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Chapitre 27 - Le carillon

Bien que la poubelle ne soit pas l'invention qu'il espérait, Melröd, le Représentant des Elfes, m'invite à lui rendre visite.

Le Capitaine s'est tôt fait réveiller par un Messager pour une mission urgente. Sans un mot, il a bu d'un trait un pichet d'eau, enfilé sa cuirasse et est parti, Kipper bondissant dans son ombre. Sauvage, le chat ne se laisse approcher que par Ryön, qu'il flaire constamment et dont il recherche la compagnie. Je ne l'entends jamais miauler. Silencieux, calme et observateur, Kipper ne se sépare du Capitaine que pour aller chasser. Je n'ai découvert aucuns restes de ses proies, mais lorsqu'une souris est passée devant lui l'autre matin, il l'a regardée tranquillement, oreille pointées vers l'avant. Avait-il le ventre déjà plein ou cette petite proie n'était-elle pas à son goût ? De fait, Ryön étant indisponible, je dois me rendre seule à la tourelle de Melröd.

À mi-chemin vers le château, je réalise que j'ai mal lu l'horloge de Tirelire et que je suis trop en avance.

J'attends un peu, assise sur la pelouse qui fait face au fronton du bâtiment principal, frappé de la gravure dorée du Chêne et de runes à demi-effacées. Au bout d'un moment les gardes en faction m'invitent à me promener dans le parc intérieur, le temps que le soleil monte plus haut dans le ciel. Après quelques minutes de marche, je fais face au pan de muraille derrière laquelle on entend le clapotis du fleuve Ciliren.

Tasun m'a raconté que le jour où il est arrivé à la Capitale, le fleuve connaissait une crue historique. Quatre mètres de boue ont ensevelis les rues de la ville, les maisons et ses monuments. Il a campé durant cinq jours sur le toit de la taverne de Grinalím. J'imagine que ces circonstances apocalyptiques ont forgé leur amitié. Depuis, les trous dans la muraille ont été solidement colmatés et des tranchées creusées.

Un frisson me parcoure au moment où des tintements mélodieux de cloches et de carillons résonnent à travers l'enceinte. Clairs et cristallins, assourdissants et empoisonnés, les sons s'atténuent dans le lointain.

Je reconnais cet air.

C'est le même que celui que j'ai entendu dans la grotte en Ardèche.

Une sueur froide glisse dans mon dos. Je sens un tremblement parcourir ma colonne et mourir au bas de mes reins.

Je me déplace puis cours vers la source de la musique : il doit y avoir un portail ! Il est en train de s'ouvrir !

Autant que possible, j'ouvre grand les yeux et les oreilles, le cœur battant la chamade, la respiration coupée.

L'air n'émane pas du parc, mais de la tourelle de Melröd.

Qu'est-ce que cela signifie ?

Je fais irruption dans le logis du Représentant des Elfes avant l'heure convenue.

Il s'agit d'une musique traditionnelle, se défend-il, contrarié que je lui ai hurlé au visage.

Ma tête tourne, j'ai les mains moites et le vertige. Cet air, ces carillons, c'étaient les mêmes que dans la grotte ! J'en suis sûre !

Fier, mais se voulant affable, Melröd se renfonce élégamment dans le dossier de sa chaise brodée de fils d'or. Il a placé devant moi un godet d'eau, ciselé dans l'argent, comme la dernière fois.

« Que pouvez-vous me dire de cette invention ? demande-t-il en agitant sous mon nez le croquis de la poubelle.

Le velours de son regard ambré et ses manières pondérées ne me trompent pas. Cet Elfe est indifférent à ma panique.

Dans un coin, un objet attire mon attention. Je ne peux pas détacher les yeux de ce carillon transportable. Il doit mesurer la taille d'une porte Humaine, mais son clavier et son pédalier sont repliables.

J'ai peine à respirer dans cette tourelle étroite en présence de cet instrument insolite et de cet Elfe d'une apparente sérénité. J'ai en mémoire que son souverain a promis de m'aider à trouver un portail à la condition que je produise des inventions à l'exclusivité du peuple elfique.

