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Chapitre 20 - Les Braves

À la suite de Ryön, la Commandante et son Lieutenant entrent en trombe sans cacher leur mauvaise humeur. Ils ont dû retourner toute la Capitale pour me retrouver. Les gardes Adayoshs ont été certainement invectivés comme des moins-que-rien. Je me sens mal pour eux.

C'est à ce moment précis que je réalise que j'ai raté le début du banquet. Avec un tel retard, mieux vaut que je ne m'y rende pas plutôt que de m'y faire remarquer.

La dernière fois qu'on m'a passé un savon pareil, j'avais huit ans et avais échappé à l'attention de ma mère au stand de barbapapa. La fessée que j'ai reçue ne m'a pas dissuadée de recommencer adolescente, hors de la vue de mes parents qui ont compris que me museler ne ferait qu'accentuer mon esprit d'indépendance.

D'une irascibilité à peine contenue, Ryön m'expose point par point les raisons de son inquiétude, tandis qu'Ysma et Hroaar vitupèrent entre des rasades de bière. Finalement, le Capitaine me considère, longuement comme s'il voulait lire dans mon esprit. Ils ont réussi à me communiquer leur rancœur. À grands renforts de bières, de soupe de carottes, de poulardes farcies et de ragoût de lapin, Grinalím parvient à les calmer.

Le nouveau silence de Ryön est terrible. La dureté de son regard me tient coite alors qu'il vide les chopes comme si c'était de l'eau d'une fontaine de la Cité. Il presse continuellement son talisman dans sa main.

Tasun, Chaff et Tirelire nous rejoignent, tels des rayons de soleil après la tempête. Ils s'assoient loin d'Ysma, à l'autre bout de notre table. Des croûtes se sont formées sur le crâne de la Commandante, là où elle s'est arraché les cheveux. Avec des bruits répugnants, elle suce la moelle des os sous la contemplation de Hroaar qui lui, sent décidément très fort. Tous deux ont déjà oublié le sermon qu'ils m'ont fait subir devant tous les clients.

Une fois que ma honte est consommée sous les rots nauséabonds, Grinalím réquisitionne l'Inventeur qui lui doit sa réparation de tapis roulant. Solidement éméché, Chaff repart en titubant à sa boutique chercher sa boîte à outils.

Pour détendre l'atmosphère, Tasun saute sur le comptoir et se met à chanter, son bandeau tout de travers et sa médaille pendant jusqu'à sa joue. Son timbre suave s'élève et son harmonie envoûte la salle. Les Gnömes cessent de servir et, bouche ouverte comme les clients, ils contemplent Tasun avec des yeux rêveurs.

Edhelís chantait aussi, mais sa voix était incomparable à celle du luthier. Ses sons virevoltent et prennent forme dans l'imaginaire. Autour de lui, plus rien n'existe sinon l'air vibrant sous l'orchestre de ses mélodies.

Tasun nous fait voyager, pleurer et réjouir. Palang et ses coquillages, ses lagons d'azur et ses oiseaux colorés, les couchers de soleil mélancoliques auxquels succèdent les aubes chatoyantes, l'or des trésors enfouis dans les parois des rochers abîmés par l'écume, les créatures tapies dans l'océan paisible et les pêcheurs hardis qui s'abîment contre le poids des vagues au large. Il nous met sens dessus dessous.

Lorsque ses récits s'achèvent, les doux crépitements de l'âtre devancent nos réactions. Une Adayosh aux cornes nacrées sort la première de sa torpeur. Elle soulève Tasun et le hisse sur son épaule duveteuse en bramant une tournée générale.

« Encore ! » implore un serveur Gnöme qui se mouche dans son jabot. Les yeux injectés de sang, Ysma se renverse dans sa chaise et applaudit à tout rompre : « Chante-nous La Victoire des Six Lunes ! » Sans attendre d'assentiment, elle déloge Tasun de l'épaule de l'Adayosh et l'assoit d'autorité sur notre table. Décidément, la Commandante a constamment besoin de retenir l'attention.

Hroaar frappe rudement des coudes et renverse quelques chopes vides au passage : « Non, fais-nous La Ronde des Mamelles ! »

Ysma lui fiche un coup de poing sur son crâne parcouru d'entailles.

Hagard, Tirelire rejette la nuque en arrière.

« À l'écoute de Tasun, mes filles ont décidé qu'elles ne voulaient plus être Kovewalts ! A-t-on déjà entendu ça dans le monde ? Non, je vous le dis, non !

