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Chapitre 35 - L'extradition

Kipper a changé d'attitude. Il se frotte contre mes jambes et me pousse de son museau par petits coups pour m'en éloigner. J'obéis au félin à regret. Ses canines sont longues et il est capable de me mordre au sang.

— Ne me regarde pas avec cet air, Ryön. Tu savais aussi que je tomberai dans la clairière de Bois Blanc.

Il inspire un peu d'air, sûrement pour gagner du temps.

— Je ne le savais pas, je l'ai senti. Lorsqu'un portail s'ouvre, je le trouve rapidement. Mais je ne peux pas te dévoiler comment sans te mettre encore plus en danger. Ce que tu dois savoir, tu l'as déjà deviné. Charles a tant modernisé ce monde que Lothràl a pris peur de la rapidité des changements. Il a ordonné la destruction des portails. Un seul portail stable a survécu, dans le Jardin de Verre. Mais Charles en a trouvé d'autres, des éphémères. Cela, Lothràl ne le savait pas.

— Alors, tu as protégé Charles.

— Nous avons conclu un pacte, rappelle-toi. Finalement, Lothràl a changé d'avis sur les portails. Il a trouvé le moyen d'en créer un pour attirer à lui un Traverseur et sa technologie. Ce portail s'est refermé, lui aussi car il n'était pas suffisamment stable. C'est par celui-ci que tu es apparue.

Du menton, il désigne un jardinet sous l'ouverture baignée de soleil. Le bac de granit doit être long d'un mètre. Il y pousse une ribambelle de fleurs odorantes, certaines grimpant jusqu'aux murs tapissés de livres.

— Ce jour-là, j'ai écrasé une fleur, de la même espèce que celle que j'ai mise à ta broche, celle qui représente le jour de ton anniversaire. Celle que tu portes si bien.

— Épargne-moi ça !

Un pli amer se forme sur sa bouche.

— J'ai envoyé un Messager à Ysma et suis venu le premier pour t'accueillir dans la clairière. Je suis sincère, Jehanne. Je vais être soumis à la Lumière de Lothràl et je tenais à ce que tu saches cela avant que... Que... As-tu vu Edhelís ?

— Oui.

— As-tu consommé quoi que ce soit ? A-t-elle prononcé des paroles avec lesquelles tu n'étais pas familière ?

— Une décoction. Orange avec des pétales jaunes dedans. Elle a prononcé quelques mots en elfique.

Ryön se mord les lèvres.

— Une potion de scellé ! Le temps presse ! Je vais à présent être sondé sur mes intentions car Lothràl veut s'assurer de ma loyauté envers les Elfes. Hroaar est en bas. Il t'extradera.

— Hroaar ? À la Cité ? Encore un piège !

— Non ! Il va te permettre de t'échapper, m'oppose-t-il en désignant l'ouverture qui sert de fenêtre. J'ai senti que les choses tourneraient mal après le carnage des eaux de la Faille.

Son regard est suppliant :

— Une fois à la Capitale, va immédiatement trouver Grinalím. Elle a promis de t'aider.

Des bruits de course résonnent sous nos pieds. Poil hérissé, Kipper rentre sa queue à l'intérieur de ses pattes postérieures. Ryön a dressé la tête. Flairant encore l'air, il me pousse vers l'ouverture.

— Va ! Ne perds pas un instant !

— Cette sorte de fleur que tu as choisie pour symboliser mon anniversaire... C'est celle que tu as écrasée dans la clairière le jour où j'ai traversé le portail. Alors... Ce choix n'était que pour te rappeler que tu devrais me piétiner encore !

— Pardon, Jehanne. J'espère que tu comprendras.

J'enjambe le jardinet et m'accroupis sur le rebord. Dans les broussailles tapissées de feuilles mordorées, j'aperçois un colosse au crâne rasé. Le Lieutenant attend de me réceptionner.

Ryön me met d'autorité dans la poche son porte-bonheur : le caillou gris. Il est lisse d'être passé maintes fois entre ses doigts :

— Puisse ceci te porter chance.

Ryön recule. Je lui jette un dernier regard. Avec une expression indéchiffrable, il pointe un doigt sur sa poitrine et y trace un arc de cercle renversé, aux arches élevées vers le ciel.

J'imagine que c'est un signe d'adieu.

Je saute.

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Mon évasion opère sans bruit lorsque Hroaar me récupère en bas du chêne. D'une main brusque, il me cache sous sa cuirasse. Coincée entre son gambison pestilentiel et l'armure, je distingue le bout d'une corde qu'il a glissé sous son aisselle poilue. Je m'attache au mieux avec celle-ci tandis et le semi-Urhoq entame sa course.

Ses enjambées sont lourdes mais à chaque pas, il couvre une grande distance. Plaquée contre son torse, je l'entends parler avec des Elfes et des Humains. Ils sont venus me chercher dans ma chambre pour m'arrêter mais sans me trouver. Ils fouillent la Cité. Hroaar m'insulte, clabaude, éclate de rire et cogne du poing sa cuirasse. Ma tête rebondit et je mors mon bras replié pour ne pas gémir. La bosse ne tardera pas à poindre.

