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Chapitre 28 - Le Peuple de l'Eau

La pleine lune brille sur le miroir de la mer. Les eaux calmes et profondes de la Faille ne sont troublées que par les vibrations des insectes et les allers et venues des poissons à la surface. À la lumière des étoiles, les bras des anémones géantes tournoient dans les ondes. Quelques centaines de mètres en amont, la cascade s'échoue en torrents furieux.

Lothràl observe certainement la scène du haut de sa cime. Sur la berge, Edhelís noue ses cheveux ébène d'un geste gracile. Souple et féline dans son pantalon seyant, elle ajuste sa chemise à manches longues et relève les rebords de ses cuissardes aux semelles munies de crampons.

D'une pâleur cadavérique, Ryön se tient loin de l'eau. Il a tenu à m'escorter à la Cité, mais son attitude exprime une violente désapprobation. D'un parfaite immobilité, il m'observe, crispé, alors que je ferme les derniers boutons de ma combinaison. Elle épouse mon corps telle une seconde peau. L'étoffe est incroyablement étanche et plus chaude que la laine. Je transpire dedans.

Edhelís hasarde un sourire en direction de Ryön, mais il l'évite. Un froid s'installe entre nous tous, les gardes y compris. Massés en armures étincelantes sous les rayons lunaires, une dizaine de soldats attendent dans le silence le plus complet.

Vais-je réellement plonger dans ces eaux sombres ? Edhelís me l'a expliqué plusieurs fois : sous l'eau, elle synthétisera de l'air et projettera sur moi un masque me permettant de respirer. Il est prévu qu'elle ne dorme que par tranches très réduites pour s'assurer de mon apport régulier. J'ai sous-estimé Edhelís, ses pouvoirs sont remarquables !

Toutes à mes questionnements, Ryön s'approche. Il flaire ma combinaison en tissu et plisse son nez mince et droit, presque inquisiteur :

« Ce tissu te protégera du froid des profondeurs. Il est naturellement imperméable.

— Qu'est-ce que c'est ? Sa texture fait penser à du feutre tissé entre des écailles. Les créatures de l'eau sont-elles aussi sombres ?

— Il s'agit de la fourrure d'un prédateur des fonds de Nogoon Nùd. Ne te méprend pas. Dans les abysses, la couleur bleue est plus visible de loin... En portant de l'orange, tu ne seras pas aisément repérée.

Il contracte les mâchoires :

— Cela ne me plaît guère de te voir revêtue de cette protection, mais elle te gardera en vie.

— Pourquoi dois-je plonger ? Le Peuple de l'Eau ne compte-t-il pas d'individus amphibies qui pourraient monter à la surface et me présenter leurs requêtes ?

Ryön fixe le reflet miroitant, impassible.

— Le roi a conclu un accord dont tu es la pièce maîtresse... Pardonne-moi de ne pouvoir t'escorter dans ce périple.

— La Capitale te retient.

Il secoue lentement la tête.

— Non, l'eau me terrorise, avoue-t-il.

Un éclair file entre ses paupières.

— Va sans crainte, tu es une émissaire de paix.

— Les prédateurs géants et les responsabilités écrasantes ne t'effraient pas... Mais l'eau ?

L'œil sévère, Edhelís met en garde Ryön.

— Capitaine, est-ce l'instant propice à cette conversation ? Est-il nécessaire de la tourmenter avant notre immersion ?

Je me tourne vers elle.

— Edhelís, s'il y a quelque chose à m'apprendre sur les profondeurs, c'est maintenant que je dois le savoir et non au moment où je m'y confronterai.

Edhelís subit nos deux regards scrutateurs et, de mauvaise volonté, capitule. Elle soupèse affectueusement mes cheveux et les attache comme les siens.

Ryön frotte sa mâchoire pour la décontracter.

— Avant d'endosser le rôle de Capitaine, j'étais souvent dépêché en mission d'exploration par mon peuple. Mon équipage et moi traversâmes bien des épreuves, mais aucune ne fut comparable à celle de l'attaque d'un Enfant d'Anaksheera. En un claquement de mâchoire, il engloutit notre galère dans les eaux de la Mer Rhuennar.

— Était-ce une embarcation ou...

— C'était un navire de guerre. Des attaques rarissimes ont été recensées dans toutes les eaux du monde. Ces monstres dévastateurs sont peu nombreux, mais ils parcourent rapidement de vastes distances. J'ai survécu une fois à leur assaut et ne pousserai pas ma chance. Je ne te partage pas cette déconvenue pour te soustraire à ta mission, mais pour que tu comprennes que mon désistement n'est pas délibéré. De plus, Edhelís est de loin la personne la plus qualifiée pour te maintenir en vie dans les eaux.

À ce compliment inattendu, les yeux de la guérisseuse se mettent à briller.

— Prends soin de la Traverseuse. Ne la quitte pas des yeux, lui ordonne-t-il.