— Traverseuse, vous avez toute mon attention, insiste-t-il en versant une eau claire dans ma coupe.

La tempe battante, je m'exécute de mauvaise grâce et lui livre mes explications, suggérant quelques méthodes de fabrication.

Le visage de Melröd est fermé et aucune lueur d'excitation ne brille dans ses yeux. J'y lis une déception cuisante. Finalement, il soupire de lassitude en rehaussant son arcade sourcilière.

— Cette invention de vaut rien pour les Elfes, décrète-t-il platement, les paupières closes. Donnez-là à votre ami Humain, Chaff l'Inventeur.

Il relève le menton. Sur son front haut, brille son diadème et les pierres qui, à l'instar de ses yeux, renvoient une lumière diaphane.

— Vous devrez vous montrer plus coopérative. Votre engin sous-marin était assurément un commencement prometteur. Où se trouve votre dernier croquis ?

J'encaisse la déconvenue qu'il porte dans la voix en lui tendant un autre parchemin : celui d'un scaphandre. Charles y a songé, mais il n'est jamais parvenu à le réaliser. Et pour cause ! Il n'arrivait pas à y fixer de bouteille d'air comprimé respirable. J'y ai apporté ma touche personnelle : un compresseur pour adapter à chaque palier la pression du gaz fourni par les Hardus.

Ce dispositif est connu dans le monde de la plongée sous-marine sous le nom de détendeur. Briant et moi l'avons expérimenté pendant nos dernières vacances en Croatie. Le principe est de transporter une grande quantité d'air dans un espace restreint. Pour ce faire, l'air est comprimé pour le loger dans un volume réduit. Une pompe est employée pour insérer cet air comprimé dans un tube en acier et le clapet anti-retour empêche qu'il ne s'échappe. Le détendeur est la clé pour respirer sous l'eau car il permet de réguler la pression de l'air à des niveaux respirables sur différents paliers. Ce petit élément, c'est ce qu'il manquait à Charles.

Solennel, Melröd prend à deux mains les deux dessins et, sans les dérouler, poursuit. Son petit sourire en coin me dérange. Il parle, mais pense à autre chose :

— Avez-vous entendu parler du Peuple de l'Eau, Traverseuse ?

Je hoche la tête. Du temps où je vivais à la Cité, Edhelís m'a instruite au sujet de nombreuses espèces. Le Peuple de l'Eau vit au-dessus d'une fosse océanique appelée la Faille, dans une eau trouble qui sépare la région des Prairies de celle d'Ethelys. Cette espèce amphibie dotée d'intelligence cohabite avec les Elfes depuis des temps immémoriaux, mais elle est toujours restée en retrait des conflits sévissant à la surface. Peu de nageurs s'aventurent dans ces eaux car les nageoires des créatures du Peuple de l'Eau sont pourvues d'épines toxiques dont le poison est illégalement vendu.

D'un geste appliqué, Melröd pousse vers moi la coupe en argent, y jette une petite pincée de pétales jaunes et prononce quelques mots en elfiques, comme une invitation à boire. L'eau se teinte d'orange. Sans toucher à la boisson, je m'efforce de ne pas regarder le carillon. Les Inventeurs ou les Elfes, lesquels me piégeront en premier ?

Melröd doit être offensé, mais il le cache bien. Il reprend la parole de son accent traînant :

— Vous savez donc que nous partageons avec le Peuple de l'Eau une technologie soigneusement sélectionnée afin qu'en échange, ils traitent les eaux usées de la Cité et assurent la sécurité des bas-fonds. La dernière invention de Charles fut...

— Les égouts.

— Et aussi la digestion des boues produites lors de l'épuration des eaux. Veuillez me laisser terminer, je vous prie. Le Peuple de l'Eau s'impatiente de ne pas bénéficier de nos avancées. Hélas, peu d'entre elles peuvent être employées dans leur milieu naturel. Le Peuple a pu se montrer imprévisible par le passé et mieux vaut s'attirer leurs faveurs que leur colère car ils sont amphibies. Ils pourraient rendre nos côtes inhospitalières.

J'opine, incapable de comprendre où il veut en venir.

