Chapitre 17 - Le collier
Malgré les encouragements contraires de Chaff, le Capitaine me ramène inlassablement à la mission que la Confédération m'a confiée. Pour me motiver à reprendre le fil des inventions promises, il me rappelle la demande de la Doyenne Gurreal : l'extincteur. Malheureusement, mes travers des Beaux-Arts me rattrapent. Il m'est impossible de dessiner un concept que je ne visionne pas avec suffisamment de précision et cela, en plus de m'agacer, m'ennuie profondément. Au lieu du résultat escompté, mes lignes géométriques se changent en fleurs et les boulons en insectes pollinisateurs.
Mes explications maladroites ont pourtant été comprises de Chaff. Son génie a compris l'idée de l'extincteur et il s'est précipité chez l'apothicaire : « Ne rendons pas les choses plus compliquées qu'elles ne devraient l'être. » L'Inventeur a trouvé un liquide permettant d'éteindre le feu, qu'il a versé dans un tonneau en étain contenant de la poudre à canon. Il a relié le tout à un système de fusibles qui, s'enflammant, a fait exploser la poudre et dispersé la solution chimique. La méthode est pour le moins dangereuse, mais cela n'émeut guère Chaff. Il travaille déjà sur le modèle portatif. Tout est pensé : conception, fabrication, production et utilisation.
Puisque Chaff a inventé l'éteint-feu sans mon aide, j'offre aux Représentants les rollers pour les Gnömes serveurs, le casque anti-bruit pour les Elfes, la prothèse pour les victimes de l'attentat et l'horodateur pour éviter les stationnements interdits de bêtes. Enfin, puisque Lothràl ne s'intéresse plus qu'aux créatures aquatiques de la Faille, je lui ai fait construire un aquarium. Melröd m'a rapporté qu'il en était très satisfait. J'aurais aimé adoucir le quotidien des Adayoshs qui nettoient les rues sous un soleil de plomb, mais ils ne souffrent ni de la chaleur, ni des relents fétides des ordures ou des eaux usées qu'ils évacuent à l'aide de grands râteaux. De même, les employés Adayoshs de la ville maintiennent ficelées sur leurs têtes cornues de grandes coupes rouges destinées à la réception des fientes des Messagers dressés à cet effet. Je n'imagine rien qui puisse être utile à cette race. Elle se contente de peu et son odorat, bien que développé, s'accommode des mauvaises odeurs...
Alors que Ryön s'efforce de réunir les matériaux et les bras nécessaires pour reconstruire l'Exposition Universelle, les Représentants me poussent à réfléchir à de nouvelles professions pour reconvertir les anciens militaires. Je mentionne la soupe populaire, mais on me reproche une indépendance d'esprit dédaigneuse des traditions liées au travail.
Melröd est de loin le Représentant le plus difficile à convaincre. Quoi que je propose, il s'oppose systématiquement à mes idées. Je suppose qu'il me met des bâtons dans les roues pour me rappeler que si je veux obtenir l'aide des Elfes pour trouver un portail, je dois respecter mon engagement envers Lothràl et inventer en priorité pour leur race.
La vérité m'est apparue avec une évidence cristalline : les commissions se plie à l'autorité supérieure des Elfes, et même les corporations, anciennes guildes, sollicitent les conseils de Melröd. Ces dernières font office de banques de dépôt à Fendôr : les investisseurs conventionnels font défaut ici, reléguant ainsi le capitalisme aux oubliettes. Puisque les corporations ont la main sur les ressources financières de la population, elles souhaitent en garder le contrôle et sollicitent à ce titre la sagesse des Elfes. Ainsi, quelle que soit la commission et bien que les Représentants aient leur voix quant aux inventions qui peuvent être produites ou non, en fin de compte, Melröd imprime sa marque indélébile sur les décisions prises. Il s'efforce de me garder dans son giron, ou plus précisément, celui de Lothràl. Toutefois, voilà que mon statut de Traverseuse se mue en contrepouvoir.
