Chapitre 17 : Au matin du 22 décembre
Maggie se réveilla vers 8h20. Elle prit sa douche, s'habilla et descendit prendre son petit déjeuner. Dans la salle, il n'y avait que Frédéric qui buvait un café tout en lisant un journal.
« —Bonjour, fit la jeune femme joyeusement. »
Frédéric leva la tête de son journal et regarda la petite détective mais ne répondit rien.
« —Quelque chose ne va pas ? questionna cette dernière.
—Les parents d'Agnès doivent revenir.
—Quand ?
—Je ne sais pas, c'est ce type bizarre qui se fait appeler Monsieur Patron qui m'a prévenu. »
Maggie hocha la tête et s'assit à la table pour prendre son petit déjeuner.
Quand la jeune détective eut terminé, elle se leva et, une fois dans le couloir, elle croisa Ewen qui se rendait dans le bureau. Il ne vit pas la jeune femme qui le suivait, donc elle continua son chemin. Elle se rendit au fond du couloir et entra dans une pièce qui contenait tout le nécessaire pour le linge. Dans cette pièce, elle trouva Chelsea qui repassait des chemises.
« —Bonjour ! fit Maggie. »
La femme de ménage sursauta.
« —Ah ! Bonjour Maggie. Tu m'as fait peur, je pensais être seule.
—Je suis désolée.
—Ce n'est pas grave. Tu voulais ?
—Juste parler. Je me suis lassée des autres.
—C'est vrai que je préfèrerais un peu voir d'autres personnes moi aussi.
—Tu les connais tous ?
—Ils sont déjà venus au moins une fois ici.
—Tu connaissais bien Agnès ? »
Chelsea laissa tomber la chemise qu'elle venait de repasser quand Maggie lui posa la question.
« —Oh comme je suis maladroite. Non je ne la connaissais que très peu.
—En es-tu sûre ? »
Chelsea devint toute rouge, puis toute pâle, et elle se mit à pleurer.
« —C'est vrai, j'ai menti quand j'ai dit que je ne la connaissais presque pas.
—Tu as travaillé avec elle n'est-ce pas ? »
L'employée de maison s'arrêta soudainement de pleurer.
« —Comment as-tu deviné ?
—Je ne le savais pas, et c'était vrai, j'ai bluffé.
—Mais...
—C'est facile de faire avouer à quelqu'un quelque chose dont on n'est pas au courant. Je t'ai posé cette question car c'est ce qui me paraissait le plus logique.
—Bien joué Maggie... »
La jeune détective était fière d'elle et de ce qu'elle venait de faire avouer à Chelsea. Elle pensait avoir trouvé ce que Patron cherchait.
« —Maintenant, tu peux peut-être me parler de cette période où tu as travaillé chez Agnès ?
—Oui. »
La femme de ménage s'arrêta quelques instants avant de commencer, triturant un gilet entre ses mains.
« —Je n'y suis restée que deux semaines. Juste avant d'arriver ici. Agnès s'est mise à vouloir me virer sans motif valable. Puis, Aurélie et Nicolas ont acheté le manoir, et Agnès m'a conseillée à Aurélie pour m'éloigner d'elle. C'est ainsi que je me suis retrouvée ici.
—Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Agnès a voulu te virer si soudainement. »
Chelsea allait répondre, mais Frédéric entra dans la pièce au même moment.
« —Excusez-moi, j'ai dû me tromper de pièce, fit ce dernier. »
Et il ressortit du pressing.
« —Je crois que tout le monde commence à ne plus supporter la vie au manoir, repris Maggie.
—Je pense aussi.
—Bon, où en étions-nous ? Ah, oui, nous parlions de ton passage éclair chez Agnès.
—Dis Maggie, tu vas le garder pour toi tout ce que je te raconte, n'est-ce pas ?
—Oui, ne t'inquiète pas, tu peux te confier.
—Bien.
—Qui t'a engagée chez Agnès ?
—C'est assez compliqué.
—J'ai tout mon temps.
—C'est Frédéric qui m'a faite entrer comme femme de ménage chez eux.
—Donc son mari t'a fait venir à Paris pour faire leur ménage ?
—J'habitais déjà Paris. J'ai été très instable géographiquement.
—Où t'a-t-il trouvée ?
—Je cherchais du travail, n'importe où et n'importe quoi. Il m'a embauchée via une boîte d'intérim.
—Et pourquoi Agnès a voulu te virer si vite ?
