Nuit mouvementée
Suite partie précédente, PDV Avril.
J'étais stressée et excitée. J'ai mis un short et un haut assortis. Une tenue pas trop sexy, ni trop « petite fille ». Romain avait enfilé un short et un tee-shirt. Je savais par Tara, qu'il dormait d'habitude en slip. —Tara aimait bien me rappeler qu'ils étaient très proches, tout en me donnant des coups. J'avais le privilège d'avoir des détails croustillants sur leur vie sexuelle, même si je ne voulais pas les entendre !-
Romain a joué la tenue « soft », lui aussi.
Je repense aux paroles de Fred : « Libère-toi un peu ». Je commence, Fred, je commence...j'ai pensé en essayant de ne pas rougir quand Romain me regardait.
23H06
- Tu l'as dit à Camille que nous dormions ensemble aujourd'hui ? m'a demandé Romain tandis que je préparais mes affaires pour le lendemain.
- Non, ce sera le scoop pour demain, j'ai avoué.
- Tu dors de quel côté ? a continué Romain
- Du droit, j'ai murmuré en voyant un nouveau message d'insultes sur mon portable.
J'avais deux messages en absence de Fred. Je n'ai pas osé les regarder de suite.
La proximité du corps de Romain me rendait nerveuse. Maladroite. A plusieurs reprises, mes cahiers sont tombés à terre comme mon chargeur de téléphone. Pendant que je m'occupais de ranger un peu le bordel du weekend, Romain pianotait à toute vitesse sur son portable. Il était très connecté à cet objet, en particulier sur les réseaux sociaux. Je le sentais plus connecté à cet objet, qu'à moi...
Pendant quelques secondes, j'ai décortiqué (avec la plus grande discrétion possible), ses bras musclés, ses épaules, ses jambes. J'ai détourné la tête en me sentant perdre le contrôle de mes sens.
Sa chaleur et son odeur semblaient cependant se synchroniser à la mienne car j'ai eu besoin d'ouvrir la fenêtre et les volets, histoire de respirer un peu.
Je me suis appuyée contre le rebord pour profiter de l'air frais. Romain s'est posé à côté de moi.
- Je stresse pour demain, m'a-t-il avoué d'une voix douce et basse.
- Pourquoi ?
- J'ai peur de ce que te réserve Tara...qu'elle te fasse encore du mal.
- Elle va m'en faire, la question exacte que je me pose moi, c'est quand ?, j'ai ajouté, en observant Jelly s'amuser dans le jardin, sous ma fenêtre. Tu sais, Mayssa m'a demandé si je comptais me présenter à l'élection des délégués de classe...
- Si tu te le fais, je me présenterais avec toi.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, je connais par avance les conséquences de mon choix, en coulisse si je le fais, et ça me rebute un peu. Tara et Olivia se feront un plaisir de me faire regretter mon choix...
- Il faut seulement que tu t'ouvres aux autres davantage, mais je crois que tu pourrais gagner. La plupart des autres élèves ont juste peur de Tara, ils le cachent bien, mais c'est vrai...a commenté Romain en soutenant mon regard.
J'ai fixé ses yeux de biche. Sa bouche. Trop longtemps... Les pupilles des yeux de Romain ont commencé à se dilater. J'ai rougi. Mon cœur s'est mis à battre encore plus vite dans ma poitrine.
- Tu as reçu d'autres messages d'insultes aujourd'hui ? m'a questionné Romain.
- Oui, j'ai avoué, la gorge serrée.
J'ai observé Romain serré son poing. Comme celui-ci était de mon côté, j'ai voulu le calmer en enserrant mes doigts dessus. Je n'ai pas agis assez vite, car Romain s'est éloigné de moi pour se coucher. J'ai remarqué qu'il tremblait. Romain s'est rapidement glissé sous les draps tandis que je fermais les volets.
