Vendredi 19 septembre

AVRIL

06h45

Le réveil est un peu difficile. Nous avons continué à danser jusqu'à deux heures du matin.

Autant dire que la journée va être longue...

Nous avons dormis dans la chambre d'amis avec Camille et les garçons dans le salon.

Heureusement que la mère de Julien était en déplacement professionnel sinon nous aurions pris cher de s'être ainsi coucher tard en pleine semaine, en omettant nos devoirs de lycéens.

Réunis autour du petit-déjeuner nos têtes d'endormis nous ont bien fait rire.

Ce n'est qu'une fois dans la salle de bain que nous avons pu discuter avec Camille de ce qui allait se passer maintenant entre Diane, Léa et Julien.

- Léa ne va pas laisser Diane tranquille, j'ai deviné en refermant mon baume à lèvre.

- Non, et le plus dur pour nous deux ça va être de rester neutre pour ne pas prendre parti si elles se disputent.

- Tu crois qu'elles vont s'ignorer ? j'ai questionné inquiète

J'ai sursauté lorsque Romain est entré, torse nu dans la pièce.

- Qu'est-ce que t'as pas compris quand j'ai signalé que nous occupions la salle de bain ? s'est exclamée Camille, amusée.

- Je pique juste le gel de Julien, et je m'en vais, a promis Romain

Il m'a pincé les hanches en passant près de moi. Son geste m'a arraché un petit rire. En soupirant, Camille a levé les yeux au ciel.

Je me suis permis de mater son dos et son fessier quand Romain a quitté la pièce. J'ai porté une main sur l'arrière de ma tête quand Camille m'a lancé une tape amicale pour me rappeler sa présence.

- Je vois que ça avance entre vous, a-t-elle commenté en souriant.

- On essaye en tout cas...

- Bientôt tu vas pouvoir amorcer les rendez-vous...

- Il me l'a déjà demandé, j'ai avoué en me faisant une tresse.

- Pour quand ? Où ? s'est exclamé Camille, excitée.

- Oh, il m'a juste spécifié son envie de partager des rendez-vous avec moi, c'est tout pour l'instant !

- C'est un bon début, j'espère que vous allez continuer comme ça !

Nous avons finis de nous préparer et nous sommes partis au lycée. J'ai hésité à lui demander si elle avait eu des nouvelles de mon soutien-gorge disparut mais je me suis retenue. Cette disparition restait un mystère.

Nous avons été dévisagés pendant tous le trajet ce qui a alerté mes sens. Enzo est allé sur les réseaux sociaux et il a lâché un gros mot.

- Claire et Olivia ont créé une page « filles faciles » et vous y êtes dessus...nous a-t-il annoncé.

- Pour changer, a grogné Camille en observant avec moi les photos de montages qui nous montrer en petites tenues ou en faisant du sport au lycée. Des prix étaient affichés sous les photos avec des prestations sexuelles.

Nous n'étions pas les seules visées, Valentine, Diane, Jade, Salomé et Inès étaient aussi sur cette maudite page d'insultes !

J'ai observé Enzo passer sans rien dire devant Amandine, ce qui m'a étonné.

Camille m'a attiré vers elle en me prenant par le poignet.

- J'ai oublié de te dire que l'on essaye de sortir ensemble Enzo et moi, en privé. On attend de voir la réaction d'Amandine quand Enzo va lui dire que tout est fini, et on officialisera cela devant vous...

Nous avons tous sursauté lorsqu'une pluie d'insultes s'est abattue derrière nous, à l'encontre de Diane qui arrivait avec Inès.

- Catin, disait Olivia en la montrant du doigt

- Salope...a renchérit Pauline.

- T'es tellement douée que tu séduis le mec d'une de tes meilleures copines ? lui a demandé Claire avant de rigoler. Tu es pathétique...Tu sais vas t'acheter un nouveau visage ce sera plus simple pour aborder des mecs !

