18
Tout s'était passé si vite, et pourtant, Jisung ne faisait que de se rejouer la scène, en boucle et en boucle, comme si elle avait duré des heures. Quand il tentait de réfléchir de manière rationnelle à ce qu'il venait de vivre, il se disait que ce n'était pas si dramatique, ce n'était pas comme s'il l'avait pénétré sans son accord, il avait juste touché son corps. Et quand il se disait que ce n'était "que ça" ses larmes redoublaient d'intensité, il avait touché l'une des parties les plus intimes de son anatomie. Il n'arrivait à faire que ça, pleurer misérablement entre deux poubelles, effrayé à l'idée qu'il vienne le trouver, qu'il vienne finir ce qu'il avait commencé.
Ses tremblement ne se calmaient pas, au même titre que ses larmes, alors que ça devait faire peut-être juste un peu moins d'une heure qu'il était là. Il aurait dû se faire confiance, rester sur sa première opinion de lui, il n'aurait jamais dû l'approcher, il remettait en question tous ses choix et il ne pouvait pas s'empêcher de se blâmer, pour être arrivé dans cette situation. Il se sentait si pitoyable, si sale, il voulait se cogner la tête contre le mur jusqu'à oublier. Il continuait à tenter de se convaincre que ce n'était pas cataclysmique, pas le drame qu'il s'imaginait maintenant, mais c'était plus fort que lui, de se sentir abusé, agressé, il avait donné son premier baiser à quelqu'un qui n'avait aucun respect pour lui, qui ignorait ses sentiments, à quelqu'un qui était prêt à le violer, à outrepasser ses limites, son consentement.
Il était quelqu'un de romantique, bercé par des romans à l'eau de rose qui le faisaient rêver, c'était comme s'il avait perdu l'occasion de vivre le meilleur moment de sa vie et il s'en voulait tellement. À tous jamais, c'était ce souvenir qu'il allait garder de son premier baiser, comme une plaie qu'il ne pourrait jamais refermer, un souvenir qui sera constamment dans un coin de sa tête. Il plaqua sa main contre sa bouche en se laissant céder à un nouveau torrent de larmes. Il aurait sûrement dû insister, lui dire qu'il n'avait pas envie avant de lui faire du mal, il se demandait s'il n'aurait pas pu éviter ça. Mais même en remuant le problème dans tous les sens, ses poings se serraient quand il repensait à Jonghwan.
Il avait passé la moitié de sa vie à souffrir des abus d'une mère absente et violente, qu'il n'avait jamais su contredire, contre qui il n'avait jamais osé se lever. Il avait encaissé, pendant des années et des années, jusqu'à l'épuisement. Et maintenant, il ne pouvait juste plus le supporter, il ne voulait plus qu'on lui fasse du mal. Il avait réagi comme par automatisme, effrayé à l'idée de connaître de nouveau la cruauté de son espèce. Tout s'était passé si vite, et au fond, il était soulagé d'avoir réussi à s'extirper de ses griffes, il ne pouvait pas s'empêcher de trembler furieusement à chaque fois qu'il l'imaginait lui retirer sa ceinture. Peut-être que tous les hommes étaient comme ça, peut-être qu'il était juste trop coincé pour les comprendre et peut-être qu'il était bien mieux seul, au final.
Quand il avait cru que c'était enfin fini, son calvaire, que plus personne n'allait chercher à lui faire du mal sciemment, il avait fallu qu'il s'ouvre à la mauvaise personne, qu'il donne sa confiance bêtement. Il se détestait tellement, il voulait rembobiner le temps, revenir des heures plus tôt et rester tranquillement dans sa couette, là où personne ne pourrait l'atteindre, là où il était protégé du monde entier. Après son réveil, il aurait attendu Minho avec la boule au ventre, il serait rentré dans la matinée, avec un nouveau bleu, et il aurait passé son dimanche à lire son roman du moment, en attendant de passer ses repas avec lui. Il souffla longuement après avoir réussi à adoucir ses pleurs, il regrettait tellement son lit à cet instant, il crevait de froid, en plus de ça.
