⚠️ trigger warning : pensées intrusives

Quand Jisung rentra sa clé dans la serrure, il souffla longuement, il se sentait simplement lessivé. Il sortait à peine de sa séance de retrouvailles avec la psychologue, qui avait pourtant bien réussi à lui donner l'impression d'être entendu, écouté, mais sa course l'avait vraiment épuisé, et il était tard maintenant. En entrant, il fut accueilli par une bonne odeur qu'il commençait à connaître, celle d'un repas chaud vaguement portée par un soupçon de tabac froid. Minho était allongé dans leur canapé, un livre en main, qu'il tenait à bout de bras et une cigarette entre les lèvres. Il retira ses chaussures dans l'entrée et son colocataire se redressa.

« - Tu rentres tard aujourd'hui. Il fit remarquer.

- Je suis sorti avec mes amis. Répondit simplement son colocataire, la voix un peu faible, Minho acquiesça simplement en écrasant sa cigarette dans son cendrier en verre.

- Désolé pour ça.

- Non c'est rien, fais comme tu veux. »

Il se précipita jusqu'à sa chambre, là où il s'enferma, en prenant une vive inspiration. Pourquoi était-il déçu ? Il ne savait même pas. Ce n'était pas comme s'il s'attendait à ce que Minho vole au premier de ses appels à l'aide. Il croyait qu'il voulait le protéger du malheur du monde, mais en vérité, il voulait encore plus que ça soit lui qui l'en écarte, c'était débile.

Rapidement, il avait pris sa douche, et quand Minho lui proposa de manger quand il sortit, il répondit très simplement qu'il n'avait pas faim. Une fois propre, il se glissa dans ses draps, il était déjà fatigué, il n'avait vraiment pas la foi d'ouvrir ses manuels, là tout de suite. Ce dont il avait besoin, c'était d'un moment pour relâcher la pression. Donc ce qu'il fit à la place, c'est qu'il attrapa son téléphone et qu'il hésita quelques secondes quand il ouvrit son navigateur.

Depuis la soirée, il n'avait jamais pris le temps de se faire du bien, lui-même. Il ne voulait pas rendre ça dramatique, se gâcher la vie, il avait toujours le droit, et il en avait toujours envie, il n'avait pas à se sentir sale d'avoir senti les mains d'un autre puisque c'était tout sauf sa faute. Après cet instant de réflexion, il avait ouvert le premier film pour adulte qu'il avait trouvé, c'était peut-être pour se rassurer, ou quelque chose du genre, sûrement que ça l'aiderait de voir des gens prendre leur pied, oublier sa minable première expérience avec la sexualité. Mais il ne lui avait fallu que quelques secondes pour tirer la grimace et dégager de sa vue cette vidéo, écrasant son smartphone sur son drap en retirant violemment ses écouteurs de ses oreilles. Ça lui donnait la nausée, mais il n'avait jamais vraiment aimé ça, de toute façon, alors ça ne voulait absolument rien dire. Mais c'était juste que, ça sonnait si faux, forcé, et ça lui donnait l'impression d'assister à quelque chose de malsain.

Alors il poussa un soupir, les yeux clos. Doucement, il fit glisser sa main sur son t-shirt, s'offrant des caresses délicates à travers le tissu. Ce n'était pas désagréable, d'être touché de cette manière, donc il continua. Il laissa son esprit s'en charger, il fit le vide un instant, il voulait juste se concentrer sur lui. À travers son haut, il effleura de ses pulpes ses tétons, qui s'irriguèrent sous son passage, alors il les pinça, et c'était agréable, ça lui donnait des frissons d'extase, bruts. Il le fit plus intensément, jusqu'à ce que ça tire. Il se pinça les lèvres, pour éviter à ses soupirs d'émoi de se rendre trop audibles, il sentait dans son sous-vêtement son sexe prendre de l'ampleur, frotter contre le coton. Puis sans crier gare, quand son excitation monta, un flash. Il revoyait la scène, et c'était ses mains qu'il imaginait sur lui, qui lui faisaient du bien, comme s'il se voulait du mal.

Il se redressa d'un bond, horrifié. Il ne voulait pas le laisser tranquille ? Pour de bon ? Il tira ses cheveux, en gémissant sa frustration. Est-ce ça l'excitait ? Pourquoi il pensait à ça maintenant ? Il commença à se mettre des petites claques en s'insultant silencieusement, grimaçant, c'était quoi son soucis à la fin ? Il fit retomber sa tête sur son coussin, en refermant les yeux qu'il cacha de ses mains, il devait refaire le vide, tout oublier un instant, ce n'était pas si compliqué. Il en avait envie, alors il ne devrait pas s'empêcher simplement parce que ce connard hantait ses pensées. Il était le seul maître de son corps, il avait besoin de se répéter ça pour l'assimiler.

