Etonnements
ROMAIN
Jeudi 4 septembre
7h34
C'est la troisième fois que je regarde mon portable en moins de cinq minutes. Une nouvelle rumeur a ciblée Avril. Et moi avec par la même occasion. Nous aurions couché ensemble.
Ce n'est pas celle qui me touche le plus, parce que j'en ai envie de coucher avec Avril... Mais je sais que ces rumeurs débiles l'affectent elle. Je ne suis donc pas très bien lorsque je monte dans le bus.
Un soupir s'échappe de ma gorge lorsque les copines de Tara accaparent mon attention. Pauline, Amandine et Laure commencent à me donner dès le matin, un sacré mal de crâne...
- Alors Romain, dis-moi tout, est-ce que tu es amoureux en ce moment ? a questionné Amandine en renouant ses cheveux blonds. Ses yeux noisette disparaissaient sous une couche de mascara volumineuse.
- Non parce qu'on ne comprend toujours pas pourquoi tu as cassé avec Tara, a ajouté Pauline. D'autant plus que j'ai entendu dire, que Jack et Avril, s'étaient drôlement rapprochés pendant les vacances, j'ai bien tenté mon coup avec lui, mais il reste obnubilé par Avril...rien à faire !
J'ai fait tout mon possible pour ne pas me crisper mais à l'entente de cette information, j'ai senti mon cœur se raidir. Elles disent vraiment n'importe quoi pour m'embrouiller avec Avril !
C'est vrai qu'ils se regardent de temps en temps, en récréation, et se retrouvent au CDI pour discuter, mais il n'y a rien d'alarmant. Elle a le droit d'avoir des amis autour d'elle... Même si c'est son ex...
Enzo m'a rejoint deux arrêts plus loin, ce qui a détourné l'attention d'Amandine, mais Pauline a continué son petit manège remplit de sarcasmes !
- Tu sais, Tara est encore sous le choc de votre rupture, mais dès qu'elle s'en remettra, vous allez en prendre pleins la tête...
- Elle ne se défoule déjà pas assez sur Valentine ? j'ai riposté, d'un ton qui se voulait plus neutre qu'agressif. Pauline a plissé les yeux, surprise. Vexée, elle a dit, les dents serrées :
- Depuis quand les mochetés t'intéressent ?
- Tu sais quoi, tais-toi, tu me feras des vacances... (Au « tais-toi », Enzo a roulé les yeux, désapprobateur) je défends et je sors avec qui je veux que ça te plaise ou non ! j'ai lâché, énervé pour de bon.
Je me suis éloigné de ces folles, et j'ai mis mes écouteurs sur les oreilles, avant que l'on m'ennuie davantage.
Leurs jupes, décolletés provocateurs et hauts talons, ne m'intéressaient définitivement plus ! Toute cette popularité commençait à m'étouffer. C'est ce que j'avais recherché en sortant avec la fille la plus sexy et dure du lycée mais maintenant, je ne désire que profiter tranquillement des gens qui me tiennent vraiment à cœur !
J'aimerais arrêter de toujours devoir faire attention à mon comportement, j'aimerais de nouveau être moi, avec mes faiblesses et mes coups de gueules. J'amorce déjà le changement avec Pauline, on va bien voir comment les autres réagissent à la nouveauté....
Enzo et quelques autres garçons, m'ont tenus compagnie, dès la sortie du bus, et pour prendre le métro, ce qui m'a détendu. Parler de foot, d'émissions de télé, me convenait nettement mieux que d'avoir à me justifier sur mes choix sentimentaux ou amicaux...
J'ai croisé Léa, mais elle parlait avec un groupe de filles de sa classe, donc je ne l'ai pas dérangé. Nous nous juste croisés, quand elle est allée saluer Julien et Avril, qui discutait avec Jack.
Je me demandais si elle était au courant de ce que Camille, Diane et Avril subissait à cause de Tara, surtout après les cours de sport, mais peut-être que les filles le lui cachaient, pour ne pas l'inquiéter, ni accentuer sa colère.
Léa a un caractère très rentre dedans, si on touche aux gens qu'elle aime, elle déteste ça ! Elle n'hésite pas à dire tout haut ce qu'elle pense et je sais que Tara la redoute. Comme les filles, elle reste aussi très sensible sur les insultes, ou les coups des autres. Les harcèlements scolaires l'angoissent car elle ne peut pas les empêcher ni les réduire, elle n'a aucune emprise sur eux. Plusieurs fois, par exemple, elle a dû faire face à de fausses rumeurs concernant la fidélité de Julien.