—Parce qu'elle était jalouse. Elle pensait que j'avais une relation avec Frédéric car il a beaucoup insisté pour qu'elle me prenne.
—Et la vérité est...?
—Il ne s'est jamais rien passé entre nous, je peux te l'assurer. Si Frédéric est un mari volage, je suis droite dans mes bottes MOI. »
Maggie se mit à réfléchir longuement.
« —Maintenant, venons-en aux choses qui fâchent.
—C'est-à-dire ? s'inquiéta Chelsea.
—Que faisais-tu EXACTEMENT au moment du meurtre ?
—Je débarrassais la table de la salle à manger.
—Non, ça, c'est ce que tu veux faire croire.
—Maggie, si tu essayes de refaire du bluff, c'est raté.
—Je n'essaye pas de faire du bluff car cette fois, je n'ai aucune idée de l'endroit où tu pouvais être. En revanche, je sais à quel endroit tu n'étais pas : la salle à manger.
—Et où veux-tu que j'aie été ?
—Je ne sais pas. C'est à toi de me le dire.
—Eh bien je te le dis, j'étais dans la salle à manger et je débarrassais la table.
—Ne me dis pas que tu continuais à débarrasser la table dans le noir. Même le plus débile d'entre nous ne croirait à ça.
—Non, effectivement je ne débarrassais plus, mais je me suis mise à attendre patiemment à côté de la table.
—Tu n'as pas eu l'idée de sortir voir ce qu'il se passait ?
—Non, je me doutais que c'était les fusibles qui avaient sauté.
—Et tu n'es pas sortie les réenclencher ?
—Non.
—Pourquoi ?
—Je ne sais pas comment on fait. »
Maggie se mit à réfléchir, c'était évidemment un mensonge. Elle ne tirerait plus rien de Chelsea. Elle n'avait pas su gérer cet interrogatoire, c'était un échec. Elle savait qu'elle n'avait pas obtenu l'information qu'attendait Patron, elle le sentait. Elle allait donc prendre congé de la femme de ménage, lorsqu'elle eu une idée.
« —Dis-moi Chelsea, tu n'étais pas avec quelqu'un d'autre au moment du meurtre ?
—Non pourquoi ?
—Car ce n'est pas ce qu'on m'a dit.
—Qui t'a dit quoi ? »
Chelsea avait essayé de garder un ton neutre mais Maggie put saisir une pointe d'inquiétude dans sa voix.
« —Je sais que tu n'as pas tué Agnès. Mais si tu continues à avoir des secrets, on ne pourra pas t'innocenter, tu resteras une suspecte. »
La femme de ménage devint pâle à en faire peur. Pourvu qu'elle ne s'évanouisse pas de nouveau songea Maggie.
« —Ce ne serait pas plus simple de tout me confier Chelsea ? Ça te fera du bien d'en parler.
—Maggie, ne va pas le répéter, je t'en supplie.
—Je t'ai dit que non. Parle maintenant.
—Non, non, je ne peux pas. Maintenant, je te prie de sortir de cette pièce, j'ai du travail. »
Maggie ne rétorqua pas et sortit de la pièce, le sourire aux lèvres. Elle se rendit au bureau où elle y trouva Patron.
« —As-tu fini avec Chelsea ? questionna ce dernier.
—Oui, je crois avoir trouvé ce qui pourrait nous intéresser. Je veux juste poser quelques questions à Ewen pour être sûre.
—Il n'a pas encore terminé avec Nicolas. »
Maggie s'assit donc à côté du bureau en attendant Ewen. Elle n'eut pas à attendre longtemps, car quelques minutes plus tard, on frappa à la porte et il fit son apparition dans le bureau.
« —As-tu fini avec Nicolas ? demanda Patron.
—Je ne sais pas.
—Comment ça ?
—J'ai l'impression qu'il me cache encore quelque chose.
—Peut-être que Maggie pourra éclaircir les points sombres ? »
Les deux hommes se tournèrent vers la jeune femme.
« —Que t'a dit Nicolas au juste ? demanda-t-elle.
—Je pense que c'est lui qui a tué Agnès.
—Comment ça ? s'étonna Maggie.
—C'est assez long à expliquer, mais il me parlait de quelque chose dont il n'était pas fier.
—Oui, c'est bien ce qu'il me semblait. »
Ewen questionna la jeune femme du regard.
« —Je pense que Nicolas et Chelsea sont complices dans le meurtre d'Agnès. »
Patron fit une très légère grimace.
« —Qu'est-ce qui te fait dire ça ? interrogea Ewen.
