
Chapitre 19 : D'autres serpillières blanches
Maggie n'eut aucune difficulté à trouver Léa qui était dans sa chambre. Ewen, quant à lui, chercha pendant un bon moment André qui se trouvait finalement dans la véranda.
La jeune détective frappa à la porte de la chambre de l'adolescente. Elle eut une réponse quasi immédiate.
« —Salut Léa, je peux te parler ? demanda Maggie.
—Bien sûr, entre. »
La petite détective entra donc dans la chambre. Les chambres étaient toutes les mêmes. Léa n'avait rien sorti de sa valise. Elle était juste ouverte sur le bureau et elle se servait à l'intérieur quand elle en avait besoin. Maggie s'assit sur le lit près de Léa.
« —Tu n'as pas trop été déboussolée par toute cette histoire ? questionna Maggie.
—Oui, un peu. J'aimerais tellement ne pas être venue à cette soirée, fit Léa découragée.
—Tu ne pouvais pas savoir ce qui allait se passer.
—Oui je sais. Oh comme c'est horrible !
—La police va tout faire pour trouver qui a tué Agnès. Il faudra l'aider et, si tu es au courant de quelque chose, il faut que tu ailles leur dire.
—Mais je ne suis au courant de rien. Personne n'est au courant de rien ici !
—Léa, si tu as peur de te confier à la police, confie-toi à moi. »
L'adolescente poussa un soupir et posa sa tête entre ses mains.
« —Mais, repris Léa, maintenant que j'y pense, il me semble que j'ai entendu quelque chose d'assez... étrange...
—Quoi ?
—C'était une conversation entre Chelsea et Nicolas...
—Raconte-moi tout.
-J'étais dans la bibliothèque, j'aime m'y rendre pour bouquiner. J'ai entendu des bruits dans le bureau. Quelqu'un venait d'y entrer. C'était Nicolas. Il a passé un coup de fil je ne sais plus trop à qui. J'étais trop loin pour entendre. Puis, il a raccroché. Quelques minutes s'écoulèrent et une autre personne entra dans le bureau. C'était Chelsea. Je me suis donc approchée pour entendre leur conversation. Je te promets Maggie que ce n'est pas dans mon habitude d'écouter les conversations des autres, mais je ne sais pas pourquoi, ce soir-là j'avais le sentiment qu'il fallait que je le fasse. Bref, je m'étais rapprochée du mur pour écouter ce qu'ils se disaient. »
L'adolescente fit une pause.
« —Chelsea parlait très vite, on aurait dit qu'elle était stressée. Nicolas, était plus calme. Chelsea voulait s'assurer que Nicolas ne dirait rien de ce qu'il s'était passé mais il lui a répondu qu'il serait obligé de parler un jour ou l'autre. Chelsea s'est mise à pleurer et lui a dit que ce n'était pas la peine, que personne ne se doutait de rien pour le moment. Nicolas n'a pas eu le temps de répondre, Aurélie est entrée dans le bureau, je ne sais pas pour quoi faire, mais elle y est entrée. Elle leur a demandé de quoi ils parlaient et ils lui ont répondu qu'ils discutaient à propos d'un problème dans une des chambres inoccupées. Enfin, ils sont sortis tous les trois du bureau, et j'ai attendu quelques minutes avant de sortir à mon tour de la bibliothèque. »
Léa s'arrêta et observa Maggie d'un œil interrogateur.
« —Eh bien ! fit la détective en herbe. Tu viens de m'apprendre une chose sûrement capitale pour l'enquête.
—Comme tu vas en parler à la police, j'aimerais que tu ne dises pas que ça vienne de moi...
—Ne t'inquiète pas pour ça. »
Les deux jeunes femmes se sourirent.
« —Oh ! Je n'avais pas fait attention à l'heure ! s'exclama Maggie. Je vais devoir te laisser, j'ai promis à Aurélie de l'aider un peu à s'occuper du manoir. Chelsea n'est pas très, comment dire ? ...Elle n'est pas très opérationnelle en ce moment.
—Désolée de t'avoir retenue aussi longtemps.
—Ce n'est pas grave, à tout à l'heure. »
Maggie quitta la chambre de l'adolescente. Avant de refermer la porte, elle vit dans la salle de bain une serpillière blanche, identique à celles qui avaient servi à absorber le sang d'Agnès. Alors, elle entra à nouveau dans la pièce.
