"Salope" "Sale pute" "Catin" "Grognasse" "Allumeuse" "Trainée"

Ces mots résonnaient sur mon passage tous les jours, prononcés de la part de personnes qui pensaient pouvoir déterminer qui j'étais simplement par l'erreur que j'avais commise. Cela faisait bientôt un an et demi que j'acceptais les choses, restant inscrite au lycée tout simplement parce que ma mère n'était au courant de rien. Comment aurais-je pu lui dire les choses dans tous les cas ? Finalement, j'avais accepté l'idée d'être une trainée, et je ne voulais pas lui faire honte. Tout ce qui m'arrivait était entièrement ma faute, et j'en assumais les conséquences.

Ce qui m'avait amené à obtenir le titre de "trainée du lycée", étaient des photos de moi, où j'étais dénudée. Ces photos étaient donc bien ce qu'on appelait des nudes. Je les avais envoyé à mon copain suite à plusieurs événements, et lors de notre rupture, le lendemain, le lycée entier avait pu avoir le loisir d'observer ces photos à leur guise. La semaine qui suivit, j'avais tout perdu d'un coup, et pour rajouter à ma mésaventure, je commençais à être trainée dans la boue par un grand nombre de lycéens, sans qu'aucuns ne connaissent vraiment le contexte de la situation.

Cela s'était produit à la fin de ma seconde année, et depuis, les choses n'avaient pas changé. Je restais droite dans mes baskets, ne montrant aucunes failles aux personnes de mon lycée. Il suffisait que mon armure ait une fissure pour que je sois submergée, donc je me devais de garder la face. Car malgré toute l'atrocité de cette situation, j'avais enfin pu prendre conscience de certaines choses.

Si l'on me désignait comme une allumeuse, c'était tout simplement parce qu'aux yeux de la société, une fille qui montre son corps nu en photo, n'est rien d'autre qu'une catin. Le problème n'était pas l'harcèlement que je subissais, mais bien ces nudes que j'avais osé envoyer. Toutes ces insultes étaient méritées, et à part me la fermer et les encaisser, je n'avais rien le droit de faire d'autre. Voici comment les choses fonctionnaient, et comment on devait les laisser fonctionner.

Mais en le rencontrant, j'avais pris conscience que non, je ne devais pas laisser tout ceci se produire. Qui étaient-ils pour me juger ? Et si la situation avait été inversée, aurait-on insulter mon ex petit ami ? La réponse est non. Si auparavant je me contentais de fusiller du regard ceux qui osaient m'insulter, à présent, je comptais bien lutter. Mais une bataille ne se remporte jamais seule, c'était bien pour ça que je l'avais à mes côtés.

La trainée du lycée comptait bien s'assumer et effacer tout ces préjugés. Parce je suis née femme, je me dois de sauver l'image que la société en avait bâti. Et cette bataille, j'allais la mener avec ce cher Iwaizumi Hajime.