Chapitre 1 : Au lendemain des résultats
Ce mercredi matin était très ensoleillé. Maggie se réveilla de bonne humeur. On était en juillet et les résultats du bac venaient de tomber la veille. Elle se rappelait très bien le jour où elle vît son nom sur le grand tableau d'affichage suivi de la lettre « B », ce qui signifiait qu'elle avait eu la mention bien. Elle avait fêté l'évènement le midi dans sa famille d'accueil et le soir avec une bande d'amis.
La jeune femme avala en vitesse un petit déjeuner consistant et alla rapidement se préparer pour aller au travail. Elle se rendit aux bureaux à pied, une chance qu'elle ait trouvé un travail proche de chez elle.
Une fois sur place, elle salua Kenny, le réceptionniste, avant de monter à son bureau. Elle fit un signe de la main pour saluer Béthanie qui, comme très régulièrement, était déjà là bien avant les autres, puis elle s'installa à son bureau. Elle se mit ensuite à feuilleter la pile de documents qui était posée à côté de son ordinateur. Elle connaissait par cœur tous les documents qui composaient son dossier. Elle avait travaillé sur une multitude de petites affaires sans difficulté et commençait à s'ennuyer dans son travail. C'était un poste qu'elle occupait depuis quelques mois et qui lui avait gentiment été offert par un mystérieux Patron. Morgane Liet, la secrétaire de Patron, n'était pas à son bureau, mais cela était assez fréquent car Patron l'envoyait régulièrement réaliser différentes missions pour lui.
Djamila arriva, salua brièvement ses deux collègues et s'installa à son bureau. Ewen fût le dernier à arriver. Il n'eut pas le temps de dire bonjour à ses collègues que Morgane fit son apparition dans l'open-space pour annoncer aux détectives qu'ils étaient convoqués immédiatement dans le bureau de Patron.
Ils frappèrent à la porte du repère de Patron qui leur intima l'ordre d'entrer. Il était assis derrière son bureau, les bras croisés sur son torse. Son visage était grave. Les détectives ne s'assirent pas car il n'y avait que deux chaises en face de leur chef qui ne chercha pas à se procurer le nombre suffisant de sièges.
« —Bonjour, commença ce dernier. Vous êtes au courant que les résultats du bac sont tombés hier soir, n'est-ce pas ? (les détectives hochèrent positivement la tête) Un groupe d'amis a décidé de fêter cela dans la maison de campagne appartenant à des parents de jeunes bachelières. La soirée s'est très bien passée et tout le monde a dormi sur place. Malheureusement, ce matin, un jeune homme nommé Driss Melcher a été retrouvé mort étouffé dans son lit. Personne ne sait ce qu'il s'est passé, personne n'a rien vu. La police est sur place et a interdit l'accès à la chambre le temps de récolter des preuves. L'adresse et le reste des informations que j'ai à vous transmettre sont dans le dossier, vous n'avez plus qu'à y aller. »
Les détectives sortirent du bureau, prenant au passage le gros dossier que Morgane leur tendait. Ils montèrent dans la voiture de fonction, Ewen au volant, et une fois que Djamila eut trouvé et donné l'adresse qui se trouvait dans le dossier, ils démarrèrent.
« —Vous avez eu votre bac du premier coup vous ? demanda Ewen à ses collègues afin d'initier une conversation.
—Oui, lui répondirent les filles en chœur. »
Ewen se concentrait sur la route tout en suivant les indications du GPS, Djamila était plongée dans la lecture du dossier, et les deux autres filles étaient en grande conversation à propos de leurs études.
« —T'as fait quoi après le bac ? demanda Béthanie à Maggie.
—Une fac de socio, jusqu'à la licence. Et toi ?
—J'suis entrée à l'école de police.
—T'étais policière avant d'arriver ici ?
—Oui. C'est comme ça que Patron m'a repérée.
—Et toi Ewen, t'as fait quoi après le bac ?
