Chapitre 22 : Le vrai visage d'Agnès
Maggie, se rendit dans la salle à manger laissant ses hôtes seuls avec André. Le repas fût servi comme d'habitude par Chelsea. Personne ne vit Aurélie, André ou Nicolas du repas. Après le dessert, la table ne fut pas débarrassée par Chelsea qui ne se manifestait plus mais par Maggie et Louisa. La vaisselle fut faite par Ewen qui s'amusait à mettre de la mousse sur le nez de ceux qui passaient près de lui. Le tout était essuyé par Frédéric et rangé par Éric.
Une fois que tout fut remis en ordre, chacun partit de son côté. Éric, Louisa et Frédéric avaient décidé de rentrer chez eux après le repas. Maggie, qui comptait rester jusqu'au lendemain matin au manoir, se rendit dans le bureau. Comme prévu, elle y trouva Patron.
« —Je peux faire quelque chose pour toi Maggie ? demanda ce dernier.
—Léa est innocente.
—Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
—Je le sais. Quelque chose ne colle pas avec l'affaire.
—Et quel est ce quelque chose ?
—Mais je ne sais pas, je n'arrive pas à le cerner... Et puis il y a vous.
—Ah oui ?
—Oui. Vous aviez l'air de ne pas être d'accord avec le fait que ce soit Léa qui ait tué. En réalité, vous soupçonnez quelqu'un d'autre.
—Bien vu.
—Et vous avez quand même fait emmener Léa.
—Oui. Il y avait trop de preuves contre elle, on a retrouvé du sang d'Agnès dans sa salle de bain. Et elle a avoué.
—Mais ce n'est pas elle qui a tué ! Vous devez faire quelque chose pour elle !
—Ne t'en fais pas pour ça. Elle va juste passer une nuit en garde à vue.
—Elle ne s'en remettra pas.
—Mais si ça peut éviter un second meurtre, c'est la seule chose à faire.
—Comment ça un second meurtre ?
—Quelqu'un en sait trop sur le véritable meurtrier dans ce manoir. Il va essayer de supprimer cette personne s'il se sent en danger. N'oublie jamais Maggie, quelqu'un qui a commis un meurtre n'hésitera jamais à en commettre un nouveau pour sauver sa peau.
—Alors pourquoi ne pas l'arrêter avant au lieu d'envoyer une pauvre adolescente derrière les barreaux ?
—Nous n'avons pas assez de preuves contre cette personne. Il faut lui faire avouer son meurtre.
—Plus facile à dire qu'à faire...
—Au lieu de parler, tu pourrais peut-être chercher qui est le meurtrier ? Demain, il sera trop tard. »
Maggie sortit du bureau sans rien dire. Elle allait monter dans sa chambre pour relire ses fiches une nouvelle fois, mais elle vit Chelsea, en larmes, assise sous les escaliers. Elle renonça alors à regagner sa chambre et vint s'assoir près d'elle.
« —Dégage Maggie, lança la femme de ménage. Je n'ai besoin de personne.
—Non.
—Je sais que tu es au courant, tu étais là quand André l'a dit. Maintenant laisse-moi s'il te plaît...
—Nicolas n'a pas démenti ?
—Il n'a même pas essayé de se défendre une seule seconde. Aurélie savait déjà tout de toute façon. Et moi je n'ai plus qu'à trouver du travail ailleurs... »
Chelsea sanglota.
« —Je ne te plaindrai pas, affirma Maggie. Aurélie est mon amie, je me fiche de ce que tu vas devenir. Je suis simplement triste pour elle. Elle ne méritait pas ça.
—Je sais... Mais j'ai tout perdu. Mon travail et celui que j'aime... »
Crise de larmes. Maggie en avait plus qu'assez des péripéties de ce manoir. Bien qu'Aurélie soit son amie comme elle venait de l'affirmer, cette histoire d'adultère lui faisait purement et simplement perdre son temps tout en la déviant de son objectif principal : trouver le véritable meurtrier d'Agnès. Elle se leva donc se rendit dans sa chambre pour lire ses feuilles, laissant derrière elle une employée de maison en larmes.
Maggie relut ses notes deux fois. Ensuite, elle se rendit dans la véranda. Elle s'assit dans un des confortables fauteuils et regarda dehors. Il y avait une foule de journalistes qui allaient et venaient dans les bois. Parmi eux, Raphaël, qui regardait toutes les allées et venues, assis sur un banc en pierre. Puis, il tourna la tête vers la véranda et vit Maggie, pensivement installée dans son fauteuil. Il se leva pour aller la voir. Il frappa aux carreaux et la jeune femme alla lui ouvrir.
« —Salut Maggie ! lança le journaliste joyeusement.
—Salut.
—Quelque chose ne va pas ?
—Ils ont arrêté Léa.
—Oui je sais merci. Et ?
—Elle est innocente.
—Tu ne devrais pas dire ça aussi fort que tu le fais.
—Pourquoi ?
—Si tu dis qu'elle est innocente, ça voudrait dire que le meurtrier court toujours. Et il va vouloir te tuer avant que tu ne foutes le bordel. »
Maggie haussa les épaules.