Et quand il essayait de penser à tout sauf à ça, comme par automatisme, il songea à Minho. S'il devait penser à un autre homme qui lui donnait bien d'autres sentiments que le dégoût et la panique, c'était bien lui, puisque c'était tout l'inverse.

Son souffle s'accéléra, quand d'origine il le pensait simplement lire son livre la clope au bec, peu à peu, il avait imaginé ses mains, tout son corps, puis son regard sombre, pas celui qu'il portait quand il était désintéressé, celui qu'il enfilait quand il semblait n'avoir peur de rien. C'était simple de penser à autre chose quand son colocataire avait tout pour accaparer ses pensées. Et ses fantasmes. Il continua alors son petit jeu lascif, retenu seulement par sa culpabilité, il se demandait si c'était malsain ou bien irrespectueux de penser à lui dans ces moments. Il se mordilla la lèvre, dégageant d'un coup ces idées perturbatrices. Si ça lui faisait du bien, alors c'était ce qui importait à l'instant.

Il continua à se pincer les tétons, parce que pour certaines raisons, c'était agréable. Quand il baissa son bas et son sous-vêtement dans le même geste, il poussa un soupir satisfait quand il libéra son érection. Puis curieusement, il glissa et enfonça ses ongles dans la chair à l'intérieur de ses cuisses, de nouveau il exprima sa satisfaction en balançant légèrement sa tête vers l'arrière. C'était comme si ce semblant de douleur se méprenait avec le plaisir, il irriguait un peu plus son sexe. Parce que c'était lui, et il était le seul à pouvoir, à avoir le droit de s'octroyer ce genre de torture. Il commandait et personne ne le forçait, c'était peut-être ça qui était encore plus bon dans cette douleur là. Il rougissait derrière son passage et c'était agréable, ce fourmillement, il lui faisait un peu plus tourner la tête.

Il saisit son érection d'une main, en continuant à découvrir ses zones les plus sensibles de l'autre. Peu à peu bercé dans un univers seulement alimenté par la lubricité, de nouveau, il songea spontanément aux mains d'un autre sur lui, celles de son colocataire. Tout à coup, il pensait que se donner à un autre devait être plus magique encore, si cet autre, c'était lui. Ici, c'était lui qui choisissait, c'était son scénario, rien qu'à lui, et personne ne pouvait outrepasser ses limites, il avait les commandes. Et quand il en était en pleine possession, rien ne l'excitait plus que de s'imaginer les donner à quelqu'un qui saurait irréfutablement ce qu'il pouvait et ne pouvait pas faire de lui. C'était grisant, tellement déroutant. Pourquoi il voulait qu'il lui fasse du mal ?

Soudain, des coups retentirent sur sa porte, il sursauta en poussant un gémissement d'effroi. Il ramena sa couverture sur lui, qu'il tira jusqu'à son menton, en balbutiant misérablement un "non- enfin, oui" qui sonnait étrangement incertain. Son colocataire glissa doucement sa tête dans l'entrebâillement après avoir légèrement ouvert la porte, qui grinça faiblement dans son mouvement.

« - Si t'as faim je t'ai laissé ta part au frais, ou sinon, demain matin mange le riz avec du kimchi- Il se coupa soudainement, notoirement curieux, c'était ce que laissait transparaître son expression confuse. Je te dérange ? »

Effectivement, avec ses yeux de merlans frits et sa couette relevée jusqu'au bout de son nez, Jisung ne semblait pas des plus à l'aise. Alors il fit au mieux pour avoir l'air détendu en ricanant, mais peut-être un peu trop nerveusement. Les rougeurs sur ses joues étaient déjà bien assez équivoques, sa culpabilité se lisait dans ses yeux. C'était déjà son pire cauchemar d'être pris sur le fait tout comme son camarade de foyer, mais alors que le sujet de ses nouveaux fantasmes les plus intenses se retrouve debout devant lui, majestueusement, à cet instant, ça battait tous les records.

« - Non, en-enfin, je veux dire, pourquoi tu me dérangerais ? Il pouffa. »

Minho releva sa main dans les airs en ouvrant la bouche à plusieurs reprises, comme s'il cherchait ses mots, avant de simplement acquiescer en refermant la porte derrière lui. Jisung se redressa d'un bond, encore sous le choc, il siffla, incrédule :

« - Mais c'est quoi cette réaction..!? Il se releva, en manquant de trébucher sur son pantalon qu'il renfila à la va-vite, mais quand il déposa sa main sur la poignée il pesta ; merde, je bande encore. »

Il se rassit alors, défaitiste, en attrapant son visage entre ses mains, hurlant dans sa tête à quel point il était un idiot complet. Il aurait juste pu dire non mais c'était encore plus suspect ! Bon, il devinait qu'il n'avait visiblement pas été des plus discrets quant à son occupation antérieure mais sa réaction était la pire qu'il aurait pu imaginer, d'ailleurs, il n'aurait même pas osé l'imaginer. Il voulait s'enterrer dans un trou pour ne plus jamais en sortir. D'habitude, les mecs riaient de ça entre-eux, tout simplement ! Ils échangeaient même sur leur actrice X préférée, et avec le sourire aux lèvres ! Peut-être qu'il était mal à l'aise avec lui parce qu'il était gay ? Ou alors il savait qu'il pensait à lui ? Il avait un genre de super-pouvoir ? Il le savait !