—Une licence d'histoire avant d'entamer une formation pour être surveillant pénitencier, lui répondit ce dernier après avoir franchi une intersection.
—Et toi Djamila ? demanda Maggie.
—Beaux-Arts. »
La conversation continua entre Maggie et Béthanie, ponctuée de quelques interventions d'Ewen, jusqu'à ce que le GPS leur signale qu'ils étaient arrivés. La voiture était arrêtée devant une grande barrière qui laissait percevoir à travers les barreaux un immense jardin décoré avec goût et qui entourait une maison toute aussi immense. Il y avait des journalistes qui rôdaient mais qui n'avaient visiblement pas la permission d'entrer. Ils prenaient des photos des alentours, sûrement pour ne pas rentrer les mains dans les poches, faute de trouver mieux à se mettre sous la dent.
Ewen se gara tant bien que mal à côté du portail et sonna à l'interphone après avoir intimé à ses collègues l'ordre de rester dans la voiture. Le portail s'ouvrit presque aussitôt et le jeune homme remonta dans la voiture pour la garer dans la propriété. Le portail se referma après leur passage, ne laissant aucun journaliste passer.
Il y avait plusieurs voitures de police garées n'importe comment, comme si ils avaient débarqué de toute urgence. Une fois la voiture arrêtée, les détectives en sortirent. À peine avaient-ils posé le pied au sol que Raphaël Potéo, leur collègue journaliste, se jeta sur eux.
« —Vous en avez mis du temps ! plaisanta-t-il.
—C'est Ewen qui a conduit, balança Djamila.
—C'est le GPS qui... commença à se justifier l'intéressé mais il fût coupé par Béthanie.
—Bonjour Raphaël, tu as quelque chose d'intéressant à nous faire partager ?
—Oui. Ils sont 9 ados enfermés à l'intérieur. Hier soir ils étaient 10 mais Driss Melcher, un autre ado, a été retrouvé étouffé par son oreiller. C'est sa petite amie, Célia Raburat, qui l'a retrouvé comme ça tôt ce matin en voulant le rejoindre, elle n'a pas précisé pourquoi.
—Tout le monde sait pourquoi, pouffa Ewen.
—Continue Raphaël s'il te plaît, demanda Béthanie.
—C'est à peu près tout ce que j'ai pour le moment. Les interrogatoires sont en cours et les parents sont aussi interrogés. Tout le monde est sur le qui-vive. En tout cas, je ne remercierai jamais assez Patron pour m'avoir permis d'entrer. Je suis le seul journaliste, ils recalent tout le monde. Je vais avoir un article de malade.
—Oublie pas que tu bosses pour nous avant de bosser pour ton journal, railla Djamila.
—Pour commencer c'est pour Patron que je travaille, et non pour toi, et...
—Ça suffit ! s'énerva Béthanie. Un ado est mort juste derrière ces murs et vous, vous ne trouvez rien de plus intelligent que de vous chamailler comme deux enfants. Vous êtes pathétiques. »
Raphaël et Djamila croisèrent leurs bras sur leur poitrine et boudèrent dans leur coin. Béthanie leva les yeux au ciel et alla frapper à la porte. Une grande femme très chic vînt leur ouvrir. Elle était très belle, blonde avec de grands yeux d'un bleu très pâle. Elle était légèrement maquillée et sa mine grave lui donnait un air encore plus charmant. Elle était simplement habillée d'un jean et d'un tee-shirt manches longues mais ses bijoux témoignaient d'une certaine aisance financière.
« —Bonjour, dit-elle d'une voix à la fois tendre mais ferme. Vous êtes les détectives que nous avons engagés ?
—Oui, lui répondit Béthanie, c'est bien nous. Je suis Béthanie Ferrier et voici Ewen Mercier, Djamila Soudimi et Maggie Annisterre.
—Entrez. »
Elle s'écarta pour les laisser entrer puis referma la porte.
« —Je suis Shela Morel, la propriétaire de la maison. Où souhaitez-vous vous rendre ?
