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9. (Mattéo)

Bon sang, si je m'attendais à ça : Jess, amie à cette peste d'Elodie ! Je la voyais déjà venir avec ses questions soupçonneuses et rien ne manquait pour qu'elle retourne Jess contre moi.

J'éludai rapidement sa question d'un ton sec et la vis fixer Jess d'un œil curieux.

— Tu ne m'as pas parlé de ça, Mat.

— Je n'avais aucune raison de le faire. On se connaît, c'est tout, répondis-je en réprimant mon agacement.

— Alors tu dois en savoir un paquet sur lui, parce que pour moi, ce mec reste un mystère.

— Pas vraiment, souffla-t-elle à peine.

Elodie marchait vers la cuisine, nous laissant seul dans le salon. Je voyais que Jess était mal à l'aise à ses joues rougies, ses yeux fuyants et sa petite voix. J'avais compris à travers nos échanges qu'elle était une femme avec du caractère. Les nombreuses fois où elle s'était plaint et paraissait triste n'avaient guère duré plus d'un battement de cils. Sa bonne humeur et sa répartie reprenaient vite le dessus sur la conversation. Qui était donc cette femme aux traits défaits qui se disait être elle ?

Ou était-ce ma présence qui la dérangeait...

Sans que je ne le veuille vraiment, je fis demi-tour et pris la direction de la cuisine. J'y trouvai Elodie qui tournait en rond : elle ouvrait des placards, ne touchait à rien et les refermait ; elle déplaçait des objets, comme pour les ranger et les remettait à leur place initiale. Je savais qu'elle essayait d'évacuer.

Mais évacuer quoi ? C'est elle qui a failli me faire une scène il y a peu.

— Je peux savoir ce que tu fais ici ? demanda-t-elle brusquement. Au lieu d'être avec tes filles et ta...

— Je t'arrête tout de suite, Elodie. C'est Kevin qui m'a demandé de passer tous les trois jours pour m'assurer que tout va bien.

Elle resta silencieuse, me fixant de ses yeux révolvers. Les sourcils froncés, une main sur la hanche et l'autre tapotant le plan de travail, je pouvais aisément deviner quel schéma se montait dans son crâne : comment aborder le sujet « Jess ». Mais je ne lui laisserai pas le temps de monter ses théories farfelues.

— Tu me parles de Jess ?

Bingo ! Si je comptais la veine sur son front, je pouvais rajouter qu'elle était énervée. Une bombe à retardement. De quoi avait-elle peur ?

— Il n'y a rien à dire, dis-je en haussant les épaules.

— Rien ?

Elle me regarda comme si je venais de lui dire qu'il n'y avait pas eu d'alunissage. Et je répondis à l'affirmative. Elle marcha lentement vers moi et me mit un doigt sous le nez.

— Cette nana, t'as pas intérêt à t'en approcher. Si t'as recommencé tes conneries, pas avec elle, siffla-t-elle. Barbara la connait ?

— A quoi bon ? Je ne connais pas tous ses amis aussi.

— Faux ! Je n'ai qu'une chose à dire : Achète-toi des protections en titane. Un seul écart. Un seul, Mattéo...

Elle laissa sa phrase en suspens. Un silence lourd tomba sur la pièce. Lourd de souvenirs et de reproches. J'opinai du chef, lui faisant comprendre qu'elle n'avait pas à s'en faire. Discuter avec elle serait inutile. Elodie était bornée et parfois, ça virait à l'aveuglement. Je n'avais aucune envie de remettre ces histoires sur le tapis.

Elle sortit. Je lâchai un soupir et laissai mes yeux glisser sur le sol. Je m'emparai d'un sac qui y trainait et me pris une bière avant de retourner au salon.

Jess leva les yeux sur moi et m'offrit un sourire. Je remarquai alors la petite reposant entre ses bras, sa petite bouille endormie m'attendrit littéralement.

