Une bonne semaine a passé depuis l'histoire avec Ahava et Chalila ; résultat Ahava m'a –à contrecœur- remercié en m'avertissant de ne pas faire la même erreur avec d'autres divinités beaucoup moins « agréable ». Sinon, j'ai remarqué que mes cheveux se sont éclaircis, et j'ai un léger doute pour la couleur de mes yeux... Mais ce n'est qu'un simple doute. Chalila nous a expliqué que notre prochaine destination pour aller à Blackins été de nous rendre au port d'Estia, dans les deux heures de marches, et qu'après nous devions nous diriger à Uras. Parce que.

Après lui avoir demandé des nouvelles de ma famille, elle n'a pas pu me répondre, tout ce que je sais à ce propos, c'est que même Calisce et Kaïro ne doivent pas le savoir. Qui sont-ils ? Chalila n'a pas eu l'idée de me le dire.

-J'adore la mer ; déclare Kelly en observant les vagues ; c'est tellement apaisant.

Nous sommes arrivé à Estia il y a de cela une bonne vingtaine de minutes. Selon Amé, c'est le seul port amenant à Blackins qui est fréquentable. Nous avons donc à prendre un bateau, précommandé par Mina, pour arriver à Uras.

-Surprenant qu'une fille de feu aime la mer ; commente Amé, armé d'un nouveau carnet, cette fois vert émeraude.

-Que de cliché ! lance Kelly en levant les yeux au ciel. Au moins ici, il fait bon ! Etre toujours entouré de flammes est usant à la fin...

-Bon, on y va ? nous demande Théo, en remettant son t-shirt vert. C'est pas que je m'ennui de rester ici, sur terre, mais plus vite nous nous rendons à Uras, plus vite tous les problèmes seront réglés.

Nous le suivons pour rejoindre Liz et Mina, prête à monter sur un grand... yacht ?

Certes, il est moins immense que ceux que j'ai pu voir à la télévision, mais tout de même, ça a vraiment l'air de l'un de ses bateaux de milliardaire. Armitas n'est pas très différent de la Terre sur quelques points...

-Bienvenue sur le Jour Royal ! clame Mina dans notre direction, en désignant son bolide. Alors ? Qu'en dites-vous ?

-C'est... à s'en décrocher la mâchoire... ; souffle Raphaël en s'approchant de la paroi la plus proche. Nous allons vraiment voyager là-dedans ? Tu sais, le voyage ne dure que deux nouvelles heures, Mina ?

-Bien entendu ! Peu importe le nombre d'heures de voyage, je ne me déplace pas dans des vieux rafiots ! s'exclame-t-elle en levant le menton, fièrement. Bon, vous venez ?

Nous entrons chacun de notre tour à la suite de Mina. Elle nous fait visiter l'engin alors que son chauffeur mets les voiles. Ce qui nous secoue légèrement, mais ce n'est rien avec l'ajout des vagues, pouvant facilement donner le mal de mer... Nous pouvons donc plaindre Liz, dans un coin de l'immense salon, accompagné de breuvage donné par Amé.

Après nous avoir montré la cuisine, nettement plus petite que le salon, les deux chambres et la salle de bain les reliant, ainsi que les toilettes du premier étage.

Une fois la visite terminée, nous nous rendons sur le pont pour nous asseoir dehors. L'air marin frappe nos visages d'une agréable sensation, le remue des vagues est moins violents qu'au départ, et nous pouvons apercevoir quelques silhouettes dans l'eau. Je me croirais presqu'en vacances. Je profite même de l'agréable silence qui plane entre nous cinq pour admirer le décor.

Kelly s'est affalée à côté d'Amé qui ferme simplement les yeux, Raphaël dans un coin est en train d'admirer l'eau, quant à Mina, elle a décidé d'aller voir comment se porte Liz. Théo est posé à côté de moi, dans une extrémité.

-Dites... Qu'est-ce qui nous attends là-bas ? les questionné-je en regardant une nouvelle silhouette, un peu plus grande.

Ils ne me répondent pas. Je détourne mon regard de l'océan pour les regarder.

-Vous ne savez pas ?

-Selon mes notes ; commence à dire Amé ; je dirais que nous allons devoir affronter le reste de Lénigme... Mais ce n'est qu'une supposition, ils ont peut-être changé de camp...

Kelly ricane en secouant la tête, Amé n'y prête pas attention.

-De plus, pourquoi... Non, comment Chalila savait l'endroit où l'on devait se rendre ? J'ai essayé de ne pas me poser cette question, mais elle ne veut pas me quitter.

-Le Pilier, probablement ; lance Mina en revenant, se dirigeant directement vers Théo. Nous arrivons dans une vingtaine de minutes.

-Déjà ? s'étonne Raphaël en se redressant. Le voyage aura été plus rapide que prévu.

-Vous n'avez même pas remarqué que le temps défilait, vous étiez trop occupé à admirer le paysage... ; sourit Mina en s'étirant. Et il y a de quoi !

Ils commencent à discuter de l'état de Liz, qui n'est pas grave, et continuent sur des bricoles de la vie courantes. J'ai l'étrange impression qu'on a un peu snobé ma question.

Amé se lève de sa place, allant vers le grand salon certainement pour voir Liz... ou peut-être pas, elle est partie sans un bruit. Kelly se déplace lentement vers moi, et me frôle le bras.

