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Chapitre 16 - Les chantiers

La soirée passée à la taverne m'a redonné un coup de fouet. Les images gores de la serre s'éloignent un peu, ce qui me permet de me reconcentrer sur ma mission. Les sensations provoquées par l'horreur reviennent par moments, mais je les repousse grâce à une méditation que Ryön m'a enseignée. Je l'effectue toujours contre le flanc de Cleón qui, instinctivement, cesse de brouter les herbes de la cour et se tient coi le temps que mon esprit s'apaise. Je mets du temps à le comprendre, mais le calme de mon mental est le seul chemin qui m'offre à la fois la solitude et la liberté intérieure. Une fois ce sens acquis, les intrusions de Firouze dans la maison me paraissent plus supportables.

Malgré cela, le temps s'égrène et de l'autre côté de Bois Blanc, Lothràl s'agace. Le roi Elfe m'incite à poursuivre mes recherches sur les portails du côté de la Faille, une fosse océanique située à l'est de la Cité. Il parlemente avec le Peuple de l'Eau pour obtenir l'autorisation de plonger sur leur territoire, car ce peuple n'est pas soumis du Chêne Doré.

Le Roi Elfe fait ainsi preuve de bonne volonté à honorer son engagement. J'aimerais en faire de même, mais suite à l'attentat de l'Exposition Universelle, les Représentants se sont de nouveau focalisés sur ma petite personne. Pour m'aider à trouver l'inspiration, Ryön et Melröd me font régulièrement visiter des ateliers. Je me plais à apporter une aide concrète et pratique et, guidée par les plaintes des travailleurs, mes propositions fusent même si peu sont retenues par les comités de la Confédération. Je m'applique à recenser les procédés existants et à essayer de les améliorer. Mes suggestions sont testées par des Inventeurs et diffusées dans des réunions. Très vite, à défaut d'inventer des objets révolutionnaires, on me demande de commenter et de développer de multiples techniques et savoir-faire.

Souvent, je dois l'avouer, je reprends l'avis de Chaff. Il est un adorateur des mécanismes des plus simples aux plus sophistiqués, mais l'une de ses plus grandes qualités est sa capacité à vulgariser des techniques insondables. Grâce à son expertise, on m'encense, mais je m'arrange pour qu'une rétribution financière soit reversée au Quatuor.

Parmi tous ces procédés, je cherche celui qui me préoccupe le plus : un mécanisme d'ouverture de portail. En vain. Mon incompétence me désespère, mais en Ryön, je puise un réconfort que je ne trouve chez personne d'autre. Lui aussi tient ses promesses et lorsque nous ne travaillons pas, il parfait mes attitudes en escalade, m'enjoins à méditer, me mène dans les dédales de la Capitale et m'étourdit d'expériences propres à ce monde que je dessine avec la violence du désespoir. Dernièrement, ces escapades relayent ma mission d'Inventrice au second plan. Je ne suis pas une réelle Inventrice, mais une Illustratrice, comme il l'a si justement énoncé.

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Chaff laisse retomber son marteau, les sourcils plus que jamais froncés. Son projet de maison volante ne progresse pas autant qu'il le souhaiterait. Plus il enfonce de clous et plus il modifie ses plans.

« J'ai besoin d'air ! déclare-t-il en fichant son chapeau à bec sur la tête.

— Tu rencontres des problèmes de conception ?

Il me jette un regard courroucé, saisit une corde sur un établi qu'il enroule autour de l'épaule et d'un geste, m'invite à le suivre en silence.

Passant la porte séparant l'atelier de la boutique, je me retrouve nez à nez avec l'horrible tête de Tirelire à l'envers.

Étouffant un cri, je tombe en avant. J'essaie de reprendre ma respiration. Chaff pousse un soupir. Toujours à terre, je me retourne pour incendier l'horloger. Tel un gecko, celui-ci descend du plafond en glissant le long du mur.

— Bravo Tirelire, vous avez laissé des traces partout ! maugréait Chaff.

Le Kovewalt hausse les épaules en se frottant les mains sur ses collants. Il mastique encore un casse-croûte lorsqu'il lui répond :

— Une araignée a tissé une toile à l'angle, cette nuit. Une belle bête, très savoureuse... souligne-t-il en aspirant une patte dépassant de sa bouche.

Avec flegme, Tirelire reprend place devant son comptoir à l'entrée de la boutique. À force de le voir assis ou traînant la jambe, j'avais oublié que les Kovewalts pouvaient sécréter un liquide formant des lamelles adhésives sur leurs doigts et leurs pieds.