Edhelís acquiesce gravement.

Ryön se penche sur moi avec un regard indéfinissable, qui n'est pas Humain, mais qui m'attire irrésistiblement à lui. Ce n'est pas un pouvoir elfique. C'est un pouvoir propre que Ryön a sur moi. Parfois, il suscite presque la crainte. Non que je le redoute, mais j'appréhende le moment où il recevra l'ordre de cesser sa garde à mes côtés.

Il saisit délicatement ma tête entre ses doigts effilés. Ce contact étrange brouille toutes mes autres sensations. J'entends mon cœur résonner dans mes oreilles.

— Ne t'égare pas en bas. Si la peur t'envahit, apaise ton tumulte intérieur par la médiation et écoute ta voix. Je n'ai guère d'intérêt pour Jehanne la Traverseuse. Mais l'Illustratrice, elle, doit remonter. »

À ce moment, une forme étrange émerge des eaux. Le corps trapu de la créature est revêtu d'écailles, formant une mosaïque de faïence aux nuances bleues et vertes. Elles paraissent souples et luisent dans des motifs qui ne sont pas sans rappeler ceux des reptiles. Des yeux noirs, très écartés et inexpressifs, mangent son visage.

« Parth, Fille de l'Eau, bienvenue à terre, la salue Ryön.

La créature se meut jusqu'à la berge telle un serpent.

— Lothràl absent ? siffle l'intéressée entre ses mâchoires articulées aux dents tranchantes qui surplombent les deux trous lui servant de nez.

Ryön s'incline franchement.

— Hélas, une affaire urgente retient notre roi. Il vous présente ses excuses et promet de faire amende honorable. Permettez-moi de vous présenter Edhelís Belaeghír, que vous avez déjà rencontrée, ainsi que la Traverseuse, Jehanne Ferrières.

Parth rejoint tout entière la digue sablonneuse. Le rythme de sa respiration est très rapide. Son torse imposant et sa large nuque sont greffés de branchies palpitantes. De longues nageoires translucides prolongent son corps, arborant des piques repliées prêtes à se dresser au moindre signe de danger. Je ne sais si elle me regarde ou non, ses yeux immenses laissent deviner une vision à trois-cent soixante degrés.

De la sacoche qu'elle porte autour du ventre, Parth tire un long poignard en coquillages qu'elle remet cérémonieusement au Capitaine.

— Arme des Nôtres. Gage de Retour.

Tel est son langage articulé.

Elle ajoute :

— Remonterons dans vingt-quatre levers de soleil.

Vingt-quatre jours ? Melröd n'avait fait état que de quelques levers de soleil ! Ryön intercepte mon regard affolé. Il a dû penser que Melröd m'avait avertie, mais ne peut intercéder sans risquer l'incident diplomatique.

La créature se tourne vers Edhelís et moi.

— Partons. »

Je m'introduis dans l'eau avec Edhelís sans savoir si je reviendrai. Le cœur serré, prête à rendre ma bile, j'avance lentement dans l'étendue liquide jusqu'à me tenir sur la pointe des pieds. Je n'ose pas me retourner. Si je croisais les yeux de Ryön, je regagnerais immédiatement la berge.

Parth se place entre Edhelís et moi. Elle nous fait signe de prendre une profonde respiration et de fermer les yeux. Au moment où je sens que mes poumons ne peuvent plus emmagasiner d'air, la créature empoigne ma main. L'eau m'enveloppe.

Le chemin est long. Je suis à court de respiration, mais garde les paupières closes : la vitesse à laquelle la créature me tire dans les fonds dépasse celle de la course d'un cheval au galop. Mes poumons s'enflamment. Je tente de maîtriser ma cage thoracique qui réagit à des spasmes douloureux.

On me donne un coup fort dans le dos et mes poumons s'emplissent. Nous avons fait étape dans une grotte souterraine. Étrangement, l'air est abondant et un filet de lumière me permet de voir à quelques pas de la rive. À demi dans l'eau, Parth s'étire et secoue ses nageoires venimeuses.

Edhelís attend patiemment que je régule mon souffle.

« Quelle est la capacité de vos... Poumons ? me demande-t-elle, nerveuse.

— C'est beaucoup, pour moi. Avez-vous déjà emmené un Humain en utilisant cette membrane d'air ?

La guérisseuse secoue négativement la tête et transmet le message à la créature qui paraît mécontente.

— Nous devrons effectuer de nombreuses haltes. Notre avancée sera ralentie, mais l'essentiel est d'arriver, me rassure-t-elle. Combien de temps pouvez-vous retenir votre respiration ?

— Cette première descente correspond à la limite de mes capacités.

L'Elfe roule ses épaules pour les préparer :

— Nous devrons parcourir environ dix fois cette distance. Habituellement, je n'effectue que trois étapes. La route s'annonce longue. Gardez vos yeux fermés et détendez votre corps. Vos organes s'abimeraient si vous veniez à paniquer.