— Mon roi, Lothràl, a conduit de longues négociations avec le Peuple. Elles ont récemment abouti à une promesse de traité de paix renouvelée.

J'acquiesce encore. Melröd vient donc de me confirmer que la paix n'était pas totale à Fendôr. Il existe des contrées où la Grande Guerre n'a pas sévi. En conséquence, après l'Armistice, ces régions ne se sont pas placées sous l'autorité du Chêne Doré. Les traités se négocient avec les plus offrants. Soit. Que grand bien cela fasse aux Elfes autoproclamés artisans de la paix.

— Lothràl a mis vos services à disposition du Peuple de l'Eau pour quelques levers de soleil.

— Comm... ?

— Une fois que vous aurez résidé parmi eux, vous comprendrez leurs besoins et concevrez des solutions pour combler leur déficit technologique. En échange, ils vous laisseront explorer les fonds marins. Vous cherchez toujours un portail, n'est-ce pas ?

Je relâche un peu de tension. Lothràl ne m'a pas demandé mon avis, mais il a fait en sorte que nos intérêts à l'un et à l'autre soient satisfaits.

— En guise de bonne volonté, nous avons remis au Peuple de l'Eau votre dessin de prototype de sous-marin.

— Vous aviez déjà une copie du sous-marin ?

Les lèvres de Melröd s'étirent légèrement, aussitôt recouvertes par une mèche dorée tombée de son diadème qu'il repousse élégamment.

— Vous avez dessiné plusieurs versions. Ne vous souvenez-vous pas avoir tracé la toute première dans les murs de la Cité ?

Je le crois à moitié. Au fil des mois, le croquis a évolué. J'y ai passé tant de nuits, à dormir la journée, que Firouze a certainement eu le temps de le recopier, lorsqu'elle n'était pas occupée à s'acoquiner avec Ryön. Et si les Elfes s'étaient déjà fait doublés ? Dans ce cas, l'alliance promise avec le Peuple de l'Eau ne vaut pas un clou. D'un coup, je me sens tiraillée. Suis-je tenue de me montrer honnête ? Le sous-marin est peut-être ma seule chance de rechercher un portail dans la Faille. Mieux vaut que je ne dise rien.

Melröd prend une légère inspiration :

— À votre expression, je devine que vous avez compris. Edhelís vous accompagnera dans les Eaux. Vous partirez de la Cité.

Je sursaute. Une nausée aigre me remonte dans la gorge.

— Je dois me rendre à la Cité ? Encore ?

Il s'étonne de mon regard horrifié.

— Où ailleurs ? Notre cascade est une entrée de la Faille. Nous avons déjà affrété une diligence. Elle part à l'aube pour la Cité.

Me tournant le dos, Melröd examine le dessin détaillé du scaphandre, puis du sous-marin. L'altercation entre Firouze et Chaff m'a fait profondément réfléchir. Appuyée sur la table de l'atelier du Quatuor, j'ai remodelé à plusieurs reprises sa structure pour en faire un navire d'immersion parfaitement inoffensif, sans rames rétractables, sans porteur de bombes, sans niche permettant d'envoyer de projectiles et même sans pointes érigées sur la coque pour dissuader les prédateurs. De profil, j'observe les yeux de Melröd fixer les annotations, inexpressifs. Enfin, il extirpe un casier dans le mur et y range le dessin.

Quelque chose dans l'attitude sage de Melröd m'insupporte. Qui sont-ils, tous, pour décider à ma place ?

— Je n'ai aucune envie de me rendre dans des eaux sombres peuplées de monstres. Vous n'êtes personne, ni les Elfes, ni les Représentants, ni qui que ce soit pour opérer des choix qui me reviennent.

— Le croyez-vous vraiment ?

Nous nous affrontons du regard. Son parfum de bois et d'humus m'étouffe. À contrejour, ses cheveux dorés lui font une auréole autour du visage. Cette allusion au sacré est si fausse que j'hésite un instant à lui jeter le contenu du godet au visage.

— Vous ne m'impressionnez pas.

— Vous entendre dire le contraire m'aurait étonné, répond-il sans s'en offusquer. Si cela peut vous conforter, vous non plus, vous n'impressionnez personne. Dès lors, vous n'avez pas le choix.