— Quand vous aurez cessé d'escalader tous les recoins de l'atelier, vous pourrez peut-être vendre une horloge ? le tance l'Inventeur.

— Ah ! Vous êtes-vous enfin lassé de votre maudite maison volante ? Allez-vous songer à faire rentrer des pièces dans la trésorerie ? Nous aurions grand besoin de mettre au point une invention ! lui rétorque Tirelire alors que nous passons devant lui.

— Non à votre première raillerie. Quant à la seconde, mon génie créatif nécessite que je m'aère ! »

Sur ce, Chaff claque la porte et prend la direction de la ville basse en marmonnant que ses mesures sont pourtant correctes, que les angles sont droits et l'empan respecté, qu'il réfléchirait plus facilement si les Elfes ne lui avaient pas commandé un modèle de contre-projectiles.

« Pourquoi en ont-ils besoin, d'ailleurs ? grogne-t-il. Seules les frontières du sud-est ne sont pas sécurisées et elles sont peuplées d'Urhoqs barbares qui se moquent de la civilisation comme de leur première pointe de silex ! Dévier les projectiles ? Les Elfes me prennent pour un idiot ! Un engin pareil renforcé de plaques métallique, ça s'appelle un char d'assaut !

— Si tu construis cet engin, la trésorerie du Quatuor sera assurée pour un moment...

— Ah, ne parle pas comme Tirelire, je t'en prie ! Toi tu es une artiste, pas une comptable ! Ne me donne pas de leçons !

Son visage se renfrogne :

— Je ne peux imaginer construire une machine de guerre alors que la paix règne. Cela n'a pas de sens ! Je ne cesse de le leur dire, aux Elfes, que la priorité est l'exploration. Leur Représentant, Melröd, obéit au doigt et à l'œil à leur souverain. Il pourrait se rouler dans la poussière en chantant des grivoiseries sur la place publique si le Roi Lothràl le lui demandait. C'est à pleurer, Jehanne ! À pleurer !

Il se tourne vers moi en abritant sa vue du soleil :

— Fendôr manque d'un inspirateur. Ou d'une muse.

— Je ne suis pas Charles.

Poussant un soupir à fendre l'âme, Chaff hèle un charretier Adayosh.

— Où va-t-on ?

— Visiter mon chantier. L'économie est bonne et la Capitale s'étend d'année en année vers le sud-ouest. Si cette tendance continue, nous devrons bâtir de nouveaux murs pour englober les nouvelles constructions. Dire que les Elfes voulaient entourer la ville d'un grand parc ! Le noble Melröd doit sangloter du haut de sa tourelle ! »

Les sabots de l'Adayosh soulèvent des nuages de poussière qui nous font tousser sur la route pavée. Une fois les murs d'enceintes dépassés, notre voiturier nous conduit au plus près des chantiers en question : l'édification d'un quartier entier a été approuvée par les Représentants. Les fondations ont été creusées et certaines d'entre elles voient déjà des briques s'empiler dans le mortier, voire des charpentes se monter. Selon Chaff, la brique est plus légère que la pierre et permet d'élever des structures plus stables. Dans un grand brouhaha, les ouvriers et artisans, majoritairement Urhoqs, Adayoshs et Humains se pressent au rythme des instructions des maîtres d'œuvre. Tailleurs de pierre, marbriers et maçons poseurs s'interpellent au milieu de leurs apprentis qui ne cessent de courir d'un terrain à l'autre, les bras chargés d'outils et de matériaux.

Chaff signale l'arrêt et paie avec empressement notre voiturier qui s'intéresse déjà à quelques touffes d'herbe verte à grignoter.

Les chantiers sont des labyrinthes de cordes fixées au sol où déambulent les maîtres. Observant les formes géométriques s'élevant de la terre, j'interroge l'Inventeur.

« Charles ne vous a-t-il pas parlé du système métrique ?

— Ah, ça ! Cela fait plusieurs dizaines d'années que le sujet est en discussion au sein des comités. Pour le moment, nous conservant le système des cordages.

Intriguée, je me penche sur les cordes. À n'en pas douter, ils utilisent encore le rectangle ou le triangle équilatéral comme base de proportion.

Briant leur rirait au nez. Pour construire ses maquettes, il ne jure que par le double-décimètre.

Au lieu de m'apporter du réconfort, ce souvenir me fait chanceler.