— Parth nage à une vitesse considérable...

— Je n'avais pas anticipé à quel point ce voyage serait exigeant pour vous. Pardonnez mon imprévoyance. Je vais mieux adapter la composition de votre membrane d'air. »

La créature crisse. Il est temps de repartir.

Lorsque nous atteignons enfin notre destination, je suis épuisée. Nous sommes au fond de l'eau et je suis capable de respirer sans subir l'accablante pression des profondeurs.

L'étendue infinie de bleu s'offre à mes yeux. Flottant dans les bras d'Edhelís, je me suis habituée à la membrane qu'elle génère et projette sur mon visage comme un masque. L'Elfe transforme l'eau en air, le comprime et le fait pénétrer dans la membrane à pression respirable. Elle m'a ainsi fait passer tous les paliers de plongée sans difficulté. Ma vision est légèrement déformée par cette bulle, mais l'essentiel est d'assister aux foisonnements hétéroclites des courants.

Dans cette infinité, près du fond océanique rocheux, je distingue des dômes transparents et lumineux, tels des chapeaux de méduses. Parth et Edhelís ralentissent pour me laisser contempler la ville qui s'étend sur plusieurs kilomètres de récifs coralliens réfléchissant la moindre particule de lumière. Nous empruntons un courant, à l'instar d'autres créatures transitant entre les couloirs maritimes. Les chapeaux luminescents se rapprochent graduellement, devenant de plus en plus massives et nombreuses. Non loin, une espèce de baleine à bosse plonge entre deux monumentaux rideaux translucides.

Partagée entre l'effroi et la fascination, je réalise que la ville subaquatique est édifiée sous la protection d'une colonie de méduses géantes stagnant majestueusement dans les eaux troubles. Leurs canaux radiaires sont pointillés de tâches de lumière que je devine être une manifestation de la bioluminescence. Sous leurs ombrelles en forme de cloche aux battements continus, elles abritent de gigantesques bâtiments de coraux en forme d'alvéoles. Ces constructions biscornues sont maintenues en suspension par une prolifération d'algues vertes mouvantes au gré des courants. Les alvéoles ornées d'ailerons embrochés s'intègrent dans l'enchevêtrement de varechs qui forme un immense réseau.

À mesure que nous avançons vers ces méduses, je remarque que cette cité flottante abrite des terrasses de parcs à huîtres et des pâturages d'algues où broutent des crustacés et des bancs de poissons. Entre eux, des silhouettes déambulent armées de longs harpons. J'en vois quelques-unes empaler leurs proies et les déposer dans des paniers à clapets, fixés à des coraux aux ramifications sculptées.

Au moment où je réalise que l'eau est tiède, je discerne des colonnes de bulles en provenance d'un canyon en contrebas. Il doit s'agir d'un volcan sous-marin. À observer la route aquatique qui plonge droit en son cœur, il ne fait aucun doute que le Peuple de l'Eau en a fait sa forge.

La ville, ouverte à tous, ne dispose d'aucune protection apparente, autre que la force de certains courants et les tentacules toxiques des méduses pour ceux qui ne sont pas immunisés. Le Peuple de l'Eau essaie vraisemblablement de reproduire le modèle de la Capitale...

Malgré la bulle d'Edhelís, une odeur et un goût familier pénètrent dans mon nez et ma bouche. Le temps que je comprenne ce qui arrive, autour de nous, les créatures marines s'échappent et se dispersent dans toutes les directions.

Edhelís crispe ses bras autour de moi et abandonne le corps de Parth, scié en deux par un espadon de la taille d'une proue de navire.

La ville est attaquée. Les tentacules des méduses géantes s'agitent, expulsant des jets d'encre noire à la manière des calamars. Conjugués aux bulles émanant du volcan, ils réduisent la propagation du son dans l'eau, obscurcissent la vision et perturbent les sonars. Au sein de la faune marine, la panique s'empare des créatures plus vulnérables, les projetant dans des courants trop puissants pour elles. La colonie géante se met en mouvement, mais des ombres fondent sur elle. Les assaillants évitent les tentacules et infligent des coups de dents meurtriers sur les parties découvertes.

Ce que j'entrevois me coupe le souffle. Des cachalots de la taille des chapeaux chargent les murailles, de titanesques murènes engloutissent tout sur leur passage et des squales préhistoriques ravagent les alvéoles de leurs gueules acérées. Les tentacules ripostent, s'enroulant autour des agresseurs pour les piquer et les broyer.

La ville nage dans le sang.

Edhelís file aussi vite que ses mouvements le lui permettent en me maintenant serrée contre son ventre. Bien qu'étant une nageuse expérimentée, elle est vite rattrapée par un hominidé grand comme deux Urhoqs. Il brandit une lance sur sa gorge dénudée et lui intime de se rendre.

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Merci de votre lecture !

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