D'ailleurs, je viens de faire approuver un projet local dont Melröd estime qu'il en résulte une exploitation injustifiée des bêtes. Mon idée est celle d'un transport en commun dans la ville. Il prend la forme d'une procession régulière de carrioles tirées par des chevaux de trait et animaux similaires effectuant des trajets en boucle, s'arrêtant à des stations et circulant sur une voie qui leur est propre. Les Représentants Hardu, Gnöme et Kovewalt ont fait montre de leur enthousiasme. Je viens d'inventer la première ligne de bus de Fendôr, mais Melröd a convaincu les Représentants Urhoq et Adayosh de voter contre ! J'ai dû en personne persuader la Doyenne Gurreal de porter le projet à son terme, la mettant ainsi directement en porte-à-faux avec Melröd.
De cette expérience audacieuse, je conclus que je n'ai aucun talent pour la politique. La seule façon efficace d'argumenter les bienfaits de mes idées est de dessiner. C'est tout ce qu'il me reste. Sans ce talent, je suis qu'un tas de chair et d'os.
Malheureusement, à cause de ce refus net et répété de collaboration avec Melröd, j'enterre une chance de me rendre dans la Faille. Mais Ryön me rassure, les Elfes ne sont pas aussi butés que les Hardus ou les Kovewalts. Il suffira de me faire pardonner mon impertinence auprès du Roi Lothràl.
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Je traverse la ville haute en compagnie de Ryön, Ysma, Hroaar et deux de leurs gardes : Karl et Reynaud. Ces deux derniers sont des Humains qui suivent Hroaar comme s'il était leur paternel. Sans émettre un son, les gardes s'amusent discrètement des écriteaux plantés partout dans la Capitale. Y sont placardés des avis de recherche de terroristes. Une véritable chasse a été organisée, marquée par la diffusion de ce type de panneaux que j'ai déjà croisés dans la ville basse. Ryön m'a éclairé sur les retombées de la Grande Guerre qui ont engendré une instabilité profonde chez les peuples. Alors que les Gnömes se sont vus répartir des fragments de territoires agricoles, les Adayoshs ont reconquis leurs Plaines ancestrales. Les Kovewalts ont surmonté les évènements grâce à leur ruse, mais les Urhoqs ont longtemps été exilés dans les Dunes d'Errance. Ils n'ont que récemment obtenu la permission de rétablir leur présence au cœur du continent. Mais faute de se voir confier des emplois honnêtes, de nombreux Urhoqs sont, pour survivre, devenus des mercenaires au service des plus offrants, souvent pour des causes prohibées.
À Fendôr, toutes les races ont accès à diverses professions rattachées aux corporations. Toutefois la criminalité bat son plein et les pouvoirs trop concentrés de la Capitale sont limités en dehors de ses murailles. Pour y remédier, les officiers de justice placardent des mises à prix des citadelles aux hameaux afin de traquer les mercenaires et leurs commanditaires. Les chasseurs de primes ont bon vent et les meilleurs sont souvent d'anciens guerriers qui connaissent les ficelles de la chasse et de la tuerie.
Parmi les chasseurs des primes, une célébrité fait fureur : Therrar. Nous passons près d'elle en décrivant un périmètre. C'est l'Urhoq la plus imposante que j'aie vue jusque-là. À sa ceinture enserrant sa tunique de cuir abîmée, elle porte une épée à double tranchant. Les dents de la lame crénelée sont recourbées pour déchirer en lambeaux les organes internes.
« V'là notre recrue la plus discutable ! lance Hroaar.
Therrar se retourne. Pourtant trapu et musclé, le semi-Urhoq paraît vulnérable face à cette montagne qui le provoque. Therrar effleure son fourreau, le regard venimeux. Sa gueule sombre et aplatie est couturée de cicatrices profondes sous ses orbites obliques qui luisent comme des braises.
— Pas assez ! gueule-t-elle férocement, offusquée par le montant de la récompense qu'elle érafle d'une griffe noire.
Ysma va à son devant.
— Tu en auras le triple si tu ramènes les terroristes vivants ! »
Therrar montre les crocs et tourne les talons.
Entre-temps mon cœur s'est arrêté. Célébrité ou non, je ne souhaite à personne de devenir sa proie.
Hroaar en parle comme s'il la craignait plus qu'Ysma : Therrar est réputée pour être une assassine efficace, impitoyable et inépuisable, qui a trouvé dans sa nouvelle occupation de chasseuse de prime un moyen légal d'assouvir sa soif de sang. Aucune cible ne lui échappe. Les officiers préfèrent lui laisser le sale travail plutôt que de se priver de ses redoutables services. De toute façon, elle rafle constamment les plus grosses mises à prix.
