Je déteste
AVRIL
Nous nous sommes jaugées un instant.
- Tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie ? m'a demandé Tara.
- Non, ça ira, tu pourras dire à Camille et à Romain que j'ai un début de migraine et que j'ai dû rentrer ?
- Oui, je leur dirais.
Tara m'a laissé sans ajouter de commentaire désagréable.
Je déteste me retrouver seule avec elle. Je suis donc sortie rapidement du vestiaire et je suis rentrée chez moi.J'ai pris une sortie reculée dans le lycée afin que les autres ne me voient pas.
J'ai appelé Jim pour qu'elle vienne me chercher.Ce n'est qu'une fois que je lui ai raconté ce qu'il s'est passé, que les larmes ont acceptées de se libérer réellement.
Une fois à la maison, je me suis couchée.
18h45
Le noir qui m'entoure.
Des insultes qui fusent. Une porte au fond d'un couloir gris.
Je coure dans ce cauchemar pour suivre une foule d'élèves qui me poursuit, en me montrant du doigt. Ils me jugent, me manquent de respect sans arrêt.
Je me sens si exclue, si différente.Je suis si soumise que je n'arrive même pas à ouvrir cette porte.
La porte de mes sentiments, celle qui libèrera ma rage, ma confiance, ces trois mots, ce « je t'aime » que je n'ose pas dire à Romain, que je n'assume pas. Je suis nulle, dans ce cauchemar récurrent, la foule m'avale toujours.
C'est Camille qui m'a réveillé de ce couloir maudit. J'étais en sueur et en sous l'effet d'un stress puissant, j'ai éclaté en sanglot, totalement paniquée. Je lui ai expliqué mon rêve et j'ai mis plus d'un quart d'heure à me calmer.
- Je suis horrible, j'ai commenté en sortant de la salle de bain, une fois douchée.
- Mais non, avec un peu de maquillage et une jolie robe, les garçons n'y verront que du feu !
Camille a ajouté :- Tara m'a mis au courant pour Jordan.
A l'évocation de ce prénom, j'ai porté un doigt à ma bouche, pour me ronger un ongle mais Camille a pris mes mains dans les siennes. -
Hey, ça va aller, je suis là, ce soir, il ne t'arrivera rien ! Et je me doutes que tu n'as pas envie d'en parler, alors je vais te laisser tranquille, mais si tu as besoin d'en parler, n'hésites pas...m'a réconforté Camille en me prenant contre elle.
- J'aimerais lui dire ce que je ressens, mais je déteste ce blocage que j'ai envers Romain...j'ai soupiré en essuyant mes yeux humides. Je ne sais pas si j'arriverais à...
- Hey, si, laisse-toi juste le temps, d'accord ?- Je n'ai pas envie qu'il aille voir ailleurs ou qu'il se remette avec Tara...j'ai grogné.
- Et bien, ce soir, s'il vient vers toi profite-en, et mets une jolie robe !
Je lui ai rendu son sourire. J'ai fini de me préparer et nous sommes parties chez Julien.
ROMAIN
19h30
Quand je la vois, je sens les battements de mon cœur s'accélérer.
Mes yeux dérivent un instant sur la robe bleu foncée qu'elle porte, ses jambes, sa taille si fine.
Enzo finit par marquer et me lance la balle du baby-foot pour me faire atterrir de nouveau dans la partie en cours.Avril me fait un signe rapide de la main avant de suivre Léa dans la cuisine.
Camille quant à elle, sort une cigarette et s'en va dans le jardin la griller.
Cinq minutes plus tard Julien nous a rejoint avec Avril.
- Je te laisse avec Romain, a taquiné Julien.
- Non, j'aime bien le voir perdre...a ajouté Avril en me faisant un clin d'œil.
- On va surtout exploiter tes atouts féminins pour les déconcentrer, lui a proposé Enzo.
J'ai appelé Camille à la rescousse.Enzo a rougit quand Camille s'est postée à mes côtés.
- Léa, a crié Avril.
- Bon, quand vous aurez fini de vous chercher, nous allons pouvoir jouer ? a grogné Julien.
- Oui, maintenant on est quitte ! Et puis comme ça, je pourrais avoir des témoins de la raclée que je vais vous mettre, a conclu Enzo.
J'ai lancé un regard à Avril, elle m'a renvoyé un regard perçant, tellement réceptif que j'ai loupé la balle qui venait de mon côté. Un petit sourire s'est dessiné sur mes lèvres, surpris.Avril a haussé un sourcil quand elle a marqué.
Camille a explosé de rire. Lorsqu'Avril s'est mordue de façon lascive et volontaire la lèvre, j'ai senti tous mes sens bouillir.J'ai passé mécaniquement une main dans mes cheveux, en m'ordonnant de me concentrer.
