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Chapitre 4 "Tourbillons de sentiments"



ROMAIN


Sms de Jim : « C'est bon, Avril est couchée et endormie. Merci Romain ! »


Je n'ai pas répondu, encore énervé que Jim ait laissé traîner la drogue comme ça dans sa chambre. Tout en sachant qu'Avril devait la couvrir pour que leur mère ne remarque rien...


 Je suis tellement énervé que je tremble. C'est nerveux. Je dois absolument me calmer, sans quitter ma chambre et faire le moins de bruit de possible. La présence d'une fille pour une partie de jambes en l'air m'aurait sans doute remit sur pied, mais je ne peux pas faire ça en ayant l'image d'Avril dans cet état ! La douce Avril qui se drogue ? Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris ? Etait-ce un appel de détresse ? Une forte inquiétude me tordait le cœur.


Je n'avais jamais aimé une personne autant qu'Avril, la voir se détruire comme cela m'était tout simplement impensable ! Demain, ou après-demain, il faudrait que l'on discute. Si on ne parle pas de ce qui ne va pas, jamais on ne pourra avancer....


Pour me changer les idées, j'ai regardé un film romantique. Ma relation avec Avril étant parsemée de troubles j'aimais de temps en temps me plonger dans un happy end, sans prise de tête !


Samedi 13 septembre


AVRIL


Je suis ailleurs...J'ai mal à la tête, et je suis sur la cuvette des WC, à vomir toutes mes tripes. Je ne sais même pas quelle heure il est, la dernière fois que j'avais vu des chiffres ils indiquaient un 4.


Je tremble de partout, j'ai froid et terriblement honte de moi ! Me droguer ? Mais qu'est-ce que j'avais donc en tête ? J'avais mal et j'étais désespérée quand même...j'ai abusé. Merde.


Je me suis rincée le visage, le cœur battant. Je pense à Romain depuis mon réveil. Dans mon sommeil troublé, je l'ai vu coucher avec Tara, Claire, Camille, et il se fichait éperdument de connaître mes réactions, ce que je pouvais ressentir. Son indifférence totale m'a fait peur.


Il y avait Fred aussi dans mon sommeil, nous couchions ensemble...


Je me suis empourprée en me souvenant des baisers échangés. La drogue m'aidait vraiment bien à me libérer ! A trop de me libérer, je ne m'étais pas du tout contrôlée. Dire que je regrettais mes gestes serait mentir.


La vie est loin d'être un conte de fée. Je me suis de nouveau rincer. Comme si l'eau allait enlever la culpabilité que je ressentais !


Ma vie partait tout simplement en vrille.



Plus tard


11h08


Je regarde mon cahier d'anglais. Il me semble flou. Le mal de tête ne m'a pas encore quitté. Je travaille avec difficulté jusqu'au déjeuner. Il y a des souvenirs qui on refaits surface. Des souvenirs qui concernaient mon père. Pour changer, il battait violemment ma mère et Jim. Si fort que leurs cris raisonnaient encore à mon oreille des années après !


J'ai sursauté lorsque Baptiste est entré en trombe dans ma chambre.


A la colère que j'ai lue dans ses yeux, j'ai compris que moi et Jim allions prendre un mauvais quart d'heure !


- A quoi tu pensais en prenant la drogue Avril ? a-t-il lâché d'un ton sec et cassant.

- Je voulais juste oublier un instant, la vie de merde que j'ai !


Ma réplique a arraché à Baptiste, un rictus énervé.


- Mais qu'est-ce que vous avez dans la tête bon sang ? Une coquille vide de sentiments ou quoi ? a ajouté Baptiste en se massant les yeux. Et nous ? On ne sert à rien dans vos vies ? Tu sais, il n'y a vraiment que pour toi qui fait pleurer Romain !


Le salaud. Il jouait sur ma corde sensible. Mon cœur s'est automatiquement accéléré et mon ventre noué.


- Je culpabilise, ne t'inquiète pas ! j'ai grogné en détournant les yeux.

- Bon, de toute façon ce n'est pas toi que je suis venu engueuler, tu t'expliqueras suffisamment avec Romain le moment venu. Pour l'instant, il ne veut pas que tu le contacte Avril, j'étais juste venu te dire ça.