— Je n'imaginais pas que tu connaissais l'architecture, relève Chaff en passant sous une corde.

— Mon compagnon est passionné de construction. Il m'a beaucoup appris.

— Petite cachotière...

— Il est resté dans mon monde. »

Chaff a un soubresaut. Sa fierté l'empêche de s'excuser, mais son regard me suffit. Après une grande inspiration, il m'enjoint à le suivre plus loin. Il finit par s'arrêter devant son propre chantier : de riches Gnömes l'on nommé architecte de leur villa capitalière.

Me laissant à mes pensées, Charles part converser avec ses ouvriers et inspecter l'avancée des travaux. Lorsqu'il revient vers moi en souriant, je sens qu'il est encore contrit. Je me relève en contenant de toute ma volonté mon envie de fuir de ce chantier. Après tout, Chaff s'est montré amical en m'emmenant ici.

« Il parait que les proportions se retrouvent dans le corps humain. Me ferais-tu une démonstration ?

Un sourire en coin se dessine sur son visage. L'Inventeur désenroule la corde de son épaule et en attache les extrémités par une boucle en métal. Elle comporte au total treize nœuds espacés à intervalles réguliers. Chaque intervalle formant sa coudée, Chaff referme la corde sur elle-même, place un pied à un nœud, puis un autre pied deux nœuds plus loin. Pour finir, il tend les bras de chaque côté de sa tête. Ainsi, l'Inventeur rentre pile dans le rectangle formé par la corde.

Chaff doit sentir mon œil scrutateur car il fait jouer sa voix grave :

— Les Elfes se moquent des Humains qui se sont toujours demandés comment mesurer les proportions du ciel. Dans un livre de ton monde, appelée la Bible je crois, il y aurait même écrit que Dayeu...

— Dieu.

— Que Dieu aurait façonné l'Homme à son image. En conséquence, nous serions réputés parfaits. Va dire cela aux Elfes... Enfin, le résultat est que les Humains ont eu l'idée de se fonder sur les proportions de leur corps pour bâtir.

— C'était évident, non ?

— Point, répond-il. Chez les Inventeurs, on considère que s'il n'y a aucun moyen de se rendre à l'évidence, c'est qu'il n'y en a pas. En tout cas, nos ancêtres Humains respectaient les proportions dites divines. Celles-ci sont la base de l'architecture Humaine à Fendôr.

— Qu'en est-il des autres espèces ?

Chaff me décerne un sourire entendu :

— Soit elles ont gardé leurs techniques secrètes, soit elles ont utilisé la méthode Humaine. Peu importe ! Le fait est que tout est proportionnel. Si on coupe une branche d'arbre et qu'on mesure l'écartement des cernes entre elles en prenant la plus large et en la divisant par la précédente, on tombe sur le même intervalle chaque fois. Le résultat est le même avec les volutes des coquilles d'escargot.

— Tu retrouves toujours le nombre d'or : un centimètre et six cent dix-huit millimètres.

— Les centimètres... Les millimètres... Le nombre d'or... Tu vois, tu es notre Charles contemporain ! Il a écrit la même chose en son temps ! C'est une jolie appellation, le nombre d'or. Elle a beaucoup plus aux Hardus.

Ses yeux étincèlent.

— À quoi penses-tu, Chaff ?

Il pose les mains sur ses hanches et pivote pour englober fièrement son chantier du regard :

— Aux récits et aux coups de pieds de mon ancien maître. Avec ces cordes, il n'y a pas que les plans qu'on peut vérifier. Si on utilise une corde plus petite, on peut évaluer les angles. Ainsi, on taille correctement les pierres.

— Vous utilisez le triangle rectangle, n'est-ce pas ?

— Exactement, celui révélé par un Inventeur de ton monde : Pythagore.

Tout en jetant un œil à sa corde, je calcule mentalement. Quatre fois quatre intervalles en bas de la corde équivalant à seize, puis additionné de trois intervalles des trois côtés égalant neuf. Oui, j'arrive à vingt-cinq, l'angle droit.

Une vieille récitation me vient à l'esprit :

La somme des carrés autour de l'angle droit égale le carré de l'hypoténuse.

Chaff me met la corde dans les mains.

— Autant te dire que dans l'histoire Humaine, tout le monde n'avait pas entendu parler de ce fameux Pythagore, à l'époque. Les Humains de ce monde qui se sont confrontés aux Traverseurs arrivés en toge sont restés bouche bée ! Jusque-là, on ne pouvait pas se fier à une équerre car elle se tordait facilement sur les chantiers.