Il geint :

— Pétronille, Pervenche, Prune, Pénélope, Pâquerette, Pétula, Pimprenelle... Elles veulent pour lui allonger leurs jambes et raccourcir leurs bras et leur nez ! Bientôt, elles auront inventé une machine qui rendra possible cette absurdité ! Malédiction ! crache-t-il. La famille doit être une vitrine de respectabilité ! Ma Philomène en est mortifiée ! Toute verte qu'elle dit ! Car c'est bien d'elle que les petites tiennent leurs courtes pattes ! Des pattes ravissantes et fort poilues, qu'elle a, ma Philomène ! Comme les Kovewalts les aiment !

Surprendre Tirelire dans cet état est si distrayant qu'il me fait oublier le regard pesant de Ryön. Bras croisés, lèvres serrées, il n'en démord pas. Son calme apparent n'est qu'une façade.

Je me tourne vers l'horloger qui fait des bulles dans sa choppe :

— Je ne pensais pas que les Kovewalts étaient conservateurs.

— Ce n'est pas du conservatisme, se défend Tirelire en reniflant. Cela relève de la tradition et des bonnes mœurs de la société Kovewalt. Un point c'est tout ! Sept filles et toutes tombées en pamoison ! Faites des Kovewalteaux, qu'ils disaient mes aïeux ! Ils vous ramèneront des champignons, qu'ils disaient ! Mon nez, oui ! Malédiction !

J'objecte :

— Pardonnez-moi, Tirelire, mais les traditions vous ramènent sans cesse au passé. Je comprends qu'elles instillent un sentiment de sécurité. Après tout, vous avez le droit de penser ce que vous voulez. Mais si vous viviez l'instant...

Le teint de Tirelire vire au vert pomme.

— Je n'en attendais pas moins d'une Humaine, vous qui retournez votre veste à la première promesse de gloire ou de protection ! De vraies girouettes ! Malédiction !

Je m'apprête à clarifier mon point de vue, mais Grinalím arrive, le plateau chargé et le rire aux lèvres. D'un geste théâtral, elle dépose des chopes devant chacun.

— La mangeaille est fort gouleyante ! Épicée à souhait ! la complimente Hroaar en poussant ses couverts au bord de la table.

Je lui coule un regard de gratitude : il vient de m'éviter un conflit avec l'horloger dont la bouche s'est fermée d'un trait. Hroaar lorgne une chope qu'il empoigne prestement. À grands bruits, il lape la mousse à sa surface. Ses grosses mains portent des cicatrices qui ont laissé sur sa peau grisâtre des striures blanches. Tordu sur sa chaise trop petite, il ne fait aucun effort pour prendre moins de place à table.

— Préparez-moi un autre de vos délicieux jambonneaux, voulez-vous ? Un entier !

— Une Hardu ne fait rien à moitié ou alors ce n'est pas une Hardu ! lui répond gentiment la tavernière en entassant sur ses épaules les chopes et les plats vides.

— Sauf ta bière, maugréait Ysma.

— Si vous n'aimez pas ma bière, Commandante, c'est votre problème, pas le mien.

— Vous gardez la bonne pour vos pairs ! Les Hardus sont incapables de traiter les autres races comme leurs égaux. »

Face à la dureté de l'accusation, Grinalím hausse les épaules et tourne le dos. Toutefois, Ysma a marqué un point. La tavernière a appris le brassage seule et sa bière infecte est autant chargée en alcool qu'en amertume. La Hardu refuse de commander auprès des brasseurs professionnels, des voleurs selon ses dires. Pendant ce temps, elle mène ses expériences sur ses clients qui en retour, payent leurs rasades bien moins cher que partout ailleurs dans la ville haute. Tous sont unanimes : ils viennent pour les plats et non pour la boisson même si celle-ci finit par les étourdir.

Le trio palabre un moment. Hroaar se plaît à raconter des anecdotes terrifiantes sur Ysma comme s'il était l'auteur des faits et pouvait s'en vanter. La Commandante a passé trente-six ans de sa vie à se battre, mais hormis son effrayante balafre, elle ne porte que peu de blessures sur le corps, contrairement à Hroaar. Je me demande si son affection envers elle n'est pas issue de la peur, de l'admiration, de l'attraction ou de tout cela à la fois.

Un Gnöme nous interrompt pour porter un message de Plume. Chaff l'a envoyée pour signaler qu'il ne trouvait pas sa boîte à outils parmi les pigeons. Tasun et Tirelire, hilares, se retirent à sa suite de la taverne sous les gloussements de Grinalím.

