"Pierre, feu, ciseau"
J’ai croisé le regard de Camille, elle s’empêchait vivement de rigoler. Mais j’ai compris à son sourire, que je venais de lui dire « j’ai compris ce qui se passer, on va lui payer ce chantage ». Claire était devenue livide. Comme si elle venait de se recevoir une grosse pierre sur la gueule !
Je n’ai pas osé regarder Romain mais les quelques applaudissements timides, que j’ai entendu, sont venus de lui…
ROMAIN
Pendant le cours d’athlétisme, option sport.
Je regarde Enzo et Avril discuter entre eux pendant l’échauffement, ils n’arrêtent pas de rigoler. J’aimerais bien le remplacer…
Avril a l’air plus à l’aise avec lui, qu’avec moi.
Pourtant Avril venait de s’allier avec Tara pour remettre Claire à sa place, et ça, je sais que ce n’est pas qu’une preuve amicale. Jamais elle ne l’aurait fait, si elle n’était pas au courant du chantage que nous faisait Claire ! Depuis le cours de maths, je n’arrive pas à faire ralentir les battements de mon cœur.
Lorsque Tara et Camille ont finies de discuter, Camille me rejoint, un petit sourire au coin des lèvres.
- Elle a mis Avril au courant du problème, mais elle m’a avoué qu’Avril se doutait déjà de quelque chose avant même qu’elle ne lui en parle. Le truc le moindre pour toi, c’est que Claire fait aussi chanter Tara, elle détient encore des vidéos qui vous concerne tous les deux…
J’ai laissé passer un soupir de soulagement, complétée par une grimace pour les autres vidéos.
- Romain, on va devoir changer la carte SIM de nos téléphones, Tara pense que Claire est allée jusqu’à les pirater…a ajouté Camille.
- D’accord, on s’en occupera ! Dans le même temps, on fouillera nos chambres, elle risque d’y avoir disposé de vilains micros d’espions…
Enzo nous a rejoint, tout sourire.
- Quoi ? a grogné Camille.
Au regarde coquin de mon ami et aux rires d’Avril pas loin de nous, milles questions m’ont bousculé l’esprit. Diane m’a fait signe de venir tandis qu’Avril s’éloigner vers la fontaine d’eau.
- Qu’est-ce qu’ils ont eu encore comme idée ? je l’ai questionnée
- Regarde au lieu de parler !
En voyant Enzo essayait d’embrasser Camille, j’ai été plus que surprit.
- Un pari ? j’ai demandé à Diane.
- Non, Avril lui a bien rappelé qu’il n’avait rien à perdre. Et je crois que suite à son alliance avec Tara, il se dit deux fois plus qu’il peut tenter l’impossible !
- Qu’est-ce qu’elle a mangé Avril, ce matin ?
- Je ne sais pas, m’a avoué Diane en souriant.
Camille ne s’est pas laissé faire, enfin, au début. Enzo a réussi à avoir un baiser rapide sur les lèvres, à force d’insister. Cependant, j’ai vu Camille rougir, et cela n’arrivait jamais quand nous étions en cours ! Enzo venait donc de marquer quelques points. J’étais bien content pour lui !
A la fin d’une course, je me suis retrouvé à côté d’Avril, sans que personne n’y soit pour quelque chose, nos deux groupes de courses se touchaient…
- Merci, j’ai dit en regardant méfiant, ce qui se passer autour de nous.
- De rien. Claire t’en as parlé de ce revirement de situation ? a demandé Avril en me donnant un sourire si craquant, que mes soucis se sont envolés un court instant. Comme sa question initiale…
- Romain ? a ajouté Avril, amusée.
- Non, ma copine m’évite depuis le cours de maths, j’ai avoué, en détournant mon regard de sa jolie bouche.
Mon ton ironique nous a fait rire nerveusement tous les deux. Le feu semblait brûler mon cœur de pouvoir ainsi reparler à Avril…
- Mlle GOMEZ et M RABAH, on arrête de se draguer, et on se remet en place pour la suite ! On se concentre ! s’est exclamé M BENNETT en sifflant.