Ouai, j'ai pensé. Me poignarder le cœur aurait été la même chose...


Je sais que j'ai déconnée, mais pourquoi Romain ne voulait plus me voir ?


En pensant à Fred, j'ai rougit, doublement honteuse.


- Baptiste...j'ai dit d'une petite voix. J'ai fait une connerie !

- Oui, Avril, je suis heureux de l'entendre, a-t-il commenté, dents serrées.

- Je...je ne parle pas que de la drogue, j'ai balbutié, la gorge d'un coup très sèche. Même si ça en était une aussi...


Baptiste a arqué un sourcil, inquiet.


- J'ai embrassé Fred, j'ai conclu en espérant devenir invisible.


Baptiste a posé la paume de sa main sur son front, désespéré.


- Tu veux vraiment qu'il retourne avec son ex ou quoi ? S'il le fait, je ne te plaindrais plus Avril... Je ne te soutiendrais pas. Vous me faites chier toutes les deux à fuir vos sentiments !


En le voyant partir, j'ai d'un coup eut pitié pour ma sœur. Il n'a même pas fallu que j'attende cinq minutes pour qu'ils se disputent. Le caractère de Jim et Baptiste étant celui du chat et du chien qui se rencontre, et qui ne sont vraiment pas sur la même longueur d'onde, leurs éclats de voix se sont vite fait entendre jusqu'au Canada...


Heureusement que ma mère était partie faire les courses.


11h28


Jim et Baptiste se crient toujours dessus.  Ils parlent sexualité. Jim reproche à Baptiste de coucher avec tout ce qui bouge, ce qui est vrai. Baptiste reproche à Jim le fait de se dévaloriser sans arrêt et ne jamais lui proposer de rencarts.


C'est aussi vrai. En gros, j'ai envie de leur dire, ils tournent en rond. Mais si se crier dessus leur fait du bien...


Il me parle d'arrêter de fuir mes sentiments mais il n'avait même pas les couilles de dire je t'aime à ma grande sœur !


11h58


Ma sœur a balancé tous ses pinceaux de maquillage sur Baptiste, en lui demandant de dégager de la maison !


Je crois que ces deux-là coucheront ensemble quand les poules auront des dents ! J'entends Jim renifler avant de claquer la porte de sa chambre. Je sens qu'en m'expliquant avec Romain, le scénario sera à peu près le même...


Faut-il que je propose un rencart à Romain pour avancer dans mon jeu de séduction ? A voir. Le rencart « communication » risque de mal se passer. J'ai envie de dire, comme d'habitude.


13h08


Après le déjeuner, j'appelle Camille pour savoir comment elle va. Elle a le moral dans les chaussettes, je lui propose donc de passer à la maison. Elle me tue si je lui dis que j'ai embrassé Fred, je vais attendre encore un peu avant de lui dire...


*


Camille est en pleurs quand je lui ouvre la porte d'entrée.


Ma mère ne pose pas plus de questions que ça et me fais signe qu'elle finira seule de ranger la table.


Une fois que j'ai fermé la porte de ma chambre, Camille a hoqueté :


- Tu...tu es allée sur Facebook depuis ce matin ?

- Non, je n'avais pas la tête à ça, j'ai avoué en m'asseyant en face d'elle sur mon lit.

- La photo de profil de Romain a changé, banane ! a dit Camille en souriant.


J'ai été sur Facebook pour la voir. Un sourire s'est dessiné sur mon visage en voyant qu'il avait repris ma photo. Mon cœur s'est ralentit en lisant la légende. Pour accélérer de nouveau, en stoppant sur le mot « relation ».


204 personnes aimaient sa photo...


Sous la mienne, 35 personnes sur 50 amis avaient appuyées sur le petit pouce  des « j'aime ».


Je me suis sentie rougir. Apparemment notre relation avait plus de fans que je ne le pensais !


- Va...va sur le profil d'Enzo, a ajouté gravement Camille.


En voyant que le statut amoureux d'Enzo avait changé, qu'il sortait avec Amandine, mon cœur s'est glacé. Comment pouvait-il faire ça ? Il était dingue de Camille, oui ou non ?