Il ne savait pas quoi faire, il savait que le couvre-feu était levé à 6 heures, le ciel était encore noir, il avait sûrement encore pas mal de temps à tuer. Il voulait prendre une douche chaude et se glisser dans son drap à l'odeur d'assouplissant, puis peut-être pleurer encore un peu jusqu'à s'endormir, ou oublier. Pour rien au monde il ne retournerait là-bas, chercher ses amis, qui devaient sûrement s'imaginer qu'il était toujours avec Jonghwan. Juste penser à lui le rendait extrêmement anxieux, à cet instant. Alors finalement, il se releva, les jambes chancelantes, puis il continua sa route dans la nuit noire, il ne savait pas trop où il allait.
Par automatisme, il se dirigeait vers son appartement, mais il ne pourrait même pas rentrer sans prendre le risque d'être sévèrement grondé pour être sorti la nuit sans l'accord des surveillants référents. Le trajet était long, sans musique, il ne pouvait même pas prendre le bus à cette heure-ci. Mais de toute manière, il n'avait que ça à faire. Pendant une partie du chemin, il avait fait rouler à ses côtés un caillou qui s'était trouvé sous son talon, puis ça l'avait assez occupé pour arriver dans le quartier où il logeait sans trop voir passer les quarante minutes de son trajet. Il ne savait pas exactement il était quelle heure, mais quand il avait aperçu la supérette encore ouverte, en face de son bâtiment, il avait affiché un sourire avant de presser ses pas dans sa direction. Seulement, ce fut à mi-chemin qu'il se remémora que son portefeuille était aussi dans le sac de son ami, le faisant souffler longuement son désarroi.
À la réalisation, il se demanda rapidement s'il avait bien ses clés, se palpant alors les poches dans l'espoir de les trouver, et bien heureusement, elle se trouvait bien dans la poche arrière de son pantalon, il souffla bien audiblement son soulagement. Il resta pantois un instant, sans trop savoir où il était censé aller, alors il se décida simplement à aller dans le parc qui se trouvait une rue plus loin.
Il entoura son corps de ses bras dans l'espoir d'accumuler un peu de chaleur, puis il s'exécuta. Il aurait aimé sentir encore les effets de l'alcool sur son organisme pour oublier le froid, et oublier définitivement sa soirée catastrophique. Il n'avait probablement plus de larmes à laisser couler, il devait simplement accepter son sort à ce stade, c'était comme si le froid avait aussi anesthésié ses ressentiments. Il errait comme une âme dénuée de but, le cerveau en mode off, il ne voulait plus penser à rien, et il y arrivait plutôt bien, c'était presque habituel pour lui, au final. Tout ce qu'il avait à faire, c'était fermer les yeux sur tous ses malheurs, il en était capable, il l'avait fait tellement de fois. Il ne se souvenait plus la dernière fois où il s'était mis dans cet état, celui dans lequel il se trouvait il y a une heure encore.
Pendant ses jeunes années, il avait fini par accepter de souffrir. Et maintenant, quand il avait enfin compris qu'il n'avait pas à accepter, à posteriori, il avait fallu qu'on vienne le blesser, encore. Et c'était simple de réadapter ces automatismes, il n'avait qu'à oublier, se remplir la tête d'autres choses, d'un monde qui lui plaisait, un monde qui ne l'éprouvait pas. Il s'allongea alors sur la pelouse humide et fraîche du grand parc, sans trop se soucier de la sensation désagréable contre son dos, et il se mit à observer les étoiles. Quand il était petit, il s'était intéressé aux constellations, parce qu'il avait ce livre, qui appartenait à sa mère, qui les décrivaient. Il afficha un léger sourire en essayant de les reconnaître, parmi les nuages et la pollution il ne voyait pas grand chose, mais les quelques éclats du ciel noir étaient suffisants pour le remplir de joie à cet instant.
Tout aurait été sûrement plus simple s'il avait été l'une d'entre-elle, une étoile d'une galaxie lointaine, une naine blanche, une supernova qui avant de s'éteindre aurait ébloui le ciel, que les gens sur Terre observeraient avec passion. S'il avait été une étoile, il n'aurait sûrement jamais eu peur de s'éteindre. S'il avait été une étoile, personne n'aurait pu l'atteindre, et tout le monde l'aurait admiré pour son éclat. Tout le monde aurait adoré la façon dont il décore le ciel, et personne n'aurait pu le reconnaître le jour d'après. C'était peut-être ça, la vie qu'il voulait.