Une fois qu'ils sont alcoolisés, je me décide à leur montrer les notes de Paramón qui mènent au marché noir. Les réactions sont vives.

« Nom du Chêne Bleu ! Non, Doré ! Les souterrains, vous dites ? Cela fait des dizaines de saisons que nous essayons de mettre la main dessus !

Ysma m'arrache le document des mains et le tend à l'extrême sous son nez. Elle du mal à contenir son excitation. Son Lieutenant la bâillonne. Elle s'affaisse sur la table en grattant la toile de ses doigts tâchés de boisson.

Hroaar, qui examine le papier, déglutit, reglutit, avale ses glaires.

— Où avez-vous trouvé ces notes, Traverseuse ?

— Je ne peux pas trahir ma source. C'est un guerrier qui me les a prêtées.

— Qui ?

— Je ne vous le dirai pas.

La Commandante se lève de sa chaise. Je crois qu'elle va me donner un coup de poing. Au lieu de ça, elle m'enlace et fait, par la même occasion, craquer tous les os de mon dos.

— La Doyenne va être ravie !

Mordant ses lèvres au sang, elle revoit plusieurs fois les notes avant de les faire disparaître dans son armure. Elle regarde tout autour d'elle et parvient à attraper un Gnöme pour se faire resservir en boisson.

J'ai moi-même bu plus que de raison et la taverne est un peu floue, mais ce document appartient à quelqu'un, Paramón.

— Vous me rendrez ce document.

— Ah ! J'aime votre ton, Jehanne. Vous parlez enfin comme une femme, se réjouit Ysma.

Je la scrute en travers.

— Je suis sérieuse, Commandante.

Un sourire carnassier s'étend sur une partie de son visage, arrêté net par sa longue cicatrice.

— Nous devons d'abord le passer entre les plumes des traducteurs et des copistes. Puis, nous l'enverrons à l'im...

Hroaar rote si fort que je me bouche les oreilles.

— Ce ne sera pas la peine, Commandante. Ces notes, c'est du parler tanneur. Y suffira d'en payer un pour qu'y' nous les traduise. Ensuite, y faudra se hâter car les nouvelles se propagent vite dans les souterrains.

— En ce cas, je vous rendrai ces notes après notre excursion, accepte Ysma.

Je crois que je suis cuite car je lui tends la main. Son œil s'illumine, ainsi que celui de son Lieutenant et elle me broie les doigts.

— Viendrez-vous, Traverseuse ? glapit Hroaar.

— Bien évidemment !

Ryön, d'une immobilité de marbre jusqu'alors, pince l'arrête de son nez.

— C'est hors de question.

Sa voix est redoutablement calme :

— Tu ne mérites que le cachot, Jehanne la Traverseuse ! Crois-tu donc que te suivre, aussi furtivement que faire se peut, à travers toute la Capitale ne soit pas déjà suffisamment ardu, au point de m'obliger à te conduire moi-même dans un tel repaire ? Tu n'as pas idée de ce que tu exiges pour assouvir ta curiosité !

Ysma et Hroaar reculent dans leurs chaises tandis que le corps de Ryön s'étire vue à vue d'œil. Ses yeux m'envoient des éclairs :

— Je ne suis pas ton animal de compagnie !

J'empile bruyamment son bol vide dans le mien. Les chocs de la vaisselle lui font prendre conscience de sa transformation. Fermant les paupières, il reprend sa taille initiale.

— Songes-tu sérieusement à m'envoyer au cachot pour avoir échappé une fois à ta vigilance ?

Ryön lève sur moi un regard très attentif qui me pétrifie.

— N'espère plus que j'investisse en toi ma confiance.

— Pardon.

— Tu m'as esquivé deux fois. Je ne me le pardonne pas.

Qu'a-t-il toujours, à retourner la situation sous tous les angles et à me faire culpabiliser ?

Hroaar s'agite sur sa chaise.

— Quoi donc ? La découverte de la localisation du marché noir contre deux petites fuites insignifiantes ? Je trouve ça plutôt équivalent !

— Cette décision ne vous revient pas, Lieutenant, le coupe Ysma qui dévisse Ryön du regard dans l'attente de sa réaction.

Le semi-Urhoq se tourne vers elle :

— Y'en a pas deux comme la Traverseuse ! Ça fait un centenaire que nous attendons sa venue ! On ne peut pas se permettre de la remettre aux geôliers. Qui sait ce qu'y feraient d'el' ?