Diane a esquivé une cigarette que Pauline lui lançait dessus et elle s'est arrêtée à côté de moi pour me saluer. Léa a continué de suite son chemin vers les bâtiments de cours, accompagnée de Camille.

Neutre dans cette situation, disait mon amie il y a une heure ? Cela va être compliqué de l'être.

- Ce n'était qu'un câlin...m'a chuchoté Diane en regardant les garçons s'en aller à leur tour.

- Ecoute, Julien et Léa ont décidé de faire une pause, laisse-leur un peu de temps avant de revenir vers toi, d'accord ?

- Une pause ? a répété Diane dont les yeux se sont illuminés

- Diane, j'essaie de garder mon calme, j'ai assuré en me massant les yeux mais on parle de Julien ! Léa et Julien...

- Julien a beau être un ami Avril, mais tu es bien placée pour savoir que les sentiments entre amis peuvent évoluer sans qu'on les contrôle vraiment...a ajouté Diane.

- Les autres en profiteront pour t'en faire voir de toutes les couleurs Diane, tu le sais, ça au moins, s'il doit se passer quelque chose avec Julien ? Et Léa, tu y as pensé à ce qu'elle peut ressentir ? C'est...c'est comme si moi et Enzo nous décidions de nous mettre ensemble !

- Je sais Avril, mais c'est comme ça ! a dit Diane d'un ton sec. Je suis amoureuse de Julien et je n'y peux rien, je crois même que c'est plus que réciproque.

- Très bien, laisse-moi juste le temps de digérer ce que tu m'as caché depuis...je ne sais combien de temps.

Diane a essayé de me retenir mais j'ai rejoint Romain et Enzo qui m'attendaient devant le CDI.

- Ça va ? m'a questionné Romain

Retenant mes larmes parce que je prenais tout à coup conscience que mon seul groupe d'amis allait exploser, j'ai dit d'une voix nouée :

- On va gérer ça, comme d'habitude. Les problèmes, je les connais bien !

- Tu n'es pas toute seule, m'a assuré Romain. On va voir comment les choses se déroulent, et puis voilà...

Il m'a souri au moment même où la sonnerie à annoncer le début des cours. Son sourire m'a redonné un peu de clarté dans mes pensées toutes secouées. Petit à petit, je prenais conscience que Romain n'était plus la source de mes problèmes mais une aide précieuse pour les combattre.

***

AVRIL

12h30

La matinée s'est passée très lentement.

Les autres élèves semblaient s'être tous mis d'accord pour se léguer contre nous et nous montrer du doigt en nous traitant de toutes sortes d'insultes. J'ai accueilli la pause déjeuné avec soulagement. Romain m'a proposé que l'on déjeune rien que tous les deux pour éviter les regards ou remarques incendiaires de Léa à l'encontre de Diane.

Valentine a préféré sortir du lycée pour manger, elle n'a pas dit grand-chose ce matin, comme si elle se protégeait de nous.

Le regard des autres sur notre tête-à-tête improvisé me gênait et très souvent, je gardais ma tête rivée sur mon plateau. Pendant les dix premières minutes, nous n'avons pas parlé, c'est lui qui a lancé la conversation alors que nous arrivions au dessert.

- Je risque de partir en randonnée avec mon frère, durant un weekend, m'a-t-il dit

- D'ici le mois prochain ? j'ai questionné

- Oui, nous avons besoin de changer d'air tous les deux...

- Tu sais entre Baptiste et Jim ça part vraiment en cacahuète...j'ai fait remarquer en me retenant de dévisager ses lèvres si attirantes.

- D'autant plus que Marie, la meilleure amie de ta sœur passe pas mal de temps à la maison, m'a avoué Romain.

- Tu crois qu'ils couchent ensemble ? j'ai questionné en sentant mon cœur partir en couille si vite que ça m'a affolé.

J'ai régulé ma respiration pour que ma voix ne tremble pas trop.

