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Chapitre 9 - La Doyenne Gurreal

Ryön repart à la Cité avec les deux chevaux. 

Il a été requis par le roi Elfe qui exige un compte-rendu de la situation. Malgré son abandon, je me félicite de ma chance d'avoir eu le Capitaine pour garde du corps. Grâce à lui, plus un seul malandrin n'ose m'aborder de crainte de subir ses foudres. Prudents, les détrousseurs et les gueux m'évitent. Ryön s'absente temporairement sans mettre à mal ma sécurité. De surcroît, il m'a confiée à la terrible Ysma, mais la violence latente de celle-ci m'incite à craindre jusqu'à sa simple présence. Par chance, elle est trop occupée à policer la Capitale pour s'intéresser à moi.

J'ai simplement pour instruction de contourner le quartier des pelleteurs, des tanneurs et des abattoirs. Leurs masures en bois semblent toujours sur le point de s'écrouler au milieu des excréments, des tripes et des viscères. Il est mal famé et les échauffourées sont monnaie courante. J'y ai aperçu des bacs servant de crachoirs publics, des urinoirs dans des culs de sac et des façades creusées de grattoirs pour que les bêtes puissent s'y frotter et se soulager de leurs tiques.

Je fuie également l'espionnage de Firouze qui, manches retroussées, retourne la maison de fond en comble pour y dénicher mes croquis. Parfois, je sens comme une présence derrière moi ou dans un coin de la pièce, mais sitôt que je tourne la tête, l'impression se dissipe. Je me doute que c'est elle.

Passant du temps à la boutique, j'écoute Tasun fredonner en ponçant le bois, réfléchis à de nouvelles inventions avec Chaff et bois le thé en compagnie de Tirelire. Celui-ci passe des heures à détailler les subtilités des engrenages et à parler de sa ravissante épouse et de ses sept filles espiègles. Il se complaît tout autant à me rappeler son régime alimentaire à base de vermines, picorant tout au long de la journée des insectes grillés et des queues de rat. Je comprends à présent que Ryön a perçu mon inconfort à demeurer dans la maison et qu'il m'a amenée dans cette boutique en devinant qu'elle deviendrait mon havre de paix.

Malgré le cadre chaleureux du « Quatuor », une difficulté s'est présentée à moi sous la forme de la privation de ma ligne temporelle Humaine. Heureusement, Tirelire a beaucoup d'astuce et ses horloges fonctionnent grâce à un mécanisme diablement complexe que seuls les Kovewalts maîtrisent. 

Elles sont tout d'abord divisées en deux parties pour le jour et la nuit, elles-mêmes segmentées en quartiers. Ensuite, cette dernière portion est subdivisée en douze segments. Autour des deux parties supérieures, le plus grand cadran est fragmenté en six tranches pour afficher les saisons. Ce n'est donc pas qu'une horloge, c'est aussi une sorte de calendrier. L'horloge elle-même compte quatre aiguilles et deux trotteuses, faisant de celle-ci un outil d'une grande précision. Chaque foyer de la Capitale possède l'une de ces horloges. À l'heure du couvre-feu, le chef de famille doit placer une grille en métal sur l'âtre afin d'éviter tout incendie pendant la nuit.

Ce n'est pas tout. 

Tirelire vient de mettre au point un nouveau prototype, inspiré d'une statuette en forme de champignon. À l'intérieur du chapeau, qui est en réalité un réservoir d'eau, flotte une boule perforée. Celle-ci se remplit pendant un temps déterminé en fonction du modèle de champignon, puis s'enfonce. Ce mouvement actionne des cordelettes et libère des billes située dans le tronc du champignon. Une fois le cycle programmé écoulé, la boule remonte à la surface du chapeau et le processus recommence. J'hésite à annoncer à Tirelire qu'il vient peut-être d'inventer la robotique.

