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IV

"Crois en nous"

Sous un ciel radieux, Hansi et Automne parlaient avec passion du nouvel aliment que l'escouade carotte avait trouvé. Cette après-midi, Automne allait faire l'expérience, elle allait le goûter. Malgré la crainte qu'il soit un poison, Automne était celle qui goûtait. Elle le faisait toujours, ne voulant pas mettre la vie de ses camarades en danger.

Hansi assistait toujours à cette activité. Elle adorait les expériences, et cela avait rapproché les deux femmes. Même si Hansi affichait toujours un sourire excité lors de ces moments, elle avait parfois un regard en coin pour Automne, un regard triste et coupable.

Parce qu'Hansi se souvenait quand Automne était l'objet de ces expériences. Même si Hansi était une de celle qui menait ces expériences, Automne ne lui en avait jamais voulu, et aujourd'hui elles étaient amies. Elle ne pouvait s'enlever de l'esprit les cris étouffés d'Automne, et tout ce sang, ce sang.

-On est là ! On a enfin fini les corvées ! s'exclama Bratt.

L'escouade s'approcha de leur capitaine, tout le monde était là. Hansi fit un clin d'œil joyeux à Livaï qui détourna aussitôt les yeux.

-Bon, Automne se racla la gorge, aujourd'hui nous allons goûter la trouvaille de notre expédition. Grâce à l'expertise de Pytz, nous avons réussi à le cultiver. Reste à savoir si c'est dangereux. Le voici.

Automne montra théâtrelement la petite chose rosé-rouge ovale avec des petits pépins sur sa peau et des petites herbes à son haut. Elle en faisait tout un cirque. Hansi applaudissait la mise en scène d'Automne, Affée, Bratt, et Ishbala se laissait prendre au jeu et mimait la surprise exagérée. Pytz souriait, Klaus gardait son air sérieux, conscient qu'en cas de problème, c'était à lui d'agir. Livaï trouva ça drôlement ridicule.

-Bon, reprit Automne. Chacun son poste. Écartez-vous de moi. Livaï, Klaus, Ishbala, Affée dégainez votre lame et pointez-la vers moi. Pytz, Hansi, Bratt, dégainez votre regard avisé et votre stylo.

-Pourquoi doit-on dégainer notre lame ? demanda Livaï en chuchotant à Klaus.

-Mesure de sécurité. Pour elle et pour nous. On sait jamais.

Alors qu'ils se mettaient en place, Livaï réalisa que derrière ce cirque se cachait une expérience des plus dangereuse. Automne pouvait perdre la vie, ou pire, et l'escouade n'était pas à l'abri. Pourtant, ils faisaient tous comme on leur avait dit, et camouflait ça en comédie. Livaï se demanda si c'était comme ça que les risques et la mort étaient perçu dans cette escouade, comme une comédie. Mais les regards de ses camarades disaient le contraire.

-Vais-je devenir violette ? Vais-je devenir aveugle ou aveuglée par la soif de sang et m'en prendre à vous ? Mesdames et messieurs nous allons le savoir dans un attend ! joua Automne

-Arrête ton char et vas-y, lança Livaï

-Oh mais mon cher Livaï, c'est très important. Cet aliment peut apporter mort, guérison, ou nourrirture pour toute la population, rétorqua Automne.

Aussitôt, elle avala l'aliment. Tous étaient à l'affût, guettant une réaction de leur capitaine. Celle-ci fut une grimasse amer avant que son visage ne devienne perplexe puis éclairé de surprise.

-Alors ? demanda Affée

-C'est un peu amer au début, c'est plein d'eau, mais d'eau sucrée ! C'est frais et c'est bon, c'est un fruit! Comment va t-on l'appeler, ce nouveau fruit ?

-On devait peut-être attendre que je te mette en observation pour voir de possibles effets secondaires... interrompit Pytz.

-Pas la peine Pytz, rien à signaler pour l'instant. Bon, il faut lui trouver un nom !

-C'est rouge, amer et sucré, pourquoi pas amersucrouge ? Proposa Hansi

-Non j'ai mieux. C'est une boule d'eau sucrée. Donc pourquoi pas "boule d'eau sucrée" ? intervint Klaus.

-Tu as juste mis les mots bout à bout... soupira Ishbala.

-Pour que ça soit claire , justifia Klaus.

-J'ai une idée ! C'est frais, et sucré, pourquoi pas fraise ? s'exclama Bratt.