En me couchant à mon tour, je me suis demandé si je devais faire quelque chose en particulier, est-ce que je devais l'embrasser, me coller contre lui ? Ou juste lui souhaiter une bonne nuit et ne pas dormir en comptant les moutons tout en fixant mon plafond ?
Je rêvais de me positionner sur lui, en version femme fatale irrésistible, et d'enfouir mon visage dans son cou. Mais pour le moment, je laissais ce geste au fantasme...
- Bonne nuit Avril, a murmuré Romain
- Bonne nuit, j'ai chuchoté d'une voix cassée. Un peu déçue de finir sur ce moment aussi coincée.
Je me suis positionnée sur le côté, corps tout plaqué afin d'éviter de toucher Romain. Je ne saurais dire combien de temps nous sommes restés silencieux. Dix minutes, une heure ? Dix secondes, qui m'ont paru des minutes et des heures ?
C'est Romain qui a cassé en premier, ce mur de glace entre nous. Il s'est collé contre moi. Son corps tremblait toujours autant. Il m'a emprisonné de ces bras et il a déposé sa tête dans mon cou.
Je ne sais pas pourquoi, mais ce geste a ravivé tous les souvenirs douloureux que son ex m'a fait subir depuis ces années. Ses anciens coups se sont faits intenses et réels, dans les doigts que Romain entrelacés dans les miens. Le souffle démoniaque de Tara, était celui qui réchauffait ma nuque en ce moment. Cette sorcière avait réussi à établir entre nous un fossé de méfiance, de doutes, de rancunes et de culpabilité, dur à combler en un claquement de doigts.
Romain m'a répété je ne sais combien de fois qu'il était désolé.
A un moment, je me suis mise à pleurer dans ses bras. Etouffée par ce passé, cet avenir si incertain, et ce bonheur sans fin. Je ne savais plus me contenir. Plus comment agir. Plus envie de me retenir...
A mes sanglots, se sont mêlés de nombreux sourires, mais je ne suis pas sûre que Romain les ai vus.
Lundi 8 septembre 2014
ROMAIN
04h00 du matin
Ce sont de violents coups de pieds qui m'ont réveillé en sursaut, au milieu de la nuit. Des « non » étouffés ont inquiétés mon subconscient.
Quand j'ai vu Avril être dévorée par des spasmes, j'ai allumé la lumière, apeuré.
- Avril, je me suis exclamé. Avril ! Calme-toi, tu rêves, Avril...
Impuissant, je me suis précipité devant elle, et j'ai posé ma main sur son front. Il était brûlant. Des frissons la parcouraient de partout. J'ai perdu l'équilibre lorsqu'elle s'est mise, subitement, à hurler. Son cri aurait pu réveiller n'importe quel cadavre.
04H15
Jim est la première a entré en trombe dans la chambre. Visage endormi, cheveux bruns en bataille, sans maquillage...
Elle a semblé comprendre dès la seconde, où elle a franchi le seuil de la chambre, ce qui se passer.
Elle m'a demandé d'ouvrir la fenêtre avant de quitter la pièce.
Je suis rentré dans la mère d'Avril en sortant.
- Maman, elle n'a plus de calmant dans sa chambre, s'est exclamée Jim en ouvrant la porte.
- De calmants ? Quels calmants ? j'ai questionné, paniqué en suivant maladroitement Flora jusqu'à la salle de bains des deux sœurs.
- Romain, s'il-te-plais, attends-nous dans le salon, a grogné calmement Flora en s'emparant dans la pharmacie, d'un sachet qui m'étais inconnu.
Au regard sévère que la mère d'Avril m'a lancé, je n'ai pas insisté, malgré ma panique, pour rester à ses côtés.
L'attente m'a paru interminable. Trente minutes plus tard, la mère d'Avril est venue s'asseoir à côté de moi sur le canapé, tandis que Jim sortait fumer une cigarette. Flora Gomez m'a tendu un verre d'eau et un peu de chocolat.
- Je ne peux rien avaler, j'ai dit d'une petite voix.