« —Les sentiments ne doivent pas être pris en compte avec un meurtrier, dit Raphaël.
—Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
—Léa et toi étiez devenues amies au cours de ces derniers jours. C'est dur de se dire que son amie a commis un meurtre.
—Ce n'est pas pour ça que je crois qu'elle est innocente, et nous n'étions pas spécialement devenues copines comme tu as l'air de le croire.
—Pense comme tu veux.
—Exactement.
—Au fait, j'ai appris que tu vas rejoindre l'équipe après les fêtes ?
—Euh non. Qui t'a dit ça ?
—Patron en parlait au lieutenant.
—Eh bien je ne suis pas au courant.
—Et tu serais d'accord ?
—Je ne pense pas.
—Tu t'y plairais pourtant. Surtout pour quelqu'un comme toi qui aime fourrer son nez un peu partout !
—Hé !
—Et puis il nous manquait justement quelqu'un comme toi.
—Comment ça « comme moi » ?
—Patron t'expliquera tout ça plus tard. J'ai un article à rédiger moi ! »
Raphaël salua la détective et sortit de la véranda. Maggie aussi en sortit, mais pour errer dans le manoir. Elle alla dans la cuisine. Il n'y avait personne. Elle ressortit, alla frapper à la porte de la chambre d'Ewen, toujours personne. Elle alla au bureau et elle y trouva de nouveau Patron.
« —C'est quoi cette histoire ? demanda Maggie plus intriguée que furieuse.
—Raphaël ne sait pas se taire apparemment.
—Vous saviez pertinemment ce que vous faisiez en allant lui parler. Donc comme ça vous comptez m'engager et êtes sûr que je vais accepter ?
—Si tu arrives à me résoudre cette enquête, tu auras ta place parmi nous.
—Et si j'échoue ?
—Tu retourneras vendre des robes dans ta boutique.
—Mais si je ne veux pas venir avec vous ? »
Patron se mit à sourire.
« —On verra, fit ce dernier. »
Maggie sortit du bureau sans répondre et, dans le couloir, elle se cogna contre Ewen.
« —Doucement mademoiselle ! Vous auriez pu blesser quelqu'un ! la taquina ce dernier.
—Oh pardon. J'étais perdue dans mes pensées, je ne t'avais pas vu.
—Alors il parait que tu vas nous rejoindre en janvier ?
—Qui t'a dit ça ?
—Raphaël.
—Évidemment...
—T'es pas contente ?
—J'aurais surtout aimé être prévenue que je n'avais pas le choix.
—Mais tu as le choix.
—C'est pas ce que Patron m'a fait comprendre.
—C'est Patron, il est comme ça, mais il ne te mettra pas le couteau sous la gorge pour obtenir ce qu'il veut. Sinon, toujours à la recherche de l'assassin ?
—J'ai presque envie d'abandonner.
—Tu vois ! Ça sert à rien de continuer à chercher !
—Léa est innocente. Mais je n'arriverai pas à trouver le meurtrier avant demain.
—Ah au fait, Patron m'a dit de te dire que le père d'Agnès n'était pas aussi sérieux qu'il en avait l'air dans sa jeunesse.
—Génial. C'est vrai que la vie du père d'Agnès va tout changer !
—C'est vrai que je ne comprends pas très bien ce qu'il se passe. Patron nous fait du grand Patron, il veut nous mettre dans la bonne voie, mais ça ne nous aide pas toujours.
—Autre chose à ajouter ?
—Non, c'est tout ce que j'avais à te dire. Bon, sur ce, à plus, j'ai des choses à régler ! »
Ewen prit congé, laissant Maggie seule au milieu du couloir. Elle entendit soudain un très léger bruit dans la bibliothèque et décida alors de s'y rendre. Éric s'y trouvait. Il lisait un livre sur la mythologie grecque. Il leva les yeux de son livre pour voir qui était entré dans la pièce.
« —Ah c'est toi, fit Éric comme s'il était déçu de voir la jeune femme.
—Oui c'est moi. Et je pense que tu t'en doutais parfaitement puisqu'on entend tout ce qu'il se passe dans le bureau et le couloir d'ici.
—Tu me cherchais ?
—Non, mais j'ai entendu du bruit alors je suis venue voir.
—André a raison, tu es une petite fouineuse.
—Tu t'intéresse à la mythologie grecque ? demanda Maggie, ignorant complètement la remarque déplacée de son interlocuteur.
—Assez, oui. Et toi ?
—Non pas vraiment.
—Tu lis quoi comme genre de livres ?
—Les romans policiers.
—Ça ne m'étonne pas de toi.
—Pourquoi ?
—Parce que tu es une petite fouineuse, comme les flics, insista Éric.
—Il paraît oui. Au fait, vous ne devriez pas être partis après le déjeuner ?
—J'attends Louisa qui essaie de consoler Aurélie. Elle ne veut pas dire ce qu'elle a mais elle n'arrête pas de pleurer. »
Maggie dévisagea Éric qui se replongea dans sa lecture. Et si c'était lui le tueur ? On aurait dit qu'il voulait la mettre en garde. Comptait-il faire d'elle sa prochaine victime ? Elle sortit de la bibliothèque. Elle n'était plus aussi sereine.
