Avril (suite)

- Non, Romain est quelques fois un tantinet trop possessif avec moi et il me le fait savoir, j'ai grommelé à Fred.

Pourquoi aurait-il mon soutien-gorge ? Je lui plais autant pour qu'il pique mes sous-vêtements dans mon sac ? Non...IMPOSSIBLE !Ma pauvre Avril, tu dérailles complètement ! Tu le retrouveras un jour où tu ne le cherches plus...

Fred m'a lancé un sourire.

- Quoi ? j'ai demandé en dévisageant ses abdos (non sans me cacher n'importe quelles filles seraient scotchées devant de telles merveilles).

- Et si l'on sortait vraiment ensemble juste pour le faire rager ?

- Tu es suicidaire on dirait, c'est pour ça que l'on s'entend si bien en fait !, j'ai plaisantéFred est revenu s'assoir à côté de moi, il m'a volé un baiser.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, j'ai avoué. - Bon, au moins j'aurais essayé. Je voulais juste une bonne raison que l'on se tape dessus...

Un rire m'a échappé.

- Un peu de défouloir n'a jamais fait de mal à personne ! a précisé Fred. Tu me chantes tes chansons préférées comme tu me l'as promit quand tu es arrivée ?

Je lui ai chanté en acoustique quelques chansons le reste de la soirée.Entre deux câlins, deux conneries, si, si, nous avons pu nous entraîner un peu vocalement !

Jeudi 18 septembre

AVRILEntre midi et deux

Toujours pas de nouvelles de mon soutien-gorge. Il a peut-être pris un voyage pour l'espace sans m'en parler...

Je regarde Salomé qui mange avec Romain et ses amis. Je l'avoue, je suis jalouse.Camille suit mon regard, et hausse un sourcil.

- Tu pourrais être à sa place, s'est-elle contentée de dire.

- Et toi aussi, je lui ai rappelé en désignant Amandine d'un mouvement de tête.

Camille m'avait avoué hier qu'Enzo lui avait écrit une lettre remplie de « je t'aime ».

- Je ne devrais pas être en concurrence avec une autre fille s'il était réellement prêt à s'engager avec moi...a murmuré Camille. Pour toi que je saches, Romain n'est pas encore sorti avec une autre fille, et il a arrêté depuis Claire, de coucher à droite et à gauche...

- Elle rougit, a fait remarquer Valentine en pointant un doigt vers mes joues.

Comme une vraie gamine, je lui ai tiré la langue.

Valentine était quelqu'un de très taquin sous son air réservé. Elle rebondissait dans les conversations dès qu'elle le pouvait. Malgré son univers très gothique, un gros point commun avec Camille, elle était sensible et agréable.

Nous n'avions pas encore eut l'opportunité de faire quelques sorties ou soirées ensemble, car notre rapprochement ne datait tout de même pas de mille ans, mais je pense que ceux-ci ne devraient plus trop tarder à se faire.Les gens l'embêtaient toujours sur son physique, comme moi, l'on ne manquait jamais de lui cracher dessus, le moindre défaut.

Elle nous a avoué juste se sentir moins démunie en restant avec nous. Le club des ploucs... (un nouveau surnom trouvé par Tara).

Tandis que j'observais avec peine, ma purée trop sèche, j'ai vu Jordan mimer avec ses mains le fait d'effectuer une fellation. Quand il a vu que je l'avais surpris dans son geste obscène, il a recommencé. Je n'ai pas réagi face à son immaturité.

- Tu viens à la soirée de Julien ce soir ? m'a demandé Camille en posant son portable sur son plateau.

- Elle était prévue ?

- Non, il vient de m'envoyer une invitation, improvisée. Romain y seras aussi. Il a dit que ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas retrouvés tous ensemble.

Mon regard s'est posée sur Diane qui déjeunait avec quelques autres filles de la classe, dont Claire.

- Je ne sais pas si elle y sera, tu sais qu'entre Léa et elle s'est un peu tendu...m'a dit Camille.

« Ça a toujours été un peu tendu entre elles », j'ai pensé. « Diane est la meilleure amie de Julien et elle passe presque plus de temps avec lui que Léa n'en passe avec Julien ».

- Ils passent trop de temps ensemble, j'ai avoué.

- Comme moi et Romain et tu crois vraiment qu'il se passera un jour un truc entre nous ? m'a questionné Camille.