Romain a hoché les épaules, indécis.

- Jim ne s'en remettra pas si c'est le cas, j'ai dit dans un murmure.

- Et entre toi et Fred ? Vous avez... ? a voulu savoir Romain, un sourire taquin aux lèvres.

- Non, je ne suis pas une fille facile, j'ai précisé, amusée par le fait qu'il me questionne très souvent sur ma relation avec Fred.

Nous nous sommes tus quand plusieurs garçons ont salués Romain en se dirigeant vers le dépose plateau.

L'un d'entre eux lui a demandé si notre relation se concrétisait enfin.

- Pas encore, j'y travaille, a répondu Romain d'un ton si sérieux qu'il m'a déstabilisé.

Lorsque ses yeux verts se sont retrouvés dans les miens, je me suis mordu la lèvre pour m'empêcher une remarque sexuée.

Pendant plus de trois secondes, ma température corporelle s'est mise à jouer entre le chaud et le froid. Contrôler mon corps et ses réactions en présence de Romain était toujours aussi difficile alors j'ai pensé à Fred. A Jack, dont je n'avais plus de nouvelles, qui sortait avec Pauline.

J'ai soupiré en lançant un sourire à Romain après pour qu'il ne s'inquiète pas trop vite.

Depuis le début du repas, j'évitais de regarder la bande de sorcière qui, en plus de me jeter des regards meurtriers, m'insultaient gratuitement.

- Ne les écoute pas, elles sont jalouses de toi, m'a dit Romain tandis que nous sortions de la cantine. Tu es une fille géniale...tu devrais plus t'autoriser à sourire, et à t'amuser, tu en as le droit, tu sais ?

- Je sais mais j'en ai vraiment marre du lycée, de cette ambiance hypocrite et remplie d'harcèlements, aux jeux de celui qui écrasera le mieux l'autre...j'ai dû mal à m'y épanouir.

- Tu ne méritais pas tout ce qui t'es arrivé et ce qui t'arrive ici Avril. Une fois le bac en poche, tu pourras souffler, tu rencontreras de nouvelles personnes, tu seras dans un nouveau lieu, ce sera mieux.

- Sincèrement, je l'espère, j'ai dit. Tu as une idée de ce que tu vas faire l'année prochaine ?

Romain a passé une main rapide dans ses cheveux, s'est humecté les lèvres.

- Je pense que je vais essayer de devenir prof d'histoire. Mais tu es la première à le savoir, alors garde ça pour toi, s'il-te-plaît. Et toi ? Tu as une idée de ce que tu vas faire ?

- Non pas du tout...

Nous sommes allés au CDI pour étudier un peu avant les cours de l'après-midi.

15h00

Les sorcières m'ignorent. Je dois dire que cela me convient. Par contre, le fait que Diane le fasse aussi, cela me fait mal. Je tiens à Diane depuis la classe de CP. Nous avons grandis ensemble, avons traversé les galères ensemble. J'espère ne pas la perdre, mais j'étais la mieux placer pour connaître que l'amitié était quelque chose de très fragile. Qu'il suffisait du moindre faux pas pour qu'elle se casse.

Pendant le cours de sport, je me suis donc ouverte un peu aux garçons de la classe, parce que les filles qui la composer commencer à m'étouffer. J'ai juste évité Jordan et ses amis...

J'ai parlé à Renaud, Gaspard, Corentin, Nathan, ceux qui étaient en bon terme avec Romain. Ceux-ci m'ont un peu taquiné sur la page Facebook que Claire avait ouverte pour nous « les casos » de la classe mais sans rien de méchant.

A la fin du cours, Corentin m'a dit que ce serait bien que je m'ouvre plus souvent à eux. Il m'a assuré qu'ils n'allaient pas me manger ni s'en prendre à moi comme pouvait le faire Jordan et sa bande. Qu'ils n'étaient pas tous de gros pervers remplis de problèmes psychologiques...