J'entends un hennissement, puis ressens un mouvement d'avant en arrière et des secousses. C'est le galop.

Ryön m'a promis que Hroaar et Grinalím m'aideraient. Pourquoi le feraient-ils ? Chaff est mort par ma faute. L'incohérence est flagrante. D'autres questionnements me viennent : comment Ryön a-t-il senti où je tomberai dans la clairière ? Que lui est-il arrivé pour qu'il risque son statut et contrevienne aux ordres ? Qu'est-ce qu'une potion de scellé ? Quelle est la signification du signe que Ryön a tracé sur sa poitrine ?

Pendant cette longue chevauchée, je me retiens de geindre à chaque cahotement. Le rythme de la monture de Hroaar est moins agréable que celui de Cleón et les heurts me cognent contre les muscles pectoraux du Lieutenant. Qui aurait cru qu'ils étaient si durs, malgré toute la mangeaille et la boisson qu'il ingère à la taverne ? Peut-être porte-t-il une seconde cotte de maille sous sa chemise.

Les odeurs puissantes de l'automne mêlées à la transpiration de Hroaar m'incommodent. Mes membres fourmillent. J'ai faim et soif. J'ai besoin d'air. Plus nous nous éloignons de la Cité et plus je sens quelque chose dysfonctionner dans mon système. Mon crâne m'oppresse et mes palpitations s'accélèrent. Lothràl a-t-il le pouvoir de raréfier l'air à cette distance ? J'en doute. Mais j'ai la sensation qu'une nouvelle fois, j'ai perdu une partie de moi-même, que l'on m'a arraché à quelque chose d'important.

Les bruits de la forêt me calment peu à peu. Le terrain oblige Hroaar à fréquemment changer d'allure. Inhalant les odeurs de la terre humide, je prête l'oreille au piaillement des oiseaux et à d'éventuels bruits de sabots poursuivants. Ma tension est telle que je finis par oublier les douleurs.

Enfin, le Lieutenant fait étape. Entendre sa voix rauque me rassure.

— Pas trop tôt ! J'ai bien cru qu'on n'arriverait jamais à sortir du territoire de la Cité ! Vous ne pesez pas un gramme mais qu'est-ce que vous remuez ! Ça me gratte de partout !

À terre, il dénoue le nœud de la corde et soulève son armure. Je roule dans les feuilles d'automne, hébétée. Il faisait plus chaud contre le semi-Urhoq.

— Vous êtes toute ratatinée ! Je vous conseille de vous étirer, sinon, vous allez vous claquer quelque chose...

Le temps couvert ne va pas tarder à se charger de pluie. Hroaar a retiré son casque et l'a attaché à l'arrière de la selle. Ce n'est pas un objet décoratif mais une protection solide. Le casque est pourvu de défenses de sanglier qui descendent de chaque côté de la tête au niveau des oreilles. Elles sont montées sur un morceau de cuir et l'intérieur est tapissé de feutre. Une telle protection en ivoire doit être lourde à porter.

Hroaar jette des coups d'œil nerveux autour de lui et mène son cheval à la rivière. Le Lieutenant ne souffre visiblement pas du froid car il déboucle sa ceinture, fait glisser le héraut sur ses jambes arquées et dénude sa chemise.

— Hé ! Vous ne vous tournez pas ? Je dois changer de vêture. L'armure est trop reconnaissable.

Le rouge me monte aux joues. J'ai juste eu le temps de balayer du regard sa masse de muscles gris, au torse épais zébré de stigmates fascinants.

— Pas très réactive pour une jeune hardie, souligne-t-il d'un ton badin. À ce que j'ai pu entendre, vous l'avez drôlement cherché, le roi Elfe ! Il ne vous lâchera pas si facilement... Heureusement que le Capitaine nous a prévenus ! Y' a du flair, le bougre ! C'est bon, vous pouvez me regarder sans vomir vos tripes.

Son nez court et aplati renifle l'air. De sa grosse main calleuse, il tire sur sa tunique et ses braies de cuir. Il porte à présent l'insigne des Forgerons de la Capitale.

— Repartons. Ce n'est pas sûr ici. Z'avez soif ?

Je hoche la tête, incapable de prononcer un mot. Je bois quelques lampées de sa gourde en prenant soin de ne pas toucher les bords de mes lèvres. Le Lieutenant m'adresse un sourire édenté.

— Visez-moi ces bras malingres, ces béquilles et cette petite goule qui boit son content... Je vous ai connue plus musclée ! Ça ne vous a pas réussi, la Faille. Ni la Cité. Qu'est-ce qu'on va faire de vous, hein ? Il tapote son crâne chauve. Ah, vous biglez sur mes crocs... C'est que mes tortionnaires n'ont pas eu le temps de tous me les arracher ! Entre ça et se faire cracher dessus dans son sommeil... !