-Ah, simple et efficace, c'est super ! Va pour ça. Mesdames et monsieur, voici notre nouvelle découverte, la fraise !

-Je veux goûter ! s'exclama Affée en rejoignant Automne.

-Attends Affée, on est pas sûr que ce soit sans danger, essaya de la retenir Pytz.

Mais elle prit une fraise du potager et s'extasia du goût. Pytz lui courut après pour la réprimander, mais il se résigna devant le sourire d'Affée. En tant qu'infirmier, il inspecta Automne et Affée, à l'affût de possibles effets secondaires.

Dans une insouciance et une joie qui surprit Livaï, tout le monde s'extasiait de cette trouvaille, de ce qu'elle pouvait apporter. Ils ne se rendent pas compte, pensa t-il. Ils font comme s'ils étaient hors du bataillon d'exploration, mais c'est eux qui sont hors de la réalité. Dehors, il avait vu ses amis se faire tuer, l'incroyable violence du monde, et maintenant il devait prendre part à cette comédie stupide ? C'était ridicule. À quoi pensait Erwin en l'envoyant ici ?

Voyant que Livaï restait à l'écart, Hansi le rejoignit. Elle vit son visage fermé et son regard exaspéré sur l'escouade. Elle comprit aussitôt.

-Tu t'intégres bien dans ta nouvelle escouade ? demanda t-elle.

-Je n'ai pas besoin de m'intégrer, c'est temporaire. Et heureusement. Regarde-moi ça. Il faut être idiot pour être si insouciant.

Hansi regarda l'escouade avec Livaï. Mais elle ne voyait pas la même chose que lui, parce qu'elle savait. Le regard de Livaï, c'était celui que les autres portaient aussi sur cette joyeuse bande. On confond parfois insouciance avec ignorance, et ces soldats-là, ils étaient tout sauf ignorants. Hansi les admiraient sincèrement. Et Livaï se trompait affreusement.

Elle prit une inspiration et raconta :

-Klaus était le capitaine d'une escouade qui s'est faite dévorée. Ishbala et Pytz étaient dans la même escouade qui fut décimée, s'ils ont survécu c'est parce qu'Automne est intervenu. Affée a frôlé la mort en sauvant d'autres soldats. Bratt était un jeune homme si atone qu'il était prêt à donner sa vie pour rien. Ils étaient tous perdus avant Automne. Ils ont tous vécu des choses que tu ne peux pas imaginer.

Livaï fronça les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi elle lui racontait tout ça. Avait-elle le droit de divulguer ces informations ?

-Pourquoi tu me dis ça ?

-Il faut du courage pour être insouciant quand on a vécu de telles choses, non ? Ils savent tous l'enfer qui les attend dehors, ils ont vu et aimé les morts. Et pourtant, regarde-les, ils n'ont pas perdu espoir. Un simple fruit est un espoir. Il faut de la force pour entretenir une lueur pareil dans tout ce sang. Malgré toute l'horreur qu'ils ont vu, ils arrivent à voir la beauté des petites choses qu'on ne voit pas. Ils ont eu tous le cœur brisé, et ils ont ramassé les morceaux pour les recoller. Il faut de la force pour aimer comme ils le font, et la terre, et le monde, et eux-mêmes. Parce qu'ils savent la souffrance de la perte. C'est plus facile de ne plus s'attacher pour ne plus avoir à supporter cette douleur, et c'est ce que tu fais, non ?

-Qu'est ce que tu insinues ?

-Tu peux tant apprendre de cette escouade. Ils savent plus que nous. Et Automne.  Elle sait bien plus que nous tous. Sa force n'est pas seulement celle du combat. Sa force, c'est de rassembler des rejetés et d'en faire une famille, de les fédérer ensemble, de leur donner l'espoir et la joie. Si tu leur demande en quoi ils croient, ils te répondront qu'ils croient en elle. C'est incroyablement difficile de créer le bonheur dans ce bataillon, c'est plus dur que de tuer dix titans, et ça sauve peut-être plus de vie. C'est un combat différent. Il y en a qui pensent que la gloire c'est de mourir en soldat. Et il y en a qui risquent leur vie pour apporter à la population de quoi se nourrir et se soigner.

Livaï se tut. Son regard sur la bande devant lui changea. Il comprit. La première fois qu'il avait vu Automne, elle mettait des fleurs sur la tombe de ses anciens camarades. Elle avait l'air si triste. Et aujourd'hui, elle rayonnait de bonheur. Ce n'est pas qu'elle a oublié, c'est qu'elle a accepté, ils l'ont tous fait, et c'est bien plus dur que ce qu'on croit.