Une rage sourde bat mes tempes.

— Je trouverai un portail par moi-même.

Son doux visage se plisse en un rictus cruel.

— Vous avez mal compris, Traverseuse. Cette affaire ne se limite pas à votre personne. Le Capitaine est un ami de longue date, et mon affection pour lui est aussi profonde que celle que l'on porte à un frère. Je présume qu'il vous a caché à quel point sa situation était délicate.

Comme je suis suspendue à ses lèvres, il continue :

— Le dernier Traverseur a révolutionné la Confédération, des profondeurs souterraines aux sommets des montagnes. Et vous, quelles réalisations portent votre parcours jusqu'à ce jour ?

Piquée au vif, je sens l'irritation remuer en moi telle une bête tapie dans un recoin de mon esprit, prête à riposter. Je ne comptais pas lui parler de l'héliodome car Chaff vient à peine de commencer à travailler sur le projet, mais peut-être est-ce le moment de rassurer le Représentant.

Au moment où j'ouvre la bouche, celui-ci pose son regard au-dehors de la tourelle.

— Vous êtes décevante, paresseuse et vos inventions sont pour la plupart méprisables ! Notre roi en tient le Capitaine pour responsable.

Je l'empoigne. D'un coup sec, Melröd me projette sur le banc où je retombe bêtement assise. Une fois passé l'étourdissement, je réalise qu'une fois de plus, Ryön se retrouve comptable de mes agissements.

— Le Capitaine n'est que mon garde du corps !

— Naïve vous êtes ! Le roi le déshonorera si vous continuez d'échouer dans nos attentes. Je suis censé faciliter la coopération, mais vos actions me contraignent à trancher.

Je suis sur le point de l'interrompre, mais il me devance :

— Cette décision ne vous revient pas. Le Roi Lothràl détient le pouvoir sur ses sujets et exerce une influence significative sur les Représentants de la Capitale. Contre ces réalités, vous ne pouvez rien. Mais si vous estimez un tant soit peu le Capitaine comme je le porte dans mon cœur, alors vous obéirez à notre souverain et vous rendrez dans la Faille.

Mes doigts tremblent tant que je me les enfonce dans les cuisses.

— En imaginant que je me plie à sa volonté, que se passera-t-il ensuite ? Devrais-je de nouveau obéir ? Grandir de deux têtes et me faire pousser les oreilles ?

— Votre insolence aurait pu susciter l'amusement, si elle n'était pas si puérile. Vous n'êtes guère en position d'apprécier la situation du Capitaine ou celle de la Confédération. Mon peuple œuvre sans relâche pour la paix totale et, par ses commandements, hâte son avènement, qu'il vous plaise ou non. Si vous aspirez à regagner la faveur du roi et aider le Capitaine, vous ne lui révélerez pas cette conversation et vous le laisserez vous conduire à la Faille où votre destin vous attend.

— Que lui avez-vous dit, au juste ?

— Que vous vous étiez lassée de votre vie chaotique et attendiez de vous rendre utile. Une dernière remarque, Traverseuse : vous avez tendance à croire que les Elfes sont semblables aux Humains. Vous négligez le fait que nos besoins et nos aspirations sont bien différents. Quant à votre santé, je pourrais aisément reprendre ce qu'Edhelís vous a si gracieusement offert. »

Sur ce, il porte le godet d'argent à ses lèvres et me congédie d'un gracieux mouvement de poignet.

La porte refermée sur moi dans le couloir, je suis prise d'un mal de crâne. Melröd a-t-il réellement menacé d'annihiler le soin d'Edhelís contre mon endométriose ? Comment un être qui se veut pur pourrait-il volontairement infliger de telles douleurs dans son intérêt ?

Quelque chose ne tourne pas rond avec les Elfes. Le coffre-fort de Tirelire ne me semble plus être un endroit sûr. Avant de partir, je cacherai mes dessins dans ma tête de lit. Si personne n'a découvert la poubelle de Raymond avant moi, c'est parce que personne d'autre n'a dormi dans son lit.

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Merci de votre lecture !

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