Il rit et me fait signe de remonter en selle.

— Lieutenant, pourquoi m'aidez-vous ?

— La Commandante vous l'expliquera mieux que moi. Elle prendra le relai à un point de rendez-vous, au nord des Prairies Vertes. Elle vous conduira à la Capitale et moi, je continuerai vers le sud.

— Ysma ?

Hroaar acquiesce, goguenard comme si sauver une fugitive l'amusait follement. Il me tend un drap percé d'un trou qui sent fort le canasson.

— Revêtez cette cape. À partir de maintenant, vous êtes ma fille adoptive et vous frappez le métal tel une Urhoq !

— Je suis surtout la fugitive la plus crédule de ce monde !

— Ne soyez pas trop dure avec vous-mêmes !

— Il m'est plus facile de parler avec vous qu'avec la Commandante. Tendez l'oreille, Lieutenant. Je vais tout vous raconter. Tout.

Sans effort, il mesoulève comme un sac et me dépose en travers de la selle. En quelques minutes,la forêt se retrouve battue par une averse torrentielle.

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À travers la chape de grisaille, la pluie et les mares, Hroaar guide sa monture avec retenue, hésitant parfois sur les chemins à prendre. Non qu'il ne les connaisse pas. Il cherche à embrouiller d'éventuels pisteurs dans le tunnel de feuillages épais. À ce titre, l'averse ininterrompue est une aubaine.

Mes révélations ont sapé son entrain. Il n'a cessé de jurer entre ses dents : la situation est plus grave que Ryön ne le lui a laissé entendre.

Le vent descendant du nord et la pluie ne cessent pas, confisquant le peu de lumière qui filtrait dans la futaie. Hroaar a remis son casque et j'ai rabattu le drap sur ma tête. Des écureuils filent sur les noisetiers en faisant dégringoler des brindilles. Dans ces sous-bois où les ténèbres obscurcissent le chemin, l'aubépine ruisselle et les ronces pourrissent sur pied. Nous passons entre des troncs morts, foudroyés, qui montent du sol, parasités par des excroissances pâteuses. Les églantiers alentour ahanent sous le poids de leurs branches saturées d'eau. Je m'occupe en retirant des débris de ronce et des morceaux de feuilles pourries de la crinière du cheval. L'humidité et l'air rance me font frissonner.

Au rythme du craquement des branches sous les sabots du cheval, Hroaar fait la conversation pour nous deux. Après avoir pris la mesure de mon pétrin, il est tout bonnement devenu intarissable. Il fait tout pour me changer les idées. Son sujet de prédilection n'est personne d'autre qu'Ysma.

— Lieutenant, vous et la Commandante vous êtes dévoués pour me secourir. Vos gardes, Karl et Reynaud, n'auraient-ils pas suffi à me faire évacuer ?

Je suis assise à l'avant de la selle, menacée d'une chute si d'aventure la monture décide de s'intéresser à un fourré appétissant. Hroaar prend à peine le temps de répondre. La réplique lui paraît évidente :

— C'est mal connaître les Elfes ! Mieux vaut être peu mais préparé et efficace face à eux. Et puis, à notre différence, mes gardes ont des familles. Izzat, Ulf, Mahdi, Yaotl, Paxi, Jansen, Shan, Ely, Tariq, Magnus... Pas un ne refuserait de nous suivre mais si l'un décidait de se joindre à nous, les autres les suivraient. Seuls Karl et Reynaud tiennent leur langue.

— La Commandante n'a-t-elle pas une fille ?

Il rejette les rênes, ennuyé. Je retire une dernière feuille du crin, m'essuie les mains sur le drap et attrape le porte-bonheur de Ryön. Tourner la pierre entre mes doigts m'apaise.

— Pardonnez-moi. Ce ne sont pas mes affaires.

— Zoya est une fillette redoutable. El' est la seule faiblesse de la Commandante. C'est pour cette raison qu'el' la déteste.

Il n'a pas mâché ses mots. Au souvenir de la fureur qui a traversé Ysma dans l'atelier, je reconnais qu'il dit la vérité.

— C'est un prénom bien doux pour la fille d'une telle guerrière... Qui est le père ?

Je me demande quel Humain a osé se frotter à Ysma et à s'en faire aimer. Hroaar grogne encore. Son souffle pesant passe au-dessus de ma tête.

— Vous avez raison, ça ne vous regarde pas. La seule personne habilitée à vous répondre est la Commandante.

Je ne sais si sa réaction vise à protéger Ysma ou s'il est réellement jaloux. Je serre le caillou de Ryön dans ma main.

— Traverseuse, vous aimez le Capitaine, n'est-ce pas ?

Sa réflexion instille dans mon cœur une angoisse profonde telle que je n'en ai jamais ressentie auparavant. J'ai été bien naïve. Un instant, je songe à jeter la pierre sur le sentier. Au lieu de cela, je la replace dans ma poche de pantalon. 

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Merci de votre lecture !

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