—Auprès des adolescents s'il vous plaît. »
Shela emmena les détectives dans une sorte de salle de jeux située au sous-sol. La pièce était composée d'un billard, d'une grande télévision entourée de consoles en tout genre, d'un grand canapé d'angle face à la télé, de deux autres petits sofas sur les extrémités de la pièce, d'un bar et d'une grande armoire. Le tout était très moderne et les décorations avaient été choisies avec goût.
Dans cette pièce étaient éparpillés plusieurs adolescents dont certains pleuraient.
« —Je vous laisse avec eux, les prévint Shela, j'ai à faire à l'étage. Bon courage. »
Et elle sortit de la pièce, laissant les quatre détectives seuls au milieu de tous ces adolescents visiblement agités.
« —Bonjour, commença Béthanie suffisamment fort pour capter l'attention de tous les adolescents. Je suis Béthanie Ferrier, voici Djamila Soudimi, Maggie Annisterre et Ewen Mercier. Nous sommes détectives privés et nous venons enquêter sur le meurtre de votre ami Driss. »
Une jeune femme toute fragile fondit en larmes tout au fond de la pièce, prise de sanglots bruyants et incontrôlés. Béthanie se fraya un chemin jusqu'à elle et lui posa une main délicate sur l'épaule, ce qui eut l'effet de la calmer un peu.
« —Comment tu t'appelles ? lui demanda Béthanie.
—Célia, réussit à articuler péniblement la jeune femme. »
Ce devait être elle la petite amie de Driss, celle qui l'avait retrouvé mort ce matin. Elle était toute petite et toute frêle. Elle n'avait que la peau sur les os, ce qui donnait l'impression à Maggie qu'elle pourrait se casser au moindre contact. Ses cheveux étaient châtains et légèrement ondulés, ses yeux – rougis par les larmes – étaient d'un marron très sombre. Elle était jolie même en pleurant.
Béthanie et Célia allèrent s'asseoir sur un petit sofa pendant que tous les autres adolescents les observaient. Soudain, Djamila poussa un petit cri. Tous se tournèrent vers elle. Un jeune homme venait de faire son apparition dans la pièce et cet évènement déclencha ce cri. Le jeune homme était très grand et semblait avoir les mêmes origines que Djamila avec sa peau mate, ses yeux marron et ses cheveux noirs et bouclés.
« —Jawad ! lâcha Djamila dans un souffle.
—Euh, salut, fit ce dernier d'un air gêné.
—Qu'est-ce que tu fais là ?!
—Ben comme tout le monde, j'étais venu fêter le bac.
—Les parents sont au courant que tu es ici ?
—Oui. »
Djamila allait poser une autre question au jeune homme mais voyant que tous les regards étaient fixés sur eux, elle préféra se taire. Elle se dirigea vers Jawad, lui prit le bras et l'entraîna hors de la pièce. Une fois que la porte de la salle de jeux eut claqué, Ewen se permit de prendre la parole :
« —Ça doit être son frère.
—Vous étiez au courant qu'elle avait un frère qui passait le bac ? demanda Maggie d'un air absent.
—Non, elle ne parle jamais de sa famille, on sait juste qu'ils sont plusieurs frères et sœurs.
—Maggie, l'interpella Béthanie toujours assise sur son petit sofa aux côtés de Célia, tu t'occupes d'interroger les filles. Toi Ewen tu te charges des gars.
—On s'installe où ? demanda le détective.
—Demandez une salle à madame Morel. »
Ewen et Maggie demandèrent à deux ados de les suivre et ils montèrent chercher Shela Morel. Ils la trouvèrent dans salon en train de téléphoner. Ils attendirent qu'elle raccroche pour lui demander si elle avait deux pièces disponibles. Ewen fût placé dans la chambre parentale pendant que Maggie occupait un bureau. Shela leur fournit aussi un tas de feuilles blanches et un stylo chacun.
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