Nous échangeons un regard avec Avril, mais je ne vais pas la rejoindre, malgré l'envie que j'ai d'être près d'elle. Plus je suis loin de Jack, mieux je me porte...
La robe que porte Avril sous son blouson en cuir, ne laisse en tout cas, aucun de mes copains indifférents, et ça me saoule vraiment, mais bon, elle est canon, elle est canon ! Je ne vais pas la forcer à l'enfiler un voile, ce n'est censé être que ma meilleure amie, pas ma copine. Cependant, c'est vrai que son changement me laisse tout aussi perplexe que les autres.
- Elle a changé pour tes beaux yeux tu crois ou les siens ? me demande Emmanuel.
- Pour les miens, s'est vanté gentiment Benjamin en bombant le torse. (Il m'a arraché un sourire et Benjamin s'est mis à me donner quelques tapes amicales, sur le corps, tout en chantonnant le prénom d'Avril)
Enzo m'a regardé, lorsque Camille est apparue près de nous. Il a ajouté, taquin :
- Ça va être dur pour toi, de te concentrer en cours...
- Surtout que t'es un sacré veinard, on commence par histoire aujourd'hui !, m'a chuchoté Benjamin en calmant un peu son immaturité de l'instant.
- Pourquoi crois-tu qu'il aussi enfilé une chemise ?, a dit Camille en s'incrustant dans la conversation, que j'avais avec mon ami « rival ».
Je lui ai lancé un petit regard noir car je déteste quand elle en met une couche devant mes copains. Elle s'est éclipsée, un grand sourire aux lèvres, vers un autre groupe de camarades.
- Ah donc vous avez enfin commencé à vous draguer ? a ajouté Emmanuel tandis que nous remontions l'allée principale du lycée.
- Non, c'est seulement que tout le monde se permet de juger ce que je porte ou dis, j'ai conclu sans grande conviction.
- Si tu ne t'impose pas plus, on va te la piquer avant, a précisé Benjamin, en désignant aussi Jack.
- Que le meilleur gagne, a fait remarquer Emmanuel, avant que la tension entre nous ne s'agrandisse. Vous n'allez pas vous casser la gueule pour une fille quand même...
- Je ne te l'abîmerais pas trop, a dit Benjamin en me faisant un clin d'œil.
En bon joueur, je lui ai fait signe qu'il était mort avant même d'avoir essayé de toucher Avril !
En amour, c'est chacun pour soi ! Mais ça, mes amis le savez déjà.
- Je ne suis même pas sûr qu'elle soit amoureuse, j'ai dit à Enzo en aparté.
- C'est vrai que la tendresse et elles ne font pas deux, mais tu la connais, tu connais sa carapace et surtout ce qui se cache derrière ! Au fond de toi, tu le sais...Vous le savez que vous êtes faits pour être ensemble, non ? Après tout ce qu'elle a supporté à tes côtés. Ça m'étonnerait qu'elle soit indifférente à la tournure que prend votre relation... elle doit seulement douter de ce qu'elle ressent, comme toujours, a précisé Enzo. Laisse-lui le temps de t'aborder de ce côté-là...la séduction. Camille commence déjà à l'amener doucement vers ce terrain...Ce n'est pas une mince affaire de lui redonner confiance en elle.
- Je sais, mais il n'y a pas que cette partie Enzo, je parle aussi du reste, des harcèlements, des gars qui vont lui tourner autour. Comment elle va réagir ? Avril est si imprévisible...
- Il faut que tu passes un maximum de temps avec elle, pour la retrouver, et la séduire. C'est ce que l'on avait convenu en priorité avec Julien et Camille, ne va pas trop vite, d'accord ? Evite-les sujets tendus de son père et Tara, et tout ira bien...Cool, zen. Elle est humaine, comme toute autre fille !
- Quand je la vois dans cette robe, elle est tout sauf humaine, j'ai conclu, un poil charmé.
Enzo s'est mordu la lèvre en dévisageant le corset et la jupe de Camille.
- Tu sais toi aussi, pourquoi elle t'a dit non, on a déjà parlé des milliers de fois...