— Pourquoi ne pas avoir...

— La majorité des Inventeurs majoritaires ont préféré la corde à treize nœuds qui totalise douze intervalles, dit-il en haussant les épaules. Lorsqu'on la tend, elle forme trois et cinq intervalles, à l'intersection desquels on trouve un angle droit. Sur un chantier, si on n'arrive pas à tendre la corde jusqu'à l'angle, cela signifie qu'il est tordu et qu'il faut recommencer les mesures. Cela m'est arrivé lorsque j'étais apprenti. La peau de mes fesses s'en souvient encore ! Attends, j'ai plus amusant !

Ce qui est amusant pour Chaff ne l'est pour personne d'autre.

— Ton compagnon t'a-t-il expliqué les volumes, ô femme savante ?

Je secoue la tête négativement. Il saisit deux bouts de la cordelette, l'un par les doigts, l'autre avec ses dents et me demande d'étirer les deux autres bords vers moi. Jusque-là, nous reproduisons un rectangle à plat. Chaff plie celui-ci en deux, qui devient un diabolo. Puis, de sa main libre, il saisit le nœud central et l'étire vers le haut.

— Voici une pyramide, mâchonne-t-il dans sa cordelette en faisant varier l'inclinaison. Ou plutôt, il s'agit du futur toit de mes clients ! Quoiqu'ils hésitent encore avec des coupoles autoportantes...

— Je n'y aurai jamais pensé, admets-je en lui rendant son outil.

— Grâce à la corde et au compas, tout est réalisable en architecture !

— Pourtant, tu ne traces pas de plan sur papier avant de les mettre en œuvre sur le terrain ?

Il prend un air ennuyé.

— C'est que... On ne prépare des plans de proposition que pour les projets financés par la Capitale. Pour les particuliers, je me contente de plans d'exécution. Le papier coûte cher, le parchemin encore plus. Le crayon de papier... N'en parlons pas ! Je ne travaille qu'à l'encre. Et puis, mes ouvriers ne savent pas tous lire et écrire...

Je suis si chanceuse de disposer de tout mon matériel de dessin ! J'ai considéré le geste de Ryön comme un acquis alors que je suis une privilégiée. Je me sens méprisable, tout à coup :

— Puisque tu travailles sur un projet des Elfes, ils pourraient te fournir du matériel.

S'approchant au plus près, Chaff baisse la voix :

— Et toi, t'en fournissent-ils ?

J'écarquille les yeux. Il a l'assurance de celui qui sait.

— Vois comme tu as blêmis ! C'est bien ce que je pensais. Les Elfes t'ont confié des projets confidentiels dont ils auront l'exclusivité.

L'Inventeur m'observe longuement, son visage s'agrandissant au-dessus du sien, pour finalement s'éloigner.

Je prends une inspiration :

— Le roi lui-même m'a proposé un marché : des inventions contre des recherches pour retrouver un portail.

— Tu sais Jehanne, je ne pense pas que quiconque soit disposé à t'aider à retourner dans ton monde. Pourquoi se priver d'une Traverseuse toute fraîche ? À mon avis, le roi Elfe s'est moqué de toi.

Paralysée, je scrute son regard brun. Il ne ment pas.

— Un marché est un marché. Tu ne peux plus reculer. Mais je te conseille de rester vigilante.

Atterrée, les yeux rivés vers le sol, j'essaie de contrôler ma voix :

— M'emmener sur ton chantier était un prétexte pour que nous parlions seul à seule...

— J'aime mon compagnon et mon associé, mais tous deux ont la langue terriblement pendue. Tirelire, surtout, ne doit se douter de rien. Il est Kovewalt et détecte le moindre mensonge... Bien qu'il me soit attaché, il n'a aucune raison de garder ton secret. »

Je sens un mouvement sur ma gauche en même temps qu'une bourrasque de vent fait remuer les cordes. Une bête géante vient se poser près de Chaff. Plume le becte affectueusement tandis qu'il déplie le papier enroulé dans sa bague.

Tirelire demande s'il a suffisamment pris l'air et s'il peut revenir à la boutique s'occuper d'un Tasun pris d'un accès de mélancolie poétique. Il s'est amusé à déclencher la totalité des boîtes à musique et le quartier tout entier frappe à leur porte !

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Merci de votre lecture !

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