« Les Urhoqs de la horde de Therrar sont restés de l'autre côté du désert, loin, très loin au sud-est. Y' chassent les Prédateurs. Avant d'être exilés, y' massacraient les autres hordes, pour le plaisir, maugréait Hroaar en chassant les mouches autour de son crâne. Y z'écartelaient les vieux et exposaient leurs viscères dans leurs parades, violaient les plus jeunes jusqu'à ce que mort s'ensuive et dépeçaient des adultes pour s'en faire des vêtements de peau. Il faut voir leur éducation : les petits tètent leur mère jusqu'à ce que leurs mamelons pissent le sang !
Ryön lui suggère de passer les détails.
Tout en marchant, j'interroge prudemment le Lieutenant.
— Il n'y a donc pas beaucoup d'Urhoqs de sa tribu à Fendôr ?
— Nom du Chêne Doré ! En voilà une Traverseuse bien livide ! se moque Ysma. Redressez-moi ces épaules ! Vu la forme de votre tarin, vous avez déjà combattu.
Je corrige ma posture sous ses invectives. Elle a faux sur un point : je ne me suis jamais battue. Mon nez est bosselé par nature.
Hroaar se lèche ses babines gercées. De la graisse et de la salive dégoulinent jusque sur ses larges protège-bras en cuir.
— Pas beaucoup d'Urhoqs comme Therrar dans le coin, ça non ! S'y en avait, el' les aurait déjà exterminés ! El' n'aime pas la concurrence...
Il gronde de ses cordes vocales racleuses :
— Nous n'avons que peu d'informations sur ce qui se passe dans l'Urasar, sa contrée native, mais nos montgolfières et nos dirigeables n'ont jamais repéré aucune ville ou tribus étendues. Parfois, les Humains du Zahel font du troc avec ceux qui retraversent le désert. C'est un long périple qui déplace plusieurs dizaines d'Urhoqs.
— Traverser un si grand désert...
Ryön fronce le nez :
— Le Zahel n'a pas toujours été un désert. Autrefois, une forêt primaire le recouvrait tout entier. Mais suite à l'invasion des Kovewalts et aux déracinements massifs, des veines les plus claires jusqu'aux plus foncées, les oiseaux ont eux-mêmes mis le feu à la forêt pour les en chasser. Hélas, la végétation traumatisée n'a jamais repoussé. En raison des conditions climatiques extrêmes, les Kovewalts n'ont pu s'établir durablement.
Le cœur serré, je me tourne de nouveau vers Hroaar.
— Comment les gens du Zahel se défendent-ils si les échanges avec les Urhoqs tournent mal ?
— Leurs Inventeurs ont eu l'idée de fixer à leur flèche, près de leur pointe, des cylindres en fer remplis de poudre. Y' les z'allument au moment du lancement et avec ça, y z'augmentent la portée des arcs. Y' tirent drôlement bien, les gens du Zahel ! Y'a peu, y z'ont agrandi leurs cylindres et peuvent les lancer directement sur l'ennemi. Rien que le bruit et la fumée effraient les chevaux. Quand y' tombent, les cylindres enflamment la cible. Boum ! Tout explose, tout est en flamme ! Y' ne faut pas que nos terroristes mettent la main sur cette arme...
Dans mon for intérieur, je me demande comment, possédant les canons, ils ont pu passer à côté du mousquet et du feu d'artifice. Le principe est déjà là : sans le savoir, ils en sont presque aux roquettes de l'armée napoléonienne.
Le Lieutenant crache un gros molard jaunâtre et reprend.
— Ça n'arrive plus beaucoup, les combats. Les Urhoqs prennent ce dont y z'ont besoin en échange de charrettes entières de viande salée. La viande de la bête d'Urasar est la plus chère et la plus savoureuse au monde à ce qu'on dit. Je n'ai jamais eu la chance d'y goûter. Y' troquent aussi des plumes, des écailles, des griffes et des crocs grands comme mon bras... Sans parler des os des bêtes qui font un bon matériau de construction. Y' sont malléables comme de la glaise et solides comme du roc !
— À part ces Urhoqs, je doute qu'aucune autre espèce ne puisse cohabiter avec les monstres d'Urasar, consent Ysma. Vous y êtes-vous déjà rendu, Capitaine ?
— Je n'en ai jamais foulé le territoire. Jadis, les Elfes éclaireurs partis dans l'Urasar n'en sont jamais revenus.
