une fois le boucan terminé et les morceaux ayant finit leurs chutes, je me relève et regarde droit dans les yeux l'homme se trouvant face à moi. A ces côtés, se trouve un grand bourgeon, sur le point d'éclore.
-C'était censé être une lumière purificatrice comme la vôtre.... ; soupire l'homme en touchant d'un doigt le bourgeon. Mais il semblerait qu'emmagasiner de la magie blanche ne peut que créer de l'obscurité...
-Vous êtes qui ? Et vous avez fait quoi à mes amis ?!
Il me regarde, sans grande expression dans les yeux, il paraît vidé de tout espoir.
Je m'attendais à mieux comme ennemi final.
Quoi qu'il en soit, je reste toujours seul, face à lui. Et je crois que ce n'est pas pour rien que sept joyaux existent, et ont été appelé pour cette situation.
-Aurélien.... Le terrien qui a su impressionné Iris, et le Pilier qui a approuvé ce transfert... Sans même demander à la terre-mère. Je ne vous aurai pas cru aussi résistant.
-Comment vous-
-Julien Dalmo ; me coupe-t-il.
Oh, l'informateur.
Il tapote sur la surface du bourgeon, comme sur un piano. Ce dernier se met à briller légèrement.
-C'est mon salut... Retrouver ma femme et mon fils.
-Le suicide ça existe, et ça ne tue personne d'autre que soi-même !
Mouais, ce n'est peut-être pas la meilleure chose que j'ai dit de ma vie. Ce doit même être la pire. Honte à moi.
-Mais si je me suicide, je ne pourrai pas me venger...
Parce qu'il y a une vengeance aussi... Tout s'explique.... Il hait le monde ?
-Personne ne nous a aidés quand ma femme a franchi la limite de l'alchimie, personne ne m'a aidé ; dit-il en serrant les poings. Quand mon fils a disparu, personne non plus. Quand ma femme a vu son corps la quitter...
Ils ont été... abandonnés ? Toute sa famille ? Mais dans quel intérêt ? Méritaient-ils tous de... disparaître ?
-Même pas la divinité de l'alchimie ? tenté-je.
-Sorcellerie, alchimie... C'est le même domaine. La Déesse n'est pas venue, et ne s'est jamais excusée... Mais c'est une divinité, elle avait sûrement autre chose à faire que s'occuper de ses fidèles...
Je ne sais pas vraiment quoi en penser... J'ai comme l'impression que les divinités s'en moquent de leurs fidèles... Peut-être pas toute ?... Et puis, c'est peut-être dû au fait qu'il y en a énormément ?
-Sans compter la Confrérie des Alchimistes qui a fui dès l'entente du mot « possession »... Et moi, je me retrouve là, avec le projet de ramener l'âme de ma femme... qui est devenu juste de détruire toute cette nature...
-Mais pourquoi ?
Il ne me répond pas, à croire qu'il ne le sait pas lui-même, à croire... qu'il est juste fatiguer, et qu'il se laisse porter par les choses qu'il a créé.
-Vous êtes beaucoup trop puissant... ; souffle-t-il sans me quitter des yeux.
Il lâche une fiole par terre, dès qu'elle se brise, la terre l'avale. Je réalise un truc à l'instant. Dans la terre. Je suis posé dessus. Je baisse la tête par automatisme, et voit un étrange cercle violet se former autour de moi. Je n'ai pas le temps de bouger qu'une lumière m'aveugle, venant de ce dit cercle.
-Au...rélien ? bredouille une voix chevrotante.
-Maman ?! m'exclamé-je brusquement.
Je me retourne, et je la vois dans notre salon. Avachi sur le canapé, les volets fermés, la pièce dans la pénombre me permet seulement d'apercevoir des paquets et autres déchets au sol du salon. Mais ce n'est pas le pire, son état est bien pire. Elle n'a jamais eu autant le teint livide, elle a des cernes qui semble creuser ses yeux, un vampire paraîtrait aussi vivant qu'un gosse hyperactif à ses côtés. Elle a aussi perdu beaucoup de poids, et n'a pas dû prendre de douche depuis un moment à la vue de ses cheveux gras.
Cette vision me fait l'effet d'un coup de poignard dans le cœur.
Et pourtant, je ne saigne pas.
Elle se lève soudainement en se tenant légèrement la tête, mais se prend rapidement les pieds dans la table basse. Ce qui l'a fait trébucher, je la rattrape avant qu'elle ne percute le sol.
Son corps est à la fois froid, et brûlant. C'est encore plus terrifiant. C'est comme s'il ne savait pas s'il devait mourir ou vivre.
Oh mon cœur. Je suis un monstre. C'est à cause moi qu'elle est dans cet état.
-Aurélien, Aurélien, Aurélien ! répète-t-elle en me serrant fortement dans les bras, en dépit de son corps faibles. Je t'en conjure, reviens à la maison ! Papa sera plus souvent là, il me l'a promis, on te cajolera comme jamais, on te-
-Maman, je vais bien ! l'interrompis-je fortement.
Elle relève la tête de mon buste, et craque. Elle pleure comme elle n'a jamais pleuré face à ses enfants. Face à aucun de ses enfants. Je le sais bien car on s'est promis de s'avertir quand maman pleurait devant l'un d'entre nous, à part. Sa voix brisée, son corps tremblant et ses reniflements casse définitivement quelque chose en moi.
C'est bien pire qu'un poignard, retourné encore et encore. Bien pire que le pique de Liz, seule vraie douleur bien violente que j'ai connu jusqu'ici.
Et je pleure aussi, la boule à la gorge a cessé de grandir, mais prend toujours aussi place... et je ne veux plus jamais la quitter, je veux rentrer à la maison, maintenant. Je ne l'ai jamais autant désiré de toute ma vie, je crois.
-Rentre s'il te plaît...
-Oui maman.... Je rentre...
Une douce chaleur naît du sol et s'empare de mon corps. Je vais rentrer, et tout ira bien... Elle me donne envie de dormir, et de ne penser à plus rien d'autre que ma précieuse famille. Mais... pour tous les autres ? Ils vont être dégoûtés, je vais les trahir.... Non, c'est bien pire que ça, ils vont mourir. L'horreur. Je ne peux pas les laisser... Oh bordel... Je dois choisir entre ma famille et mes amis ? Autrement formulé, la Terre ou Armitas ? Mais je ne peux pas rester sur Armitas... J'ai l'impression que cette lumière me nargue. Et ma mère qui pleure, dans mes bras...
La laisser.
Les laisser.
Qui laisser ?
Mon monde ou ce monde ?
Quelles vies ?
. . .
Je suis un monstre odieux.
Je me lève avec une horrible sensation, c'est indescriptible, j'ai comme l'impression d'être... en train de faire le pire choix de ma vie. Je retire délicatement les bras de ma mère de ma taille, elle me regarde ahuri. Les yeux baignés de larmes.
-Je suis désolé... Je dois finir quelque chose avant... Promis, je ne serais pas long.
Je l'embrasse fort sur la joue en fermant les yeux.
Et me redresse aussi droitement que possible.
Les sphères se brisent quand je reviens face à la lumière de la lune, en larmes.
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