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Alors que je réapprends à lire l'heure avec des cadrans, des amanites et des bolets, on m'ouvre enfin la bibliothèque de la Capitale. Ces lieux parmi les Humains ne m'ont jamais séduit. On s'y trouve confiné sous une lueur artificielle, à s'abîmer en silence les yeux sur des pages jaunies qui décrivent ce que je préférerais expérimenter par moi-même. Pourtant, c'est peut-être ici que je trouverai des pistes sur l'emplacement des portails et leur fonctionnement.

Sur présentation d'une lettre de la Doyenne Gurreal, un Gnöme aux longues moustaches grises me conduit à une pièce du sous-sol. Les murs sont imprégnés d'une odeur de cire et de moisi. Je regrette que Ryön ne soit pas présent dans cette atmosphère morne, les jambes croisées sous une table à parcourir les grimoires poussiéreux de ses yeux qui ne fatiguent jamais. J'inspecte rapidement les rayons, incapable de différencier un ouvrage d'un autre si ce n'est par la couleur de sa reliure. Les bibliothèques ne sont décidemment pas mon domaine de prédilection. Face aux étagères surchargées, plusieurs années seront nécessaires pour dénicher les informations recherchées.

Avant que le Gnöme ne retourne à ses occupations, je lui demande assistance. Il se frotte les mains, claque des doigts et revient quelques minutes plus tard. Une demi-douzaine d'employés aux joues rouges, au regard pétillant et aux bras chargés d'échelles métalliques dépliables viennent déposer celles-ci contre les étagères. Leur aide m'est précieuse. En quelques jours, ils rassemblent pour moi les cartographies, les ouvrages et parfois même des notes éparses mentionnant les Traverseurs et les portails.

J'apprends ainsi qu'un égyptien qui a exploré les pyramides de Gizeh est arrivé ici par l'une d'elles. D'après ses écrits, il se serait tenu face à un mur « qui l'aurait appelé » et qu'il aurait « traversé. » Le pauvre bougre se serait donné la mort quelques mois après son arrivée. Depuis cet événement tragique, il est unanimement décidé par un traité que tout Traverseur mâle ou femelle recueilli sera confié à la Communauté des Elfes en soins intensifs. À son rétablissement, il sera transféré à la Capitale.

Ce flux d'informations me donne de l'espoir, mais rapidement, je réalise que toute perspective de retour s'est évanouie. Une fois entré à Fendôr, on ne peut plus repartir. Le portail devient invisible.

Les premiers mois, les Traverseurs tombent gravement malades et cauchemardent. Beaucoup meurent et seuls les plus résistants ou les chanceux soignés par les Elfes survivent.

De surcroît, tous les récents récits se concentrent sur les exploits de Charles. Il a modernisé à toute vitesse Fendôr et est décédé vieux, héros. Pourtant, son corps est demeuré introuvable et aucune sépulture n'a été érigée.

À ces nouvelles, je reste prostrée. Dépitée, je remercie les Gnömes et attends le retour de Ryön.

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Le printemps fendôrien est plongé sous des averses orageuses, mais les heures d'éclaircies sont les plus féeriques. Des fragments d'or semblent tomber de l'azur et la lumière chaude baigne la ville de ses rayons. Après l'éclatant succès de l'invention du briquet, toute inspiration m'a fuie. En attendant, l'atelier du « Quatuor » croule sous les commandes et les compères Chaff, Tasun, Tirelire et Plume n'ont plus une minute à eux.

Dans l'attente que l'inspiration me fasse à nouveau signe, j'ai eu tout le loisir de dessiner la maison, ses moulures, ses arabesques et ses douces couleurs pastel, ainsi que l'atelier où les clients se pressent continuellement. Ensuite, j'ai reproduit des scènes de la vie de la Capitale : le marché, les alentours du château, les murailles, les Messagers sur les toits, les fiacres des riches marchands, les hautes tours de guet octogonales, l'auditorium en brique dans lequel des Gnömes se produisent en théâtre et les lessiveuses dont les bras paraissent moins fatigués grâce à mon invention du nettoyage à sec.

