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3.

— Bien, madame Montagneux. Je suis contente de constater que vous faites des progrès, dis-je en dressant mon bilan sur une feuille de son dossier.

— Pourtant, je ne vais pas mieux...

— Vous savez, si vous restez persuadée que ça ne va pas, ce sera à jamais le cas.

— Si vous le dites... Bien, je m'en vais.

Comme souvent, Alice Montagneux examina mon bureau d'un œil désintéressé, pour me donner un semblant d'intérêt en guise de remerciement. Mais je savais pertinemment que ma décoration lui déplaisait. Contrairement à certains psychologues, je n'organisais pas mon environnement pour mettre mon patient à l'aise. Cela ne ferait que le distraire davantage de la conversation. Je devais être le centre de son attention et cela fonctionnait à merveille.

La veuve Montagneux était une patiente particulière. Son goût prononcé pour le coquet contrastait fortement avec son air austère. Ses petits yeux clairs trahissaient son ennui, ses cheveux poivre - sel négligemment enfermés dans un chignon haut et ses traits tirés n'arrangeaient guère le tableau. Sans compter cette attirance étrange pour la bétadine avec laquelle elle se lavait les mains en arrivant et en partant.

— Docteur, je voudrais...

— Vous pouvez, la coupai-je, connaissant déjà les tenants de sa requête.

Elle m'offrit un sourire fade et prit la bouteille de bétadine posée sur mon bureau. Je la raccompagnai jusqu'à la réception et la confiai à Yve.

Une fois dans mon bureau, je regardai l'heure : 12h pile. J'avais environ un quart d'heure pour me préparer et aller au café. J'avais choisi ce dernier pour sa proximité avec mon lieu de travail et je n'aurais jamais imaginé que Mattéo puisse vivre si près. J'étais comme plongée dans un état de béatitude, je n'arrivais plus à aligner deux phrases dans ma tête sans penser à lui, sans me demander comment il serait. C'était quelqu'un d'agréable, de léger et de très réceptif. Il y a un an, après lui avoir raconté mes histoires de maison hantée, il ne m'avait pas traitée de folle. Au contraire, il semblait vraiment s'y intéresser. A vrai dire, il s'intéressait à tout ce que je racontais, sûrement pour que la conversation reste centrée sur moi et ne dérive pas vers lui. Il restait bien plus secret que moi sur sa vie et ne parlait de sa femme et ses enfants que très rarement. Je voulais en savoir plus. Après tout, nous étions amis.

Des coups à la porte m'arrachèrent à ma rêverie. Yve rentra sans attendre ma réponse et m'informa qu'elle avait bouclé ma journée avec les autres patients. Elle n'omit pas de me signaler que M. Colard fut un peu – selon ses dires c'est un euphémisme – réticent à ce changement et lui avait raccroché au nez après avoir craché son mécontentement. Mais je ne relevai pas. Yve, par contre, était vexée. Pas encore habituée aux accès des patients, mais surtout très susceptible, elle ne comprenait pas ces réactions excessives.

— Être épidermique à la contrariété n'excusera jamais le manque d'éducation, renchérit-elle avant de sortir.

Je ricanai à sa remarque en rangeant mes affaires. Je rallumai mon portable. Je fus surprise de voir arriver une dizaine de messages provenant de Tom. Il m'ordonnait de le rappeler, me fusillait de questions soupçonneuses. Il avait dû essayer de me joindre à plusieurs reprises, mais sans succès. Je n'avais pas envie de me stresser avec, alors je rangeai mon téléphone dans la poche de mon jean avec l'intention de le rappeler plus tard.

*

14h06 : J'arrivai au café, le visage pivoine, les nerfs tendus. Contre toute attente, M. Colard a fait une descente jusqu'à mon bureau. Violent, acerbe, grossier, il était devenu incontrôlable, hurlant à plein poumons qu'il voulait que je me bouge le cul et le soigne. Charmant. Nous fûmes obligées d'appeler la sécurité pour le contenir et quelques infirmières de la clinique vinrent lui administrer une ampoule de tranquilisant.

Ma voix intérieure me criait que c'était un signe. Cette rencontre avec Téo ne serait pas bénéfique. Mais je n'écoutais plus cette petite fille au fond de moi, celle qui craignait tout le monde, non. Je n'étais plus elle et il ne s'agissait que d'un incident banal comme il y en avait tous les jours. Bertrand Colard était un patient fraîchement sorti du service de psychiatrie, ses colères et son clivage de la personnalité étaient donc tout à fait normaux. Mais je restais secouée, c'était la première fois que cela m'arrivait. Le chef de la clinique vint d'ailleurs me demander des comptes. Je devais certainement ressembler à une enfant. Je bafouillais, le regard fuyant. Je reconnaissais mon tort mais il ne m'épargna pas d'un regard réprobateur avant de m'offrir ma journée. C'est donc en claudiquant presque que je me suis dirigée vers la sortie de la clinique.

L'odeur du café corsé envahit mes narines. Le brouhaha de l'endroit m'enveloppa brusquement et cela me fit l'effet d'une claque : je me reconnectais au monde réel. Je me rendis compte que j'avais bloqué ma respiration ainsi que mon avancée, je n'avais pas bougé de l'entrée.

Mes yeux balayèrent la salle. Je n'avais aucune idée de ce à quoi il pouvait ressembler, ce constat m'énerva. Je n'avais même pas pensé à lui demander un signe de reconnaissance. J'avais une heure de retard aussi, peut-être était-il parti. Peut-être qu'il était en colère et qu'il avait l'impression que je lui avais joué un tour. Toutes ces suppositions me donnaient le vertige et la nausée. J'avais envie de pleurer aussi, peut-être pleurais-je déjà. La pression accumulée depuis ce matin ressortait, cette douleur dans ma poitrine en témoignait.

Je fis demi-tour et sortis de l'établissement. Je longeai le trottoir, le regard dans le vide, pleurant silencieusement. Pourquoi me mettais-je dans un état pareil ? Rien n'allait comme prévu depuis le réveil, je portais un fardeau invisible sur mes épaules et mon cœur. J'étais à bout.

Mon téléphone vibra. Tom devait me rappeler, je ne pouvais pas éviter la confrontation longtemps. Alors je répondis, fermant les yeux, me préparant à recevoir un autre problème. Mes faibles barricades vacillaient déjà sous la pression. Je m'attendais à les voir s'effondrer. Encore.

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