Il en avait vu, des soldats à jamais brisés, à jamais terrorisés, des alcooliques, des cyniques, des lâches, des fous. Des soldats qui, s'ils avaient su ce qui les attendait, ne seraient pas devenus soldats. Et eux, ils étaient joyeux, ils arrivaient à former une famille, à aimer, à espérer encore. Ils s'étaient battus pour ça. Et peut-être était-ce parce qu'ils les enviaient, que les autres les rejetaient.

Et lui, Livaï ? Qu'était-il ? Un lâche ? Un cynique ? Espérait-il encore ? Il ne savait pas. Il revoyait sa tête décapité à elle, Isabelle. Comment son cœur s'était brisé à ce moment. L'avait-il récupéré ? En avait-il seulement l'envie ? Il ne savait pas. Mais à cet instant, en voyait cette escouade rire ensemble, il les envia un peu. Son cœur ne semblait pas pouvoir s'attacher à nouveau, après la mort de ses amis, ça le gardait hors de la vie. Il aimerait bien leur ressembler, mais il savait à quel point l'équilibre de l'escouade était fragile. À quel point la mort était proche, le regardait dans les yeux, l'entourait de ses liens.

-Et si je ne peux pas ?

La question de Livaï étonna un peu Hansi. Peut-être qu'il s'intègrerai bien à l'escouade, après tout. Plus qu'il ne le pensait, Hansi le savait. Pour une fois, Livaï se sous-estimait. Il faut de la force pour pouvoir aimer à nouveau. Il était plus que fort. Tout irait bien, elle en était persuadée.

-Tu peux, affirma t-elle.

Automne, suivit d'un Pytz aux aguets, se dirigèrent vers eux. Même si la joie marquait ses traits, elle avait un air plus sérieuse.

-Assez rigoler, il est l'heure de donner cours aux recrues, Livaï, comme tu es nouveau, j'insiste pour que tu viennes, déclara t-elle.

- Des cours ?

- Bien sûr, pour quoi tu crois qu'on fait tout ça ? Il faut apprendre aux recrues comment se nourrir avec des aliments de l'extérieur, au cas où ils doivent... enfin tu vois... puis ça nous permet de réduire tout ce qu'on emporte en chariot pour les expéditions. L'escouade d'assistance d'élite aide avant, pendant et après.

Elle lui fit un sourire radieu tandis qu'il resta perplexe. Hansi lui fit un signe de tête pour lui dire d'y aller. Alors il la suivit.

Les visages des recrues étaient absorbées par les mots d'Automne. Elle expliquait comment reconnaître les aliments comestibles à l'extérieur, pour survivre s'ils étaient abandonnés et à l'extérieur, les plantes médicinales aussi, les premiers soins. Quand on lui demanda à quoi ça servait de savoir survivre quelques jours à l'extérieur, elle répondit qu'après chaque expédition, un recensement était fait. Son escouade était chargée d'aller à la recherche des disparus qui s'étaient enfuis, ou cachés pour survivre suite à une blessure. D'ailleurs, son escouade partait demain. La plupart du temps, les disparus étaient morts. Mais rarement, il arrivait qu'un survive en attendant l'escouade carotte, sachant qu'elle viendrait. Et ça valait le coup.

Et soudain ça sauta aux yeux de Livaï. Elle ressemblait terriblement à Erwin. Sa manière de tendre la main aux autres, de leur faire confiance, de les mener avec espoir. Comment elle aspirait l'attention, quand elle enseignait. Malgré la profonde différence de caractère, de manière de diriger et de voir le bataillon, elle lui ressemblait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Quand il la regarda, maintenant, il ne put s'empêcher de voir Erwin lui tendre la main, sous la pluie.

Erwin était celui qui sacrifiait, elle était celle qui sauvait. Ils s'opposaient, mais l'un ne pouvait aller sans l'autre.

À la fin du cours, Livaï l'attendit dans le couloir. C'était presque le soir. Elle fut surprise de le voir. Elle lui dit des banalités sur le chemin du repas, et avant de se quitter, il lui avoua :

-Tu ressembles à Erwin.

Elle se stoppa net. Il la regarda dans les yeux comme il ne l'avait jamais fait avant. Sans mépris, sans curiosité, sans rien, juste sincèrement. Elle se sentit soudain mise à nue. Elle qui croyait qu'il était indifférent à tout s'aperçut qu'il avait l'œil plus avisé qu'elle ne le pensait. Prise au dépourvu, elle se mit à rougir. Il la regarda perdre ses moyens, sans vraiment comprendre pourquoi.