—J'ai trouvé Chelsea particulièrement distraite ces derniers temps. Puis, elle s'est mise à changer de comportement quand je lui ai demandé ce qu'elle faisait vraiment au moment du meurtre. C'est donc ce qui m'a permis de faire le lien avec leur arrivée dans la pièce où a été tuée Agnès : ils sont entrés presque en même temps parce qu'ils étaient ensemble pendant tout le temps de la coupure de courant.
—Je suis d'accord avec l'hypothèse de Maggie. Nicolas m'a confié qu'il avait menti sur sa déposition, mais n'a pas voulu m'en dire plus. »
Les deux détectives fixèrent Patron qui réfléchissait.
« —Si j'étais vous, je chercherais encore un peu.
—Nous faisons fausse route, n'est-ce pas ? demanda Ewen.
—Je pense oui, tout comme vous pouvez avoir raison et moi tort. Mais j'aimerais que vous cherchiez encore un peu, et que vous creusiez encore plus profondément.
—Ce ne serait pas plus simple si vous nous disiez tout de suite qui vous pensez être le meurtrier ? insista Maggie.
—Non, je vous laisse chercher par vous-même.
—Mais on va passer les fêtes enfermés ici...
—Non, je vous promets que dans deux jours vous serez libres. Pile pour le réveillon. »
La jeune femme était perplexe.
« —Mais pour ça, vous devrez suivre un emploi du temps très strict. »
Les deux détectives ne répondirent rien.
« —Avant que vous alliez manger, j'aimerais que vous récupériez pour moi une petite feuille que Raphaël a en sa possession et qui est censée m'appartenir. Ne posez pas de questions. »
Les deux jeunes gens ne posèrent donc aucune question et sortirent du bureau pour partir à la recherche du journaliste. Ils n'eurent pas à chercher longtemps, car il était dans l'entrée, en train de parler à Chelsea. Les deux détectives s'approchèrent d'eux sans faire de bruit.
« —Donc, pour vous, une personne qui tue une fois, peut très bien tuer une seconde fois ?
—Oui, j'en suis même sûre. Et ça me fait très peur. »
Le journaliste détourna les yeux de la femme de ménage et vit les deux individus qui attendaient derrière.
« —Je suis désolé, mais nous allons devoir arrêter notre conversation, j'ai besoin de parler à Ewen et Maggie.
—Pas de problème. »
En se retournant pour partir, Chelsea faillit rentrer dans Ewen. Elle le regarda horrifiée et s'en alla rapidement.
« —Vous vouliez me parler ? questionna le journaliste.
—Il me semble que tu as quelque chose pour Patron, fit Ewen.
—Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
—Il nous a demandé de récupérer un papier qui lui appartiendrait.
—Quel papier ?
—Ne fait pas l'idiot, et donne-nous ce papier, s'il te plait. »
Le « s'il te plaît » avait été prononcé ironiquement.
« —Ewen, je t'en supplie, ne le dis pas à Patron.
—Je ne vais rien dire si je n'ai rien à dire, alors maintenant, donne-moi ce papier.
—Je ne l'ai plus...
—QUOI ?!
—Il était dans ma pochette encore hier soir, et ce matin peu après être arrivé ici, il n'y était plus, ce n'est pas de ma faute, j'ai gardé ma pochette auprès de moi tout le temps !
—Et je lui dis quoi à Patron ? Il attend son papier !
Raphaël commença par se décomposer avant de reprendre de l'assurance.
« —Bon, il parlait de quoi ce papier ?
—Je ne sais pas, je devais juste le fournir à Patron, il m'a demandé de ne pas le lire, alors je ne l'ai pas lu.
—Et comment je vais lui expliquer, à Patron, que tu as perdu ce papier ?
—Je lui dirai. »
Une grosse voix derrière le groupe se fit entendre :
« —Ce ne sera pas la peine. »
Les trois jeunes individus se retournèrent pour voir qui leur parlait. Il s'agissait bien évidemment de Patron.
« —J'ai tout entendu. Vous feriez bien de faire attention, les murs ont des oreilles... »
Personne ne répondit à sa remarque.
« —Finalement, je n'aurais pas besoin de ce papier. J'ai eu ce que je voulais.
—C'est-à-dire ? demanda Ewen.
—On en reparle après avoir mangé. Je veux que vous soyez tous les trois à 13h pile dans le bureau. »
Tout le monde acquiesça, puis Ewen et Maggie allèrent dans la salle à manger pour déjeuner.
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