Elle se rendit dans le premier salon où elle y trouva Louisa qui buvait un thé en compagnie de Frédéric, qui était visiblement sur le point de partir. Éric s'était trompé, Louisa n'était pas du tout aux côtés de son amie mais dégustait tranquillement une verveine.
« —Tu veux un thé Maggie ? proposa Louisa.
—Non merci. Je n'aime pas trop le thé.
—C'est dommage car il est vraiment bon.
—Tu n'es pas avec Aurélie ?
—Non, elle m'a demandé de partir, elle voulait rester seule. Mais je ne veux pas partir tout de suite, je veux être sûre qu'elle aille mieux. »
Maggie allait répondre mais Frédéric la devança.
« —Bon, je vais y aller, il est temps pour moi de retrouver ma maison, et surtout mes filles. »
Il refoula un sanglot. Elles devaient beaucoup lui manquer. Il attrapa sa valise, enfila son manteau et quitta la pièce après avoir salué les deux femmes.
« —Je n'arrive pas à croire que c'est Léa qui l'a tuée, fit Louisa. Mais elle aura la sanction qu'elle mérite ! Agnès sera vengée. »
Maggie ne répondit rien. Frédéric refit son apparition dans le salon car il avait oublié ses clés de voiture sur l'accoudoir du fauteuil où il s'était assis.
« —J'espère tout de même qu'ils ne vont pas être trop durs avec elle. Ce n'est qu'une adolescente après tout ! dit Louisa.
—Parce que tu crois qu'elle a été douce quand elle a tué ma femme à coups de couteau ?! hurla Frédéric, ce qui eut pour effet de faire sursauter les deux filles.
—Je n'ai pas dit ça. Mais ce dont elle a besoin, c'est d'une aide psychologique, pas d'un séjour en prison, essaya de se justifier tant bien que mal la petite femme qui s'était mise à trembler.
—Un séjour en prison suffira pour lui remettre les idées en place.
—Tout de même...
—Tu as peut-être raison en fait...
—Ah tu vois !
—Je commence même à penser qu'Agnès n'a eu que ce qu'elle méritait. »
Louisa manqua de s'étouffer avec son thé après cette remarque.
« —Comment ça ?! s'exclama Maggie.
—Agnès était quelqu'un de détestable.
—On ne dit pas de mal des morts, surtout quand il s'agit de sa propre femme.
—Je dis ce que je pense sur qui je veux, quand je veux !
—Mais là c'est trop.
—Non. Agnès aurait fini par se faire tuer de toute façon. C'est peut-être arrivé plus vite que ça aurait dû et voilà.
—Il n'y a que toi qui déteste Agnès, fit Louisa timidement. Et Léa, puisqu'elle l'a tuée.
—Tu te trompes, nous ne sommes pas les deux seuls à vouloir sa mort. Toi par exemple.
—MOI ?!
—Oui toi. Tu lui dois de l'argent non ?
—C'est Éric qui lui doit de l'argent. Pas moi.
—C'est ton mari, ça revient au même.
—Je n'ai pas envie de parler de ça devant Maggie. »
Tous deux se retournèrent vers la jeune femme qui ne disait plus rien et qui se contentait maintenant d'écouter attentivement.
« —De toute façon j'ai fini mon thé, j'allais partir, fit Louisa à la fois énervée et gênée.
—C'est ça, lança Frédéric assez froidement. »
La jeune femme posa sa tasse près de la théière et s'en alla.
« —Je te conseille de garder ce que tu viens d'entendre pour toi, lança froidement Frédéric à l'intention de Maggie.
—Et pourquoi ? le défia-t-elle.
—Parce que tu n'es pas sensée être au courant et que si tu en parles à la mauvaise personne, tu risques de finir comme ma femme.
—Merci du conseil. Mais j'en ai aussi un à te donner.
—Je t'écoute.
—Evite de te réjouir de la mort de ta femme, on pourrait penser que c'est toi qui l'as tuée.
—C'est peut-être ce qu'il s'est passé. »
Frédéric se mit à rire d'un rire dément. Puis, il récupéra ses clés et quitta la pièce à son tour.
Se retrouvant à nouveau seule, Maggie sortit aussi du salon. Elle monta dans sa chambre. Tout le monde était en train de devenir fou au manoir. Il était temps que tout cela s'arrête.
La jeune femme était perdue dans ses pensées, lorsqu'on frappa à la porte de sa chambre. Elle alla ouvrir et vit Ewen. Le jeune homme se laissa choir sur le lit de la petite détective.
« —Je suis É-PUI-SÉ, souffla-t-il.
—Et moi dont, renchérit Maggie qui s'installa à ses côtés. »
Alors qu'ils étaient tous les deux silencieusement installés sur le lit, pensifs, fatigués, quelqu'un frappa à la porte.
« —Décidément, fit Ewen, tu es très demandée. »
Maggie haussa les épaules pour lui signifiait qu'elle ignorait qui était derrière la porte. Elle ouvrit et découvrit Nicolas, fou de rage.
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