- Oui, mais là, tu vois, j'ai juste la même envie que toi, celle de lui sauter dessus. Alors c'est frustrant de ne pas le faire...parce que derrière on sait qu'elles payent chacun de nos rapprochements...Vaincre ces harcèlements, ne pas pouvoir assumer en entier nos sentiments pour les protéger. Je trouve ça débile...Débile, mais je n'ai aucune solution à proposer et je me vois mal jouer le garde du corps de Camille, elle ne me supporterait pas 24h/24H !
- Pourquoi vous n'essayez pas de sortir ensemble en privé ? Elle connait déjà tes sentiments et c'est réciproque. Vous êtes déjà bien avancés par rapport à nous ! Moi, j'ai encore tout à construire avec Avril.
- Tu connais Camille, avec elle, en amour, c'est tout ou rien...
- Hum... j'ai dit, sceptique. Elle cache bien son côté romantique, si t'y mets les formes, les attentions, les sorties, les gestes affectueux, elle devrait craquer plus vite que ce que tu crois !
- Bon, je vais tenter de nouveau ma demande, a conclu Enzo. Ta chemise n'a l'air de ne laisser aucune fille statique, leurs regards si nombreux commencent à me foutre la trouille ! A côté, le film « Hitchcock » et ses oiseaux, c'est du pipi de chat ! Pourquoi tu n'es pas gai, on serait tranquilles comme ça !
- Avril aussi ?
- Quoi ?
- Elle me regarde ?
- On parle d'Avril, mec...les poules auront des dents, quand on la surprendra à te mater, ou à te draguer ouvertement devant les autres...
Nous avons rigolé nerveusement, quand la cloche annonçant le début des cours à sonner !
*
Cours d'histoire
Avril m'a souri timidement lorsque je me suis assis à côté d'elle. Ces yeux bleus me semblaient encore plus pétillants que d'habitude, mais je me faisais sûrement des films ; donc j'ai arrêté de les fixer bêtement, le cœur battant à tout rompe.
- Tu as bien dormi ? j'ai questionné au bout d'un quart d'heure. Avril n'arrêtait pas de bailler toutes les secondes.
- Quasiment pas, mais on ne change pas de vieilles habitudes, m'a répondu Avril, dans un murmure. Et toi ?
Je me suis retenu de dire que j'avais rêvé d'elle la plupart du temps...
- Ne te fais pas de soucis pour mon sommeil, anxieux ou pas, bourrer ou non, j'arrive toujours à roupiller !
- Je... La répétition chez Fred est à 20 heures ce soir, tu veux venir ? m'a demandé Avril.
- Tu veux que je vienne ?
- C'est ce que je viens de te demander, a précisé Avril, amusée.
"Imbécile, concentre-toi sur ce qu'elle te dit au moins !", a scandé mon subconscient.
- Je veux bien, j'ai toujours aimé t'entendre chanter, j'ai ajouté.
Le regard d'Avril a esquivé le mien, il s'est réfugié vers la fenêtre à sa gauche.
Je n'ai recroisé ses yeux bleus, électriques, qu'à l'instant où la prof, à parler des élections des délégués de classe, qui auraient lieues dans une semaine.
Quand la prof a demandé qui se présentait, Tara et Emmanuel ont levés la main.
- Tu ne te présentes pas ? m'a chuchoté Avril.
- Non, je n'en ai pas envie, j'ai avoué en entendant une série de murmures autour de moi.
- Je ne me présente pas, sauf si tu le fais aussi, j'ai sorti, en me surprenant sur le coup.
- Bon, je vous laisse jusqu'à lundi pour vous décider et établir la liste des membres à élire, a conclu la prof.
La sonnerie de la fin du cours l'a épargné du brouhaha qui commençait à monter dans la classe.
Le fait que je ne me présente pas avec Tara aller beaucoup, beaucoup faire jaser les pies...
Au sourire qu'Avril m'a renvoyé, j'ai compris aussi, que je venais de marquer, quelques points dans son estime !
AVRIL
Pendant la récréation, nous nous sommes mises dans un de nos recoins tranquilles avec Camille et Diane. Léa nous a rejoints pour bavarder. Elle nous a parlé de sa classe de L, et puis d'un peu de tout et de rien.
Nous nous sommes tues quand Valentine est apparue en pleurs. Elle a sursauté en nous voyant et a voulu repartir ailleurs, mais Camille lui a fait signe de venir. Valentine a fait non de la tête, et s'est assise sur le muret en face de nous. Je comprenais sa réaction solitaire, j'aurais agi de la même façon si des filles de la classe (autre que mes amies) me proposaient de manger ou partager leurs récrés avec elle. Je serais trop méfiante pour leur faire confiance...