Alors elle sut, pourquoi Erwin avait choisi Livaï, pourquoi il l'avait mis dans son escouade. Son regard. Il pouvait percé n'importe quoi à jour.

- Alors c'est ça... pourquoi il t'a choisi...

-Quoi ?

-Ce n'est rien. Repose-toi, nous partons tôt demain.

Elle lui fit un signe de main et s'avança vers la salle où mangeait les chefs d'escouade. Il la regarda s'éloigner. Devant la porte, elle hésita. Elle se retourna et appela d'une voix hésitante :

-Livaï ?

-Mmh?

Elle le regarda en silence pendant un instant. Vulnérable depuis que le regard de Livaï l'avait percé, depuis qu'elle savait qu'Erwin commandait ce regard. Finalement, elle lâcha :

-Je ne suis pas l'ennemie, tu sais.

Cette fois, ce fut Livaï qui se sentit percé à jour. Elle avait certainement deviné qu'il était là sous ordre officieux d'Erwin de garder un œil sur elle. Cela ne voulait rien et tout dire. Si lui ne savait pas pourquoi Erwin lui avait demandé une telle chose. Automne, elle, devait le savoir.

-Je n'ai jamais dit que tu l'étais, répondit-il.

-Je sais très bien pourquoi Erwin t'as mis dans mon escouade. Tu as l'œil avisé, idéal pour percer à jour n'importe qui, n'importe quoi. Mais un œil avisé est aveugle quand son esprit est clos. Si tu veux vraiment faire partie du bataillon, alors viendra le jour où tu devras choisir en quoi tu crois, y tenir jusqu'à la mort.

-Pourquoi tu me révéles ça ?

Un sourire étrangement triste parcouru le visage d'Automne, illumina pour la première fois sa beauté aux yeux de Livaï. Là, au bout de ce couloir mal éclairé, ses cheveux courts en bataille, elle était étrangement belle. Elle le regardait dans les yeux, paisiblement.

-  J'espère que tu croiras en nous, Livaï. On a besoin de toi.

Livaï resta figé.

"Crois en nous, Livaï"

Les mots de son amis Fandral resonnaient dans sa tête. Aujourd'hui, il était mort. Il avait cru en eux. Fandral et Isabelle. Et ils étaient morts. Parce que rien n'a de sens, ici. Peu importe en qui on croit, ça ne change rien à notre sort.

-Quelle importance ? les mots de Livaï s'échapperent de sa bouche dans un souffle.

Voyant pour la première fois le visage vulnérable de Livaï, Automne s'approcha. Elle savait qu'il pensait à ses amis morts. Parce quand ses camarades étaient morts il y a deux ans, elle avait dit les mêmes mots. Et que se furent sa nouvelle famille et ce en quoi elle croyait, qui l'avaient sorti de ce gouffre noir. Elle s'était accroché avec ses mains, ses dents, en sa croyance, ses convictions, quoi qu'il arrive.

Avec un geste tendre, elle posa sa main sur l'épaule de Livaï, et avec une voix pleine de compassion :

-Quelle importance ? Tu dois croire en quelque chose, parce que tout le reste va te décevoir, y compris toi-même. C'est la seule manière de survivre sans devenir fou.

En le regardant, elle se rendit compte que sa main était sur l'épaule de Livaï. Désolée et gênée de ce contact spontané, elle retira aussitôt sa main avec un sourit embarrassé. Automne était plus jeune que Livaï, elle paraissait pourtant bien confiante. C'est qu'Erwin l'avait éduqué et il avait très tôt placé de grandes responsabilités sur ses épaules. Mais dans ces moments comme celui où elle avait retirée sa main, elle avait l'air d'une gamine.

- À quoi crois-tu, toi ? demanda t-il.

Il fallait qu'elle croit en quelque chose de fort, pour dire de tels mots. Pour avancer comme elle le faisait.

-Tu verras, sourit-elle.

En lui tournant le dos, Automne perdit son sourire et se mordit la lèvre. Elle voulait croire en ses propres mots, mais elle ne savait pas si elle y croyait vraiment. Elle était terrifiée. Au fond d'elle, elle craignait que tout ne soit que mensonge. Elle était terrifiée. Et si elle se mentait à elle-même ? Elle était terrifiée.
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