- Je m'appelle Addison Richard. Enchantée de te rencontrer, Félix Amestoy. dit-elle en tendant sa main.

- Comment tu connais mon nom ? répondit-il en tendant de la lui serrer en retour.

Ne finissant par ne serrer que du vide, et sentir une sensation désagréable de froid sur sa main, il prit un air lassé tandis que la dénommée Addison riait.

- Je t'ai observé, car je n'étais pas vraiment sûre que tu sois un médium. Mais je suis soulagée de voir que je me suis pas trompée ! Ça doit être un sixième sens de fantôme, ou un truc comme ça..

Félix remit ses mains dans la poche avant de son sweat, et fronça les sourcils, légèrement perturbé. Un frisson mordit sa peau alors qu'il commençait à trouver l'ambiance pesante, et l'air bien trop froid.

- Un médium ? C'est quoi ça, un médium ? répéta-t-il bêtement.

La blonde le regarda un instant, avant d'imiter un soupir profond en constatant qu'elle devait tout lui expliquer. Le coloré gardait son regard fixé sur elle, ne souhaitant pas croiser celui d'un fantôme en peine qui lui faisait froid dans le dos.

- Bon. Est-ce que depuis tout petit, tu as toujours eu l'impression de voir des choses que les autres voient pas ?

Félix baissa son regard en réfléchissant à la question. Puis, alors que ses sourcils se fronçaient, des souvenirs, ou flashback lui revenaient comme une évidence. Il frissonna à nouveau, alors que ses yeux s'écarquillaient de surprise.

- Alors.. c'était des fantômes depuis tout c'temps ?

- Eh oui Sherlock !

Addison claqua ses mains entre elles en souriant.

- Et ton boulot, c'est d'aider des fantômes comme moi à rejoindre l'autre-monde !

Le garçon garda le silence un instant, un air lassé sur le visage. Il la fixa si longtemps sans rien dire, que la blonde commença à se dire si elle aurait vraiment dû faire appel à un ado en pleine recherche sur lui-même, au lieu d'attendre qu'un médium adulte débarque.

- Je crois que tu demandes pas à la bonne personne. déclara l'adolescent en haussant les épaules. Je sais pas faire ça, moi.

La jeune fille le regarda, avant de froncer les sourcils en prenant un air autoritaire. Elle se redressa, le surplombant de sa prestance habituelle en tant que Chef des Cheeleader, puis croisa ses bras sur sa poitrine.

- Oh que si tu vas le faire ! J'ai attendu 36 ans que quelqu'un comme toi débarque dans ce village pourri, alors tu vas m'aider ! Sinon, je te jure que je te hante jusqu'à la fin de ta propre vie. déclara-t-elle d'une voix grave.

Félix souffla d'agacement. Il n'avait vraiment pas envie d'aider un fantôme, mais plutôt de se réconforter dans la chaleur de sa chambre, et en mangeant les friandises destinés aux enfants déguisés.

Addison le regarda faire, puis posa une main sur son front avec un air dépité. Pourquoi avait-il fallut que ce soit un garçon têtu en pleine crise d'adolescence qui soit le seul médium aux alentours ? Elle regarda rapidement autour d'elle, puis de nouveau son interlocuteur.

- S'il te plaît Félix, j'ai vraiment besoin de ton aide. commença-t-elle à le supplier. Je sais pas ce qu'il s'est passé plus tôt pour que tu sois aussi triste et désagréable, mais ça fait vraiment un bout de temps que j'attends de pouvoir enfin être en paix.. Tu peux comprendre ça, pas vrai.. ?

Le jeune garçon garda son regard détourné de la jeune fille un instant, avant qu'il ne soupire d'agacement en sentant son empathie prendre un peu trop le contrôle de ses pensées. Il regarda donc la blonde, sortant les mains de ses poches pour tendre ses bras, paumes vers le ciel. Il analysa rapidement autour de lui.

- Et comment je t'aide ? céda-t-il finalement.

Il remit ses mains dans ses poches, attendant les ordres du fantôme qui souriait de soulagement.

- Alors, il faut que tu désactives le champ Anti-Esprit qui me retient prisonnière du cimetière, mais le remettre tout de suite après pour empêcher les autres de sortir.

Félix fronça les sourcils au fur et à mesure qu'Addison parlait, jetant un rapide coup d'œil aux "autres".

- C'est pas un peu cruel ? remarqua-t-il en voyant les âmes errer.

- Bah, c'est à toi de voir après. Soit tu les laisses s'échapper et c'est la panique dans tout ton quartier, soit tu ne fais sortir que moi. répondit-elle en haussant les épaules.

Il leva les yeux au ciel en râlant, puis tourna la tête en direction du portail.

- Et je le désactive comment ?

- Tu vois les citrouilles aux deux extrémités du portail ? Il suffit juste d'en retirer une, et de la reposer.

- Ok, c'est dans mes cordes.

Félix tourna à nouveau la tête vers Addison qui, elle, était de profil en semblant rêveuse en regardant l'horizon qu'elle ne pouvait qu'effleurer depuis tout ce temps. Maintenant dans un nouvel angle, le garçon put remarqué qu'une vilaine plaie sanguinolente sur le côté de sa tête tâchait ses cheveux d'un blond pur.

C'était sûrement ce qui avait causé sa mort.

Le coloré se décida finalement à sortir du cimetière, et la blonde le suivit, se collant contre le portail qu'elle ne pouvait passer sans l'aide de son nouveau camarade. Ce dernier s'approcha d'une des citrouilles illuminées qu'il n'eut pas de mal à trouver, puis l'attrapa en jetant un coup d'œil à Addison.

- T'es prête ?

- Je suis prête depuis le jour de ma mort.

N'attendant pas une minute de plus, il souleva le fruit avec facilité, l'intérieur étant vide et simplement remplacé par une bougie. Il leva le nez en l'air pour apercevoir comme un reflet violet formé un dôme, pour finalement disparaître aussi vite qu'il était apparut.

Addison ne perdit pas de temps et sortit précipitamment, puis l'adolescent reposa la citrouille à sa place initiale, enfermant de nouveau les esprits restés à l'intérieur qui criaient leur liberté. Devant ce spectacle, le vivant se sentit coupable. Il aurait aimé pouvoir les aider eux aussi, finalement, mais il ne leur serait sûrement pas d'une très grande utilité.

Lorsqu'il tourna la tête vers sa camarade pour qu'elle lui explique ce qu'elle attendait de lui, il la vit tournoyer dans les airs en poussant des cris de joie bien sûr silencieux pour les autres humains. Elle riait, volait, dansait. Félix n'avait jamais vu personne sortir aussi heureux d'un cimetière.

- YOUHOUUUUUUUUU ! LIBRE ! ENFIIIIINNNN ! 

Il soupira, dépité, alors qu'il la suivait simplement tandis qu'elle s'éloignait en volant et criant dans les rues de Cirencester.