- Non, bien sûr que non, j'ai ajouté. C'était juste une remarque comme une autre, que je me fais assez régulièrement.

- Arrête de te faire du mouron pour rien, zen...pense à Fred, a ajouté Camille dans un clin d'œil.

Nous sommes sortis de la cantine, en même temps que Jordan et sa bande de méchants garçons hautains.Je n'ai pas eu le temps de réagir lorsque Jordan m'a lancé une tape sur les fesses. Comme ça, devant l'ensemble des élèves!

 Je déteste les baies vitrées depuis mon entrée en seconde.

- Espèce de pervers, je me suis exclamé, agacée.

- Avoue que tu aimes ça, salope, m'a répondu Jordan

- Tu devrais te faire pédé, j'ai répliqué. En deux ans je ne t'ai vu que toucher les filles par la force, tu sais, ce n'est pas grave, on t'acceptera quand même comme tu es...

J'ai entendu, malgré le tourbillon de stress qui entourait mes sens, Emmanuel et Tarik rigoler. Humilier Jordan ses amis allait me coûter cher.

Lorsqu'il a empoigné mon poignet, Camille s'est exclamée :- Tu la lâches !

- Sinon quoi ? Tu vas appeler Enzo ? Ah non, excuse-moi, il est en train de s'occuper d'Amandine, un peu plus accessible, et moins chiante.

Camille s'est avancée vers lui et lui as assigné un pied dans ses bijoux de famille.

Surpris par la vitesse de sa réaction, Jordan n'a pu esquiver le coup précis de Camille et il m'a lâché en l'insultant.

- Vous en voulez aussi ? a proposé Camille en voyant Emmanuel s'avancer vers elle, la colère dans les yeux.

- Non, eux sont déjà castrés, a retentit la voix de Romain.

Trop occupée à me préoccuper de regarder Jordan se plier en deux, je ne l'avais pas vu arriver.

- Si je te vois encore poser la main sur elle, je te casse bien plus que tes couilles, est-ce que c'est clair ? a-t-il menacé à l'encontre de Jordan en le prenant par le tee-shirt afin qu'il lève les yeux vers lui.Jordan lui a craché dessus, il s'est pris un poing dans la gueule en retour.

Je me suis dis heureusement qu'aucun pion ou prof ne passaient dans le coin à cet instant.

De toute façon, les adultes de ce lycée n'étaient jamais là quand il le faut et punissez même souvent les victimes d'harcèlements en croyant que c'est elles qui mettaient le bordel dans la cour de récréation !Jordan s'est éloigné de nous, à mon soulagement.

- Un garde du corps en retard, ça le fait moyennement pour une promotion, lui a lancé Camille sur un ton taquin alors que nos yeux se dévoraient mutuellement.

- J'ai quand même droit à une heure de repos pour manger, non ? m'a murmuré Romain.

- Oui, j'ai assuré en souriant. Mais maintenant, j'aimerais que mon garde du corps reprenne son service...Le visage de Romain s'est éclairé d'un large sourire qui a vite envoyé à la poubelle les abdos de Fred.

15h10

Je suis train de me changer dans une douche –un peu en retard par rapport aux autres, le prof principal m'ayant retenu pour parler de mes notes qui chutaient- lorsque j'entends des pas lourds entrer dans le vestiaire désert.

- Alors petite pute, avoue que tu attendais d'être seule pour que je vienne te tripoter...

J'ai senti mon souffle se glacer en reconnaissant la voix de Jordan.

- Je te préviens que j'ai fermé la porte des vestiaires à clef, donc écartes les jambes bébé, je vais pouvoir m'occuper gentiment de ta virginité...

Vous croyez ne pas pouvoir voir votre vie défiler en deux secondes sous vos yeux ? Moi, je ne compte plus les fois où cela m'est arrivé...

- Allons, ne me fais pas attendre, montre-toi !

J'ai maudis mon imprudence d'avoir oublié mon portable dans mon sac. Le cœur battant, j'ai fini de m'habiller vitesse grand V. Mes mains tremblaient et je suais avant même d'avoir commencé le cours de sport.

J'ai sursauté lorsque Jordan a fait valsé la porte de ma douche d'un simple coup de pied. Je me suis recroquevillée dans le coin, en évitant de tomber car le sol était mouillé.Il s'est jeté sur moi avant que je ne cherche à m'échapper.