- Avril, si je suis libre ce soir, on peut toujours se voir ? je lui ai demandé, plein d’espoir.
- Oui, il n’y a pas de soucis ! a assuré Avril. Tu peux aussi venir avec Camille, ça me ferait plaisir.
- Je lui ferais passer le mot.
Avril commençait à s’en aller, je l’ai retenue avant qu’elle ne soit trop loin de moi.
- Non attends, viens chez moi plutôt, tu sais, je suis privé de sortie !, j’ai conclu en me rappelant la colère de ma mère, lundi soir. Ma mère ne pourra pas te dire non, si c’est toi qui vient…Tu n’auras qu’à me biper pour que l’on se voit !
Elle m’a souri, une dernière fois, et m’a ensuite laissé jusqu’à la fin du cours, car les regards jaloux et venimeux de Tara et Claire la surveiller de loin.
20h04
Claire m’a laissé tranquille tout l’après-midi, je me méfie d’elle maintenant, mais je dois avouer que le coup de Tara l’a bien poussée à se taire et à revoir son plan d’attaque ! Enzo m’a parlé de son baiser furtif avec Camille durant le reste de la journée, ce qui m’a un tantinet amusé et changer volontiers les idées.
J’étais en train de faire ma musculation et de désespérer face à l’absence de nouvelles d’Avril, lorsque la sonnette de la maison a retentit. Mon cœur n’a fait qu’un bond. C’est ma mère qui est allé ouvrir. J’ai souris en entendant la voix d’Avril. Elle était seule.
Sans se soucier de moi, ma mère lui a proposé quelque chose à boire. Je m’étais résolu à apparaître torse nu enduit de sueur devant Avril, histoire de lui rappeler ce que je vaux physiquement, mais la présence de ma mère m’a légèrement cassé dans mon élan de séduction…
J’ai donc remit mon tee-shirt avant de la saluer d’un rapide coup de main. A la sortie de la douche, j’ai enfilé rapidement mon pyjama, composé d’un tee-shirt simple près du corps et d’un short. Porter une chemise aurait été trop suspect…
Ma mère nous a laissé quand je suis descendu rejoindre Avril.
Mon père et Baptiste étaient à la salle de sport.
Je me suis servi un grand verre d’eau, avant de proposer à Avril, de monter dans ma chambre.
- Camille est venue manger à la maison, m’a précisé Avril en devançant ma future question. Mais elle voulait bosser le contrôle de géo demain, sur la carte de Chine alors elle m’a vite laissé tranquille…
J’ai hoché la tête tout en remarquant la jupe qu’elle portait. J’ai senti le début d’une érection sous mon short. Ai pensé à autre chose pour la stopper. Si elle voulait me provoquer avec cette jupe et ses jambes nues, elle avait bien réussi son coup !
- On peut réviser le contrôle de géo si tu veux, j’ai proposé, un peu plus fort, histoire de taquiner ma mère au passage…
- Ne la cherche pas, sinon, elle va me jeter dehors ! a ajouté Avril en riant. Mais je veux bien réviser, j’en ai besoin.
Je lui ai ouvert la porte de mon antre en bordel. J’ai soupiré et me suis reproché de ne pas avoir rangé cette pièce plus tôt…
Nous nous sommes installés à mon bureau pour travailler. Avril a fixé un instant les photos qui recouvraient le mur.
- Qu’est-ce que…
Elle a dévisagé les photos qui la représentait, bouche bée. Je me suis raidi. La dernière fois qu’elle était venue, elle m’en voulait tellement qu’elle ne les avait pas remarqué.
- Tu me manquais, Camille me les fournissait dans ton dos, j’ai précisé en faisant mine de me concentrer sur le cours.
Avril n’a pas insisté ses remarques. Cependant, elle devait aussi penser qu’aucune photo de nous deux ne se trouvait dans ce lot de souvenirs…
- J’ai une idée, j’ai déclaré en fixant Avril, après vingt minutes de silence entre nous.
- J’ai peur, m’a coupé Avril. M Rabah réfléchit…
- Tu me fais placer, sur cette carte vierge préalablement imprimée par mes soins, les villes ou éléments importants ! Si je me trompe, tu as le droit de me prendre en photos. Si c’est toi qui te trompe au prochain coup, je te prends en photo !
