Une de moins...
ROMAIN
23H45
Normalement, je ne frappe pas les filles, mais ce soir, j'ai fait une exception.
Je suis allé à la fête que Pauline organisée. J'ai seulement fait une apparition. Je me suis dirigé vers Claire qui croyait m'avoir impressionnée avec son attaque contre Avril. J'ai joué le jeu pendant une heure, celle d'être charmé. Faire genre qu'elle avait gagné à me reconquérir en jouant la dure, comme Tara le faisait. J'ai prétexté à un moment lui emprunter son I Phone (avec les photos d'Avril dessus) pour envoyer un sms. J'en ai profité pour lâcher l'objet à terre, d'une façon violente.
Quand elle a compris mon geste Claire est entrée dans une fureur sans nom alors pour la calmer, je lui ai gentiment balancé mon poing dans la gueule. Je l'ai ensuite poussée contre la table, et elle a tout balayé sur son passage avant de tomber au sol.
Enragé, je suis sorti sans attendre de voir les réactions des autres. Je pense ne même pas avoir eu à justifier que ma réaction était faite pour venger Avril. Tout le monde l'a compris.
01h02
Je suis surpris lorsqu'Avril répond à mon appel.
Sa voix est endormie, quoiqu'un peu cassée. Mon cœur jusque-là un tantinet tendu, s'adoucit brusquement en l'entendant.
- Romain, ça...ça ne va pas, a balbutié Avril.
A l'autre bout du fil, j'ai cru discerner des sanglots.
- Je te rejoins, j'ai dit en raccrochant avant qu'elle ne me contredise.
J'arrive même s'il est 1h00 du matin.
**
Avril m'ouvre la porte de chez elle, elle tient une tasse entre ses mains. Je pense que c'est une stratégie pour éviter mon contact. Tout câlin. A moins qu'elle avait vraiment envie d'eau chaude...
- Tu veux une tisane ? m'a demandé Avril dans un murmure
- Je veux bien, j'ai répondu
Nous nous sommes dirigés vers la cuisine où elle a versé pour moi, dans une tasse, la tisane encore chaude. Je ne savais pas quoi dire, je la regardais tout en me retenant de la prendre dans mes bras. Je n'avais pas envie de la brusquer, de la sensibiliser davantage. Avril portait un tee-shirt blanc tout simple superposé sur un short noir en satin et en dentelle sur les bords. Garder mes yeux sur son visage n'a pas été si évident en soi mais j'y suis arrivé. Son état m'inquiétait plus que mes foutues envies sexuelles du moment.
- Je ne vais jamais gagner l'élection demain, a commenté Avril en s'asseyant à la table de sa cuisine.
Je l'ai observée se relever pour prendre une tablette de chocolat.
Hésitante, elle a ajouté :
- Tu préfères peut-être que l'on aille dans ma chambre ?
- Comme tu veux.
- On va monter, comme ça si je m'endors, je suis déjà au lit ! La journée a été longue...
Une fois assit sur son lit, j'ai examiné sa chambre un instant. Hormis le bordel quotidien qui y régnait, rien n'avait changé. Elle n'avait ajouté aucune photo ni aucune marque d'une quelconque relation avec un garçon ni même ses amis. Avril est restée assise sur la chaise de son bureau.
- Ecoutes Avril, pour l'élection ce n'est pas grave, tu auras tenté la chose...
- Oui mais tu risques d'être élu avec Claire.
- Ce n'est pas la fin du monde, même si ça ne me plairait pas trop. Avant que la rumeur ne dise quelque chose, je...
- Camille m'a mise au courant parce qu'Enzo l'a appelé pour tout lui raconter, m'a coupé Avril.
Au sourire auquel j'ai eu droit, j'ai compris qu'elle me remerciait de mon geste.
- Je ne comprends pas comment on peut s'en prendre à moi depuis si longtemps, a avoué Avril dans un soupir. J'aimerais me défendre mais dès que j'ose le faire, les conséquences par derrière sont encore plus importantes. Je suis rentrée dans un cercle vicieux, sans fin. Je commence à en avoir assez de tout ça...
- Il faut que tu t'ouvres aux autres, j'ai proposé calmement. Peut-être qu'en t'ouvrant, Claire n'osera pas t'harceler...autant.
Elle s'est pincée les lèvres, a bu une gorgée avant de se racler la gorge.
- Ou alors il faut que je me trouve un garde du corps !
Quand elle a dit ça, j'ai souris.
- Le métier du garde du corps implique que l'on vienne au front pour me défendre, a ajouté Avril d'un ton taquin.
- Ce qui suppose aussi que l'on te colle tout le temps, serais-tu prête à le supporter ? j'ai ajouté sur le même ton.
- Je suis prête à prendre le risque, je n'ai pas envie de me faire tuer par celles que tu te tapes...
- Que je me tapais, je me suis défendu.
- C'est du pareil au même, les conséquences sont identiques !
Quelques secondes de silence sont passées.
J'ai fini ma tisane entre temps. Avril a sursauté quand j'ai posé la tasse un peu fort sur le bureau.