Hroaar lui jette un regard en biais.
— Les monstres d'Urasar sont plus anciens que les Elfes. Selon votre race, y'a de ça longtemps, les changements climatiques ont réduit à l'extrême la population de ces bêtes. Mais des volcans souterrains aujourd'hui éteints auraient maintenu au chaud une poignée de bêtes.
— D'après notre histoire, c'est en ce lieu que les dragons prennent vie, complète Ryön, la bouche serrée.
— Y' se raconte que leurs ailes ont poussé plus que toute autre créature pour s'éloigner de leurs propres prédateurs. En même temps, vu la taille des dragons, y' leur faut des proies comparables pour survivre... Drôle de chaîne alimentaire, que c'est là-bas ! Depuis que les Urhoqs y' sont allés, on suppose qu'eux et les monstres maintiennent leurs populations respectives. Mais Therrar, el', c'est différent. El' a été bannie pour avoir dévoré son chef de horde. »
Sur ce, Hroaar s'esclaffe. Cette fois, Ysma me donne un coup du plat de son glaive pour que je redresse ma colonne vertébrale.
Des hurlements s'élèvent derrière nous. Une rixe a éclaté.
« Ça, c'est Therrar ! » meugle le Lieutenant.
Il empoigne son cimeterre et fait demi-tour. Karl et Reynaud se détachent pour le suivre. Ysma n'y prête pas la moindre attention et nous fait signe d'avancer.
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Nous nous présentons devant les glycines bleues.
Le Quatuor s'est remis de l'attentat, mais il a perdu le fruit de ses ventes de briquets. Pour redresser la boutique le temps que la production de l'éteint-feu soit validée par le comité de la Confédération en charge de la sécurité, Chaff a eu l'idée de faire de l'atelier un office de poste temporaire. Son hangar, grand ouvert, est rempli d'oiseaux et empeste la fiente. Plume, elle, s'y comporte comme une reine. Il lui suffit de déployer une aile pour que tous les rapaces lui laissent le passage. Elle déambule à sa guise au milieu des haies d'honneur. Je crois qu'elle s'amuse bien.
Tirelire lui, en a assez de brosser le sol et d'y aller à grandes eaux pour nettoyer les fientes et les plumes échouées. Au moins, grâce à cette nouvelle animalerie, plus aucun rouage, cylindre, vis ou boulon ne traîne par terre... L'horloger craint qu'ils ne soient avalés par les volatiles et qui dit gobé, dit perte de matériel, dit trou dans la trésorerie ! Front buté, Tirelire se tamponne la tête contre des carlingues en fer, les traits creusés par la fatigue :
« Une invention ! Il nous faut une petite invention, le temps que ce maudit comité se décide sur l'éteint-feu ! Nous ne pouvons pas rester une maudite poste ! Mon épouse se gausse, vous m'entendez ? Je ne suis pas postier, mais horloger, moi !
Il coule un œil jaune à Chaff et lui envoie une tenaille au visage. L'Inventeur l'évite habilement.
Tirelire grogne de plus belle :
— Elle en fait des gorges chaudes à travers toute la station météorologique ! Malédiction ! J'aurais dû écouter mes aïeux et devenir mécanicien sur un beau dirigeable !
Cette crise de nerfs laisse Chaff dans la plus grande indifférence. Assis en travers d'un trépied, il nettoie distraitement son chalumeau :
— Le résultat aurait été le même, Tirelire. Vous avez le mal de l'air et seriez devenu horloger dans la Colline. Dans tous les cas, votre charmante épouse vous aurait tiré les oreilles. »
L'assurance qu'il affiche exaspère le Kovewalt. Mais il faut bien l'admettre : l'Inventeur redresse toujours la boutique, trouvant des solutions au dernier moment et par là même, honorant ses promesses. Si Tirelire est grincheux, au fond il est soulagé de collaborer avec quelqu'un d'aussi talentueux. Tasun lui, tempère les emportements de l'un et de l'autre, veillant à ce qu'ils ne s'étranglent pas mutuellement.
Absorbé dans son monde, le luthier fait virevolter ses doigts en jouant une douce mélodie. Il effleure les cordes de sa mandoline et en extirpe des accords complexes qui se répercutent sur les armatures métalliques. Les oiseaux de proie se sont alignés le long des conduits d'eau et dodelinent de la tête au rythme de la musique.