- Force-toi, tu seras vraiment mieux après, je te l'assure ! a affirmé Flora.
Elle attendu que je m'exécute avant de m'avouer :
- Avril fait des crises de tétanie depuis qu'elle est petite. Mais les plus violentes ont lieues depuis deux ans.
Depuis que je suis sorti avec Tara, j'avais envie de commenter.
- Les crises, c'est quand...j'ai balbutié. Quand elle ressent une véritable impression de danger, sans aucun danger imminent, non ?
- Oui, je suppose que ces crises sont là à cause de son père, et des...des...
Nous nous sommes regardés en nous comprenant. Des harcèlements.
- Jim en a ? j'ai demandé.
- Non. Mais elle souffre de migraines, comme Avril, a ajouté Flora.
- Avril viendra-t-elle en cours ce matin ?
- Je préfère qu'elle se repose, si elle se sent mieux, elle viendra au lycée seulement cette après-midi...
- Camille était-elle au courant de ces crises ?, j'ai questionné.
- Oui, parce qu'Avril en a fait plusieurs fois alors qu'elle dormait à la maison, a avoué Flora. Je suppose qu'elles ne t'en ont pas parlé pour ne pas t'inquiéter.
- Pas m'inquiéter de quoi ?, je me suis exclamé entre chuchotements et voix normale. Putain, mais ce n'est pas vrai...j'ai ajouté en me levant. Dans quelle langue, il faut vous traduire qu'Avril est la personne qui compte le plus pour moi ?
Une envie de casser quelque chose s'est emparée de moi. Violemment.
- Tu te calmes ! a explosé soudain Jim (à voix basse) en me montrant du doigt. (Je ne l'avais pas vu revenir). Si Avril se réveille à cause de toi, je te promets que je te tue !
Jim est toujours aussi agréable quand elle manque de sommeil...
- Tu voulais quoi ? Que l'on t'annonce ces crises alors que tu te tapais celle qui la harcèle au lycée ? m'a craché Jim au visage. Réfléchis deux secondes, nom de Dieu ! Je ne me mêle pas des sentiments que ma sœur a pour toi, mais si ça ne tenait qu'à moi, je t'aurais déjà été rayé de ma vie depuis longtemps !
- Jim, arrêtes, a ordonné Flora, en se massant les yeux. Remontes te coucher. Tu vas dire des bêtises.
J'ai regardé Flora, il m'a semblé lire dans ses yeux qu'elle comprenait au fond ma culpabilité, pourquoi j'étais réellement sorti avec Tara, mais honteux et bouffé par un excès de colère, j'ai préféré rentrer chez moi. Le cœur en feu, étouffé d'une trop forte dose d'inquiétude. Et de culpabilité.
7h56 du matin
J'ai fait semblant de prendre la route du lycée ce matin. Mais je n'y suis pas allé.
A la place, je suis allé au bord du Canal du Midi. J'avais besoin de réfléchir. De me calmer.
8h10
Très vite, j'ai eu plusieurs appels de Camille, de ma mère, d'Enzo. Je commençais à retrouver ma tranquillité. Doucement. Je reprenais mes esprits. J'avais juste envie d'être seul, que l'on me foute la paix.
9h30
- Tu vas attraper mal si tu restes là plus longtemps, a retentit la voix d'Avril derrière moi.
Elle a envoyé quelques sms. Mon propre portable s'est arrêté de s'exciter.
Avril s'est assise à côté de moi, sur l'herbe encore mouillée de la rosée du matin.
Elle n'a rien ajouté de plus, et nous avons regardé l'eau en silence. Je ne sais pas combien de temps, nous sommes restés sur ce petit bout de terre, là où nous venions nous ressourcer quand tout allait mal, mais nous avons fini par rentrer.
J'allais me faire engueuler par ma mère ce soir, pour les cours que j'avais séchés, mais à la limite, je m'en foutais.
10h30
J'arrive pour le dernier cours de la matinée. Quand je m'installe à côté d'Enzo, il comprend d'un regard qu'il ne faut pas me questionner sur mon absence injustifiée.