La Capitale a été construite de façon organique car les habitations sont bâties anarchiquement les unes sur les autres. Leurs façades en pierre brute se fondent dans des encorbellements percés de fenêtres encadrées de volets peints. Dans les colombages dissymétriques, j'ai reproduit des arcades servant d'auvents où sont gravées des inscriptions en différentes langues.

Mais quelle est cette présence dans mon dos qui m'épie lorsque je dessine ? Même une fois rentrée à la maison, planchant sur la table de la salle commune, je sens par intermittences des mouvements autour de moi. J'ai beau me retourner, prête à me jeter sur l'individu, il prend garde à demeurer invisible. Est-ce réellement Firouze ?

S'il n'y avait que cela ! À force de sillonner la ville, j'ai été le témoin de situations déstabilisantes. Pour les conjurer, je les ai immortalisées par le trait : le quartier des couturières qui fait office de lupanar et où les femmes en haillons ont le regard résigné, les enfants qui font la manche sur des tas de paille boueux et les vieillards qui s'échinent à pousser des charrettes. Je dois ravaler ma colère. Qu'y puis-je ? Peu importe les races, toutes ont droit à leur part de misère.

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Plusieurs fois à la nuit tombée, je surprends la Doyenne Gurreal s'enfoncer dans des ruelles crasseuses, sans gardes à ses côtés et sans coiffe. Comment cette femme âgée, riche et respectable, peut-elle se permettre une telle insouciance ?

Égrenant les feuilles de thé dans la théière entre ses six doigts visqueux, Tirelire prend son air le plus atrabilaire.

« La Doyenne Gurreal, n'est pas une Humaine comme les autres. Maîtresse des jeux d'esprit, elle n'hésite pas à infliger des humiliations pour tenir les siens. Cette Humaine n'est pas complaisante et utilise la torture sur les criminels. Comme personne, cette femme sait briser le mental.

— On ne se la figure pas ainsi, au premier abord.

— Là est la faiblesse principale des Humains. Ils ne veulent bien voir que ce qui s'accorde à leurs désirs.

Tirelire repose sa boîte de thé sur une étagère :

— Contrairement aux Kovewalts, les Humains ne sont pas unifiés. Comment le pourraient-ils ? Ils sont tous si différents...

— Faites-vous référence aux vagues de Traverseurs ?

L'horloger jette un œil jaune par-dessus mon épaule pour guetter l'éventuelle arrivée d'un client puis se remet à loucher sur les volutes de fumée qui s'échappent de la théière.

— Ah, ces Humains ! bougonne-t-il. L'espèce numériquement dominante... Ils se multiplient comme des rats. Il faut dire que leurs enfants sont fragiles. À la campagne, beaucoup meurent avant d'avoir atteint l'âge adulte. Pas faute pour les Elfes d'être employés comme accoucheurs et pour Charles d'avoir plaidé pour la... Comment disait-il déjà ? Ah ! La stérilisation des biberons ! Tandis qu'il faut voir le système immunitaire des Kovewalteaux... Voyez, par exemple, mes filles. Elles se roulent dans la boue et ramassent les noisettes et les champignons plus vite que des marcassins ! Quant à ma Philomène... Vous savez comment je l'ai rencontrée ?

Je fais non de la tête et l'encourage à continuer, puisque cela semble lui faire plaisir.

— Je l'ai surprise à la surface, la tête encore toute poussiéreuse de gravillons, à cueillir des mûres juteuses et des pommes bien sucrées. Ce sont des mets de choix lorsqu'elles sont mélangées à de la terrine d'asticots et à des griffes de taupes ! Philomène allait réaliser la même recette que mon arrière-grand-mère, vous rendez-vous compte ? Elle m'a grogné dessus, m'a donné des coups de pieds et j'en suis tombé follement amoureux !