- Ils ont couché ensemble à la soirée de Benjamin, m'a précisé Camille en se mouchant.

- Tu as essayé de discuter avec lui ? j'ai demandé

- Il ne répond à aucun de mes appels ou messages...je ne sais plus comment réagir Avril !

- Tu devrais lui dire que tu l'aimes, j'ai dis, il te file encore sous les doigts. Et  lui donner ce qu'il attend depuis quelques années, un vrai baiser !

- Je te renvoie la même remarque ma chère !

- Très drôle...


- Il y a une raison pour qu'il agisse ainsi ? j'ai demandé en sachant très bien que si l'un de deux, vexe l'un à n'importe quel moment, tout voler en éclats entre eux.


Au petit sourire que Camille a fait, j'ai compris que oui.


- Camille ? j'ai questionné curieuse, en entendant qu'elle finisse de se moucher.

- Bien, jeudi soir nous avons passé un cap supplémentaire...a commencé Camille.


J'ai souris.


- Mais nous nous sommes arrêtés aux préliminaires parce que sa pouffe d'Amandine a appelé, et il a décroché...

- Alors que vous faisiez enfin...

- Oui ! s'est exclamée Camille. Il m'a rendu folle en décrochant ! Du coup, je lui ai dit d'aller se faire voir et qu'il ne me toucherait plus. Je ne pensais pas qu'il puisse se changer les idées aussi rapidement ! Entre lui qui se fout royalement de mon corps et toi qui te drogue, je suis crevée...

- Je suis désolée Camille, j'ai déconné, j'ai dit en la fixant.


J'ai chassé de mon esprit, l'image de Fred et nos baisers passionnés.


- Excuse acceptée. Cependant tu vas ramer pour te faire pardonner de Romain...a ajouté Camille avec une petite grimace. Je sais qu'il a un match de handball ce soir, à 17h au gymnase du collège, mais si on y va, je ne sais pas s'il va sauter de joie. Sauf si tu as une raison valable d'avoir touché à la drogue...


A contre cœur, j'ai dû lui raconter l'agression. Plus je repartais en arrière dans cet instant, plus ma voix tremblait. La revivre dans ma tête m'étais déjà difficile, la raconter ça m'a coupé toute stabilité.


Camille m'a prise dans ses bras quand les larmes ont commencé à tomber.


16h08


Une fois Camille partie, je me suis concentrée sur mes devoirs. Jim est partie chez sa meilleure amie, Marie pour se changer les idées après la dispute qu'elle a eue avec Baptiste.


Nous avons convenue d'aller au match, avec Camille mais je dois avouer que je réfléchissais à la manière dont Romain aller réagir en me voyant. Si seulement il s'apercevait de ma présence...


Debout devant ma penderie, je suis d'ailleurs en train de chercher comment je vais m'habiller pour y aller !


Je ne savais même pas quel vêtement aimait Romain sur les filles. Plus c'était court, plus cela lui plaisait ?


Le temps dehors était couvert mais il faisait encore chaud. J'ai décidé d'enfiler une robe-pull.


Je me suis maquillée. J'ai observé mes rouges-à-lèvres avec un brin de méfiance, avant de les ouvrir un à un, afin de choisir la couleur qui me donnait envie sur le moment.


16h52


- Il y a du monde, a fait remarquer Camille.


J'ai hoché la tête en évitant un coup d'épaule à la sortie du bus.


En voyant Léa et Salomé qui fumaient devant le gymnase, mon stresse c'est un peu défait.


Nous les avons rejointes. Les élèves du lycée que nous croisions me regardaient tous de travers.


- Tu as fait sensation à la soirée de Benjamin, a commenté Salomé avec un sourire. 

- N'en parlons plus, j'ai supplié en me rongeant un ongle.


Nous sommes rentrées dans le gymnase bruyant. De la musique aux cris d'encouragements, tout cela a accentué davantage mon malaise. Je n'étais plus venue encouragée Romain depuis qu'il sortait avec Tara. Si nouveaux joueurs il y avait dans son équipe de handball, je n'étais même pas au courant !


J'ai eu un mouvement de recul en apercevant Tara dans les gradins.


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