La porte du salon était ouverte et un homme que les détectives ne connaissaient pas était assis dans un fauteuil, jambes et bras croisés. Il leva la tête vers les nouveaux venus.

« —Bonjour, commença Béthanie en lui tendant la main, je suis Béthanie Ferrier, détective privée, et voici mes collègues, Maggie Annisterre, Djamila Soudimi et Ewen Mercier.

—Bonjour. Je suis Léonard Bouvier, le mari de Bénédicte. Vous cherchez peut-être Joshua ? Il est parti il y a à peine cinq minutes, je crois qu'il voulait aller voir ce qu'il se passe dehors.

—Nous l'avons déjà vu tout à l'heure, c'est vous que nous voulions voir.

—Alors je suis tout à vous. »

Les détectives prirent place, sur un canapé pour les filles, et un fauteuil en face de Léonard pour Ewen. C'est encore une fois Béthanie qui mena l'interrogatoire :

« —Où étiez-vous au moment du meurtre ?

—Dans ma chambre, avec ma femme. Nous étions sur le point d'aller nous coucher.

—Comment avez-vous été prévenu du meurtre ?

—Par le cri qu'a poussé ma belle-mère.

—Vous avez donc accouru voir ce qu'il s'était passé ?

—Oui.

—Votre femme avec vous ?

—Non, je lui ai dit de rester dans la chambre. Je suis revenu la chercher dès que j'ai su ce qu'il se passait.

—Quels rapports avez-vous avec Victorine ?

—Des rapports normaux. Nous ne nous disputions jamais mais nous n'étions pas forcément proches.

—Savez-vous si elle avait des ennemis ?

—Je ne sais pas vraiment si on peut parler d'ennemis.

—Dites toujours. »

Léonard avait l'air d'hésiter. Il n'était ni beau, ni laid. Il avait un physique banal. C'était un monsieur tout le monde en jean et en t-shirt. Il avait les cheveux roux comme sa femme et ses filles, il n'était pas très grand et avait un ventre rebondi.

« —Ma femme. »

Il lança ces deux mots en un souffle. Personne ne dit rien, les quatre détectives étaient complètement abasourdis par ce qu'ils venaient d'entendre.

« —Pardon ? demanda Béthanie comme si elle n'était pas sûre de la véracité de ce qui venait d'être dit.

—Vous avez tous très bien entendu ce que je viens de dire.

—Pouvez-vous vous expliquer ?

—Bénédicte en voulait à sa sœur. Depuis aussi longtemps que je la connais, elle lui en a toujours voulu car c'est Victorine qui a eu la chance d'hériter de la beauté de son père qui lui attirait toutes les faveurs de tout le monde tout le temps, ce qui n'est pas le cas de Bénédicte. J'ai souvent vu des scènes de jalousie entre elles. Mais jamais Bénédicte n'aurait tué sa sœur, elle l'aimait quand même ! »

Soudain, Léonard se mit à pleurer. Il pleurait à chaudes larmes, sans s'arrêter pendant un moment qui sembla interminable aux détectives.

« —Excusez-moi, arriva-t-il à articuler entre deux sanglots. »

Les détectives furent patients et attendirent qu'il finisse de pleurer. Lorsque ce fut chose faite, il se remit à parler :

« —J'aime ma femme plus que tout au monde, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle pourrait avoir tué sa sœur. C'est horrible de dire ça... »

Et il explosa de nouveau en sanglots. Cette fois, les détectives ne le laissèrent pas finir, ils prirent congé en le remerciant de sa participation. Une fois dans le couloir, la petite équipe décida qu'ils avaient encore le temps d'aller à la rencontre de Masha, la locataire, et qu'ensuite, ils iraient chez eux pour faire leurs bagages.