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Je finis par refermer la porte bêtement sans dire un mot, passe dans les toilettes et redescends voir Lisa.
- Faut que je te parle...
- Dépêche ! Avant que je sois bourrée ! Me dit-elle.
Nous nous dirigeons vers l'extérieur. Sous un petit perron isolé, nous nous asseyons sur un banc.
- Tu savais qu'il y avait de la fumette à cette soirée ?
- T'es vraiment naïve, Diane ! Il y en a à toutes les soirées... Dit-elle.
- Putain Lisa, je viens de tomber sur Charles en train de tirer sur un bong !
- Merde, tu savais qu'il fumait ?
- Non ! Quelques clopes quand il a bu...
- Il doit être bourré et il s'est planté de fournisseurs...
- Déconne pas ! Je veux pas que mon frère se drogue ! Dis-je.
- Diane ! Qui n'a jamais essayé de fumer un joint ?
- Moi !
- Ouais, bé t'es pas un référence ! Tu baises pas, tu bois pas, tu fumes pas ! Non, mais tu sors d'où ???
- Oh ! Ta gueule Lisa !
Je me lève franchement vexée.
- Je me casse !
Je décide de rentrer chez moi.
- Attends Diane ! Essaie de me retenir Lisa.
Mais je ne me retourne pas. Charles aura qu'à se démerder et rentrer tout seul. De toute façon, il connaît le chemin. Il peut même dormir chez Archibald.
A la maison, je pars direct dans la salle de bain. Démaquillage. Je me lave les dents. Une douche vite fait. J'enfile mon pyjama, et direct au lit. Il est 0h39. C'est cool pas trop tard, je pourrai me lever tôt demain matin pour aller chez le coiffeur. Je coupe mon portable. Non en fait, je m'inquiète pour Charlie. Je vais le laisser allumer. On ne sait jamais. J'éteins la lumière. Je ferme les yeux. Je commence à culpabiliser. Et si Charlie s'inquiétait et me cherchait avant de partir...
Non, qu'il aille se faire voir. Je garde mon tel allumé, il n'aura qu'à m'envoyer un message s'il me cherche.
La porte d'entrée claque. 4h46 sur mon réveil. Merde, c est Charles, il va réveiller nos parents. Tant pis, ce n'est pas mon problème... Je me tourne dans mon lit...
Si, c'est mon problème. S'il se fait remarquer, nous serons probablement punis tous les deux. Fais chier ! Je me lève pour jeter un coup d'œil sur ce que fait Charles.
Personne dans sa chambre, ni dans le couloir... je descends l'escalier. Il est assis sur la première marche, le tète entre ses mains.
- Charles, qu'est ce que tu fous ?
Il lève un bras, puis rien.
- Va te coucher. Tu vas réveiller les parents.
Il me fait un doigt.
- Putain, Charles, bouge-toi ! Arrête tes conneries. Je descends et me plante face à lui. J'allume la lumière.
Pas surprise, je le trouve défoncé... Ses pupilles sont dilatées, ses yeux rouges, ses paupières enflées. Son visage est sans expression.
- Lève-toi ! Je lui ordonne.
Il essaie de se mettre debout mais il titube. Il s'appuie sur moi. Je le soutiens tant bien que mal. J'arrive à le hisser jusqu'à sa chambre. Il s'arrête à sa porte et fais demi-tour.
- Pas ici, murmure-t-il.
- Quoi, tu vas te coucher maintenant !
- Vais Gerber...
Oh, putain... Vite, demi-tour. La salle de bain !
Nous arrivons juste à temps.
Charles s'agenouille devant la cuvette et vomit. Vomit... L'odeur est intenable. J'espère qu'il souffre ! Bien fait. Voilà pourquoi je ne bois pas... Je risque un regard dans le couloir. Personne ne bouge. J'éteins la lumière et ferme la porte de la salle de bain.
Charles est vraiment mal. Il s'allonge par terre.
- Eh, Charles, tu m'entends ? Dis-je en lui tapotant le visage.
- Oui... souffle-t-il.
- Tu dors pas ! T'as compris ?