« —Excuse-moi Léa, mais, puis-je t'emprunter la serpillière qu'il y a dans ta salle de bain ? »
L'adolescente devint toute pâle. Elle avala sa salive plusieurs fois avant de répondre :
« —C'est-à-dire que, je m'en sers comme tapis pour ne pas glisser en sortant de ma douche...
—Je te la ramène dans quelques minutes, promis.
—C'est pour faire quoi ?
—En demander une semblable à Chelsea.
—Bon, d'accord... »
Maggie se saisit de la serpillière et sortit définitivement de la chambre. Elle regagna rapidement le bureau. Il y avait déjà Ewen, qui y était assis et avait un air dépité. Il n'y avait ni Patron ni le lieutenant Messant.
« —Où sont passés Patron et le lieutenant ? demanda Maggie.
—Je ne sais pas, lui répondit Ewen. »
Maggie alla s'asseoir sur une chaise près du jeune homme. À peine était-elle assise que Patron entra dans la pièce, suivit de peu par le lieutenant.
« —Ah vous êtes là ! fit Patron. Vous savez quelle heure il est ? Je vous cherche depuis un bon quart d'heure ! C'est bientôt l'heure de manger et nous devons être ailleurs dans peu de temps. Bon, qui commence ?
—Je veux bien commencer, dit Maggie.
—Je t'écoute. »
Maggie raconta ce que Léa lui avait dit et donna la serpillière à Patron qui s'en saisit aussitôt.
« —Alors ? questionna Maggie.
—Une preuve en plus ! Décidément, ce meurtrier m'épate !
—J'ai promis à Léa de la lui rendre.
—Je te laisse inventer une histoire à cette adolescente. »
Maggie dévisagea Patron entre colère et incompréhension. Elle aurait parié qu'il se moquait d'elle.
« —Maintenant Ewen, j'écoute ton histoire.
—Eh bien, André est vraiment quelqu'un de très drôle. Il n'a pas arrêté de me raconter tout un tas de conneries.
—Ça ne ressemble pas au André qu'on a l'habitude de voir depuis le début, s'étonna Maggie.
—Parce que c'est pas vrai. J'ai ramé pendant tout le temps que j'étais avec lui. C'est un ours bourru, un loup solitaire, un gars sûrement dépressif, et qui a l'air de s'en foutre royalement de nous tous ici. Je l'ai plus dérangé qu'autre chose. Il se doute bien que je ne vais pas naturellement vers les types comme lui. En plus je sais qu'il me soupçonne, ça ne fait que rajouter de l'eau à son moulin. »
Les trois autres individus le regardèrent, compatissante pour Maggie, légèrement amusé pour Patron, et impassible pour le lieutenant.
« —Sinon, vous avez quand même pu parler un peu de l'enquête ? le relança Patron.
—Pas vraiment.
—J'espère au moins que vous avez eu une conversation constructive pendant tout ce temps.
—Oui, quand même. En fait, je n'ai pas parlé du meurtre mais plutôt de sa petite entreprise et d'argent.
—Continue je t'en prie.
—Bon, je lui ai demandé si son restaurant fonctionnait bien et il m'a répondu que non, pas vraiment. Alors, je lui ai demandé comment il a fait pour se lancer dans cette affaire. Il m'a dit qu'il ne supportait plus de travailler pour un patron. Puis, je lui ai demandé comment il a fait pour trouver l'argent. Il m'a dit qu'il avait emprunté par-ci par-là. Puis, nous avons parlé d'autres choses. »
Patron ne dit rien. Il se contenta de fixer intensément Ewen. Puis, il s'assit en face des deux détectives.
« —Vous m'avez tous deux étés d'une grande aide. »
Le lieutenant Messant sortit du bureau.
« —Je n'ai plus besoin de vous aujourd'hui, continua Patron. Demain, je veux que vous soyez dans ce bureau à 10h. »
Maggie et Ewen acceptèrent, bien qu'ils n'aient pas vraiment eu le choix, et sortirent du bureau. À peine étaient-ils dans le couloir qu'Aurélie les appela pour venir manger.
Le repas se déroula comme tous les autres repas. Quand il fut terminé, Maggie monta dans sa chambre.
Elle s'assit devant son bureau, sortit ses feuilles et nota le déroulement de sa journée. Puis, elle s'allongea sur son lit et se mit à réfléchir avant de se mettre en pyjama et de se coucher pour de bon. Elle s'endormit aussitôt, épuisée.
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