Tasun s'interrompt. Ignorant Tirelire qui se frappe le crâne avec mauvaise humeur et envoie des outils sur Chaff, le luthier dépose un baiser dans le cou de ce dernier, manquant de se prendre un coup de marteau au passage.
— Tu trouveras une solution, d'estoc et de taille, comme toujours ! Aucun problème ne te résiste, le rassure Tasun. D'ailleurs, s'il n'y avait jamais de difficulté, tu serais très malheureux.
— Merci de me le rappeler, répond Chaff en passant un bras amoureux dans son dos. Mon travail consiste à obtenir la plus grande récompense pour un moindre effort. Plus je cogiterais et moins je serais productif. Aucune idée ne me vient. J'ai besoin de distraction. Qu'en dis-tu ? » lui suggère-t-il en lui adressant une œillade malicieuse.
Lorsqu'ils s'aperçoivent de notre présence, les deux hommes se détachent l'un de l'autre. Chaff ébroue ses boucles d'un air gêné et Tirelire s'éclipse en claquant la porte.
De sa voix mielleuse, Tasun nous salue d'un sourire candide aux lèvres.
« Commandante, nous avons reçu un paquet pour vous.
— À votre avis, pourquoi suis-je là ? » répond-elle.
Le luthier pose sa mandoline sur un tréteau et lui apporte un paquet bien ficelé. Sans attendre, Ysma arrache l'amalgame de feuilles d'arbres qui sert d'emballage. Les rapaces sautillent à ses pieds en piquetant les confettis. Elle ouvre boîte après boîte en s'agaçant de ce manège de poupées russes.
À la fin, Ysma lit un petit papier en brandissant un collier magnifique, serti de rubis et de grenats assemblés sur une fine chaine de maillons en or : « Cette morveuse ! Toujours derrière moi ! Zoya, tu n'aurais pas dû naître ! » Tout se passe très vite, sans qu'un souffle supplémentaire n'ait été expiré.
Furibonde, la Commandante jette le bijou par terre. Les rapaces s'envolent sous la violence du geste.
Elle rugit et s'acharne à écraser les pierres précieuses éparpillées sous sa botte. La chaîne se casse, les morceaux crissent, se rayent et bientôt se fissurent et se brisent. Transpirante et ulcérée, Ysma s'arrache les cheveux par touffes.
Son état me donne la nausée, mais je reste figée de stupeur. Médusés, Tasun et Chaff se sont aplatis contre les murs. Plume s'est mise en position d'attaque et Ryön se cache derrière sa longue main. Heureusement, Tirelire fait diversion en passant sa tête derrière la porte. À l'unisson, nous reprenons nos respirations.
« Malédiction ! Qu'est-ce qu'il se passe encore, ici ? C'est quoi tout ce tintamarre ? Encore ces maudits volatiles ? Je vais leur arracher les plumes, moi !
Tirelire trouve la Commandante abattue, son grand corps désespérée, les yeux en larmes, sa tête prise entre ses mains. Elle ramasse les petits morceaux rougeoyants en répétant : « Qu'ai-je fait ? Zoya, ma Zoya... »
Le Kovewalt, surpris, s'approche et renifle le sol de son gros nez. Il annonce que le collier contenait un vœu de guérison.
Ysma panique. Elle saisit son glaive et assène des frappes dans le vide en hurlant à pleins poumons.
Reprenant son calme, elle attrape Chaff par l'épaule et le secoue :
« Réparez-moi ça !
Plume resserre ses ailes et prend son élan. L'Inventeur lui fait signe de se tenir coite.
— Commandante, faut-il vous mettre du plomb dans la cervelle ? Comment vais-je m'y prendre, moi ? Avec une visseuse mécanique et de la morve d'horloger ?
Ryön s'interpose :
— Ce travail n'est pas dans les cordes de la boutique.
En quelques mouvements de bras, Tirelire chasse les oiseaux revenus picorer quelques éclats de pierre. Il en tourne un dans ses doigts arqués :
— Mmmh ! C'est une mission pour Beorhtio. Et croyez-le ou non, mes flux naseaux feraient une excellente colle ! »
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Merci de votre lecture !
Si vous appréciez l'histoire et/ou avez des suggestions d'amélioration, n'hésitez pas à me laisser un commentaire ;)
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