- Et si on a bien travaillé, à la fin de l’exercice, on se prend en photo tous les deux, a ajouté Avril, avec sérieux.
- C’est un ordre ou une proposition définitive ? j’ai ajouté dans un chuchotement, au vibrato sexy.
Avril s’est mordue l’intérieur de sa lèvre, et elle a souri.
- C’est une proposition purement amicale, et ne prend pas ton air de dragueur, il ne marche pas sur moi !
Essayer de séduire sa meilleure amie, devient hyper frustrant : elle connait tous vos secrets de drague et remarque chaque changement dans votre attitude…
Comme Avril sait que l’histoire-géographie est mon point fort à l’école, je n’ai pas essayé de tricher ou de faire exprès de me tromper. En toute honnêteté, je me suis trompé deux fois.
Avril, quant à elle, a fait cinq erreurs, pour mon plus grand plaisir !
- Le seul avantage de ton idée machiavélique, a susurré Avril en sortant son I Phone, c’est que demain, je me souviendrais très bien de ces cinq erreurs…
- Range ton I Phone, j’ai demandé, je te rappelle que les appareils photos existent. Et ne t’enfuis pas pendant que j’ai le dos tourné !
- Je ne m’enfuis pas, j’intègre les noms des différentes rivières pour lesquelles je me suis trompée…a grogné Avril.
Une fois l’appareil trouvé parmi mon bazar, je me suis replacé près d’Avril, tout sourire. Elle a pris deux poses, un peu coincées, mais son sourire et sa beauté rendaient tout de même mes photos magnifiques ! Avec ces cheveux lâchés, son visage ovale, ses yeux d’un bleu électrique, Avril ressemblait à un ange.
Quand j’aime quelqu’un, je donne tout ce que je ressens à l’extrême. Si je sors avec une fille pour passer le temps, je suis malheureux et je le cache sous mon air de séducteur. Si je sors avec une fille que j’aime vraiment, je doute tout le temps et je dis, ou je fais toujours des bêtises…
Cependant, mon côté séducteur n’est jamais loin dans mon caractère, alors, pour voir sa réaction, je lui demande si elle souhaite que je me mette torse nu pour les photos. Je suis sur le terrain glissant du physique, je ne pense pas qu’elle accepte.
- Nous faisons des photos Romain, a soupiré Avril. Pas un strip-tease ! Réserve cette partie à ta petite amie…
Je lui ai fait une grimace, vexé. J’ai fait un peu le clown sur les photos qu’elle a prise, elle n’a rigolé qu’une seule fois. Je suis sûr qu’elle se retenait de rire, pour ne pas me montrer que je la déstabiliser ; parce que personnellement, je me suis vraiment senti con en regardant par la suite, les clichés !
Un froid de quelques secondes nous a séparé, lorsque nous en sommes arrivés à devoir faire la photo de nous deux.
- Allez viens, a enchaîné Avril en se levant de sa chaise.
Elle a désigné d’un mouvement de tête mon lit, ce qui m’a surpris.
- Le poster New York derrière ton lit, sera plus sympa pour la photo, que ton « coin télé » en bordel, a fait remarqué Avril, d’un ton taquin.
- Pas faux, j’ai murmuré, devancé dans mon propre jeu de rapprochement.
Nous nous sommes assis au centre du matelas, j’ai évité de la toucher pour ne pas la brusquer. Je l’aurais fait avec une autre fille, elle se serait même sans doute laissé embrasser, mais pas Avril. Pour le moment, je me contenter de renouer simplement le contact avec ma cible principale de séduction…
J’ai eu un air surprit sur la photo car au moment du flash, sans me prévenir, Avril a posé sa tête sur mon épaule.
- On va la refaire, a décidé Avril en y jetant un coup d’œil.
Elle s’est emparée de l’appareil pour mieux nous cadrer. J’ai souris à la deuxième prise, Avril aussi.
En voyant le résultat, Avril a balbutié :
- Je…c’est…c’est cool. Tu…tu me l’enverras ?