Jordan sentait la cigarette à pleine haleine, une odeur qui me rebutait. Il m'a attrapé par la gorge, et ses doigts ont commencé à caresser mes lèvres. Son regard s'est mis à fixer ma poitrine, il a dévié ses yeux lorsque je me suis mise à crier.

Il m'a plaqué encore plus près du mur et sa bouche s'est écrasé près de mes lèvres. Le souffle coupé, je secouais la tête dans tous les sens pour éviter ce contact. J'ai lancé mes jambes contre lui, mais cela ne l'a pas empêché de passer une main sous mon tee-shirt, jusqu'à ma poitrine.

- Tu...Tu n'as pas le droit, j'ai suffoqué alors qu'il se frotter contre moi.

Comme mon père, il n'avait pas le droit de me caresser ou de s'en prendre à ma sœur. Pourquoi l'histoire devait se répéter ici, au lycée ? J'ai senti une force indescriptible m'envahir, une rage se libérer. De toutes mes forces, je lui ai crié d'arrêter. De me laisser tranquille.

Je me suis de nouveau débattue et nous avons sursauté tous les deux lorsque la porte des vestiaires s'est ouverte.

En voyant Tara et le prof principal entré je me suis laissée glissé le long du mur. Epuisée de devoir me battre sans arrêt.

- Jordan, qu'est-ce que tu fais dans le vestiaire des filles ? a scandé Tara, agacé.

Quand elle m'a vu ses yeux se sont froncés.Elle s'est avancée vers Jordan et lui as lancé une gifle en pleine figure.

- Tu recommences ? Ma menace et ma plainte n'a donc pas suffit ? lui a craché Tara.

Pardon ? j'ai pensé.- En plus tu t'en prends à une naine, c'est tellement plus facile, espèce de sale minable ! s'est exclamé Tara.

- Jordan, qu'est-ce que tu faisais ? a demandé le prof de sport, suspicieux.

- Il s'amuse à essayer de nous toucher sans notre consentement depuis des années, a expliqué Tara , la voix remplie de dégoût. Avril ne sera pas la dernière à être l'une de ses victimes, ce mec-là est un malade mental ! a précisé Tara en désignant du doigt Jordan.

Lorsque ce dernier a voulu quitter le vestiaire, le prof l'a retenu par le poignet. Tu ne t'en sortiras pas comme ça Jordan, on va devoir aller s'expliquer avec le proviseur et mener une enquête. Si plus de trois confirment le récit de Tara tu risques plus qu'un avertissement.

Le prof de sport a demandé à Tara de s'assurer de mon état, tandis qu'il s'occupait du cas de Jordan.Je ne veux pas que Tara me touche, me vois dans cet état. Pourtant, je la vois sous un nouveau jour. Sincère, elle me demande si tout va bien. Ce qui s'est passée.

Entre les larmes, je lui ai raconté ce qui s'est passé.Je me suis souciée de ne pas aller en cours. Tara m'a assuré que ce n'était pas le plus important dans l'immédiat.

Elle m'a aidé à me relever, et je me suis vite appuyée sur le mur avant qu'elle ne décide elle aussi de s'en prendre à moi.

- Tu devrais rentrer chez toi, et aller à l'infirmerie pour déclarer l'incident...m'a conseillé Tara. C'est ce que nous faisons toutes pour éviter d'avoir à le supporter.

- Nous ? je lui ai demandé.

- Salomé, Océane, et Pauline ont déjà eu affaire à son côté détraquer...

- Pourquoi tu es revenue au vestiaire à cet instant ?Tara a passé une main dans ses cheveux en soupirant.

- Parce que Romain m'a demandé d'inventer une excuse pour y revenir, il s'inquiétait de ne pas te voir avec Jordan. J'ai préféré ramener le prof de sport au cas où...

- Ne lui dis rien s'il-te-plaît, j'ai ajouté. Ne dis rien à personne.

- Avril, ça se saura parmi les filles, s'il doit y avoir des témoignages pour le faire punir. Je peux faire en sorte que ça ne filtre pas chez les garçons, mais je ne te garantie rien. Tu dois mieux connaître Camille que moi, mais elle a dû mal à retenir sa langue...