— Vous habitez ensemble à la Capitale ? Je vois beaucoup de Kovewalts, mais je n'ai pas repéré vos habitations.

Tirelire secoue la tête en faisant valdinguer les os de ses colliers et les anneaux de ses oreilles.

— C'est parce que nous sommes sous terre, bêta ! Quartier sud-est de la ville basse, dixième entrée, galerie numéro soixante-sept, treizième terrier sur la gauche. C'est un onze cases, comme il se doit. Les filles sont en apprentissage avec leur mère, comme le veut la coutume.

Pinçant ses lèvres fines, il gratte distraitement une croûte sur son nez :

— Pimprenelle, ma petite dernière, préfère les horloges. Je devrai rester attentif à elle...

— Pimprenelle, mais pas les autres ?

— Les Kovewaltines sont presque toutes employées au Centre météorologique. Une excellente mathématicienne, qu'elle est ma Philomène, en plus d'être futée et de bonne constitution. Mais voyez-vous, le maître d'œuvre est un Humain ! Malédiction ! Quelle injustice ! Bien qu'ils soient partout, les Humains n'excellent en rien. Leur seule unique apport positif à Fendôr est leurs Traverseurs !

Il soupire :

— Grâce à certains d'entre eux, notre monde a évolué en très peu de temps, en comparaison des millénaires de règne de ces maudits Elfes !

— Vous parliez de la Doyenne, tantôt. Quel rôle joue-t-elle dans tout ceci ?

— Patience, Humaine ! croasse-t-il. Pendant longtemps les Humains se sont regroupés en communautés. Entre eux, ils prétendaient être issus de races différentes et se combattaient. Lorsqu'ils en eurent assez que le sang coule sans que cela ne change leur condition, ils ont compris qu'ils étaient tous de la même espèce.

— Se confronter à des Urhoqs et à des Adayoshs a dû accélérer le processus...

Tirelire m'adresse un rictus narquois. Sa bouche surdimensionnée dévoile deux rangées de dents usées et tout de travers.

— Ah, ça ! Certainement ! Quoi qu'il en soit, les Humains se sont mélangés progressivement afin d'accroître leurs chances de survie et les dissensions se sont atténuées. C'est encore assez récent dans notre histoire. C'est à ce moment qu'est intervenue la Doyenne Gurreal. On en sait peu sur elle et sur son passé. Un jour, elle est arrivée à la Capitale et s'est revendiquée élue des Mangroves, qu'ils ont dit mes aïeux. Cela fait maintenant plus de soixante-dix ans et c'est à peine si on peut dire qu'elle a beaucoup vieilli physiquement.

Le Kovewalt ne paraît pas étonné de ma surprise.

— Drôle de créature, ça ! Pas sûr qu'elle soit tout à fait Humaine pour posséder une telle longévité... Ah ! C'est un autre débat. Tenez, votre tasse. Soufflez dessus, c'est encore chaud. La Doyenne est connue pour sa détermination à la table des Représentants. Pourtant, en dehors des audiences, on la croise à toute heure du jour et de la nuit à divers endroits de la Capitale, en conversation avec des marchands de toutes les provinces. Elle fait fuir les bandits... Ça !

Tirelire me fixe, attendant que j'aie goûté son thé. Je m'exécute et me brûle la langue. Sous l'esclaffe de l'horloger, j'aplatis mes papilles contre le palais en inspirant un grand coup.

— Que fait-elle en ville ?

— Vous réfléchissez parfois ? Elle lie les Humains par l'argent et le troc, évidemment ! La Doyenne est une acharnée du commerce libre et licite. Elle traque la contrebande depuis des années, mais la tâche est énorme pour une seule personne, tout influente qu'elle soit. Soufflez sur la tasse, que je vous ai dit ! Au fait, ça avance votre histoire de portail ? »

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Merci de votre lecture !

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