-C'est difficile d'admettre qu'on est manipulé... ; me glisse-t-elle en baissant la tête.

-On est tous manipulé par quelqu'un, et ce, qu'on le désire ou non, et quel que soit sa position ; ajoute Théo, l'ayant entendu, mais ne la regardant pas.

Alors, si je comprends bien... Nos divinités guides, les divinités même, se servent de nous pour supprimer les « gêneurs »... ou autre chose ? Mais quelle serait cette chose ? D'autant plus que, les pouvoirs que nous avons, ce sont eux qui nous les ont donnés, donc autant qu'ils fassent ce qu'ils veulent nous faire faire tous seuls... Ce serait nettement plus rapide, non ? Sauf s'il y a quelque chose d'autre...

Nous voyons après un certain temps de silence le port d'Uras de loin, préparons-nous à débarquer.

Je me lève pour m'étirer, et me dirige avec Théo et Raphaël vers le salon alors qu'elle brise toute la détente qui s'était installé dans mon corps.

-Aurélien ? Il est peut-être temps de nous dire comment tu es arrivé sur Armitas, non ? lance fortement Kelly.

A cet instant, Amé et Liz nous rejoignent.

Oh... Je ne veux vraiment pas en parler, c'est si peu intéressant... D'autant plus que je n'ai pas envie qu'on me prenne pour un héros à nouveau, c'était largement suffisant qu'Iris le pense... Alors que ce n'est pas le cas.

-C'est vrai, ce serait intéressant de le savoir ; confirme Amé, de retour avec son carnet vert, prêt à l'emploi.

De toute manière, ils ne vont pas me lâcher avec ça... Et puis, en réfléchissant bien, ils ne me considéreront pas comme un héros. Je l'espère du moins. Sans compter, que ça libérera peut-être mon esprit.

-Un soir ; commencé-je à raconter sentant ma tête s'abaisser ; en rentrant de mon lycée, la fille qui a... On va dire « détruit ma vie sociale de lycéen », même si je trouve que c'est assez exagéré, mais là n'est pas le sujet... Donc ! Je l'ai croisé au bord d'un pont, sous lequel se trouvait une voie ferrée, où un train arrivé, paré à traverser le pont. Elle était vraiment dans un sale état, dans le genre... vêtements déchiré et sang un peu partout...

Je redresse un peu la tête, certainement à cause du torticolis commençant à arriver, et aperçoit qu'ils semblent tous à fond dans ce que je raconte. Même Amé a cessé d'écrire dans son carnet. Je reprends donc, en regardant le port s'approcher, seconde après seconde.

-Puis, je l'ai entendu marmonner alors que je m'approchais d'elle, des trucs dans le genre « autant crever »... Et quand le train n'était qu'à quelques mètres de passer sous le pont, elle s'est laissée basculer dans le vide. Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai réagi comme ça, mais je l'ai rattrapé par le poignet, en lui disant « vie ». Avant même de réaliser que j'avais perdu l'équilibre, tête la première, je fonçais vers le train, la voie... et la mort. Mais je n'ai pas eu le temps de sentir quoique ce soit... Pouf ! Plus rien à part le néant et Chalila.

Ils me regardent attentivement, ça en devient même oppressant. Kelly brise le silence en applaudissant. Oh non, ils vont me prendre pour un héros !

-Waouh ! lâche-t-elle en souriant.

-Tu as sauvé la vie de quelqu'un au dépend de ta propre vie ? commence Théo les yeux grand comme des soucoupes. C'est un acte héroïque !

-Je t'en prie ! Ne me prend pas pour un héros ! lancé-je à son encontre, mais aussi pour tout le monde. J'ai juste agit comme ça... Et puis même, je n'aime pas ce terme.

-Excuse-moi...

-N'empêche, c'est impressionnant ; dit finalement Raphaël.

-Tu as tout de même empêché un suicide... ; souffle Mina en remarquant notre arrivé au port. Nous sommes arrivés à destination.

La discussion se clore quand son chauffeur fait descendre une sorte de pont en bois pour qu'on puisse descendre sur le ponton. Après être descendu, et lui avoir dit un au revoir, nous reprenons le chemin, vers Uras, qui n'est pas bien compliqué à trouver vu qu'il suffit de suivre un énième sentier envahi de terre.

Le port ne doit servir qu'à transporter des personnes, puisqu'il n'y a aucun endroit où l'on peut déposer en grand navire transportant des marchandises. C'est en sommes un très petit port, qui n'est pas près d'accueillir quiconque. Nous nous empressons donc de nous faufiler entre deux vieux bâtiments semblant sur le point de s'écrouler pour nous engager dans le sentier, où je souhaite finir notre conversation en bonne et due forme.

-Elle a peut-être retenté le coup après... ; dis-je en avançant au côté d'Amé et de Raphaël.

-Au risque de te décevoir, c'est quasiment impossible ; me contredit Amé avec un petit sourire. Soit elle a hurlé une fois qu'elle a saisi le fait que tu t'ais jeté du pont à sa place, soit en regardant ton « cadavre », elle a remarqué qu'il n'y avait rien, et s'est enfui complètement paniqué... Après, je ne dis pas qu'elle n'a pas retenté après...

-Tu es tellement rassurante... ; soufflé-je en secouant la tête, vaincu.

-Cible à cinq mètres ; surgit une voix mécanisée.