Je sens les regards sur moi. Lorsque Camille me propose de déjeuner en dehors du lycée, j'accepte sa proposition.
Nous nous installons dans un KEBAB, je la sens mal-à-l'aise.
Nous commandons nos menus avant de commencer à discuter.
- Tu aurais dû me le dire Camille, j'ai dit, les dents serrés. Tu aurais dû...me prévenir pour ces crises ! Tu n'imagines même pas la peur que j'ai ressenti en la voyant dans cet état !
- Romain, elle m'a demandé de rien te dévoiler ! s'est défendu maladroitement mon amie.
- Arrêtes Camille, je croyais que l'on était d'accord là-dessus, que tu me dirais tout ce qu'elle...
- Tu n'as qu'à le lui demander tout seul, j'en ai marre de jouer le pigeon pour toi Romain, s'est exclamée Camille. Prends tes couilles à deux mains et démerde-toi pour une fois !
Nous nous sommes toisés un instant en silence.
- Claire m'a annoncé que vous avez couché ensemble Romain. Elle ne va pas te lâcher maintenant, tu le sais ça ?
Je me suis rongé un ongle sans trouver quoi répondre.
- Tu as le chic pour coucher avec les filles possessives et jalouses ! A quoi tu joues, tu veux vraiment sortir avec Avril ? Parce que je t'avoue que je suis un peu perdue entre tes gestes et tes sentiments... Tu me reproches des choses mais tu n'es pas clair non plus de ton côté. Si tu veux Avril, tu vas devoir arrêter de te taper toutes les filles du lycée, tu en as conscience non ? Ce n'est pas la première fois que je te le dis en plus, Romain. Mets-toi des barrières... Je ne peux pas le faire à ta place !
Nous avons continué de discuter de Claire, inquiets de ce que celle-ci nous réservait pour la suite...
17h05
AVRIL
Je suis en train de ranger les plots de sports, dans le gymnase, tout en discutant avec Enzo, lorsque des cris violents retentissent du vestiaire des sports des filles.
Je vois une masse d'élèves s'amasser dans la pièce et autour. Je reconnais la voix de Valentine et de Tara. C'est le professeur de sport qui intervient pour rétablir le calme. Tara sort, le cou en sang. Elle insulte Valentine en reniflant.
Valentine elle, est aidée du prof pour sortir. Elle se tient le bras et elle a les yeux rougis. Je comprends à ses grimaces que son bras est cassé. Que l'attaque a été soudaine et violente.
17h15
En rentrant dans le vestiaire, je vois des tas de feuilles de cours par terre, une serviette déchirée. Une porte de douche fracassée. J'ai imaginé très bien Valentine se débattre en essayant de retenir Tara d'enlever sa serviette, ou de la frapper. Amandine et Pauline n'ont pas arrêtées de me dévisager tandis que je me changeais. Ce n'étaient pas les seules.
Depuis que j'étais arrivée, cette après-midi, tout le monde me fixait bizarrement.
C'est dans le bus que j'ai compris pourquoi. Une page Facebook avait été ouverte, pour se moquer encore de moi, et surtout, du groupe de musique dans lequel je venais de m'inscrire...
18h00
Entourée de Léa, Camille et Diane, j'essaye de profiter de la tasse de thé qui réchauffe mes mains mais je suis sous le choc, j'ai dû mal à prononcer un seul mot.
Je sais que Romain est à son entraînement d'handball ce soir, je ne peux pas lui parler ou voir sa réaction par rapport à cette page Facebook. Mais il ne va pas être content, cette page s'attaque aussi à frère...
- Je doute qu'elle reste très longtemps ouverte, j'ai conclu en expliquant mon point de vue.
- En tout cas, en dépit des « grosses vaches » que te lance Amandine, dans les commentaires, tu es vachement sexy sur la photo...a ajouté Léa en me faisant un clin d'œil.
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