- Je te la donne sur une clé si tu veux, j’ai proposé.
Tout excité, je n’ai pas réfléchit et fais attention à la clé USB que je lui donnais…
AVRIL
Je suis rentrée chez moi, le cœur joyeux. Je me suis pris une tisane et je suis montée dans ma chambre. Il était tard, mais je n’avais pas sommeil.
Après cet agréable moment avec Romain, m’endormir aller être une mission très compliquée à remplir !
J’ai donc travaillé encore une petite heure sur mes cours, mes fiches. Puis j’ai allumé mon ordinateur. Y est inséré la clé de Romain pour récupérer les photos, me suis ensuite trop attardée sur son contenu…
Un fichier nommé « photos Tara » a attiré ma malveillante curiosité !
J’ai fait une drôle de tête en découvrant des clichés trop dénudés de mon ennemie ! Lorsque le diaporama a lancé une vidéo plus que remplie de sous-entendue, j’ai arraché la clé de son port et je l’ai balancé dans un coin de mon bureau. Au même moment, près de mon PC, mon portable s’est mis à vibrer. Un appel de Romain. Il a dû se rendre compte de son erreur.
Je suis allée dans la salle de bain, me jeter un coup d’eau glaciale au visage, espérant que ce contact enlèverait l’image des photos de charmes qui se trouvaient sur cette foutue clé ! L’eau a semblé éclaircir davantage ces images.
En soufflant, je me suis appuyée contre le lavabo. Ma jalousie a commencé à me serrer le cœur. Je ne peux pas calmer de suite les palpitations précipitées de ma respiration : il faut que mon esprit se pose lui aussi et trie ce qui appartient au passé, ce qui concerne le moment présent ! Romain n’est plus avec Tara et c’est son droit le plus total de conserver les images de son ancienne relation ! Même si ces images sexuelles et pornographiques ! j’ai pensé en hochant la tête à mon reflet.
Tu n’as pas à te mêler de ce droit, même si tu aurais aimé te voir à la place de Tara sur ces clichés !
Au fond de moi, j’étais jalouse de l’assurance de Tara sur le domaine du charme, de la provocation, et du sexe. J’enviais sa confiance en elle, et sa facilité à séduire les garçons ! A être aussi à l’aise derrière un appareil photo ou une caméra. Ce soir, ce n’était pas mon cas, et le jour où je le serais, les poules auront des dents !
Je crois que voir pendant deux ans, son talent ensorceler l’entière attention de Romain, ça a légèrement accentué ma folie…
Tu ne le mérites pas, a d’ailleurs scandé de nouveau Tara dans le coin de ma tête. Tu ne vaux rien à ses côtés. Tu es un grain de poussière qu’il ne remarque même pas…
Pas fréquentable. Risée. Mocheté. Verrue de société…
Dégage de sa vie, tu lui feras plaisir ! Dégage, de ma vie Avril…
On me l’avait balancé tellement de fois cette dernière phrase. Les sorcières en avaient fait leur slogan sur Facebook, sur l’une des pages qui étaient consacrées à me trucider tout court dans leur imagination ou pour leur propre plaisir personnel…
J’ai regardé le ciseau coupe-ongle sur l’étagère au-dessus de l’évier. Ai sursauté en entendant la voix de Jim se rapprocher de la salle de bain. J’ai vite allumé à fond le robinet, histoire de faire semblant d’être réellement occupée !
Ce n’était pas la première fois que je regardais ce ciseau avec de sombres pensées de scarification. Envie de me libérer de ce sang entaché. De me débarrasser de tous ces coups subis, de ce corps soumis. J’avais envie de le détruire pour renaître.
Or le problème, c’était que j’étais déjà en vie. Et que je n’étais pas un phœnix…je ne guérissais pas de mes cendres, mes blessures en un claquement de doigt ! Mes gestes allaient se ressentir des années, et des années avant de cicatriser.
Et il y avait Romain…
Camille. Léa. Diane. Enzo. Julien. Jim. Maman.
Non, vraiment, il ne fallait pas que je touche à ce ciseau !
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