Il commence à convulser. Oh merde... Je suis censée faire quoi, moi ?
- Je vais réveiller les parents. T'es trop mal !
Il saisit ma main et me maintient. Il lâche prise pour évacuer un jet de vomis qui manque de m'atteindre.
Il se calme. Son visage se détend.
- Charlie, ne dors pas la ! Je vais te sortir ton t-shirt qui est minable. Il s'assoit et je réussis à passer son polo par dessus sa tête. Je le jette dans la baignoire. Il s'en débrouillera demain ! J'attrape un gant, je l'humidifie et le passe sur le visage de Charles. Je rince le gant et nettoie un peu son torse. Charles se pousse pour que je nettoie un peu par terre, et je tire la chasse des toilettes.
- Charles, tu vas te coucher maintenant. Tu veux boire un peu d'eau ?
- Non.
- Te laver les dents ?
- Vite fait... répond-il.
Je lui tends sa brosse à dents qu'il frotte toujours assis par terre. Il me la rend. Je la jette dans le lavabo. Puis j'aide Charles à se lever. Son jean est taché.
- Faut que que tu sortes ton pantalon, il est plein de vomis.
Il détache au ralenti sa ceinture en titubant.!Je l'aide à faire glisser son jean au sol. Je ne regarde pas. Putain, que c'est gênant ! Je pousse Charles dans sa chambre. Il se jette dans son lit. Je le couvre et quand je jette un dernier regard vers lui pour partir dans ma chambre, je me rends compte qu'il ... pleure...
- Charlie ?
- Laisse-moi ! Répond-il.
Je referme la porte de sa chambre et je me glisse dans son lit. Je me serre contre lui.
- Oh putain Charlie, tu pues, c'est horrible !
Il sanglote toujours.
- Charles, qu'est ce qu'il se passe.
Il se tourne et se pousse.
- S'te plait, Diane, va t'en !
Il n'est pas bien, je le sens. Je me colle dans son dos. Que ça fait mal de voir son frère pleurer. Je ne peux pas le laisser. Lui, c est moi. On est jumeau.
- Charlie, pourquoi tu t'es mis dans cet état ? Parle moi !
- Je peux pas.
- Je suis ta sœur, dis-moi.
- Non.
Silence.
- Charlie, c est au sujet d'une fille ?
Silence.
- Tu t'es fait plaqué ?
Silence.
- Mais, non. J'ai pas de copine.
- Dis-moi ce qui te fous dans cet état !
Silence.
- J'ai... fait une connerie !
- T'as fait quoi ?
Silence.
- Une grosse connerie ?
- Énorme !
- Merde. Mais avec une fille ?
Silence.
- Putain, Charles, t'as fait quoi ? C'est au sujet d'une fille ?
- Mouais.
- Mais, c'est grave ?
- Mouais.
Il étouffe un sanglot.
- Mais, c'est grave au point de faire de la prison ?
Silence.
- Mouais...
- Charlie, tu me fais flipper. Quelqu'un est au courant ? Quelqu'un t'a vu ? T'en a parlé à quelqu'un ?
- Non !
- Tu veux en parler à Guillaume.
- Non, non, pas lui !
- Mais, t'as fais quoi bordel ?
Silence. Il sert mes mains autour de lui. Et sanglote.
Je ne peux pas le croire. Tout me passe par la tête. Viol ? Une fille enceinte ? Drogue ?
C'est impossible. J'ai peur. Vraiment peur pour Charles.
J'embrasse sa nuque, plein de petits bisous.
- Je suis là, Charlie. Je suis là. Quoique tu ais fait, je suis la...
7h
- Charlie, je repars dans ma chambre. Si maman me trouve dans ton lit, elle va être furax. Ca va aller ?
- Mouais, dit-il dans son sommeil.
10h
- Allo Lisa, répond-moi s'te plait c'est urgent !
11h
- Allo Diane ? Qu'est ce qu'il se passe ?
- Oh putain, Lisa. Dis-moi, t'es partie avant ou après Charles hier soir ?
- Euh... Je sais plus... J'étais bourrée. Je sais qu'il était défoncé... Je suis partie après...