J'étais tendu, mais à la fois serein. Je savais qu'elle avait besoin d'être réconforter mais je ne savais pas quoi dire pour la rassurer.
Je n'étais pas vraiment doué pour réconforter les gens avec les mots, alors je lui ai tendu ma main en espérant aussi fort que je le pouvais, qu'elle l'a prenne, qu'elle accepte enfin, et vraiment mon aide. Qu'elle arrête de vouloir tout prendre toute seule.
Avril a pris ma main dans la sienne, son contact m'a hérissé chaque poils, a fait vibré mes sens en mille morceaux. Mon cœur s'est mis à faire des claquettes. Ses joues se sont mises à rosir. Elle est venue d'elle-même contre moi, ce qui m'a rendu encore plus joyeux.
La seule chose que je réussissais péniblement à faire en l'ayant ainsi contre moi, en me sentant enfin utile pour elle, c'était de respirer.
Je ne peux m'empêcher de rêver à plus avec elle. Dès qu'elle ose me prouver son attache, je vois un avenir entre nous. L'avenir après le lycée, le bac, après les études supérieures. C'est la seule pour l'instant qui me fait ressentir cette envie. La seule dont j'ai besoin de voir le sourire au moins une fois par jour, de croiser ses magnifiques yeux bleus qui me font rêver à l'océan, c'est la seule pour laquelle je suis prêt à faire n'importe quoi.
Comme la rejoindre à 1heure du matin pour la prendre dans mes bras parce qu'elle ne va pas bien, mais qu'elle fait tout pour ne pas le montrer !
- Tu sais, je ne t'en voudrais pas si tu veux pleurer, j'ai murmuré. Les gardes du corps ont un contrat de confidentialité avec leur client...Ce n'est pas la peine non plus que tu attendes à chaque fois ma permission pour venir te blottir contre moi si tu en as besoin.
- C'est...c'est le garde du corps qui parle ? a balbutié Avril en me lançant un sourire.
- Avril, dans les deux cas, c'est ce que je pense, j'ai insisté. On dirait que tu te méfies de te confier à moi ! Celui qui te supporte depuis l'âge de six ans...Tu sais, je...malgré ce que je montre généralement je tiens trop à toi pour me moquer de toi ou participer de près ou de loin à leurs plans plus que tordus.
- De toute façon, j'en ai à subir jusqu'à la fin de l'année des harcèlements, a reniflé Avril. Avec ou sans toi, ils me collent à la peau même si je donnerais tout l'or du monde pour m'en débarrasser !
Tout ça, à cause de moi. Parce que je t'ai toujours considérée comme ma meilleure amie, ou plus cela va de soi.
J'ai caressé les cheveux d'Avril quand elle s'est vraiment mise à pleurer. J'ai regretté de ne pas avoir frappé toutes les filles qui soutenaient Claire ou Tara...
Au bout d'un moment, lorsque j'ai senti que ses jambes trop trembler, je l'ai amenée sur le lit. Je me suis allongé à ses côtés, et je me suis endormi contre elle. La prenant contre moi comme si c'était une peluche, fragile mais douce, que l'on devait traitée avec soin pour ne pas la briser.
Mardi 16 septembre
Romain
06h30 du matin
Avril est dans la salle de bain. Depuis la rentrée, je n'ai jamais aussi bien dormi que cette nuit ! Avril n'a pas bougé non plus de la nuit, elle est restée contre moi dans la position que j'avais choisie lorsque nous nous sommes endormis.
C'est son pied froid au petit matin, qui m'avait réveillé, en frôlant l'une de mes chevilles.
Quand je descends dans la cuisine, la mère d'Avril en tombe la tartine qu'elle était en train de croquer. Son morceau se noie dans son bol de café. Elle rajuste rapidement son peignoir afin de cacher sa tenue de nuit en grommelant des excuses.
- Elle aurait pu mettre un mot comme quoi tu restais dormir, a grogné la mère d'Avril. J'ai envie de dire fait comme chez toi...
- En réalité, ce n'était pas vraiment prévu que je reste dormir, mais on a oublié tous les deux de prévenir ma présence, j'ai avoué.
- Tu fais attention avec Avril s'il-te-plais, a conclu sa mère avant de s'arrêter net parce qu'Avril nous rejoignait.
Si même la mère d'Avril commençait à se méfier de moi, j'étais bon pour devenir curé...
Avril aussi était de bonne humeur parce qu'elle chantonnait. Elle portait un jean slim et une blouse rouge, tenue simple mais terriblement charmante sur elle.
Elle m'a souris timidement avant de préparer son petit-déjeuner.
La mère d'Avril nous regardait avec un air suspicieux.
J'ai secoué la tête en comprenant qu'elle me demandait si nous avions couché ensemble.
7h00
Je suis rentré chez moi récupérer quelques affaires de cours ainsi que mes affaires de sport. Le téléphone principal de la maison a sonné à cet instant. C'est moi qui ait récupéré l'appel. Marie, la meilleure amie de Jim voulait parler à Baptiste.
