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Chapitre 14 - Melröd

Nous nous retrouvons entre les rangées de hauts piliers supportant la voûte du château, sur laquelle est peinte une fresque de vigne et de houx enlaçant un chêne. Des rais de lumières fendent les vitraux et apportent un peu de chaleur à mon engourdissement.

Ysma elle, déborde d'énergie et frappe son poing à répétition contre son armure cabossée. Éprouvée par sa carrière militaire, la peau blanche et veinée de son visage se crispe sous une multitude de tics. Au rythme de ses respirations rapides, sa poitrine blindée monte et descend, faisant cliqueter sa cotte de mailles.

Ryön lève ses yeux de verre vers elle.

« Commandante, permettez-moi de ramener Jehanne.

— Faites ! Je dois régler les détails de cette affaire avec les conseils. Des cornes vont tomber ! hurle-t-elle, vindicative en faisant tournoyer son glaive.

Nous sommes seuls, mais je jurerais que si les guerriers et les seigneurs statufiés le long des murs avaient pu l'entendre, ils auraient déguerpi sur leurs jambes de pierre.

— Patience, Commandante.

Ysma jette un mauvais regard à Ryön qui ne se décourage pas.

— Si je puis me permettre, la colère nuit au jugement. Méditez auprès du Colonel. Il apaisera les flots tumultueux de votre esprit avide de revanche.

Un Colonel ? Je n'ai encore jamais entendu parler de lui.

D'un geste vif, Ysma pointe son arme sur son plastron.

— J'ai mieux à faire ! décrète-t-elle avec hargne. Autant battre de flan du Représentant Adayosh tant qu'il est encore chaud !

— Il ne vous recevra pas dans cet état car il est souffrant, m'a-t-on rapporté. Des négociations apaisées auront davantage raison de lui que des menaces.

— Balivernes !

— Commandante, je n'ai pas besoin de démontrer que vous avez tort et que j'ai raison. Vous le découvrirez par vous-même... Comme chaque fois que je vous mets en garde.

— Nous verrons bien ! Nul n'est mieux conscient que vous et moi-même de votre lacune manifeste en matière d'initiative, Capitaine ! Mon rôle est d'y palier !

Ryön ferme les paupières. Les prises de décision autoritaires d'Ysma retiennent l'attention. Contraindre et épuiser son entourage ne fait pas l'objet de ses considérations. La Commandante est une force de la nature qui ordonne, exige et se fait obéir au doigt et à l'œil.

D'un sourire satisfait, elle craque sa nuque.

— Vous vous êtes montré digne de votre rang, Capitaine et serez dispensés des assemblées pour aujourd'hui. Retrouvez-moi demain à L'Ogresse, au coucher du soleil. J'ai grand besoin de boire !

Des dizaines d'êtres ont péri et la responsable de la sécurité a besoin de s'enivrer ? Je me garde de tout commentaire.

La Commandante me dévisage, avant de foncer à travers la pièce au pas de charge en dévalant les escaliers. Je tapote l'armure du Capitaine pour attirer son attention.

— Qui est le Colonel ?

— Tu l'as déjà rencontré.

Je me creuse la tête, mais son identité m'échappe.

Ryön propose sa main pour m'aider à marcher, mais je la décline car cette même aide menaçait de m'emprisonner il y a quelques heures à peine.

— Le Colonel trône au centre des Représentants. Assemblé dans le métal le jour de l'Armistice et recouvert d'or, il s'y tient depuis. Le Chêne Doré porte le titre de Colonel et nous rappelle la nécessité de privilégier la diplomatie entre les peuples. »

Le Colonel n'est donc ni plus ni moins qu'une sculpture.

Ryön marque une hésitation avant de se placer en une posture de défi.

« La Doyenne Gurreal m'aurait fait exécuter si tu t'étais enfuie sous mon nez.

Il a parlé sans ciller, parfaitement immobile. Je mise sur l'ironie en espérant qu'il me pardonnera un jour.

— Tu m'as rattrapée, de toute façon. Mieux, tu m'as tirée des décombres.

— À ma place, tu aurais agi de même.

Il me jette un coup d'œil :

— Ou non.

Je me sens honteuse car il a raison. Il va sans dire que je l'aurai piétiné sans m'arrêter. Ryön est d'une autre trempe.

— Pourquoi la production de briquets est-elle suspendue ? Le terroriste aurait commis son fait d'une manière ou d'une autre. Le Quatuor va s'arracher les cheveux...

— Les Représentants doivent montrer au peuple qu'ils tiennent compte de leurs erreurs. »

Il avise un mouvement derrière lui. Un bruit de pas à peine perceptible nous signifie qu'une personne est sortie du transept après nous.

« Jehanne, tu as également rencontré mon ami, Melröd. »

L'Elfe qui nous rattrape en quelques pas gracieux m'évoque l'aube se levant sur la forêt. Sa coiffe dorée s'évade sur les pans d'une longue tunique d'un vert malachite miroitant sous les vitraux. Son front, surmonté d'un fin diadème incrusté de jades et d'émeraudes, est le seul indice de l'importance de son statut. Les pierres étincellent sur sa peau diaphane. L'allure digne, il est moins grand que Ryön, mais son teint clair et ses iris ambrés témoignent d'une force tranquille.

Avenant, il s'avance et me prend délicatement les mains. Elles sont enflées de blessures bien qu'habilement bandées par le Capitaine. Melröd délace les pansements et souffle dessus. Aussitôt la douleur s'amenuise et le sang circule sans dépasser des plaies encore ouvertes.

« Vos mains sont vos instruments les plus précieux. Elles guériront vite.

Je le remercie en m'inclinant respectueusement, incapable de saisir par quel miracle il a accéléré la cicatrisation. Obviant ma réserve, Ryön facilite les présentations.

— Chez les Elfes, la notion d'Inventeur n'est pas commune, mais Melröd en possède les aptitudes. Il a délaissé les enseignements de guérisseur prodigués par Edhelís pour me rejoindre à la Capitale.

L'intéressé sourit humblement.

— Je désirerais que vous m'accompagniez jusqu'à mes quartiers. Il me faut quérir réponses de votre part... »

L'ombre du Roi Lothràl plane sur ses dernières paroles. Nous traversons plusieurs couloirs et salles décorés avant de parvenir à une tourelle. La démarche raide de Ryön trahit sa tension.

Sous le plafond à caissons, Melröd nous invite à nous asseoir sur une ottomane en forme de branche rehaussée de feuilles en argent. La pièce est resplendissante de bon goût. La chaleur émane de chandeliers dont les flammes projettent des reflets sur les tapisseries tendues aux murs.

Le Représentant des Elfes nous sert à chacun un godet d'eau. Je bois le mien lentement pour dénouer ma gorge tandis qu'il reste debout face à nous, les mains formant un triangle, doigts contre doigts.

« Traverseuse, des efforts et une stratégie sont nécessaires pour obtenir des résultats. Comment pourrions-nous contribuer à hâter la cadence de votre force créatrice ? Aucun dessin ne nous a été délivré à ce jour.

J'avale ma salive de travers. Après avoir toussoté, je m'éclaircis la gorge aussi discrètement que possible :

— Il m'avait semblé que j'étais libre de dessiner à mon rythme.

— Cela est vrai, mais plus que jamais, votre expertise nous est attrayante.

— Je vous remercie de votre sollicitude, mais il n'y a rien que vous puissiez faire pour moi. Je tâcherai de trouver de nouvelles inspirations rapidement.

— Bien.

Je m'égare un instant sur les reflets des pierres alignées sur son diadème.

Melröd plante ses yeux dans les miens :

— Je souhaitais aborder un autre aspect de votre mission. Le Capitaine m'a montré vos dessins. Leur support est d'une qualité remarquable car il provient de fibres végétales. Vous n'êtes pas sans savoir qu'elles sont issues de la substance des arbres, requérant leur abattage pour en fabriquer le papier. Celui-ci est de valeur et ne doit être utilisé qu'en vue de restituer à la nature sous une autre forme ce qu'elle a sacrifié.

Les poings posés sur ses genouillères brillantes, Ryön devient blême. Il a deviné la suite. Sans s'en préoccuper, Melröd poursuit en me sondant de ses prunelles coruscantes :

— L'illustration se distingue du tracé d'inventions destinées à préserver la nature d'une industrialisation hâtive et irréfléchie. Le sinistre évènement de ce jour n'est qu'un rappel de notre récent passé, de notre présent et des dangers de l'avenir.

— Ami, quelles sont vos intentions à cet égard ? l'interroge Ryön.

— Je ne peux soutenir le terrorisme, enraciné dans la violence. Il m'est tout autant impossible de ne pas encourager la préservation des paisibles plaines, terre de la race Adayosh. Les insurgés de leur espèce doivent être écoutés et au nom du Roi Lothràl, j'œuvrerai en ce sens auprès des Représentants.

En appuyant et en soutenant son argumentation les deux mains jointes, Melröd ajoute sobrement :

— En ce qui vous concerne, Traverseuse, le papier que la Confédération vous fournit ne doit être employé qu'à l'unique mission qui vous a été confiée : dessiner des inventions et non illustrer votre quotidien.

Son ton s'est voulu persuasif, mais sur Ryön et moi, il n'a eu aucun effet. Sans attendre de réponse, Melröd tire un casier en fer encastré dans le mur et en sort une vieille machine à cirer les chaussures. Il me la met sous le nez.

— S'agit-il d'un objet puissant ?

Je suis si fatiguée et traumatisée de la journée que je me tords d'un rire nerveux.

Les deux Elfes se regardent d'un air confus. Gauche, je me ressaisis peu à peu. Mon fou rire a pu être mal perçu, mais cela ne m'est d'aucune importance. Le néant est ouvert entre eux et moi. Les vies qui se sont éteintes aujourd'hui méritent plus d'attention qu'une machine à cirer les chaussures ! Comment peuvent-il rester aussi impassibles ? Aussi inhumains ? Me reviennent les images graphiques des gerbes de feu et de sang, l'odeur de la poudre et de la rouille et l'explosion dans toute son horreur.

La requête de Melröd est déplacée et le fait que je ne sois pas en état de tenir une conversation ne lui a pas effleuré l'esprit. Je veux partir avec Cleón, me coucher contre son ventre doux et chaud, sentir le souffle de ses naseaux dans mes cheveux, démêler sa crinière dense et vider à tout jamais ces souvenirs de ma mémoire.

Ryön se lève et abaisse le bras de Melröd. Il lui parle en elfique d'un ton amical, mais très ferme.

La société elfique obéit à une structure autoritaire et à une hiérarchie composée de subtiles couches de pouvoir. Bien qu'étant son cadet, Melröd est le supérieur de Ryön. Cela se voit et s'entend. Pourtant, aussi improbable que cela puisse paraître, le Capitaine prend ma défense.

En un rapide mouvement de poignet, Melröd réfute son argumentaire.

— Je vois. Vous êtes mal préparée à l'accomplissement de votre mission. Êtes-vous au moins réellement qualifiée pour donner forme à des concepts sous vos esquisses ? Pour donner naissance à de nouvelles bêtes de fer ?

Il sort d'un autre casier une pochette en feutre. Désabusée, je la reçois en main et en dégage un croquis aux traits grossiers et aux morceaux recollés.

La voix mélodieuse du Représentant s'affermit :

— Charles le Traverseur dessina ceci avant de disparaître. Il réfléchit longuement avant de nous éclairer et finalement, allégua qu'il s'agissait d'un artefact permettant de repeindre les murs. Les Représentants rejetèrent l'invention et il déchira ce dessin. Or, Charles ne détruisait jamais ses projets. Il les léguait à la bibliothèque au cas où nous changerions d'avis. Pourquoi a-t-il agi autrement concernant cette invention ?

Ce que j'ai sous les yeux est un prototype de révolver. Melröd paraît indifférent au froid qu'il a jeté. Mes neurones s'entrechoquent à toute vitesse. Je prends mon ton le plus solennel, celui qui me ressemble le moins.

— Il s'agit bien d'un repeigneur de palissades, mais même à mon époque, cet objet n'existe plus. Inutile, il a été remplacé par des perches auxquelles sont fixés des rouleaux. »

Nous quittons un Melröd rasséréné qui n'a pas manqué, en toute amitié, de rappeler à Ryön son allégeance première aux Elfes. À mon égard, le Représentant s'est montré bienveillant : Lothràl est sur une piste. Selon lui, les portails pourraient se déplacer.

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Merci de votre lecture  et bonne année ! :)

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