Il marmonna une tonne de choses incompréhensible dans sa barbe, abandonnant d'ailleurs son excitation sexuelle qui s'était essoufflée toute seule. En vérité, il ne se sentait pas si mal de cette expérience, parce que ça le rassurait. Il ne savait pas s'il s'était monté la tête avec la tonne de choses qu'il avait lu, mais il avait eu peur d'être incapable de renouer avec sa sexualité. Sûrement, il aurait bien du mal à se donner à quelqu'un, à faire confiance, mais ça ne voulait pas dire qu'il n'en aurait jamais envie. Il avait besoin de temps, et qu'on le rassure, voilà de quoi il avait besoin. Alors il s'installa de nouveau entre ses coussins, dans sa grosse couette, d'un sourire benêt, c'était vraiment si agréable, il se sentait sur un nuage, il ne voulait définitivement jamais quitter cet endroit.

Bien au chaud, il saisit son livre sur sa table de chevet ainsi que sa paire de lunettes après avoir tiré sur l'interrupteur de sa lampe, mais il hésita de nouveau un instant. Oui, peut-être qu'il n'était pas tétanisé à la simple idée d'avoir des expériences sexuelles, mais il commençait à se poser certaines questions. La première vidéo qui avait réussi à le satisfaire, c'était un garçon qui se faisait mettre la fessée, ensuite, dans la douche il... Puis maintenant..? Il fronça les sourcils, est-ce qu'il avait un problème ? En fait il n'y avait jamais pensé, mais est-ce que c'était normal ?

Il abandonna son livre puis il saisit son téléphone, mais sur la page de recherche, il s'y essaya à plusieurs reprises avant de toutes les effacer. Comment il devait même formuler ça ? Il savait que des gens aimaient ça ; la douleur, la torture quand elle se mélangeait au plaisir sexuel, mais qu'est-ce que ça voulait dire ? Est-ce que c'était une tare, une dérive ? Puis... Est-ce que c'était son cas...? C'était juste l'idée qui lui donnait envie, pour certaines raisons assez obscures, ça ne voulait absolument rien dire, n'est-ce pas ?

La première fois où il en avait entendu parler, c'était dans ce bouquin qu'il avait lu à la fin du collège qui était l'un des plus gros torchons qu'il n'avait jamais vu. Et ce, même si ça ne lui avait pas empêché de faire un rêve assez agité la nuit d'après. Mais ça, ça n'avait rien à voir, à cet âge-là il s'excitait simplement à la mention d'un baiser un peu trop torride. Il souffla longuement en tapotant sur les coins de son écran avec ses deux index, il n'avait pas envie de tomber sur des trucs louches, il n'était pas comme ça, il n'était pas un détraqué, c'était sûrement étrange, d'aimer ce genre de choses. Alors il le déposa de nouveau et attrapa son livre, ça allait sûrement lui passer.

~
hey <3

je voulais parler (encore) des agressions sexuelles parce que c'est assez important dans cette histoire et que je veux que ça soit clair pour n'importe qui que, qu'importe la réaction d'une victime, elle est légitime. donc ce personnage en l'occurrence a une réaction, mais ça veut pas dire que quelqu'un ne peut pas être totalement répugné par la sexualité ou d'autres aspects relationnels ou se réfugier dans l'hypersexualité ou bien même ne pas du tout être affecté, ou encore toutes les réactions possibles parce que c'est absolument propre à chacun et personne n'a à se blâmer de « mal réagir ».

et de ce fait, c'était important pour moi de revenir sur ça ; oui ça arrive d'avoir des pensées intrusives, puis parfois de se convaincre qu'une situation d'abus nous excite en réaction à un viol ou autre, parce que c'est des réactions d'auto-défense et y a pas à se blâmer ; vous irez mieux. j'avais pas envie d'insister sur ce point dans la narration parce que j'ai pas envie que ça soit mal réceptionné, mal compris, comme si j'en faisais l'apologie, je voulais que ça reste clair que ça dérange, perturbe mais que ça arrive. ce personnage réagit d'une manière, mais aucune réaction n'est fausse, aucune n'est injustifiée, et aussi vous n'êtes en rien responsable. je vous aime tous très fort 🫶

(oh et aussi, si c'est pas assez clair : son attrait pour des pratiques bdsm ne découlent de son agression, il apprend simplement à se connaître ; j'ai pas envie de montrer que ce genre de pratiques ça se fait sur des coups de tête et qu'être vanilla c'est trop trop boring 💀. c'est des intérêts personnels qui se découvrent etc et surtout ; dans le bon environnement)

BISOUS💖💖💖