Et peut-être qu'il aurait l'occasion de se réincarner en l'une d'entre-elle, la simple idée lui soutirait un sourire. Il s'était dit qu'il voulait être celle qui brillait le plus, mais ça serait sûrement trop de pression pour lui, alors il s'en était attribué une autre, plus discrète, mais tout aussi jolie que ses pairs. Puis il s'était amusé à s'imaginer quel genre d'étoiles seraient ses amis. Et au final, il avait décrété que la plus étincelante était celle qui collait le mieux à son colocataire. Il s'était dit qu'il serait une étoile qu'on pourrait reconnaître facilement, parmi toutes les autres.
C'était fascinant, l'univers, la vie, toutes ces choses. Il caressait du bout des pulpes le gazon mouillé et il se demandait comment il était capable de ressentir ça, comment il était capable de sentir l'odeur de la végétation humide, comment son corps pouvait trembler à cause du froid, comment son cœur pouvait battre plus vite à l'idée d'un baiser amoureux. Il existait, comme par magie, et il était contraint à ressentir toutes ces choses, c'était mystérieux, peut-être que si on lui avait demandé son avis, il n'aurait jamais choisi de vivre. Mais maintenant, il était là alors il n'avait pas d'autres choix que de l'accepter, et il voulait vraiment croire qu'il était là pour une raison. Il était là pour partager quelque chose, sûrement, puis un jour, quelqu'un allait peut-être finir par l'aimer, pour toutes ces choses qu'il était, sans l'avoir jamais demandé.
Il ne savait pas combien de temps il était resté ici, en étoile de mer à fixer l'immensité de l'espace au dessus de sa tête. Puis il ne savait pas non plus à quelle heure exactement s'était lancé l'arrosage automatique, puisqu'il n'avait pas bougé jusqu'aux premiers éclats du Soleil. Il devait toujours être saoul, pour rester bêtement comme ça sous les jets d'eaux, trempé jusqu'à l'os, mais c'était sûrement ce dont il avait besoin à l'instant. Il avait besoin de se sentir exister, quand il avait l'impression qu'il ne ressentait plus rien, quand tous ses sens et ses sentiments étaient anesthésiés, comme si son esprit était des milliers et des milliers de kilomètres plus loin, et que son corps était complètement laissé à l'abandon, ici.
C'était seulement quand les premiers passants avaient commencé à affluer qu'il s'était redressé, en se disant que c'était sûrement l'heure de rentrer chez lui, il n'avait même pas remarqué tous les regards curieux des inconnus. Et à ce moment, il afficha soudainement un sourire, contre toute attente. C'était à cet instant qu'il réalisait qu'il avait finalement un endroit où il se sentait bien, où il se sentait chez lui, un endroit qu'il pouvait trouver quand ça n'allait pas, quand il avait besoin d'être seul et à l'abri du monde. Ça faisait des années qu'il n'avait pas connu un endroit comme ça, et ça lui faisait du bien, mine de rien.
~
j'ai eu ma fameuse era comme g sur la plupart de mes histoires où je me suis demandée s'il valait pas mieux m'arrêter là lol 😄 jsp si je suis pas fière de mon travail ou si c'est pck depuis un petit moment y a bcp moins d'engagements sur mes histoires, sûrement un peu des 2, mais dans tt les cas faut que je m'accroche je sais que je serais fière si j'arrive au bout de mon travail
en tt cas hésitez pas à donner votre avis si vous en avez, ça m'intéresse et je sais que ça me remotive de savoir que ça vous plait et vous voir essayer de comprendre pck g envie d'apporter les réponses mdrr 🤠 après vous pouvez aussi dire pck ça vous plaît pas mais bon si vous êtes tjr là...
bref, je suis émotive en écrivant mes nda à cause de cette foutue histoire va falloir que cet été je me remette à écrire des trucs légers hein 😞 je suis déprimée quand je me plonge dans sa tête quel enfer 😭 je vous embrasse💓
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro