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Chapitre 1 - La traversée

« Avance, Jehanne ! Avance !

— Je suis juste derrière toi ».

Ce n'est pas lui qui porte les cailloux qu'il a collectés sur le chemin ! Dénicher des caillasses, les épousseter, les analyser, les classer sur des étagères, tout ça c'est le passe-temps de mon oncle. On m'a délégué la tâche de l'accompagner puisque que personne d'autre ne supporte Raymond plus d'une heure. L'éloigner des préparatifs du mariage de mon cousin était une nécessité. Raymond est capable de mettre le feu à la nappe, court-circuiter les guirlandes ou pire, croiser le chemin de sa future belle-fille et lui répéter qu'elle lui rappelle son épouse. Mon oncle est gentil, mais fondamentalement gaffeur. Ma tante, décédée, était d'une intelligence fine et belle tout autant proportionnelle à son physique disgracieux.

Raymond a perdu la tête depuis que ma tante est décédée. J'ai l'impression de baby-sitter un enfant, mais je préfère penser à l'évènement. Éparpillée en Europe hier, la famille sera au complet demain. On va affluer d'Heidelberg, Grenoble, Monterotondo, Hinxton et Barcelone, partout où le Laboratoire européen de biologie moléculaire s'est implanté. Le génie génétique, c'est censé être une affaire de famille, mais ça n'a jamais pris chez moi. Ni chez Raymond qui préfère les volcans. Ce n'est pas pour rien qu'il s'est installé dans la maison familiale de La Souche, non loin du parc national des Monts d'Ardèche. Au moins, c'est une belle région pour célébrer un mariage.

Mais la seule véritable hâte que j'entretiens est de présenter Briant. Nous venons de recevoir notre diplôme des beaux-arts à Aix-en-Provence. Son truc à lui, c'est les maquettes et le mien, le regarder assembler tous ces bouts de bois qui deviennent des édifices dans lesquels je peux me projeter pour dessiner.

Briant arrive ce soir à La Souche et si je ne rentre pas avant lui, je crains qu'il ne soit submergé de questions par les chercheurs curieux qui tenteront de lui extorquer des informations sur son ADN. Bien entendu, il ne pourra compter ni sur l'aide de mes parents, ni sur celle de mon petit-frère : Valentin sera trop occupé à demander des stages pour la rentrée de septembre.

En attendant, j'ai chaud. Cela fait des heures que Raymond et moi randonnons sur des chemins non balisés et je ne suis pas équipée. Pour tromper mon ennui je m'entraîne à reconnaître les arbres : châtaigniers, érables, frênes, marronniers, chênes et bientôt les ifs et les douglas.

« On avait dit un peu de marche et le reste de l'après-midi à la cascade !

— J'ai retrouvé la trace d'un vieux chemin.

Quel égoïste ! Appuyée contre un cyprès, je jette un œil à mes pieds. La douleur dans mes tennis plates annonce des ampoules.

— Raymond ! Tu aurais pu me le dire ! Mes chaussures ne sont pas adaptées et je n'ai presque plus d'eau. Allez, on fait demi-tour !

Mon oncle me lance sa gourde. Sous son visage aminci et mal rasé, il esquisse un sourire de vieux renard. À soixante ans, il grimpe avec l'agilité d'une chèvre. Il retire son chapeau d'Indiana Jones et me l'enfonce sur la tête. Son crâne dégarni luit au soleil.

— Patience, l'artiste ! répond-il de sa voix enjouée.

— Raym... ».

Je me tais. D'un mouvement de bras, il a écarté les petites branches d'un hortensia sauvage et mis en évidence des rails. L'herbe les recouvre presque entièrement.

Des rails ?

À cette altitude ? Dans un parc national ?

Je me fraye un passage dans l'arbuste et m'accroupis sur les rails pour les effleurer. Des tâches de couleur les parsèment. Ils ont rouillé.

Un autre détail attire mon attention :

« Le bois est pourri.

Raymond est perplexe, lui aussi.

— Je ne l'avais pas remarqué la dernière fois. Deux possibilités : soit les constructeurs étaient idiots pour utiliser un tel matériau, soient ils ne comptaient pas utiliser le rail indéfiniment ».

Il s'avance sur le chemin des rails. Je le suis à contrecœur sous la voûte de verdure et le pépiement des oiseaux. Tant qu'il n'aura pas trouvé ce qu'il est venu chercher, il ne servira à rien de protester.

Après une autre demi-heure de marche, les rails s'arrêtent abruptement. Nous nous trouvons dans une clairière, bordée de pins d'un côté et d'un mur rocailleux de l'autre.

« Ça fait combien de temps que tu n'es pas venu ici ?

Raymond se gratte la tempe où se décolorent des taches de rousseur. C'est la seule chose que nous ayons en commun.

— Quelques années, je ne sais plus exactement. Mais je ne reconnais pas cet endroit. J'ai dû y passer sans m'arrêter.

Il s'assoit sur un rocher et ramasse une poignée de cailloux qu'il égrène un à un pour s'aider à recouvrer ses souvenirs.

Soudain, il lève la tête :

— Nous ne sommes pas perdus, Jehanne. Il suffit de suivre les rails en sens inverse. C'est juste que... J'ai eu tellement de mal à retrouver cet endroit !

Son ton inquiet me laisse penser qu'il perd la mémoire.

— J'ai besoin de me reposer, déclare Raymond en massant ses genoux. Il n'est pas loin de quatorze heures et nous avons encore le temps de redescendre.

— Sans problème. Vingt minutes, ça ira ?

— Parfait » dit-il en s'allongeant sur l'herbe, la tête posée sur son anorak.

Je dépose le sac de cailloux, programme le réveil sur mon portable et le place à côté de Raymond qui a déjà les paupières closes. Mes pensées s'envolent vers le mariage, ma famille enfin réunie et Briant. Il doit être sur la route et transpirer à l'idée de rencontrer tout le monde. Pourtant, il inspire confiance, avec ses cheveux dorés, ses iris châtaigne et ses fossettes rieuses. On pourrait croire qu'il sort tout droit du four. Tout ira bien. Il lui suffira d'être lui-même : souriant et chaleureux. Brillant.

Je retire mes tennis de malheur. Ça ne va pas être rien de porter des talons après cette randonnée. Je suis censée remettre les fleurs à la mariée. Et si j'en cueillais ? Ce sera ma petite contribution. Si elles tiennent jusqu'à demain, tant mieux, sinon je pourrai les faire sécher. Les hortensias derrière lesquels Raymond a repéré les rails constitueront la touche finale !

Autour de moi, il n'y a que de l'herbe et des rochers, mais la falaise n'est pas très élevée. Peut-être que des fleurs ont poussé au sommet. Je m'élance comme lorsque Valentin me défie. Les arbres, les rochers, les ruisseaux, rien ne nous arrête. C'est notre père qui nous a initiés à la randonnée en montagne, avant que de mauvaises chutes ne lui occasionnent trop d'entorses et de fractures... Et après que le médecin m'ait communiqué mon diagnostic.

La paroi n'est pas abrupte et je trouve facilement des prises. Au bout de quelques mètres, je transpire abondamment. Le soleil tape fort et la roche est chaude sous mes pieds. En contre-bas, la silhouette assoupie de Raymond se distingue à l'ombre des pins. La falaise est plus haute que je ne le pensais. Je dois faire une pause moi aussi.

L'enclave juste au-dessus de ma tête fera l'affaire.

Je pousse sur mes jambes et me hisse de toutes mes forces.

L'endroit est frais en contraste avec l'air extérieur. Je dépose le chapeau de Raymond à terre pour ne pas le souiller contre la voûte rocailleuse. Je me sens fébrile. Mes muscles peut-être ? Ils ont dû souffrir lors de la montée.

Pendant un long moment, je reste assise en tailleur, sans pouvoir ni bouger ni comprendre mon état. Si cela dure, je crierai et oncle Raymond enverra les secours me chercher. C'est le pire scénario qui puisse se produire.

Au tintement clair des cloches, je parviens à changer de position.

Mon imagination est-elle au mieux de sa forme ou ai-je bien entendu des cloches en pleine forêt ardéchoise ? J'étire ma colonne, faisant pivoter au mieux ma nuque pour redresser la tête et ouvrir mon ouïe aux ondes et aux messages sonores.

Mon appareil auditif ne capte plus rien dans cet environnement sauvage. Je m'extrais de mon nid, prête à faire demi-tour.

Une force invisible m'invite à avancer de quelques pas. Je ne résiste pas à la nouvelle impression musicale qui me parvient aux oreilles. Je fouille en vain du regard le granit gris et moussu à la recherche de ce mystère à élucider sur-le-champ.

Le son s'intensifie, accentuant l'impression d'un mouvement sur la paroi. Mes tympans vibrent à la fréquence des carillons.

Soudain, la roche s'ouvre dans un craquement sourd.

Me voici propulsée et absorbée à l'intérieur d'une grotte. Reculant instinctivement, je m'apprête à m'enfuir de cet espace ténébreux, mais comme mue par un ressort, je traverse la paroi.

Devant moi, s'étend un jardin antique décoré de tonnelles et de colonnades en marbre blanc entrelacées de clématites et de chèvrefeuille. Le gazon vert amande est parcouru de sentiers jalonnés de lanternes aux lueurs diaphanes. Des arbres fruitiers s'épanouissent parmi des statues, ornant ce décor abstrait de formes immatérielles. Une magnifique fontaine sphérique et cristalline accueille des envolées d'oiseaux dans une danse d'ailes déployées sous les rais de lumière. Le jardin se prolonge au loin par une architecture insolite d'obélisques et d'édifices de pierres aux teintes ivoirines. À leur sommet, s'érigent de hautes tours pareilles à un bouquet de passerelles ajourées de dentelles fleuries.

Cet endroit, aussi beau qu'inattendu, dégage un sentiment d'irréalité. Sa magie me fait monter les larmes aux yeux.

Tout m'intrigue et m'inquiète à la fois car mes sens sont figés à l'exception de ma vue. Mon regard se promène de-ci de-là sur les nuances grises et bleu-violine d'une brume flottante qui s'épaissit à vue d'œil.

Des bruissements et mouvements attirent mon attention : je ne suis pas seule. Je me retourne au même instant pour apercevoir de longues figures graciles déambulant tout alentour.

Ai-je subitement perdu la vie et me suis retrouvée au Paradis, au Nirvana ou au Mont Olympe ?

Le jardin se peuple d'une multitude d'êtres vêtus de tuniques blanches à capuchon, laissant entrevoir leur chevelure retenue par des bijoux d'argent. La forme de leurs oreilles m'est familière : elles sont étirées vers l'arrière et pointues à la manière elfique.

Une révélation s'impose : non, je ne suis pas morte. Je rêve et me suis simplement assoupie près de Raymond.

Pour me contredire, de puissants parfums d'herbes aromatiques pénètrent mes narines et stimulent mon odorat.

Mon cœur s'emballe. Ma bouche s'assèche. Je m'arrache à ma contemplation en faisant volte-face et me précipite vers la paroi.

L'entrée de la grotte s'est volatilisée.

Dans l'instant, une crevasse s'ouvre sous mes pieds. Comme aspirée par un tourbillon, je me vois tomber du ciel dans une chute céleste, cherchant désespérément quelques prises invisibles au travers des nuages. Ma descente vertigineuse est maintenant comparable à un vol d'aigle en piqué. J'ai juste le temps d'entrevoir le tapis vert sous mes yeux, parsemé d'espaces bleus.

Je vais m'écraser dans la clairière si tant est que l'impact ne me tue pas sur le coup.

Bientôt, une sensation d'apesanteur s'empare de moi et tout ralentit. Un soubresaut de confiance et de légèreté me gagne avant qu'un tonnerre assourdissant résonne à mes oreilles et se répercute dans ma tête... Présageant du pire à venir.

Je me retrouve au sol, les pieds ancrés dans la terre, debout et droite comme un i. Je sens peu à peu l'équilibre s'installer en moi et vois mes cheveux bruns retomber en masse sur mes épaules. Dans cet exercice encore flou de concentration, j'éveille doucement ma conscience à une nouvelle réalité. Où suis-je ? Que s'est-il passé ?

L'incompréhensible ne tarde pas à se manifester de nouveau. Je me sens épiée.

Une main au front, plissant les yeux pour faire le point à l'horizon, je discerne dans les feuillages une silhouette humanoïde qui me vise d'une flèche. Paniquée, je lève les bras en signe de reddition.

S'avançant prudemment dans la lumière, l'archer détend la corde de son arc et remet la flèche dans le carquois accroché à sa ceinture. Ses cheveux neigeux cascadent sur ses épaules contractées. Il est vêtu d'une cape attachée à une longue tunique opaline et porte des bottes montantes lacées.

J'ignore pourquoi je suis encore en vie après ma chute, mais cet individu peut décider de la suite des évènements à ma place.

Il s'avance silencieusement à pas lents. Ce n'est ni son allure ni son assurance qui m'inquiètent, mais ses yeux en fente, si clairs qu'ils paraissent transparents.

Un bruit de cavalcade résonne dans la forêt. À l'approche des hennissements, l'archer tourne la tête. J'identifie aussitôt des oreilles longues et pointues. Je réprime un hoquet. À ce moment, les chevaux percent l'orée de la clairière. En formation serrée, ils déferlèrent sur nous en un grondement sourd. Courbée, j'éternue dans un épais nuage de poussière et lorsque je me relève, je suis encerclée par des dizaines de cavaliers en formation.

L'Elfe reste à l'écart.

Au même instant, un grognement animal s'élève dans mon dos. Je me retourne, les yeux écarquillés sur la scène qui défie toute vraisemblance. Une guerrière casquée, arcboutée sur sa selle, ne maîtrise plus le varan qu'elle monte. En un bond, l'animal la désarçonne et elle roule au sol.

L'immense reptile aux écailles noires s'approche de moi, prêt à me dévorer. Une langue immense et fourchue sort de sa gueule écumante. Ses crocs cannelés claquent sous mon nez. Terrifiée, j'esquisse un pas en arrière. Cette impulsion déclenche chez la bête venue d'un autre âge une agressivité décuplée qui me paralyse. Je perçois le cri de l'Elfe, interpelant les cavaliers. Postés derrière l'animal, certains se déplacent prestement, arme à la main, mais la langue râpeuse du varan s'enroule autour de ma jambe. Elle exerce une pression continue et ascendante vers ses mâchoires salivantes.

Je hurle et me débats, dans l'espoir de me dégager de l'étau.

Brusquement, l'animal s'effondre avec lourdeur.

Une flèche a transpercé l'œil du reptile qui rétracte sa langue toujours enserrée à ma jambe. Un éclair métallique fend l'air et une lame vient trancher la langue du monstre. Libérée, une brûlure déchirante comme du fer chauffé à blanc me parcoure tout le membre. Un pan entier de mon pantalon a fondu sur ma peau à vif. Entretemps, la tête du varan s'est désolidarisée de son corps et un épais liquide marron s'en écoule.

Ulcérée, la cavalière échevelée, maîtresse de la monture qu'elle n'a pu sauver de la mort, clame sa colère en un langage incompréhensible. Exécutant avec adresse quelques moulinets de son glaive, elle invective plus fort l'auteur de ce forfait : l'Elfe. Mais celui-ci, imperturbable, nettoie lentement sa dague dans l'épaisseur de l'herbe grasse.

Lorsqu'il se redresse, face à la guerrière, celle-ci lui jette avec dépit son arme à la figure.

Tout s'accélère : les bêtes s'affolent et des beuglements retentissent au milieu des coups portés par l'Elfe contre l'armure de la guerrière. Le bruit cesse lorsqu'un grand son mat pulvérise ma conscience.

・──・・ ──・──・── ・ ──・── ・──・

Bonjour à tous et à toutes,

Bienvenue sur cette histoire ! Merci d'avoir eu la curiosité de cliquer et de lire ce premier chapitre ! Je vous présente Fendôr, mon premier texte dans le genre fantastique. J'espère sincèrement qu'il vous plaira :) À la différence de la saga Octopus, je ne posterai pas chaque semaine. 

Sur les 11 premiers chapitres, vous verrez des parties avec moins de vues que d'autres. La raison est que mes chapitres étaient trop longs pour le format Wattpad (scrollons « vers l'infini et au-delà ! »)  donc je les ai scindés et ai intercallé des chapitres.

N'hésitez pas à cliquer sur la petite étoile (★) à la fin des chapitres —> Cela me permet de savoir si vous les avez appréciés ou s'il faut que je les retravaille (et ça m'encourage pour écrire la suite).

Je lis les commentaires donc ne vous bridez pas si vous souhaitez réagir ;)

Voilà pour la petite introduction... J'espère vous retrouver bientôt ! 

Bonne lecture ! ~

Update février 2023 : 🥇1ère place dans la catégorie fantasy / fantastique du concours AUWARDS (2022) par aumaeri.

Update août 2023 : J'ai réécris les chapitres qui étaient un peu trop longs. Par conséquent, vos commentaires n'apparaissent malheureusement plus au bout des lignes, mais ils peuvent être retrouvés en bas de chaque chapitre. Toutes mes excuses !


—> ★

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