Je ne me suis pas trop inquiété car Marie, Jim et Baptiste sont un trio assez soudé comme moi, Camille et Avril. Mais la voix de Marie semblait nerveuse, inquiète. Depuis l'histoire de la drogue, Baptiste et Jim ne se parlaient plus donc j'ai évité de me mêler des histoires de mon frère.
07h15
Avril était au téléphone lorsque je l'ai retrouvé. J'ai vite compris qu'elle discutait avec Fred et mon cœur s'est serré dangereusement de jalousie.
J'étais inquiet pour l'élection des délégués de classe, mais je ne voulais pas le lui montrer, alors pendant le trajet qui nous a mener jusqu'au bus, nous avons gardé le silence. J'ai été surpris de voir Camille à l'heure pour une fois.
Elle portait un short en jean et un débardeur rose assez transparent. Ce n'est qu'au regard écarquillé d'Avril que j'ai vu les mèches rouges et roses qui ornaient sa chevelure. Elles ne recouvraient pas toute sa tête.
J'ai reporté mon attention sur ses boots noires et les chaussettes hautes que Camille avaient mis. J'ai toujours aimé son style décalé mais pour aujourd'hui, j'ai dû me mordre la langue pour lui faire remarquer que c'était exactement le genre de style qu'Amandine ou Tara aimaient pour provoquer les garçons.
A l'arrivée du bus, j'ai senti beaucoup de regards convergés vers nous. Des regards étonnés, bons, malsains, comme d'habitude, il y avait de tout.
Enzo qui était au fond du bus a dévisagé Camille pendant une longue minute avant de détourner la tête.
- Tu peux le rejoindre si tu veux, je suis curieuse de connaître sa réaction, m'a murmuré Camille. Et il faut que je parle à Avril, en tête-à-tête !
Avril a esquissé le même sourire amusé que le mien.
- Quoi ? J'ai loupé quelque chose ? a demandé Camille, suspicieuse.
- J'ai été promu garde du corps, j'ai annoncé fièrement.
- Garde du corps ? a répété Camille en nous regardant tour à tour. Vraiment ? Vous pourrez vous supportez sans vous engueuler une seule fois dans une journée ?
- On va essayer, a conclu Avril
J'ai senti mon cœur se serrer lorsque nous avons croisé Tara et Olivia dans le métro. Regards froids entre nous. Mauvais pressentiment. Olivia a chuchoté quelque chose à Tara qui s'est mise à pouffer tout en regardant Camille. Très souvent, je vous l'avoue, je me demande ce qui m'a pris de sortir avec elle !
Son côté sensible très refoulé en elle m'a s'en doute séduit à force de côtoyer Tara, la découverte de sa situation familiale m'a aidé à comprendre la colère qui se cachait sous cette plastique provocante. J'ai vite compris que son côté possessif et extrêmement jaloux venait d'un manque d'attention parentale poussée.
Qu'elle défoulait sa colère et sa rancune contre les autres au lycée parce que son petit frère paraplégique la rendait trop vulnérable chez elle.
- Romain ? Romain !
J'ai sursauté lorsque je me suis rendu compte que Camille et Avril n'étaient plus à mes côtés. Qu'un attroupement s'était constitué près de l'escalator que nous venions de quitter. J'ai cherché Olivia des yeux tandis que ceux de Tara m'hypnotisaient encore.
Je me suis dirigé vers Enzo qui essayait de relever Jade dont la tête avait percuté la rembarbe et qui s'était évanouie contre les marches de l'escalator, escalator qui continuait désespérément de marcher. J'ai aperçu un livre de cours à côté de Jade, le sourire diabolique d'Olivia. Le garde de sécurité du métro est arrivé un peu tard.
Les adultes intervenaient généralement trop tard...et moi aussi.
- Qu'est-ce que tu faisais ? a répliqué Camille
Je n'ai pas répondu et j'ai regardé l'escalator s'éteindre brusquement. Salomé était prise en charge par Avril qui essayait de l'empêcher de bagarrer avec Olivia.
- Pourquoi elle s'en est prise à Jade ? j'ai demandé à Camille.
- Parce qu'elle allait voter pour Avril toute-à-l'heure, m'a répondu sèchement Camille. Tu...tu atterris sur Terre de temps en temps ?
J'ai attendu avec les autres l'arrivée des secours, dix minutes plus tard. Salomé est partie avec les ambulanciers pour être au côté de Jade à son réveil. Avril et Camille ne m'ont pas adressé la parole jusqu'à notre arrivée au lycée. Avant de rentrer, Enzo m'a retenu par le poignet pour discuter.
- Personne ne l'a vu venir, m'a-t-il rassuré. L'action s'est passée vraiment vite !
Il a sorti de son sac une enveloppe blanche.
- Tu pourras donner ça à Camille ?
- Je ne suis pas un pigeon voyageur, j'ai soupiré
- Oh, combien de fois je l'ai fait moi, entre toi et Avril ? Allez, s'il-te-plaît. Dès que je m'approche d'elle, elle me fusille du regard.
- D'accord, je lui donnerais.
- Romain, tu sais qu'avec Jade cela fait une voix en moins pour Avril...tu crois vraiment qu'elle va gagner ?
- Je l'espère, j'ai conclu le ventre serré...
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