Nous avons repris le dessus pendant quelques minutes. Il faut dire que nous nous sommes mis torse nu avec Julien, et il faut croire que cela à fortement perturbé Avril puisqu'elle n'arrivait plus à se synchroniser avec Enzo.
Après vingt minutes d'écrasante victoire, Avril a dit à Enzo :- Excuse-moi, il y a certaines choses contre lesquelles l'on ne peut lutter.
- Ah donc tu admets que Romain est physiquement à ton goût, s'est exclamé Enzo, amusé.
Quand j'ai vu Avril commencer à fuir son regard, ou ses chatouilles, j'ai compris que oui, elle me trouvait beau.
- Bon, tu vois, vous avancer, m'a chuchoté Camille
- Tu lui mettrais combien sur 20 ? continuait de dire Enzo en tenant Avril par la taille.Celle-ci suffoquait tellement elle riait.
- Lâch...lâche-moi Enzo !
- Seulement quand tu m'auras répondu...
Suivant mon instinct protecteur, je me suis dirigé vers Enzo et je lui ai demandé gentiment de la laisser tranquille.
- Ca va Romain, ce n'est qu'Enzo, m'a assuré Avril avec un sourire craquant.Si craquant qu'il en est devenu très vite déboussolant.
- Je gêne, a commenté Enzo en s'écartant. Il a levé les bras en l'air pour aller parler avec Léa.
Julien a mis de la musique. Instinctivement, j'ai invité Avril à danser. J'ai senti son hésitation, ai suivi son regard qui a questionné Camille de loin. J'ai accueilli avec soulagement son sourire et la main qu'elle a posé dans la mienne.
J'ai évité de tenir sa main trop longtemps pour ne pas la mettre mal-à-l'aise.
Nous avons rejoint Camille et Léa au milieu du salon, elles se chamaillaient déjà sur quelques pas de danses. Nous étions tous les deux de piètres danseurs, mais comme nous avions besoin de nous défouler, même si l'on faisait vraiment n'importe quoi, nous avons dansé une bonne heure, avant de nous affaler sur le canapé.
Pour me taquiner, Camille a balancé Avril sur moi, en murmurant :
- Allez, juste un bisou, pour moi...
Avril est tombée du canapé en riant tandis que je lançais un coussin sur Camille pour la faire taire.
Avril a mis un peu de temps à se relever et quand enfin, elle y est arrivée, Léa est arrivée rapidement derrière elle pour la faire bousculer de nouveau vers moi. Avril n'ayant pas d'équilibre, elle a chuté contre moi.
La sentir ainsi si près de moi, contre mon torse avec sa tête près de mon épaule gauche, ne m'a du tout laissé indifférent. Je me suis tendu et ma respiration s'est ralentie.
Avril a posé une main sur mon poignet droit pour se stabiliser. Sa tête était toujours entre mon cou et l'épaule. Ses genoux sur les miens, sa poitrine penchait vers mes abdos.
Un étrange silence s'est d'un coup installé dans la pièce, seuls les rires et les sifflements taquins de Julien et Léa raisonnaient dans mes oreilles.
Je me suis concentré sur la respiration plus lente d'Avril. Je me suis fait la remarque qu'elle mettait bien du temps à se retirer.J'ai dû combattre l'envie de la serrer contre moi. Lorsque j'ai senti ses lèvres sur ma nuque, j'ai tressaillit et je me suis mis à bander.
Avril a posé une main sur mon torse pour se relever. Nos regards se sont croisés pendant quelques secondes, secondes qui m'ont parues être de longues minutes. J'ai encore passé une main dans mes cheveux, comme si ce geste allait faire disparaître la tension sexuelle qui nous liait.
AVRIL
Je déteste lorsque je perds le contrôle de mon corps.
Je déteste me contrôler autant en sa présence.
Ne pas savoir vraiment comment m'y prendre
Pour le flatter avec subtilité.
Je déteste ma timidité, ma maladresse.
J'aimerais tellement le toucher
Avec facilitéIl mérite tant de tendresse.
Je déteste ne pas arriver à le lui en donner.
Comme je le voudrais. Me libérer est compliqué.
Pourtant qu'est-ce qu'il me plaît...
Je déteste lui cacher mon envie
Devoir agir comme une amie
Je déteste avoir dû mal
A le flatter comme une fille normale...
Je déteste cette prison qu'est mon cœur
Emplit de tristesse, de regrets, de douleur
Avec lui j'aimerais tant de bonheur
Que je déteste la prison qui envahit mon être.
J'invente ces paroles pendant le repas. J'essaye de me concentrer sur mon plat, mais je n'y arrive pas.Les yeux de Romain m'accrochent, comme deux aimants, ils m'ensorcèlement et je déteste mon corps quand par timidité ou gêne, il me fait tourner la tête...
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