- T'es sûre ?
- Oui, c'est Thomas qui a ramené ton frère car il n'était plus capable de faire un pas. J'ai proposé de le raccompagner mais tout le monde s'est foutu de ma gueule, ils m'ont dit que j'étais plus bourrée que lui...
- Et tu sais si Charles est sorti avec une meuf hier soir ?
- Non, je pense pas ! Tu me connais, je l'ai pas lâché de la soirée. Sûre que non !
- C'est trop bizarre Lisa. Y' avait un truc pas net hier soir quand il est rentré. Il était en plein délire... Il m'a fait flippé. Je sais plus s'il me disait la vérité ou s'il était défoncé.
- Il a eu un mauvais Flip peut-être...
- Je sais pas. Je verrais quand il va se lever. Mes parents sont partis faire des courses. Je vais enquêter...
- Tiens moi au courant !
- Ok !
- Salut !
- Salut !
Avant de retourner voir Charles, j'envoie un message à Archibald.
Moi : Slt Archi. Tu te souviens si Chuck est sorti avec une fille hier soir ?
J'entre dans la chambre de Charles. L'odeur nauséabonde est toujours présente. Je m'allonge sur son lit, sur la couette le long de son corps. Le jour entre par la fenêtre des volets qui n'ont pas été fermés.
- Charlie, Ca va ?
- Mmmm.
- Les parents sont partis faire des courses. Tu devrais aller prendre une douche avant qu'ils ne soient de retour.
- Fous-moi la paix.
- Ca pue le gerbis dans ta chambre, sans compter la salle de bain...
- Si ça pue tant que ça, t'as qu'à dégager...
- T'es pas obligé de me remercier pour hier soir...
- Diane ! J'ai la tête qui va éclater. Je suis crevé... et tu me saoules.
- Ouais mais ça, c est rien comparé à maman quand elle va te découvrir dans cet état ! Dis-je en me levant.
Charles m'attrape alors par le bras. Il me jette sur le lit, et se met à me chatouiller partout.
- Charles, arrête ! T'es plus bourré ?
- Non ! Dit-il en continuant de plus belle.
- Et c'est quoi ton crime horrible que t'as commis hier soir ? Il s'arrête net. Comme si je l'avais assommé. Il blêmit, se lève, est gêné d'être en caleçon devant moi.
- Tu peux sortir Diane.
- Oh, si c est pour ton slip, tu t'en préoccupait pas cette nuit...
Il enfile un bas de jogging. Il ne sourit plus. Il est triste. Je sens qu'il me cache quelque chose.
- Il s'est passé quoi hier soir ?
- Hier soir, rien ! Me suis défoncé et c'est tout.
- Si, c'était pas hier, c'était quand ?
- J'en ai aucune idée. C'est bien ça le problème.
- Et c'est quoi ce fameux problème ?
- Sors, Diane, s'te plait. J'aurai jamais du t'en parler. Je te connais, tu vas plus me lâcher... Sors ! Les parents vont rentrés...
Il me pousse dehors. Son regard plongé dans le mien reste muet.
- Ca doit être horrible pour que tu ne veuilles même pas en parler à Guillaume...
- Diane, laisse-moi...
- Dis-moi !
- Non !
Il me claque la porte au nez.
Dans ma chambre, je vérifie mon portable.
ARCHI : Pas de meuf depuis la fête chez Antho... pourquoi ? Il est amnésique ? Pas étonnant ! Hier, il était fait !
Moi à Charlie : Dis-moi !
CHARLIE : 🖕
Je pense qu'il ne dira rien. Pas la peine d'insister. C'est mort. Je me pose mille questions. Je ne pense qu'à ça !
Je l'entends ouvrir la fenêtre de sa chambre, aller à la salle de bain, puis en sortir, faire tourner une machine de linge.
À part cela, il est resté enfermé dans sa chambre tout le we. Pas un mot à table avec les parents. Je ne l'ai plus croisé dans les couloirs. J'ai écouté à sa porte mais silence complet...
Il n'est pas sorti samedi. Pas de foot non plus. Rien.
Son regard reste vide et triste...
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