Peur qu'elles s'en prennent encore à moi. Qu'elles me frappent, m'insultent comme une moins que rien.
Seulement, Valentine l'avait bien vu que nous n'étions pas traités comme les autres...Que je recevais aussi des trousses ou des boules de papiers pendant le cours ou des insultes gratuites.
Camille n'a cependant pas insisté pour ne pas la brusquer. Valentine nous a observé jusqu'à la fin de la récréation. Guettant sûrement le moindre geste brusque ou agressif de notre part.
Elle m'a rendu mon sourire quand je lui en ai envoyé un. Amorcer la prise de contact, en douceur !
Un sourire. Deux sourires. Un bonjour régulier. Un mot. Une discussion. Une relation.
Y aller progressivement avec Valentine. Et ma santé. Parce que si j'accepte Valentine dans mon cercle, je sais, que je n'aurais plus une minute de tranquillité...
*
Cours de maths
Olivia m'a fait un croche-patte quand je suis passée près d'elle pour rejoindre ma place.
A côté d'elle, Tara a totalement fait son indifférente. Derrière elle, Claire a souri
Je me suis assise, rougeurs aux joues. Honte expulsée jusqu'au fond de mes entrailles. Personne n'a rigolé autour de moi, ce qui m'a réellement surprise. D'habitude, il y en avait toujours un ou deux pour en rajouter. Zen Avril, on reste zen.
Même si le prof ne réagit pas...
Entre midi et deux
Jack, Julien et Léa mangent avec nous. Diane a proposé à Valentine de se joindre à nous, mais elle a refusé. Elle répond à mes sourires timides, je pense donc que je ne dois pas trop faire peur aux inconnus. Avec le temps, nous nous parlerons. Les harcèlements dont nous sommes toutes les deux victimes nous rapprochent sans même que nous nous connaissions...
Romain n'est pas dans mon champs de vision, il est de l'autre côté de la cantine, cependant plusieurs fois, il m'envoie des sms tout simples avec des blagues à la con, style carambar.
Je crois que c'est un de ses copains qui lui a piqué son portable parce que ce n'est pas du tout son genre de finir ses sms par des petits bonhommes qui sourit ou rigole.
Je m'enfuis vers les toilettes avant que les autres ne me voient rougir. Romain vient de m'envoyer « J'ai trop envie de toi ».
Je sais que ce n'est pas lui, mais une partie aimerait que ce soit vraiment lui qui le pense...
Je m'attarde un peu devant la glace des WC car Mayssa, une camarade de classe en profite pour me complimenter sur mon changement physique.
Mayssa n'est pas l'une de ces filles superficielles qui me font peur, mais elle est amie avec Claire, alors je m'en méfie un peu.
Mon cœur s'accélère lorsque je vois le dos de Romain, assit à côté de Julien. Le fait qu'il soit à ma table alors qu'il y a Jack près de moi, ça me chiffonne un peu. Son sourire quand je m'assois en face de lui, me donne de nombreux électrochocs délicieux dans le ventre. Jack est devenu silencieux. Son genou frôle le mien jusqu'à ce que l'on se lève. J'arrive à ne pas le repousser. Je veux rendre Romain jaloux, pour cela, je dois jouer avec les autres garçons. Camille n'arrête pas de me le rappeler !
- Avril, attends, me dit Romain à la sortie de la cantine. Je... C'est Emmanuel, qui s'est amusé avec mon portable pendant le repas, excuse-moi pour...pour ça.
- Oh, il m'a fait rire, j'ai avoué.
Je voyais bien qu'il était encore mal-à-l'aise. Il attendait peut-être que je commente le dernier message.
- Tes messages sont généralement plus sobres et mieux écrits, j'ai réussis à dire.
- Tu avais deviné que ce n'était pas moi ?
- Oui.
J'ai sursauté lorsque Claire a posé ses mains sur les épaules de Romain et lui a chuchoté un « Bou » trop sexy à mon goût. Les souvenirs douloureux de mon agression avant la rentrée me sont brusquement revenus en mémoire, c'est le ventre serré de jalousie et de frustration que j'ai laissé Claire taquiner Romain. La voir le tripoter, même si ce n'était que des chatouilles enfantines, ce n'était pas trop mon truc. Ils se regardaient trop à mon goût...
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