Je frissonne. Ryön l'ignore. Il fronce imperceptiblement les sourcils :

— En quelles raisons obscures ne mettrions-nous point fin à ta liberté pour te laisser nous accompagner dans les souterrains ? Donne-moi une seule bonne raison et épargne-moi les milliers de pensées qui te viennent en tête à l'instant.

Y-a-t-il encore le bleu du ciel dans les iris de Ryön ? Ils me paraissent gris et froid comme de l'étain oxydé. Peu étonnant qu'il aime tant ce type d'alliages. Par certains aspects, il y ressemble.

— Je crois que j'y trouverai des traces... Des traces de portail.

Son regard change.

— Tu nous sèmeras. À la première occasion.

— Merci de m'avoir sauvée de la foule, tout à l'heure.

Il ne réagit pas.

— Je suis partie récupérer le document, dis-je en pointant du doigt l'armure d'Ysma.

— Tant mieux ! me soutient Hroaar en cognant sa chope contre la mienne.

Il postillonne sur Ryön :

— Grâce à cette ingénue, nous allons enfin savoir où s'amasse la racaille de la Capitale ! Traverseuse, vous n'êtes pas de ces Humains qui laissent leur existence s'enliser !

Je lui souris à moitié :

— Je ne cherche ni les ennuis, ni la mort. Je veux juste retraverser. »

Ryön demeure silencieux. Il est plongé dans une profonde réflexion, mais je suis persuadée qu'il est déjà en train d'échafauder un plan.

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Je rentre à la maison sans le Capitaine qui a refusé de me raccompagner. Les rues sordides et malodorantes sont remplies de groupes d'hommes sortant des bordels qui chantent à tue-tête dans une parfaite débauche. Une porte est encore ouverte. Dans l'embrasure, un garde éméché embrasse avec ardeur le corsage délacé d'une femme aux cheveux frisés. La tête tournée vers la rue alors qu'il passe les mains sous sa robe, elle me glisse un regard égrillard. La bouche sèche, je presse le pas. Les gloussements de la prostituée portent jusqu'au bas de la rue. Des soûlards ont fait main basse sur les banderoles autrefois accrochées aux plateformes des Messagers. L'air du soir est saturé par la pierre imprégnée d'urine et de mauvaise vinasse tandis que les courants d'air font claquer les volets. Une autre ruelle est le théâtre d'un tabassage sur un ivrogne. La suivante est occupée par quelques bougres assoupis à même le sol au milieu de bouteilles vides, les poches déjà retournées. Je glisse sur les murs à peine éclairés par les lucioles captives des lampadaires artisanaux. Elles volettent dedans, par dizaines en tapant contre le verre.

J'atteins enfin la maison et trouve refuge dans mon lit en songeant que Ryön fait mal son travail de garde du corps et que les lucioles et moi partageons un destin analogue.

Je tourne et retourne les derniers évènements dans ma tête. Peut-être que je tiens un fil, enfin. Grâce à Seramus. Les heures passent et la nuit s'en trouve très avancée. À la lueur tremblante d'une lampe à huile, je dessine le portait de l'adolescent. Si je meurs un jour, j'espère qu'il sera récompensé pour ses bonnes intentions.

Un bruit sourd au rez-de-chaussée me fait sursauter. Je regarde par-dessus l'escalier en colimaçon.

Tel un ange échoué, Ryön est allongé de tout son long sur la pierre. Il a juste eu le temps de retirer sa cuirasse et de se débarrasser de quelques vêtements avant de s'affaisser.

Je dévale l'escalier pour le rejoindre dans la pièce commune.

Les manches amples de sa chemise sont relevées jusqu'à ses coudes et la flanelle blanche est déboutonnée, laissant entrevoir des bras déliés et un torse imberbe. Je me sens fautive et pleine de scrupules à le détailler ainsi. Ryön dort d'un sommeil profond. Je m'agenouille à ses côtés en passant ma main sur la sienne. Il soulève ses paupières et en un déclic, relève la tête. Tout cassé, il s'assied sur une chaise.

À moitié avachi sur la table, le Capitaine affiche une expression courroucée mêlée de tristesse et de dépit. Comme je m'apprête à parler, il pose un doigt tiède sur ma bouche. Nous restons silencieux. J'ai le sentiment que derrière sa colère, il cache autre chose.

« Jehanne, il ne reste qu'un seul portail. »

Je reçois l'information comme un coup de poing dans le ventre.

Le Capitaine est ivre. Autant en profiter.

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Merci de votre lecture !

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