Nous discutâmes un court moment. Jess pensait que je lui faisais la gueule. Vraiment ? Si elle savait. Je lui assurai que non et pris à nouveau son numéro de portable. Je ne savais pas pourquoi, mais cette vague discussion avec Elodie me coupait toute envie d'entretenir une conversation familière avec elle ici. Nous nous étions dit plus de choses derrière nos écrans, surtout elle. Elle parlait parfois en excès, mais toujours avec plein de sens. C'était peut-être l'une des choses que j'appréciais chez elle. Contrairement à la plupart des Français qui, avouons-le, parlaient beaucoup pour ne rien dire, elle avait vraiment de la conversation.

A travers elle, je m'étais découvert une envie nouvelle d'explorer les reliefs de l'autre. Moi qui m'étais lassé des relations à cause de ma grisaille quotidienne, j'avais besoin d'entretenir quelque chose de nouveau et d'intéressant. Si Elodie venait tout gâcher...

D'ailleurs, cette dernière revint dans le salon. Je ne m'étais même pas aperçu que le silence avait repris ses droits dans la pièce. Elles se lancèrent dans une longue conversation pendant laquelle Elodie ne se gêna pas pour me tacles de temps à autres. Et cela jusqu'à ce que notre hôtesse me mette gentiment à la porte. Encore une fois, je ravalai ma fierté et m'en allai, non sans demander un nouveau rendez-vous à Jess avant. Le dernier ayant été passablement catastrophique. Je comptais arranger les choses et peut-être lui délier la langue. Malheureusement elle déclina mon offre. Je n'eus même pas le temps de la convaincre qu'Elodie me chassa.

*

Je rentrai chez moi, le paquet de Kevin sous le bras. Une fois les clés dans le bol bordélique de l'entrée, et le collis rangé dans un placard, je m'accordai un peu de décompensation. Les filles étaient rentrées et Barbara devait les avoir mises au lit, comme souvent après un passage chez le médecin. Alors je montai et rejoignis ma chambre.

J'y trouvai Barbara, assise à sa coiffeuse, les mains s'activant dans ses cheveux avec une brosse. Elle ne bougea pas quand je rentrai et j'en profitai pour me glisser derrière elle.

— Tu veux que je t'aide ?

— Non. Je peux le faire seule, tu sais.

— Je sais.

Mon regard tomba sur le meuble. Au milieu des peignes, pommades et autres machins de maquillage, il y avait plusieurs de ces petites bouteilles en plastique jaune.

— Je ne les prendrai pas aujourd'hui, le docteur a dit que je pouvais réduire les doses.

Je fronçais les sourcils, réprimant un long frisson désagréable.

— Réduire les doses ne veut pas dire arrêter, chérie.

— Tu sais que je vais mieux, non ? Tu le sais ?

Elle posa sur moi des yeux suppliants. Dans ces derniers, grands et brillants, je ne voyais plus la lueur de vie qui me secouait à l'époque. Elle n'était plus la femme que j'avait épousée. La femme que j'ai aimée. Que j'aime, bon sang !Était-ce ma faute si mon cœur se serrait à ces souvenirs douloureux ? Pourquoi était-elle devenue une ombre ?

Anxiolytiques, antidépresseurs, antibiotiques, anti-ceci, anti-cela... Les médicaments s'étaient enchaînés et à chaque fois, j'espérais la revoir, mais il n'y avait toujours personne derrière ces grands yeux bleus.

Je passai une main sur sa joue et lui offris un sourire. Que pouvais-je lui répondre ?

Je m'accroupis à sa hauteur et posai mon front contre le sien. Je devais me comporter avec elle comme je le ferais avec mes filles. Je savais qu'après chaque contrôle, elle était tendue et cette histoire de médicaments non pris m'inquiétait. Je tenais surtout à savoir ce que le toubib avait vraiment dit.

— Barbara, est-ce que tu as parlé de ta crise d'il y a deux semaines au docteur ?

Elle se crispa en reculant de quelques centimètres et planta des yeux désapprobateurs dans les miens.

— Ce n'était pas une crise.

Ça voulait dire non. Je soufflai, tentant de garder mon calme.

— Barbara...

— Appelle-moi mon ange, comme avant. Appelle-moi mon amour.

— Tu as jeté mon portable contre un mur avant de le piétiner. C'était une très grosse crise, lui dis-je le plus sérieusement.

— Et ce n'était qu'un portable ! s'emporta-t-elle.

Elle se leva d'un bond en balançant sa brosse contre le miroir. Heureusement il résista au choc. Barbara, par contre, explosa et sembla oublier les petites qui dormaient quelques mètres plus loin. Son petit visage blanc d'habitude inondé de bienveillance se froissa en une grimace de colère.

— Pourquoi serais-je la seule à faire des efforts ? On s'était mis d'accord sur la thérapie de couple, pour repartir sur de bonnes bases ! Mais tu ne veux pas assister aux séances !

— Tu vas réveiller les filles.

— Tu as recommencé à t'éloigner de moi. Tu te faisais distant, froid et silencieux, comme avant.

Soudain, comme on change de chaîne sur une télévision, elle passa des cris aux sanglots. Son petit corps fut pris de tremblements si soudains que je ne résistai pas à l'envie de l'enlacer. Je la serrai contre moi et m'excusai pour une raison encore inconnue.

— Tu me manques tellement...

— Je suis là, cara. Mais tu te rends compte de la gravité de ce dont tu m'accuses ? Tu ne me fais pas confiance.

— Mais toi, est-ce que tu me fais pas confiance ? Je vais mieux, crois-moi, pourquoi tu ne...

Elle ne finit pas sa phrase et lâcha un autre sanglot.

— Tu es devenue parano, tu vois le mal partout.

J'enfonçais le clou. Elle sursauta entre mes bras et s'éloigna en me fixant comme un petit animal blessé face à un braconnier.

— Mais j'ai de quoi m'inquiéter ! Que manquait-il pour que tu m'abandonnes avec les filles et la mort de notre enfant sur les bras ?!

Je soupirai.

— Je t'aime tellement, Téo, si tu savais. Je ne veux juste pas te perdre, souffla-t-elle en passant ses mains dans ma nuque.

— Je sais.

— Ne m'abandonne plus jamais. Ne me fais plus jamais ça. Je ne le supporterai sûrement pas cette fois. Je t'aime. Je t'aime tellement.

Elle retournait dans cette boucle infernale. Revivait cette unique fois où j'avais été me consoler dans les bras d'une autre. Me reprochait de l'abandonner. Devenait agressive puis aussi douce qu'un agneau. J'étais le fautif et pourtant il me prenait parfois l'envie de lui reprocher tous ses mensonges, ses manipulations. Il serait si facile de mettre fin à son chantage affectif. Je voyais dans ses yeux qu'elle ne savait même plus ce qu'elle faisait lorsqu'elle faisait pleuvoir sur moi ses pleurs et sa rage et m'attribuait la famine dans le monde.

Je n'avais pourtant pas le droit de me plaindre, j'étais bien la cause de tous ses maux. Je n'avais pas réagi comme un père et encore moins comme un mari. Mirabelle fut ma seule infidélité et celle-ci comptait douloureusement pour mille. J'avais l'impression de m'être trahi moi-même en plus de ma femme et mes enfants. Cet écart m'a permis de m'octroyer un moment de répit. Mira a servi de réceptacle à mon amertume afin de l'effacer un temps. Mais je l'ai regretté. Et Barbara se servait de ma culpabilité pour me maintenir et se persuader que ça allait entre nous. Que sa dépression s'était évaporée. Au diable les thérapies ! Elles ne servaient à rien. Je savais qu'elle n'allait pas bien et que la situation allait de mal en pis.

La seule chose que j'avais à faire c'était supporter. Me taire et supporter. Jusqu'à ce que ça aille mieux.

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